[1888, sculpture, rapport Institut procès-verbal]Rapport sur les envois de sculpture de 1888TYPE : r [...]

[p. 495] M . Capellaro. (1ère année) / L'Amour et Psyché (bas-relief en plâtre figures grandeur naturelle). / On connaît la fable de Psyché, on sait que Psyché fut punie de la curiosité par la fuite de l'Amour. / C'est ce passage de la fable qui est représenté dans le bas-relief du jeune pensionnaire. / Cet ouvrage dépourvu du sentiment exact du sujet est faible d'exécution ; le modelé manque de fermeté, et les contours de précision ; la tête de l'amour laisse aussi beaucoup à désirer, elle n'a pas le caractère qui convient au sujet ; quoique ce bas-relief présente une assez bonne entente des plans, on regrette de trouver une grande monotonie dans l'ensemble, néanmoins on peut espérer qu'à l'avenir les envois de M. Capellaro répondront mieux à ce que l'on pouvait augurer de lui. / Du même. - Copie d'après l'Antinoüs. / Ce marbre qui appartient à l'État, est tellement tâché qu'il est difficile, au premier abord, de constater le mérite et l'exactitude de la copie, mais un examen plus attentif n'en fait que trop voir l'extrême insuffisance. M. Gardet (2e année) / Tireur d'arc (figure en plâtre, grandeur naturelle) / Cet ouvrage est, sans contredit, le meilleur des envois de sculpture de cette année ; il se distingue de son entourage, par une grande franchise d'intention dans les mouvements, et par une exécution fort habile, le torse et les bras sont remarquables de modelé et de délicatesse ; il y a de la jeunesse, de la vie, et du charme dans cette étude qui pourrait être plus homogène et moins exagérée de mouvement ; quoiqu'il en soit, elle plaît, intéresse, et annonce un artiste soigneux, consciencieux, digne d'être encouragé par l'Académie. / Du même. - Esquisse. Une histoire du Temps. / Cette esquisse, bien entendue comme plans, se compose de deux groupes qui remplissent le fond, le Temps d'un côté, les femmes et les enfants, de l'autre, laissent voir des expressions variées, et des intentions qu'il faut deviner, attendu que le sujet ne s'explique pas suffisamment. M. Puech. 3e année. / Le règlement lui demandait pour sa troisième année, le modèle d'une figure en ronde bosse de sa composition et de grandeur naturelle. / Le pensionnaire a-t-il réalisé ce modèle, qu'il serait resté à Rome pour l'exécution du marbre et quel en est le titre ? / Le rapport officiel ne contient aucune explication à ce sujet. / La section est donc dans une complète ignorance sur ce point, et elle regrette d'avoir à la constater. / Depuis l'an dernier M. Puech doit une esquisse. Cette année-ci il en a bien envoyé une, que la section a vue et qu'elle aurait volontiers agréée si le pensionnaire ne l'avait pas fait [sic] suivre d'une lettre demandant que cette esquisse ne fut pas exposée, et annonçant qu'il en préparait une autre, qui selon lui, serait beaucoup mieux. / On doit donc, en l'état, espérer que cet artiste n'oubliera pas sa dette. [p. 496] M. Lombard. (4e année) / (Apollon vainqueur.) / Ce bas-relief traité avec talent présente une certaine originalité : mais le sujet en est énigmatique. Apollon, debout, confère avec le Sphinx ; tandis que Diane s'envole, son arc dans la main, et après avoir aidé son frère au massacre des Niobides à ce qu'il semble. Ceux-ci, entassés dans la partie inférieure du bas relief contrastent avec le haut, et complètent l'intérêt de cette poétique composition. / du même. - Judith et Holopherne. / groupe, figures plus grandes que nature. / Judith et Holopherne ! C'est là un beau, un émouvant sujet, que le sentiment religieux rend presque surhumain. / Il y avait bien là de quoi tenter le pensionnaire, malheureusement, et malgré le talent qu'il possède et dont il a déjà donné plus d'une preuve, il n'a pas réussi dans son entreprise. L'aspect de ce groupe est loin d'être satisfaisant, l'agencement et l'exécution sont également défectueux ; l'action ne s'explique pas et prête à l'équivoque. / Le moment que l'artiste a voulu représenter est évidemment, celui ou Judith saisit Holopherne par les cheveux et s'écrie : " Seigneur Dieu fortifiez moi à cette heure. " / Au lieu d'une vive émotion que devrait produire ce drame si palpitant, la section n'éprouve qu'un mécompte et une peine réelle de se trouver en présence non seulement d'un marbre inachevé mais d'un modèle à l'état d'ébauche dans plusieurs de ses parties. / En entreprenant ainsi un ouvrage en dehors du règlement, le pensionnaire s'expose à ne pouvoir envoyer, à la fin de sa pension, qu'une oeuvre très incomplète et qui ne peut aucunement donner la mesure de son talent. Au surplus, ce qui arrive cette année se reproduit presque tous les ans. / L'Académie veut espérer que cet état de chose servira de leçon aux jeunes pensionnaires et leur évitera semblable écueil ; elle ne saurait trop leur répéter qu'il n'est pas nécessaire, pour faire montre de talent, de s'attaquer au colosse ou au groupe ! Une simple figure de grandeur naturelle devrait être préférée par tous, parce que tous peuvent en faire une belle oeuvre à laquelle les éloges de l'Académie seraient assurés. Ce rapport, après quelques modifications de détail, est adopté.