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[1817, peinture, rapport Institut séance publique annuelle]Rapport imprimé de l'Institut sur les env [...]

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15/03/2022 09:31 (il y a plus de 2 ans)
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Description
[1817, peinture, rapport Institut séance publique annuelle]
Rapport imprimé de l'Institut sur les envois de peinture pour l'année 1817
TYPE : rapport de la séance publique annuelle de l'Académie des beaux-arts
AUTEUR : Dupaty, Charles
PAGE DE TITRE : Rapport de l'Académie Royale des Beaux-Arts sur les ouvrages envoyés par MM. les pensionnaires du roi à l'Académie de France à Rome, par M. Dupaty. Lu à la séance publique du samedi 4 octobre 1817
LIEU DE REDACTION : Paris
DATE : 11/10/1817
Descriptions
Transcription : 
[p. 1] Dans ce jour solennel où la munificence royale daigne accorder à l'Académie des beaux-arts l'heureux droit de distribuer les premières palmes à ses jeunes élèves, dans ce jour si désiré, où tant d'espérances de gloire font palpiter leur cœur, et leur promettent d'ajouter un nom de plus à tous les noms qui ont illustré l'école française, l'Académie a pensé qu'elle pouvait diriger d'une manière utile cette louable émulation, en rendant les jeunes triomphateurs témoins de sa vive sollicitude pour MM. les pensionnaires qui les ont précédés [p. 2] en Italie. Dépositaire des saines doctrines, et chargée de veiller à tout ce qui peut maintenir l'éclat des beaux-arts, l'Académie examine chaque année les productions des élèves de l’École de France à Rome. Dans un rapport particulier, elle leur fait connaître le résultat de ses observations, sur la partie technique de leurs ouvrages. Dans son rapport général, elle manifeste son opinion sur la direction qu'elle voit prendre à leur talent, afin d'encourager ceux dont la marche tend vers le but, et de ramener aux vrais principes ceux qui paraissent s'en écarter. / C'est donc en les considérant sous cet utile point de vue, que l'Académie se propose de vous entretenir des tableaux qui viennent d'être exposés dans la salle de ses séances, et qu'elle examinera successivement les autres productions qui lui ont été soumises. / Qu'il nous soit permis, messieurs, de rappeler à votre mémoire qu'un de nos grands maîtres, frappé des avantages qu'il y aurait pour les jeunes artistes à terminer leurs études dans la patrie des Raphaël et des Michel-Ange, soumit cette idée à Colbert, et qu'à sa voix Louis XIV, dont le grand nom doit être cité toutes les fois qu'on parle d'un heureux encouragement accordé soit aux sciences, soit aux lettres, soit aux beaux-arts, donna l'ordre d'établir une école française à Rome. / Depuis sa fondation, l'Académie n'a cessé de chercher à diriger les études de la manière la plus utile ; elle a toujours pensé qu'il fallait exercer toutes les facultés des élèves pour leur faire acquérir toutes les qualités qui constituent le véritable artiste, et leur demande constamment des ouvrages qui nécessitent tour à tour l'examen des grands maîtres et une étude approfondie de la nature. C'est donc sur ces différents genres de travaux que l'Académie doit émettre son opinion. Mais sur quelle base s'appuiera cette [p. 3] opinion, messieurs ? L'Académie, cédant à l'impulsion du vulgaire toujours disposé à préférer ce qui est agréable à ce qui est beau, encouragera-t-elle particulièrement dans les productions des jeunes artistes les qualités brillantes, telles que la facilité de l'exécution, une couleur agréable, une harmonie flatteuse, en un mot tout ce qui peut séduire les yeux et les charmes quelques instants ? Ou, fidèle aux grands principes, demandera-t-elle, dès l'entrée de la carrière, aux élèves qui jouissent des bienfaits du gouvernement, de songer qu'ils lui doivent et qu'ils se doivent à eux-mêmes de chercher à acquérir avant tout la science du dessin et de l'expression, qualités immortelles qui sont au-dessus du caprice et de la mode, et qui font admirer les œuvres du génie, lors même que le temps les a privés de leur fraîcheur ? Oui, messieurs, c'est là sans doute ce qu'elle doit leur demander. Une direction constante vers ce qu'il y a de plus noble dans les arts est celle qu'il faut constamment imprimer aux jeunes artistes, qui déjà sont assez habiles pour jouir des trésors de Rome ancienne et de Rome moderne. / Appuyés sur ces principes, et rendant d'ailleurs justice aux efforts de nos jeunes émules, l'Académie leur demandera d'abord, s'ils se sont assez pénétrés de la nécessité de répondre dans l'exécution de leurs tableaux aux titres qu'ils leur ont donnés. Cette question s'adresserait plus particulièrement à ceux qui n'ont peint que des bergers, s'ils ont choisi dans ce caractère la plus belle nature possible. // Nous allons chercher à rendre ces réflexions d'une utilité plus directe, en les appliquant aux tableaux que MM. les pensionnaires nous ont envoyés cette année. / M. Pallière a représenté Mercure prêt à frapper Argus après [p. 4] l'avoir endormi. En rendant justice à l'ordonnance de la composition, à des effets de lumière bien entendus, à la douceur de l'harmonie générale, ne pourrait-on pas faire observer à l'auteur que son Mercure est d'une trop petite stature pour une divinité de premier ordre, que son action est incertaine et que, pour rendre le caractère du dieu, il fallait avant tout s'occuper du mouvement et de la proportion, bases véritables du dessin, sans lesquelles on ne peut exprimer la vie ni la beauté. On pourrait également souhaiter qu'il eut donné plus de noblesse à son Argus et une forme plus élégante à la génisse objet de la mission de Mercure. Les Anciens, dans ce genre d'imitation comme dans tous les autres, ont su choisir ce que la nature présente de plus beau, et l'Académie pense que M. Pallière aurait dû se mieux inspirer de leurs ouvrages, car tout dans un sujet poétique doit se ressentir de l'élévation de la poésie. " Nous sommes des poètes muets ", disait le respectable statuaire Dejoux. Ce mot renferme une grande leçon. // C'est avec plaisir que nous hâtons de payer un juste tribut d'éloges à la Nymphe chasseresse sortant du bain, par le même auteur. L'Académie est si heureuse quand elle voit un jeune artiste plein d'un noble zèle essayer ses forces dans tous les genres, se dire que le temps vole et nous prive trop tôt, hélas, de l'heureux pouvoir d'étudier, qu'elle ne peut qu'applaudir M. Pallière de nous avoir envoyé cette jolie figure de femme. Elle est plus près d'atteindre le but que ses autres ouvrages, et réunit à beaucoup de souplesse une élégance remarquable. // Chaque pensionnaire, pendant son séjour à Rome, doit envoyer à l'Académie la copie d'un tableau de maître, M. Pallière, lui, paraît avoir choisi un original d'un ordre trop inférieur. Elle pense que le choix de ces tableaux n'est point indifférent pour les progrès des jeunes élèves et leur rappelle que c'est toujours chez les peintres doués des qualités les plus éminentes qu'il doivent chercher leurs modèles. C'est en ramenant sans cesse notre école vers des ouvrages où brillent le grand caractère et de grandes pensées, qu'elle apprendra les moyens de se rapprocher des maîtres de l'art, et qu'elle parviendra peut-être à les égaler un jour. [p. 5] L'action représentée par M. Forestier est celle d'un homme dans la vigueur de l'âge qui cherche à tuer un serpent. Dans ce sujet qui prêtait à une expression énergique, l'auteur paraît avoir dépassé le but. Il a besoin de réprimer la fougue qui l'entraîne hors des limites du goût de la simplicité. Que M. Forestier veuille bien se rappeler que, même dans ses écarts les plus violents, dans ses mouvements les plus énergiques, la nature est toujours soumise aux lois de l'équilibre. Quand l'auteur sera rentré dans la ligne du vrai, l'Académie sera charmée d'applaudir un talent déjà rempli de force et de verve, mais qui manque d'une sage direction. // M. Picot a fait le choix d'un sujet plein d'intérêt, et dont tous les accessoires devraient accroître encore le charme. Esculape enfant, allaité par une chèvre et découvert par un berger au bord d'un ruisseau, présente un tableau riant à l'imagination, et qui pouvait aider l'artiste à développer ses talents dans les principales parties de l'art ; mais nous sommes forcés de restreindre nos éloges à l'intention générale et à l'exécution du paysage. Il nous a semblé que le groupe n'avait pas assez d'importance, et que la faiblesse du dessin dans la figure du berger et dans celle de l'enfant diminuait l'effet qu'on devait attendre de cette agréable composition. L'Académie pense que M. Picot doit chercher à ajouter à la simplicité et au naturel qui caractérisent son talent, une élévation qui leur donnera un nouveau prix. // [p. 6] M. Vinchon, dans le premier ouvrage qu'il a envoyé de Rome, donne à l'Académie l'espérance de voir se former un pinceau gracieux et propre à rendre les émotions de l'âme. On ne peut qu'applaudir à cette noble et touchante disposition, mais on ne peut en même temps se dissimuler que le caractère qui convenait au jeune et beau Cyparisse n'a pas été senti assez délicatement et que ses formes annoncent un âge trop avancé, c'est ce qui lui ôte le charme de la jeunesse et nuit à la naïveté qu'on aime à prêter à sa douleur. Le mouvement de la figure nous paraît peu naturel dans la partie inférieure, mais la partie supérieure est pleine d'intérêt et partout où l'on voit un sentiment moral bien exprimé se joindre à l'intention de la grâce, on se sent disposé à l'indulgence et l'Académie est persuadée que M. Vinchon lui prouvera dans un second ouvrage qu'il aura travaillé à épurer son goût et sa couleur sans perdre les heureuses qualités qui le distinguent déjà. // C'est aussi pour la première fois que M. Alaux nous soumet une de ses productions. Elle représente Cadmus combattant le dragon de la fontaine de Dircé. Cette figure où l'on remarque des parties très bien peintes a le défaut essentiel de ne point porter le caractère héroïque qu'exige son nom. Si l'auteur s'était pénétré de la magnifique description qu' Ovide nous a laissée du héros, du monstre et du lieu de la scène, nous croyons que son imagination, plus fortement émue, eût répandu sur son ouvrage une teinte plus poétique. / L'Académie ne saurait trop exhorter les jeunes artistes, lorsqu'ils ont rendu leur main obéissante, à lire et à méditer les poètes anciens. Riches de sentiments et d'observations morales et physiques, ces hommes divins nourriront leur génie de ces germes précieux qui fécondent un ouvrage, l'animent et, donnant à la peinture l'élévation de la poésie, font la gloire de l'artiste et du siècle qui l'a vu naître. [p. 7] Telle est, messieurs, la première partie de la tâche que nous nous sommes imposée. Nous aurions vivement désiré de la remplir également pour les travaux des jeunes statuaires mais des lenteurs inévitables dans l'arrivée de leurs ouvrages ne nous ont point permis d'en parler dans notre rapport.
Localisations
Cote / numéro : 
Paris, Bibliothèque de l'Institut, 4° AA 34 (usuel), 1816-1817, tome 1, p. 1-7 (année 1817)
Source
source : Institut national d'histoire de l'art (France) - licence : Attribution 4.0 International (CC BY 4.0)
Commentaire interne
Base Envois de Rome FMP, fichier Documents.fp7, notice : £Rapport envois, procès-verbal, 1817, peinture£ Notice créée le 25/06/2002. Notice modifiée le : 04/07/2018. Rédacteur : Isabelle Loddé.
Rédacteur
Isabelle Loddé