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[1844, sculpture, rapport Institut primitif]Rapport primitif de l'Institut sur les envois de 1844, s [...]

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02/12/2021 10:47 (il y a presque 3 ans)
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Description
[1844, sculpture, rapport Institut primitif]
Rapport primitif de l'Institut sur les envois de 1844, sculpture
TYPE : rapport de l'Institut de France - primitif
AUTEUR : Anonyme
LIEU DE REDACTION : Paris
DATE : 1844
Descriptions
Transcription : 
Villain [sic] // M. Villain [sic], dont une maladie assez grave a ralenti les travaux, pendant une partie de l'année, et qui s'est encore arrêté par les défectuosités du marbre qu'il avait choisi, n'a pu terminer la figure d'Hébé, qui devait être le couronnement des travaux de sa pension. Cette figure n'est arrivée qu'à l'état d'ébauche, et c'est seulement d'après le modèle en plâtre, couvert de points, que la section a pu apprécier le travail de l'auteur. Cette statue, de grandeur naturelle, n'est pas heureusement conçue. Le mouvement en est exagéré, les formes manquent de la jeunesse propre au sujet, et le caractère n'est pas mieux approprié à celui d'Hébé, particulièrement dans la tête. Les draperies dont le motif n'est pas bien décidé, sont mal ajustées. L'aigle se groupe avec la figure, il est d'une proportion trop forte, et il nuit à l'aspect de la figure. Dans l'état où se trouve cette statue, l'on n'a cru devoir rien dissimuler des défauts qu'on y a remarqués, précisément parce que cet état permettra à l'artiste de corriger et d'améliorer son marbre, d'après les conseils de l'Académie. M Villain [sic] a envoyé encore une Tête d'étude // représentant l'Automne, dont le marbre n'est pas achevé, à l'exception du masque, qui est d'un assez bon caractère. L'ensemble de cet ouvrage offre une trop grande réminiscence de l'antique ; cependant, en le terminant avec tout le soin qu'il peut y mettre, l'auteur produira un assez bon morceau de sculpture. Le troisième ouvrage exécuté par M Villain [sic], est un bas-relief de trois figures, d'un mètre environ de proportion, qui a pour sujet la Bienfaisance. La disposition de ce bas-relief est simple, et l'arrangement en est convenable. On y remarque une assez bonne entente de plans, de même qu'un parti heureux dans les ajustements [rayé : mais on aurait ; mis à la place : bien qu'on eût] désiré un meilleur rendu de plis dans les détails, et une exécution moins monotone. Les nus du vieillard et de la vieille femme ont de la vérité ; [rayé : ce qui n'empêche pas d'ajouter que ; mis à la place ; mais on doit dire que] les pieds et les mains manquent généralement d'étude. Gruyère // M. Gruyère que la maladie avait empêché de remplir ses obligations de troisième année, a satisfait à tous les devoirs qui lui étaient imposés pour cette année et pour la suivante d'une manière qui a droit à tous les éloges de l'Académie. Sa statue de Mucius Scevola, modèle en plâtre, restée sous les points à Rome, n'a pu faire partie de l'envoi ; mais // trois autres ouvrages, qui s'y trouvent compris témoignent à la fois du zèle et du talent de l'auteur. Le premier de ces ouvrages, est une figure d'étude, de grandeur naturelle, représentant Chactas assis dans l'attitude où il est indiqué par un écrivain célèbre. Le choix de ce sujet n'est pas celui que l'on devrait s'attendre à trouver dans les envois de Rome, et la composition de cette figure rappelle trop sensiblement une statue connue, d'une main habile, et d'une exécution récente. Après cette double observation que l'Académie n'a pas cru devoir dissimuler, elle n'a que des éloges à donner à cet ouvrage, remarquable surtout par la vie et le mouvement. On y trouve une très belle étude du nu et un très bon modelé dans toutes les parties. Le torse est très souple, les bras sont bien dessinés, les extrémités traitées avec habileté. Si l'on peut dire que la nature des hommes de cette race n'y a pas été assez exactement recherchée dans tous ses détails, on doit [rayé : dire ; mis à la place : ajouter] aussi que la tête est très remarquable par l'expression de la douleur profonde qu'elle offre, sans exagération. La statue de M. Gruyère est donc, au jugement de [rayé : la section] l'Académie, un ouvrage très recommandable, qu'elle se plaît à signaler à l'intérêt du [rayé : public ; mis à la place : gouvernement], après l'avoir recommandé à l'estime du public. // L'esquisse de M. Gruyère, qui a pour sujet le dernier des Machabées, donne lieu à des observations moins flatteuses. La composition du groupe n'entre nullement dans des conditions de la statuaire. L'esquisse manque de goût et de sentiment élevé du sujet ; l'ajustement en est mesquin, et le caractère tout à fait moderne. L'auteur de cette esquisse n'a pas compris, ou ne s'est pas rappelé la sévérité de son art. La Tête de Vierge, étude en plâtre, qui est le troisième travail de M. Gruyère, n'est pas non plus, on le dit avec regret, un ouvrage assez digne du talent de l'auteur de Chactas. La proportion en est trop petite ; ce qui n'enlève pas le caractère, véritablement trop au dessous du sujet. Cette tête est trop inclinée et mal attachée ; et l'expression qui est celle de la souffrance physique, n'est ni convenable, ni intéressante. Il est évident par cette esquisse, et par cette tête, que M. Gruyère n'a pas pris ces deux ouvrages assez au sérieux ; et c'est le reproche le plus grave que nous puissions lui adresser, parce-que la statuaire n'admet que des travaux sérieux M. Diébolt [sic] // M. Diébolt [sic], qui n'avait pas rempli ses devoirs de première année, sans avoir pu alléguer d'excuse suffisamment légitime, a // réparé cette faute, en satisfaisant à ses obligations de première et de deuxième année dans l'envoi de celle-ci. On a reçu de lui, avec la copie en marbre du Sophocle, un bas-relief en plâtre, représentant une famille chrétienne ensevelissant son enfant aux catacombes, et une tête d'étude de femme aussi en plâtre. La copie de Sophocle n'a point paru satisfaisante, elle est exécutée d'une manière maigre et égale ; le sentiment fin et large à la fois de l'antique, n'est pas rendu dans le marbre de M. Diébolt [sic] et la négligence qu'on signale dans ce travail, est d'autant plus regrettable, que cet ouvrage appartenant au Gouvernement est destiné à l'ornement de nos musées et de nos palais. Le bas-relief est peut-être un peu trop conçu dans les conditions d'un tableau ; ce qui ne laisse pas d'être un sujet de reproche assez grave d'après les limites respectives que doivent observer entr'eux l'art du statuaire et celui du peintre. Du reste le groupe est convenable, sous le rapport de la composition et sous celui de l'expression. Il y a du sentiment dans cet ouvrage, où l'on désirerait plus de fermeté dans les nus, qui sont généralement d'un modelé mou et rond ; les draperies sont assez bien ajustées, mais on les trouve mesquines dans la manière de faire. Quant à la Tête d'étude, on regrette de ne // pouvoir en faire aucun éloge, elle est d'un aspect désagréable et d'un mauvais goût, mal ensemble et d'une très faible exécution. [rayé : et le silence que l'on s'impose sur ce morceau est le meilleur témoignage d'indulgence que l'on puisse donner à son auteur.] M. Godde // M. Godde a envoyé pour son travail de deuxième année, deux morceaux, un bas-relief de [rayé : trois ; mis à la place : cinq] figures, représentant Briséis rendue aux ambassadeurs, et Joas, tête d'étude. Le bas-relief offre une composition, d'un style large et bien conçu, l'arrangement en est heureux bien que la figure d'Achille ne le soit pas mais l'exécution ne répond pas assez à ce mérite de la composition. Les plans sont mal entendus d'où résulte que les figures se fondent l'une avec l'autre. Les nus sont en général mal dessinés et modelés sans vérité et sans vigueur. Les draperies sont lourdes et faites de manière ; les têtes sont généralement mal ensemble ; les pieds sont d'une forme plate, sans proportions et traités avec négligence. On regrette de ne pouvoir adresser à l'auteur pour sa tête d'étude, que des observations aussi sévères. Cette tête manque à la fois de vérité et de noblesse, elle est d'un modelé froid et le travail en est dépourvu d'étude. // Cavelier // M. Cavelier a choisi pour sujet de sa copie en marbre qui est le travail demandé au pensionnaires sculpteurs dans la première année, le charmant groupe d'Amour et Psyché du musée du Capitole. On doit savoir beaucoup de gré à l'artiste d'un pareil choix, qui prouve qu'il ne recule pas devant un travail aussi important que celui là, et où il y avait à vaincre plus d'une difficulté d'exécution. Du reste cette copie est assez fidèle, bien qu'on y remarque quelques négligences. // En terminant son examen [ajouté : des travaux de la sculpture], l'Académie ne peut se défendre d'une réflexion pénible, c'est qu'il semble s'introduire depuis quelques années, dans notre École de Rome, l'usage de n'envoyer au terme de la pension du statuaire, que des marbres non terminés. Cette circonstance qui a été signalée dans les envois des années précédentes, se reproduit dans celui-ci, d'une manière plus sensible encore, et elle met l'Académie dans la nécessité d'en faire l'objet d'un avertissement sévère. Il est tout à fait contraire à l'esprit de l'institution, comme un véritable intérêt des artistes eux-mêmes, que des figures en marbre, qui doivent être exécutées à Rome, comme le résultat de tout ce que l'artiste a pu acquérir d'habileté pratique, jointe à son sentiment propre, arrivent à Paris // plus ou moins avancés, mais non finis. Outre que le modèle, d'après lequel l'auteur a pu concevoir et exécuter sa figure, ne se trouve plus à sa disposition son ouvrage peut recevoir des circonstances nouvelles, où l'artiste est placé, des impressions diverses, qui altèrent le caractère primitif de cet ouvrage, et qui nuisent à son originalité. S'il y a dans cette manière de procéder quelques négligences de la part des pensionnaires sculpteurs, c'est un devoir pour l'Académie de s'opposer à cette fâcheuse tendance, en prescrivant impérieusement que les marbres s'achèvent à Rome. C'est aussi pour elle une obligation de rappeler nos jeunes statuaires à toute la gravité de leur art, où il semble que, dans le choix des sujets, il se glisse quelque chose qui tient au goût moderne, et malheureusement aussi à une pensée mercantile, en même temps que dans la manière de traiter ces sujets, il règne un abandon des modèles antiques et une tendance vers la peinture, qui deviendraient pour la statuaire une double cause de déviation et d'erreur. Or c'est surtout dans les circonstances ou de pareilles dispositions commencent à se manifester qu'il convient que l'Académie intervienne avec toute son autorité, pour arrêter nos jeunes statuaires sur une pente aussi dangereuse, en les rappelant, [ajouté : on le dit] une seconde fois, à toute la sévérité de leur art et à toute la dignité de leur profession.
Localisations
Cote / numéro : 
Académie des beaux-arts, 5 E 32
Source
source : Institut national d'histoire de l'art (France) - licence : Attribution 4.0 International (CC BY 4.0)
Commentaire interne
Base Envois de Rome FMP, fichier Documents.fp7, notice : £Rapport envois, primitif, 1844, sculpture£ Notice créée le 24/07/2002. Notice modifiée le : 24/11/2017. Rédacteur : Christiane Dotal.
Rédacteur
Christiane Dotal