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Francis Harburger est un peintre français dont la collection a été saisie sous l’Occupation.


Francis Harburger, artiste peintre français, est né à Oran en 1905. Dès son plus jeune âge, en 1919, il entre à l’École des beaux-arts d’Oran. Il part s’installer à Paris en 1921 pour y poursuivre sa formation. Élève de l’École nationale des arts décoratifs puis, en 1923, de l’École nationale supérieure des beaux-arts, il est, en 1928, le premier pensionnaire de la Casa de Velázquez à Madrid. Ce cursus classique lui permet, tout au long de sa carrière, d’expérimenter et de développer plusieurs techniques picturales : peinture à l’huile, fresque, aquarelle, gouache, pastel, collage, terre cuite, mosaïque, céramique… C’est un artiste figuratif indépendant qui n’est pas rattaché à une école de peinture en particulier. Il a développé ses propres recherches1. Francis Harburger revendique l’influence de Jean Siméon Chardin, Paul Cézanne, Auguste Renoir, André Derain, Henri Matisse, Le Greco et André Favory.

Dès sa jeunesse, l’artiste est séduit par quelques genres, qu’il déclina toute sa vie : les natures mortes, les portraits, les nus et les paysages. Mais c’est le monde de l’objet qui constitua pour lui une véritable obsession. La première série de ses natures mortes se situe dans la lignée de la tradition naturaliste de l’art français du XVIIIe siècle. À partir de 1952, Harburger s’oriente vers une voie nouvelle, fondée sur le rapport ligne/matière. C’est le début de ses recherches néocubistes. S’ensuit une nouvelle série de natures mortes où l’objet peint est redoublé par son dessin schématisé à l’extrême, dessin auquel le philosophe Étienne Souriau, professeur à la Sorbonne et directeur de la Revue d’esthétique, donne en 1963 le nom de « hiéroglyphe », que Francis Harburger fait sien.

Sur le plan personnel, sa carrière parisienne est interrompue par la guerre. Harburger est mobilisé le 27 août 1939 et passe onze mois sur la ligne Maginot. Rendu à la vie civile en juillet 1940, il est alors menacé par les lois antisémites du régime de Vichy, qui le privent de son poste de professeur à l’École normale israélite orientale, où il enseigne l’histoire de l’art et le dessin. Il se réfugie avec sa famille en Algérie. À la fin de la guerre, Harburger regagne la métropole, où il ne retrouve ni appartement, ni atelier, ni ses œuvres, ni celles de sa collection. Pour vivre il donne des cours dans l’enseignement technique. Tout en se débattant avec les dossiers administratifs relatifs à sa spoliation.

En 1949, il expose au Salon des surindépendants une « Peinture-Manifeste » du « Réalisme humaniste », et il s’engage dans une série de « compositions civiques » sur des sujets de société (Faites l’Europe, 1950 ; Toutes les larmes sont salées, 1952 ; Exhortation à l’Union, 1957 ; L’Art et l’Argent, 1962 ; Défense écologique, 1977).

Multiple, son œuvre comprend environ 1 800 tableaux, 800 œuvres sur papier et une quinzaine de décorations murales. Le Catalogue raisonné de l’œuvre peint identifie une trentaine de tableaux confisqués sur la centaine déclarée par l’artiste, et retrace le parcours d’une dizaine d’entre eux. En effet, les Américains retrouvent onze tableaux appartenant à Harburger dans le dépôt de Hungen (Hesse) en avril 1945. Ces tableaux sont transférés au Collecting Point de Wiesbaden en février 19462. Mais au lieu de rejoindre Paris, ces œuvres sont considérées comme des « biens juifs en déshérence », alors qu’elles figurent explicitement dans le Répertoire des biens spoliés (RBS) et qu’elles sont recherchées par la Commission de récupération artistique (CRA). Elles sont remises en 1951 à un organisme dépendant de l’Agence juive, la Jewish Restitution Successor Organization (JRSO)3, qui les envoie en Israël. Seuls trois tableaux sont restitués à l’artiste en 1962 par le Musée d’Israël, et un à sa famille en 2008.