Croix composée à croisée carrée et empattements potencés en forme de tau. Tenon métallique.
A l’avers, figure d’applique du Christ vivant, les yeux ouverts (perles de verre), portant le nimbe crucifère. Il est fixé par quatre clous. Le perizonium, noué à la taille, descend jusqu’aux genoux. La Croix est ornée de fins rinceaux gravés évoquant l’Arbre de Vie. Au-dessus de la tête du Christ, main de Dieu sortant de la nuée et titulus émaillé de rouge sur deux lignes, sur un fond guilloché. La croix est entièrement recouverte de plaques émaillées (5 à l’avers) ornées de rosettes, disques, quadrilobes et quatre-feuilles. Aux extrémités des figures en réserve avec têtes d’applique non classicisantes : la Vierge et saint Jean sur la traverse, saint Pierre à l’extrémité inférieure de la hampe, deux anges tenant le soleil et la lune à l’extrémité supérieure (pour cette iconographie relativement rare dans l’Œuvre de Limoges, voir la notice de la croix de Copenhague par M. Solhaug). Toutes les plaques sont bordées d’un double trait gravé en zigzag.
Le revers comporte aussi cinq plaques émaillées, à la croisée et aux extrémités. Les segments intermédiaires de cuivre lisse gravé de rinceaux sont ornés de cabochons. A la croisée, le Christ en Majesté entre l’Alpha et l’oméga ; aux extrémités, les symboles des évangélistes en réserve, avec tête d’applique classicisantes, à l’emplacement traditionnel : lion de saint Marc et taureau de saint Luc sur la traverse, aigle de saint Jean et ange de saint Matthieu sur la hampe.
La croix étonne par la forme de ses extrémités en forme de tau , inhabituelle dans l’Œuvre de Limoges au début du XIIIe siècle. Par ailleurs, le Christ d’applique, au visage massif et sévère, au corps très sculptural et au perizonium très soigneusement gravé ne s’intègre guère dans la tradition formelle des Corpus Christi limousins de cette période. G. François, dans des notes manuscrites (dossier CEM, 2008) émettait l’hypothèse d’une éventuelle imitation de l’Œuvre de Limoges. Cependant, d’autres éléments de la croix semblent au contraire très typiques de l’Œuvre de Limoges autour de 1200 : à l’avers, les silhouettes et les drapés de la Vierge, de saint Jean et de saint Pierre sont fondés sur des modèles repris sur plusieurs châsses de cette période (par exemple dans le CEM II, Copenhague IB1, n° 13 ou Dusseldorf- Gerrresheim, IC, n° 8), de même que la tête d’applique de saint Pierre. La figuration des symboles des évangélistes au revers est aussi tout à fait classique pour cette période, et les têtes d’appliques y sont beaucoup plus finement exécutées que celles de l’avers : ces dernières sont-elles des substitutions plus tardives ? C’est tout au moins le cas des boules fixées aux extrémités de la croix, ajoutées probablement à la fin du XIXe siècle : elles n’apparaissent pas en effet sur la gravure exécutée en 1857 (Drouyn).

IHS (tilde) / XPC (tilde)

A ω

Photos CEM-CNRS : Corpus 5302, 9149-9150