Plaque d'une croix : ange

Au centre d’une plaquette horizontale en mandorle bordée d’un décor en zig-zag, figure d’ange. En réserve, l’ange émerge d’une nuée polychrome autrefois émaillée. La position frontale de son corps et des ailes contraste avec l’inclinaison gracieuse de son visage. D’autres détails soignés sont à souligner : le cou fin, les épaules baissées, un sourire à peine esquissé et la chevelure courte et bouclée. La plaquette, très probablement destinée au revers d’une croix processionnelle, comporte deux trous de fixation.

L’iconographie de l’ange inscrit dans un cadre accompagne parfois la vision de l’Apocalypse de la Seconde Venue du Christ. D’autres exemples sont au musée des Beaux-Arts de Dijon (inv. T. 1256) et à la cathédrale Saint-Paul de Munster (cf. Andersson 1980, p. 17, note 70; Thoby 1953, no. 63, pl. XXXI and no. 60, pl. XXIX). La présence de l’ange dans cette vision atteste la rédemption grâce à la Crucifixion. Ainsi, ce motif souligne l’image de la Seconde Venue du Christ. La plaquette en mandorle de la croix de Dijon représente une très belle figure d’ange comparable, aux cheveux longs et au visage tourné vers le Seigneur, mais sans inclinaison de la tête.

Les anges des deux des plaquettes quadrilobées fixées au revers de la croix de Munster ont les mêmes caractéristiques. L’iconographie des anges sur les plaques de Visby, Dijon et Munster est la même, mais ces trois œuvres ne furent pas réalisées dans la même décennie. Si les croix de Dijon et de Munster datent d’environ 1200, la plaquette de Visby semble légèrement postérieure, probablement de la deuxième décennie du XIIIe siècle, 1210-1220. Cette datation est suggérée par le dessin sommaire de la silhouette de l’ange, et le manque de soin dans l’exécution de la plaque, comme l’absence du contour pointillé typique des croix réalisées autour de 1200. Mais les indices majeurs en faveur de cette chronologie sont l’inclinaison de la tête, le cou fin et le sourire à peine esquissé. Ces éléments pourraient susciter des rapprochements avec des sculptures plus tardives, telles le célèbre groupe de l’Annonciation du portail Ouest de Reims, avec l’ange au sourire et à la tête gracieusement inclinée.

Provenant de Likmunds, dans la paroisse de Gerum dans le Gotland méridional.

Trouvée dans un champ cultivé appelé « Hesselskogs », à 150 m à l’est de la limite du hameau de Levide. Achetée par le Gotlands Museum à Ernst Lindgren (255/41), qui avait trouvé la plaque. L’endroit de sa découverte indique que la destination d’origine était l’église de Gerum, érigée au XIIIe siècle, ou bien l’église de Levide, construite au XIIe siècle.