Aller au contenu principal

Dieulefils, Pierre

Statut
Publiée
Contributeur
lbaumel
Dernière modification
15/05/2023 08:36 (il y a environ 1 an)
Type de personne
Type de personne : 
Noms
Nom : 
Dieulefils
Prénom : 
Pierre
Sexe : 
Nationalité : 
Nom : 
Dieulefils
Prénom : 
Pierre Marie Alexis
Qualificatif : 
Naissance et mort
Date de naissance : 
21 janvier 1862
Lieu de naissance : 
Date de mort : 
19 novembre 1937
Lieu de mort : 
Adresses
Type d'adresse : 
Date de l'adresse : 
1895 - 1906
Adresse : 

53 rue Hang Trong

Ville : 
Commentaire Ville : 

Ancienne rue Jules Ferry

Type d'adresse : 
Date de l'adresse : 
1906 - 1914
Adresse : 

42-44 rue Trang Tien

Ville : 
Commentaire Ville : 

Ancienne rue Paul Bert

Professions / activités
Type de profession / activité : 
Date d'activité : 
1883 - 1888
Commentaire Professions / activités : 

24ème régiment d'artillerie. À Vannes, puis Tonkin.

Type de profession / activité : 
Commentaire Type de profession / activité : 

Editeur de cartes postales

Lieu institution : 
Date d'activité : 
1888 - 1920
Commentaire Professions / activités : 

Photographe et éditeur de cartes postales.

Type de profession / activité : 
Biographie
Commentaire biographique : 

Formation et premiers succès

Pierre Dieulefils voit le jour à Malestroit (Morbihan) en 1862, dernier-né d’une famille de cinq enfants. Son père, commerçant dans le village, meurt quand il est âgé de cinq ans. Après une scolarité sans histoire, il travaille quelque temps dans une mercerie, mais cet emploi ne comble pas son besoin d’action et d’aventure et il s’engage dans l’armée en 1883. Incorporé à Vannes au 24e régiment d’artillerie, il est nommé brigadier fourrier un an plus tard. En 1885, il se porte volontaire pour partir au Tonkin, dans le corps expéditionnaire chargé d’assurer la « pacification » du pays, et devient donc à la fois acteur et témoin de l’entreprise coloniale française au nord de l’actuel Viet Nam (Fontbrune L. de, 2015, p. 246). Par le traité de Tien-Tsin, signé en 1885, la Chine reconnaît le protectorat français sur l’Annam et le Tonkin, mais la résistance intérieure à l’occupant demeure très forte, bien que la France feigne de nier cette résistance, l’assimilant aux exactions des « pirates » et des « Pavillons noirs ». Lors de sa participation, en 1887, au siège de Ba Dinh (Fontbrune L. de, 2015, p. 246), place forte de la rébellion, Dieulefils prend ses premières photographies et commence à se passionner pour cet art. Il est nommé au grade de maréchal des logis-chef (Vincent T., 1997, p. 24). De retour à Malestroit, la même année, en permission libérable, il se fiance avec une voisine, Marie Glais (ca 1864 -1955), mais l’armée, à cette époque, exerce encore un contrôle matrimonial : elle n’autorise un sous-officier à se marier que si la future épouse dispose d’une dot ou d’un revenu suffisant. Ce n’est pas le cas de Marie, issue d’un milieu modeste, aussi Dieulefils décide-t-il de mettre fin à sa carrière militaire (Vincent T., 1997, p. 29).

Il retourne néanmoins au Tonkin : cette région le fascine et, dans le contexte de l’expansion coloniale française en Asie du Sud-Est, donne toutes leurs chances de réussite rapide à des personnalités entreprenantes. Il s’installe à Hanoï, qui connaît à cette époque des transformations spectaculaires, et y ouvre, en 1888, un magasin de photographie (Ghesquière, J., 2016, p. 46 ; Vincent, T., 1997, p. 32). La pratique photographique était déjà présente en Indochine : qu’on se réfère à Clément Gillet (1862-1887), à Émile Gsell (1838-1879), actif à Saïgon de 1866 à 1879, ou au médecin militaire Charles-Édouard Hocquard (1853-1911), dont les clichés datés de 1884-1885 furent commercialisés sous forme de portfolios par l’éditeur Henri Cremnitz. La première exposition de Hanoï en 1887 présentait déjà des photos sur l’Asie, et quelques négociants fournissaient des produits, des albums de reproductions, des vues stéréoscopiques (Vincent T., 1997, p. 26-27). Dang Huy Tru (n.c.-1874), dignitaire de la Cour d’Annam, tint à Hanoï entre 1869 et 1874 un studio photographique dont l’enseigne Cam Hieu Duong lab (« Établissement pour susciter la Piété ») indique clairement sa vocation à servir le culte des ancêtres. Mais Dieulefils apparaît comme le premier photographe professionnel d’origine européenne établi au Tonkin. Son activité est à la fois celle d’un opérateur de prises de vue, voyageant à travers tout le pays pour moissonner des images, celle d’un technicien de studio assurant le développement des clichés et le tirage d’épreuves positives, et celle d’un commerçant de détail, proposant un large choix d’articles : plaques négatives, papiers sensibles, produits, appareils et matériels.

En 1889, à l’Exposition universelle de Paris, Dieulefils peut déjà montrer une sélection significative de ses photographies : principales villes du Tonkin, édifices civils ou religieux, types ethniques, industries locales. Il y obtient une médaille de bronze. Il profite de ce nouveau séjour en France pour épouser, la même année, sa fiancée restée à Malestroit, et retourne avec elle au Tonkin. Plusieurs enfants naîtront de leur union (Vincent T., 1997, p. 32-33).

Après une expérience malheureuse d’installation rue de la Citadelle, il déménage au 53, rue Jules-Ferry, adresse qui abritera son magasin, son atelier et son habitation privée. Dans cette maison dotée d’un jardin, de logements pour les domestiques et d’une écurie, il mène avec sa famille une vie confortable, signe de sa réussite (Vincent T., 1997, p. 36). Mais celle-ci est encore précaire, il doit lutter contre une concurrence grandissante, et cherche de nouvelles opportunités commerciales. En 1895-1896, il se voit attribuer par contrat public la mission de photographier tous les Asiatiques non annamites qui résident au Tonkin et qu’une nouvelle réglementation oblige à associer une photographie d’identité à leur carte de séjour. Pour remplir cette mission, il sillonne le pays de ville en ville, profitant de ces expéditions pour engranger de nouvelles provisions d’images partout où il passe (Vincent T., 1997, p. 38-39). Transportant un matériel lourd et fragile sur des routes peu praticables, Dieulefils doit traverser certaines zones dangereuses, où sévissent des pillards. Son ancienne expérience de militaire lui est d’un grand secours pour voyager dans ces conditions difficiles qui nécessitent de l’endurance physique et des ressources de baroudeur.

Les revenus que lui apporte l’activité de photographe ne sont toujours pas suffisants et il se lance, en parallèle, dans de nouveaux projets ; certains hasardeux, comme l’achat d’un bateau de transport des Douanes qui se révèle ne pas être en état de naviguer. Il fait un long séjour en France à partir de 1898 avec sa famille, et met en place une cidrerie dans son village d’origine. Parallèlement, il présente des photos à l’Exposition universelle de Paris en 1900 (Vincent T., 1997, p. 41-42).

En 1902, nous le retrouvons au Tonkin, au moment de l’Exposition internationale de Hanoï, manifestation ambitieuse projetée par Paul Doumer (1857-1932), gouverneur général de l’Indochine de 1897 à 1902. Dieulefils entretient de bonnes relations avec ce dernier. L’objectif de l’Exposition, comme l’annonce triomphalement le catalogue officiel (La Jalerie [de], B., 1902), est de « révéler au monde les immenses progrès réalisés par la France en Indochine […], l’essor industriel et commercial de cette admirable colonie ». La démarche artistique de Dieulefils s’inscrit dans ce programme de valorisation de la présence française en Asie du Sud-Est. Il apparaît deux fois dans le catalogue : en classe 3, avec la mention « albums photographiques », qui seront récompensés d’une médaille d’or, et en classe 11, comme producteur de « cidre champagnisé », qui lui vaudra une médaille d’argent.

La carte postale : une planche de salut

1902 est une année charnière pour Dieulefils. Il trouve enfin, à travers l’édition de cartes postales, le moyen de donner de larges débouchés à ses photographies et d’en tirer des revenus réguliers et durables. Les années 1900 à 1920 sont l’âge d’or de la carte postale, qui constitue un authentique média, un mode populaire et peu coûteux de diffusion de l’image, à une époque où la photographie dans la presse est pauvre ou inexistante (Steiner A., 2015). Au Tonkin où exerce Dieulefils, la carte postale illustrée répond à un véritable besoin : les soldats des troupes coloniales, comme les civils sans cesse plus nombreux dans une Indochine en pleine expansion, sont friands de ces petits supports de correspondance, au format standardisé, manière facile de communiquer avec leur famille, restée en métropole, et de montrer les aspects les plus caractéristiques d’un pays si difficile à décrire par des mots.

L’œuvre cartophile de Dieulefils, reflet de son œuvre photographique, illustre les mêmes thèmes : scènes et « types », artisanat, coutumes, villes, monuments remarquables, vie militaire, paysages. Une étude de Thierry Vincent (Vincent T., 1997) recense dans cette production plus de 4 800 références, qu’il range en trois séries. La première (1902-1904), à légende noire et dos non divisé, est un pêle-mêle d’images sur les trois régions de l’ancien Viet Nam. La deuxième (1904-1914), plus accomplie, démarre au moment où l’Union postale universelle décide d’autoriser la correspondance au dos des cartes, qui était auparavant réservé à l’adresse. Chacune de celles-ci, légendée en rouge ou en noir, est estampée d’un motif qui représente un brûle-parfum sur son socle. Par ce signe caractéristique, Dieulefils veut clairement s’imposer comme une « marque ». Cette série constitue une sorte de reportage idéal en images fixes à travers le Tonkin (Hanoï, Haïphong, baie d’Along, Doson), sujet largement majoritaire, l’Annam (Hué), la Cochinchine (Saïgon), le Cambodge, mais accorde également une petite place à la Chine (Beijing et le Yunnan). Un sous-ensemble de cette série mérite une attention particulière : il s’agit d’une soixantaine de clichés sur les opérations militaires conduites en 1908-1909 contre le Dé-Tham, un des principaux chefs de l’insurrection contre la présence française. Les légendes de ces images traduisent de manière presque naïve le point de vue des autorités coloniales : les soldats du chef rebelle sont qualifiés de « groupe de pirates des bandes du De Tham », l’un de ses bras droits est étiqueté comme « féroce lieutenant du De Tham ». Dans ce sous-ensemble, quelques cartes postales célèbres montrent des têtes de « pirates » décapités, thématique très prisée par les amateurs d’exotisme morbide, et qui fut exploitée par d’autres photographes contemporains de Dieulefils comme le lieutenant d’infanterie coloniale Edgard Imbert (1872-1915). L’auteur des clichés originaux sur le De Tham et la piraterie est le capitaine Péri, comme Dieulefils le déclare sans ambiguïté dans une publicité pour son commerce (Vincent T., 1997, p. 242), mais d’autres images d’exécutions de pirates, plus anciennes, sont attribuables à Jean-Marie Le Priol (1865-n.c.) ; photographe auquel il fut un temps associé (Degroise M.-H.). Il est de toute façon attesté que Dieulefils eut recours aux clichés de quelques autres opérateurs, amateurs ou professionnels (Vincent T., 1997, p. 243-245), comme ceux du commandant Fritch sur la Chine, ou ceux dont il partagea l’exploitation avec l’éditeur Poujade de Ladevèze, pour compléter son corpus d’images destinées à l’impression de cartes postales, ce qui fait de ce corpus à la fois une œuvre et une collection. Quant à la troisième série (1915 – fin des années vingt), à légende noire et dos vert, elle reprend globalement les items de la précédente, avec quelques modifications et ajouts, dont une suite de vues sur Saïgon.

Dans son magasin, Dieulefils vend des « photographies bromure », c’est-à-dire des tirages argentiques, et des cartes postales en noir et blanc ou aquarellées. Il dépose une partie de sa production dans des points de vente à Saïgon, Paris, Londres et New York, preuve et effet de sa notoriété grandissante (MPP, 80/074/55). Il publie un catalogue (MPP, 80/074/55) qui précise que « tout acheteur de 100 cartes reçoit gratuitement l’album pour les contenir et le catalogue imprimé ». L’album permet à chaque client de composer, en puisant dans le catalogue, son propre roman en images de la vie en Indochine. Si Dieulefils ne fut pas le seul éditeur de cartes postales dans l’Indochine du premier quart du XXe siècle, il fut le plus fécond, et sa production a toutes les caractéristiques d’un inventaire de la réalité locale, comme s’il avait voulu écrire un chapitre de cette entreprise implicite de « catalogage du monde » qui, de la Belle Époque jusqu’à l’entre-deux-guerres, inspira de nombreux voyageurs-explorateurs-photographes, et suscita l’engouement des collectionneurs.

Les expositions internationales : vitrines des réalisations coloniales

Tout au long de sa carrière, Dieulefils aura conscience de la nécessité de renouveler constamment l’offre d’images pour se maintenir face à la concurrence. Ce souci le pousse, en 1905, à mener une campagne photographique au Cambodge, de Phnom Penh au site d’Angkor. L’ensemble de clichés qu’il réalise au cours de cette expédition, et qu’il éditera en 1909 dans l’album L’Indochine pittoresque et monumentale : ruines d’Angkor, Cambodge, constitue le sommet de son œuvre photographique. En 1906, il déménage une nouvelle fois son atelier, au 42-44, rue Paul-Bert, l’artère la plus commerçante du quartier européen de Hanoï. La même année, il participe à l’Exposition coloniale de Marseille, où il décroche une médaille d’or pour les cartes postales qu’il présente au pavillon du Cambodge. La moisson de récompenses se poursuit avec l’Exposition franco-britannique de Londres, en 1908, où il est également gratifié d’une médaille d’or (Vincent T., 1997, p. 55).

Son album sur Angkor, qu’il y montre en avant-première, fait sensation. Toujours sur la brèche, Dieulefils repart en 1909 à la chasse aux clichés pour alimenter son second album, L’Indo-Chine pittoresque et monumentale : Annam-Tonkin, qui paraît la même année. Le préfacier de cet album qualifie Dieulefils d’« habile vulgarisateur de l’Indo-Chine par l’image », et juge que, par cette publication, il « a fait œuvre de bon patriote. » La dernière grande manifestation à laquelle il participe est l’Exposition universelle de Bruxelles en 1910, où le public découvre ses photos de l’Annam et du Tonkin dans une section au nom évocateur : « Procédés de colonisation ». Là encore, une médaille d’or couronne son travail (Vincent T., 1997, p. 63).

Les dernières années

À la suite du succès des cartes postales et des albums, Dieulefils met l’accent sur l’édition. Il fait paraître un ouvrage sur la Cochinchine et un guide sur les ruines d’Angkor (Vincent T., 1997, p. 58). À partir de 1913, il installe sa famille en France, et retourne régulièrement au Tonkin, mais en 1914, au moment de la déclaration de guerre, il donne son magasin de Hanoï en gérance à l’imprimeur Charron (Vincent T., 1997, p. 61).

Dieulefils s’était lié, vers 1894-1896, avec Hubert Lyautey (1854-1934), alors membre de l’état-major du corps d’occupation au Tonkin. Photographe amateur, il apportait ses négatifs à Dieulefils et bénéficiait de ses conseils (Vincent T., 1997, p. 47). La présence de Lyautey au Maroc, où il occupe alors le poste de résident général, incite Dieulefils à se rendre dans ce pays vers 1914-1915. Il y parcourt les principales villes, d’où il rapporte un ensemble de photographies qui seront à l’origine de son album Maroc occidental : Fès-Meknès publié en 1916 par une maison d’édition qu’il vient d’acheter à Paris, rue Lebrun. Il projette d’autres ouvrages sur le Maroc, qui ne verront jamais le jour.

L’un de ses fils, Pierre, est tué au Chemin des Dames en 1917, et sa fille Marguerite-Marie meurt de la grippe espagnole en 1921. Il retourne au Tonkin après la guerre, et cède son affaire d’édition de cartes postales à A. Levray vers 1919-1920, (MPP, 84/074/55 ; Vincent T, 1997) en conservant néanmoins tout ou partie de son fonds de négatifs originaux. Levray poursuit l’exploitation des cartes vraisemblablement jusqu’à la fin des années vingt. Définitivement de retour à Malestroit, Dieulefils publie sous pseudonyme un dernier ouvrage – un recueil de poèmes inspirés de ses souvenirs d’Indochine (Yeu, P. d’, 1923) – et meurt en 1937.

Commentaire rédigé par Bruno Martin.

Commentaire biographique : 

Education and Early Success

Pierre Dieulefils was born in Malestroit (Morbihan) in 1862, the youngest in a family of five children. His father, a merchant in the village, died when he was five years old. After an uneventful schooling, he worked for some time in a haberdashery, but this job did not satisfy his need for action and adventure and in 1883 he joined the army. Incorporated into the 24th artillery regiment in Vannes, he was appointed brigadier quartermaster a year later. In 1885, he volunteered to go to Tonkin, in the expeditionary force responsible for ensuring the country’s "pacification", and thus became both an actor in and a witness to the French colonial enterprise in the north of what is now Vietnam. (Fontbrune L. de, 2015, p. 246). With the Treaty of Tien-Tsin, signed in 1885, China recognised the French protectorate over Annam and Tonkin, but internal resistance to the occupier remained strong, although France pretended to deny this resistance, likening it to the abuses of "pirates" and "black flags”. During his participation in 1887 in the siege of Ba Dinh (Fontbrune L. de, 2015, p. 246), stronghold of the rebellion, Dieulefils took his first photographs and began to nurture his passion for this art. He was then appointed to the rank of chief sergeant (Vincent T., 1997, p. 24). Returning to Malestroit, the same year, on releasable leave, he became engaged to a neighbour, Marie Glais (ca 1864-1955), but at the time the army still exercised marital control: non-commissioned officers were only permitted to marry if the future wife had a sufficient dowry or income. As this was not the case for Marie, who came from a modest background, Dieulefils chose to end his military career (Vincent T., 1997, p. 29).

He nevertheless returned to Tonkin: this region fascinated him and, in the context of French colonial expansion in Southeast Asia, offered great chances for rapid success to enterprising personalities. He moved to Hanoi, which at that time was experiencing spectacular transformations, and in 1888 opened a photography shop (Ghesquière, J., 2016, p. 46; Vincent, T., 1997, p. 32). The practice of photography was already present in Indochina, as we see from the examples of Clément Gillet (1862-1887), Émile Gsell (1838-1879), active in Saigon from 1866 to 1879, or the military doctor Charles-Édouard Hocquard (1853-1911), whose photographs dated 1884-1885 were marketed in portfolio form by publisher Henri Cremnitz. The first exhibition in Hanoi in 1887 already presented photos of Asia, and some dealers provided related products, albums of reproductions, and stereoscopic views (Vincent T., 1997, p. 26-27). Dang Huy Tru (nc-1874), a dignitary of the Court of Annam, kept a photographic studio in Hanoi between 1869 and 1874 whose signpost Cam Hieu Duong lab ("Establishment for arousing piety") clearly indicated its purpose of helping facilitate ancestor worship. But Dieulefils appears to be the first professional photographer of European origin established in Tonkin. His activity was at once that of an operator of image making, traveling throughout the country taking pictures; that of a studio technician, ensuring the development of negatives and the printing of positive prints; and that of a retail dealer, offering a wide choice of items such as negative plates, photographic paper, products, devices and materials.

In 1889, at the Exposition universelle in Paris, Dieulefils was already able to show a significant selection of his photographs: the major cities of Tonkin, civic or religious buildings, ethnic types, and local industries. He won a bronze medal. The same year he took advantage of his stay in France to marry his fiancée, who had remained in Malestroit, and returned with her to Tonkin. They would go on to have several children (Vincent T., 1997, p. 32-33).

After an unfortunate experience moving into rue de la Citadelle, he moved to 53, rue Jules-Ferry, an address that would house his store, workshop and private residence. In his home, with a garden, accommodation for servants and a stable, he led a comfortable life with his family, a sign of his success (Vincent T., 1997, p. 36). But things were still precarious; he had to fight against growing competition, and went looking for new business opportunities. In 1895-1896, he was awarded by public contract the mission of photographing all non-Annamite Asians residing in Tonkin, who were required by new regulations to associate an photograph of identity with their residence permit. To fulfil this mission, he crisscrossed the country from city to city, taking advantage of these expeditions to gather new stocks of images wherever he went (Vincent T., 1997, p. 38-39). Carrying heavy and fragile equipment on impractical roads, Dieulefils had to cross certain dangerous areas, where looters were rampant. His former military experience helped him greatly in travelling under these difficult conditions, which required the physical endurance and resources of an adventurer.

The income brought to him by the practice of photography were still insufficient and he launched new projects on the side; some were risky, such as the purchase of a customs transport boat that turned out to be unseaworthy. He made a long visit to France with his family starting in 1898, and set up a cider house in his native village. At the same time, he presented photos at the Exposition universelle in Paris in 1900 (Vincent T., 1997, p. 41-42).

In 1902, he was back in Tonkin, at the time of the Hanoi International Exhibition, an ambitious event planned by Paul Doumer (1857-1932), Governor General of Indochina from 1897 to 1902. He and Dieulefils maintained good relations. The objective of the Exhibition, as triumphantly announced by the official catalog (La Jalerie [de], B., 1902), was to "reveal to the world the immense progress made by France in Indochina […], the industrial and commercial development of this admirable colony". Dieulefils's artistic approach was part of this program to enhance the French presence in Southeast Asia. He appears twice in the catalog: in class 3, with the mention "photographic albums", which would be rewarded with a gold medal, and in class 11, as a producer of “champagned cider", which earned him silver.

The Postcard: A Lifeline

1902 was a pivotal year for Dieulefils. Through the publication of postcards, he finally found a way to distribute his photographs widely and to draw regular and sustainable income from them. The years from 1900 to 1920 were the golden age of the postcard, which constituted an authentic medium and a popular, inexpensive means of disseminating images at a time when press photography was poor or non-existent (Steiner A., ​​2015). In Tonkin, where Dieulefils worked, the illustrated postcard responded to a real need: the soldiers of the colonial troops, like the ever-increasing number of civilians in a rapidly expanding Indochina, were fond of these small aids in correspondence, in a standardised format, which simplified communicating with family in France and showed the most characteristic aspects of a country so difficult to describe in words.

Dieulefils' cartophile work, reflecting his photographic work, illustrates the same themes: scenes and "types", crafts, customs, cities, remarkable monuments, military life, landscapes. A study by Thierry Vincent (Vincent T., 1997) identifies more than 4,800 references in this production, which he arranges in three series. The first (1902-1904), with a black caption and undivided spine, is a jumble of images on the three regions of ancient Vietnam. The second (1904-1914), more accomplished, began when the Universal Postal Union decided to authorise correspondence on the back of cards, which had previously been reserved for the address. Each of these, captioned in red or black, is stamped with a motif representing an incense burner on its base. With this characteristic sign, Dieulefils clearly sought to establish himself as a "brand". This series constitutes a sort of idealised reportage in still images across Tonkin (Hanoi, Haiphong, Halong Bay, Doson), Annam (Hué), Cochinchina (Saigon), Cambodia, but also grants some space to China (Beijing and Yunnan). A subset of this series deserves special attention: about sixty shots of military operations conducted in 1908-1909 against the Dé-Tham, one of the main leaders of the insurrection against the French presence. The captions to these images almost naively convey the perspective of the colonial authorities: the rebel leader's soldiers are referred to as a "group of pirates from the bands of De Tham", while one of his right-hand men is labeled as a "fierce lieutenant of De Tham".

In this subset, some famous postcards show the decapitated heads of "pirates", a theme highly prized by enthusiasts of morbid exoticism, and which was exploited by some of Dieulefils’s contemporaries, such as colonial infantry lieutenant Edgard Imbert (1872-1915). The author of the original photos on the De Tham and piracy was Captain Péri, as Dieulefils stated unambiguously in an advertisement for his business (Vincent T., 1997, p. 242), but other, older images of executions of pirates can be attributed to Jean-Marie Le Priol (1865-nc), a photographer with whom he was once associated (Degroise M.-H.). In any case, it is clear that Dieulefils had recourse to the shots of some other practitioners, amateurs or professionals (Vincent T., 1997, p. 243-245), such as those made by Commander Fritch in China, or those pictures who he made use of together with the publisher Poujade de Ladevèze, to complement his corpus of images intended for printing postcards — which renders this corpus at once a single work and a collection. As for the third series (1915 – end of the 1920s), with a black legend and a green back, it generally takes up the same subjects, with a few modifications and additions, including a series of views of Saigon.

In his store, Dieulefils sold "bromide photographs", i.e. silver prints, as well as black and white or watercolour postcards. He deposited part of his production at various sale points in Saigon, Paris, London and New York, an indicator as well as a result of his growing reputation (MPP, 80/074/55). He published a catalog (MPP, 80/074/55) stating that "any purchaser of 100 cards will receive the album to hold them and the printed catalog free of charge". The album allowed each customer to make selections from the catalog in order to compose their own novel in images of life in Indochina. While Dieulefils was not the only publisher of postcards in Indochina in the first quarter of the 20th century, he was the most fruitful, and his production has all the characteristics of an inventory of local reality, as if he had wanted write a chapter of this implicit enterprise of "cataloguing the world" which, from the Belle Époque until the interwar period, inspired many travellers-explorers-photographers, and aroused the enthusiasm of collectors.

International Exhibitions: Showcases of Colonial Achievements

Throughout his career, Dieulefils would remain aware of the need to constantly renew his supply of images in order to keep up with the competition. This concern led him in 1905 to lead a photographic campaign in Cambodia, from Phnom Penh to the site of Angkor. The set of photographs he took during this expedition, and which he published in 1909 as the album L’Indo-Chine pittoresque et monumentale : Annam-Tonkin represent the peak of his photographic work. In 1906, he moved his studio once again to 42-44 Paul-Bert Street, the busiest shopping street in the European district of Hanoi. The same year, he participated in the Exposition coloniale in Marseille, where he won a gold medal for the postcards he presented at the Cambodian pavilion. The harvest of awards continued with the 1908 Franco-British Exhibition in London, where he also won a gold medal (Vincent T., 1997, p. 55).

His album on Angkor, which he previewed there, caused a sensation. Always on the go, Dieulefils set out again in 1909 to hunt for pictures to fuel his second album, L'Indo-Chine picturesque et monumentale : Annam-Tonkin, which appeared the same year. The preface to this album describes Dieulefils as "a skilful populariser of Indo-China through images", and judges that, through this publication, he "has done the work of a good patriot. The last major event in which he participated was the Universal Exhibition in Brussels in 1910, where the public discovered his photos of Annam and Tonkin in a section with the evocative name: "Procédés de colonisation". Here again, his work received a gold medal (Vincent T., 1997, p. 63).

The Last Years

Following the success of postcards and albums, Dieulefils focused on publishing. He published a book on Cochinchina and a guide to the ruins of Angkor (Vincent T., 1997, p. 58). From 1913, he settled his family in France, and returned regularly to Tonkin, but when war was declared in 1914, he gave his store in Hanoi to the printer Charron (Vincent T., 1997, p. 61).

Around 1894-1896, Dieulefils had been connected with Hubert Lyautey (1854-1934), then a member of the general staff of the occupying corps in Tonkin. An amateur photographer, he brought his negatives to Dieulefils and profited from his advice (Vincent T., 1997, p. 47). The presence of Lyautey in Morocco, where he then held the position of Resident General, encouraged Dieulefils to visit the country around 1914-1915. He traveled to the main towns, whence he brought back a set of photographs that would become the source of his album Maroc occidental : Fez-Meknes published in 1916 by a publishing house he had just bought in Paris, rue Lebrun. He envisioned other works on Morocco, which would not however come to fruition.

One of his sons, Pierre, was killed at the Chemin des Dames in 1917, and his daughter Marguerite-Marie died of the Spanish flu in 1921. He returned to Tonkin after the war, and sold his postcard publishing business to A. Levray around 1919-1920, (MPP, 84/074/55; Vincent T, 1997) while retaining all or part of his collection of original negatives. Levray apparently continued to carry on the postcard business until the end of the 1920s. Definitively back in Malestroit, Dieulefils published a final work under a pseudonym — a collection of poems inspired by his memories of Indochina (Yeu, P. d’, 1923) –- and died in 1937.

Article by Bruno Martin (translated by Jennifer Donnelly).

Evénements
Lieu de l'événement : 
Lien événement institutionnel : 

1905 : Campagne photographique, de Phnom-Penh à Angkor.

Lieu de l'événement : 
Lien événement institutionnel : 

1914-1915 : Campagne photographique (Fès, Meknès, Marrakech, Rabat, Casablanca, Tanger).

Lieu de l'événement : 
Lien événement institutionnel : 

Entre 1888 et 1920 : multiples campagnes photographiques (Tonkin, Annam, Cochinchine).

Thèmes d'étude
Aire géographique étudiée : 
Secteur fondamental d'étude : 
Commentaire Thèmes d'étude : 

[objets collectionnés]

Aire géographique étudiée : 
Secteur fondamental d'étude : 
Commentaire Thèmes d'étude : 

[objets commercialisés]. Cartes postales.

Période étudiée : 
Aire géographique étudiée : 
Secteur fondamental d'étude : 
Commentaire Thèmes d'étude : 

[objets collectionnés]

Bibliographies / archives
Sources en ligne
Référence de notice : 
FRBNF13174244
Date de consultation : 
01/04/2021
Date de consultation : 
04/04/2022
Source
Institut national d'histoire de l'art (France)
Licence
Attribution 4.0 International (CC BY 4.0)
Rédacteur
Bruno Martin