[1843, peinture, rapport Institut séance publique annuelle]Rapport imprimé sur les envois de peintur [...]
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Description
[1843, peinture, rapport Institut séance publique annuelle]
Rapport imprimé sur les envois de peinture de 1843
TYPE : rapport de la séance publique annuelle de l'Académie des beaux-arts
AUTEUR : Raoul-Rochette, Désiré
PAGE DE TITRE : Rapport sur les ouvrages envoyés de Rome par les pensionnaires de l'Académie Royale de France pour l'année 1842 [1843], par M. Raoul-Rochette, Secrétaire Perpétuel
LIEU DE REDACTION : Paris
DATE : 1843
COMMENTAIRE : les archives de l'Académie de France à Rome conservent une version du rapport (Archives nationales pièce 20190056/2-16, fol. 129-136bis) en tous points conforme à celui de la séance publique annuelle de 1843 à l'exception de la partie liminaire et conclusive non recopiée dans la version expédiée à l'Académie de France à Rome.
Rapport imprimé sur les envois de peinture de 1843
TYPE : rapport de la séance publique annuelle de l'Académie des beaux-arts
AUTEUR : Raoul-Rochette, Désiré
PAGE DE TITRE : Rapport sur les ouvrages envoyés de Rome par les pensionnaires de l'Académie Royale de France pour l'année 1842 [1843], par M. Raoul-Rochette, Secrétaire Perpétuel
LIEU DE REDACTION : Paris
DATE : 1843
COMMENTAIRE : les archives de l'Académie de France à Rome conservent une version du rapport (Archives nationales pièce 20190056/2-16, fol. 129-136bis) en tous points conforme à celui de la séance publique annuelle de 1843 à l'exception de la partie liminaire et conclusive non recopiée dans la version expédiée à l'Académie de France à Rome.
Descriptions
Transcription :
Des circonstances fâcheuses, dont plusieurs ne doivent pas être imputées à nos pensionnaires, ont produit, dans l'envoi de cette année, des lacunes qui n'ont pu échapper à l'attention du public, et qui ont excité au plus haut degré le regret de l'Académie. Mais si la maladie a été pour quelques-uns de nos jeunes artistes un motif d'excuse, malheureusement trop légitime, il est certain, et l'Académie ne doit le dissimuler ni au public, ni à elle-même, qu'il existe pour d'autres de ces pensionnaires un tort trop réel, celui de s'être affranchis de l'accomplissement des obligations qui leur sont prescrites. C'est vainement pour pallier cette faute, qu'ils montreraient les travaux qu'ils ont produits, en échange ou en outre de ceux qui leurs étaient imposés. La liberté de substituer un ouvrage de leur choix à celui qui leur est demandé par le règlement, serait de leur part une erreur grave, que l'Académie ne saurait tolérer. Les travaux qui doivent remplir le cours de la pension, ont été fixés d'après les considérations puisées dans une longue expérience, et gradués, en raison du progrès des études, dans l'intérêt même des jeunes artistes, objet de la constante sollicitude de l'Académie. Ils ne sauraient donc s'écarter de cet ordre et manquer à leurs obligations, sans commettre envers eux-mêmes une faute qui compromettrait leur avenir ; et cet avertissement sévère est encore, de la part de l'Académie, un témoignage de tout l'intérêt qu'elle leur porte. // PEINTURE / L'ensemble de cet envoi est, à tout considérer, plus satisfaisant que celui de l'année dernière. De notables améliorations s'y font remarquer ; et il y a chez quelques-uns des progrès, et chez tous des efforts, pour répondre au but de l'institution et au voeu de l'Académie. // M. MURAT // M. Murat a pris pour sujet de son tableau de cinquième année les Lamentations de Jérémie ; et ce sujet lui a fourni une grande page, qui témoigne d'un progrès remarquable. Il y a de l'intelligence dans la scène ; l'ensemble de la disposition est large et ample ; et l'effet, généralement bien senti, est surtout satisfaisant dans la partie droite du tableau. On se plaît encore à dire que la figure de Jérémie est bien conçue, qu'elle a bien l'importance qu'elle doit avoir, et que la tête est d'un beau caractère. Mais ce tableau, où l'Académie a reconnu avec plaisir une amélioration sensible dans le talent de l'auteur, eût gagné beaucoup à une exécution plus vigoureuse. // M. PILS // M. Pils devait, pour son travail de quatrième année, la copie d'un tableau ou d'une fresque d'un grand maître ; il a fait choix de la fresque d'Andrea del Sarto, dans le cloître de l'Annunziata, à Florence, dont le sujet est la Mort de Philippe Benizzi. Il n'y a rien à dire sur le choix de l'artiste ; mais il y aurait beaucoup d'observations à faire sur son travail, s'il n'était trop évident que l'auteur, alors atteint de fièvre, ne jouissait pas de toutes ses facultés, quand il exécutait cette copie. On doit donc se borner à dire qu'on n'y reconnaît pas le caractère du maître. L'esquisse de M. Pils, qui a pour sujet les Prisonniers athéniens récitant les tragédies d'Euripide, témoigne de l'état de santé plus favorable où se trouvait l'artiste en l'exécutant. // Le choix du sujet est digne d'éloges ; la disposition générale est satisfaisante et d'un bon goût d'ajustement, et les trois figures principales rappellent bien le style antique. Mais il y a, dans d'autres figures, une disposition de lignes qui n'est pas heureuse ; et, quant à la couleur, on y trouve à redire trop de crudité dans les tons. // M. HEBERT // M. Hébert, qui avait donné lieu, dans ses deux précédents envois, à des reproches graves sur le ton noir et lourd de sa peinture, a évidemment tenu compte des avis de l'Académie, en cherchant à peindre autrement. C'est sans doute une intention louable ; mais il est fâcheux qu'elle n'ait pas été suivie d'un meilleur résultat. On voit que M. Hébert cherche à se faire une manière, au lieu de consulter son propre sentiment ; c'est surtout en cela qu'il se trompe ; et c'est aussi ce qui fait que sa peinture n'offre pas l'étude qu'on voudrait y trouver. Son tableau ne manque pourtant pas d'un certain charme ; la composition en est agréable, et il y a de la grâce dans le dessin. Mais le modelé des figures est tout à fait dépourvu de fermeté, et l'effet général manque de la vigueur nécessaire. Que M. Hébert se livre franchement à ses inspirations, et qu'il apporte à ses travaux toute l'étendue dont il est capable, sans se préoccuper de peindre de telle ou de telle manière ; c'est le meilleur conseil que puisse lui donner l'Académie. M. Hébert a envoyé, en outre de ses obligations, une étude de paysage, où l'on aime d'autant plus à louer la qualité et la force du ton, que le défaut contraire a été remarqué dans le tableau. Mais après ce témoignage de sa satisfaction que l'Académie accorde avec plaisir à M. Hébert, elle lui doit un avertissement nécessaire ; c'est qu'en n'envoyant pas l'esquisse qui lui était prescrite pour son travail de troisième année, et en envoyant un paysage qu'on ne lui demandait pas, il a manqué aux obligations qu'il avait à remplir. Nous l'avons déjà dit et nous le répétons à l'intention de M. Hébert, les pensionnaires ne sont pas libres de ne prendre dans les règlements que ce qui leur convient, pour ne faire que ce qui leur plaît ; et puisqu'il restent toujours maîtres de choisir, pour leurs études, les sujets qui s'accordent avec la nature de leur talent, c'est une raison de plus pour eux d'exécuter fidèlement les travaux que l'Académie leur demande, afin d'être chaque année en état de juger de leurs progrès dans la voie qui leur est tracée. // M. BRISSET // M. Brisset a fait preuve d'un progrès remarquable dans sa figure d'étude, dont il a voulu faire un sujet héroïque, Troïle tué par Achille sous les murs de Troie. Cette figure est bien composée ; le jet en est heureux, et d'un style vraiment historique, quoiqu'il y ait des incorrections dans les jambes, et qu'on dût exiger plus d'étude dans les mains. Du reste, le dessin est d'un bon caractère ; le torse est bien peint, la tête est d'un bon choix, et le fond est bien composé, et d'un effet pittoresque qui s'ajuste bien avec la figure. // M. LEBOUY [sic] // M. Lebouy [sic], pour sa première année, devait une figure peinte d'après nature et de grandeur naturelle ; au lieu de cela, il a envoyé un petit tableau de deux figures représentant un sujet grec, dont l'idée lui a été fournie par des vers d'André Chénier. M. Lebouy [sic], qui est à son premier essai, eût mieux fait de se conformer aux règlements, et, puisqu'il voulait traiter un sujet grec, il eût mieux fait aussi de puiser son sujet à la source même, plutôt que dans les poésies d'André Chénier. C'est là, nous le disons à regret, une double faute, que ne rachète pas suffisamment le mérite du tableau de M. Lebouy [sic]. La composition accuse le défaut d'expérience ; le dessin manque d'étude, et la couleur de lumière. Il y a pourtant dans ce tableau une certaine naïveté de style, et un ensemble qui ne laisse pas d'être satisfaisant. On sent que l'artiste cherche la simplicité ; et c'est une tendance que l'Académie ne peut qu'encourager, surtout si, en se livrant à un sentiment vrai, qui est toujours assuré de plaire, le jeune artiste sait y joindre l'intelligence qui dispose, et l'étude qui réalise les conceptions du peintre. // M. LANOÜE // M. Lanoüe a envoyé un paysage dont le site est pris du parc de la Riccia. Ce qu'il y a de bien dans les lignes de ce paysage est fidèlement imité de la nature. Mais c'est malheureusement là tout l'éloge que comporte le travail de M. Lanoüe. Ce tableau manque d'air et de lumière ; la couleur en est sans transparence et l'effet général monotone et noir. // En terminant cet examen, dont il n'a pas tenu à l'Académie de rendre l'expression moins sévère, c'est plus que jamais un devoir pour elle de rappeler nos jeunes pensionnaires à l'accomplissement de leurs obligations envers l'État et envers eux-mêmes ; car, jamais l'acquittement de cette dette doublement sacrée ne fut plus nécessaire et plus méritoire. Dans l'état où se trouvent aujourd'hui les arts, livrés à toute l'indépendance des goûts individuels, sans autorité généralement reconnue, sans principes généralement admis, l'École de Rome, instituée pour servir d'asile aux études fortes et sérieuses, est la principale ressource qui nous reste pour combattre cette fâcheuse direction, ou plutôt cette absence de direction, qui se fait sentir dans le domaine des arts. C'est à Rome, dans cette Villa Médicis, riche de tant de souvenirs, en présence de tant de beaux monuments de l'antiquité et de chefs-d’œuvre des arts modernes, que les talents, déjà éprouvés par les luttes de l'école et toujours éclairés par les conseils de l'Académie, doivent tendre sans cesse à se perfectionner par l'étude du vrai et du beau ; et c'est qu'ils doivent, en s'isolant de toute vue mondaine, de toute pensée mercantile, se fortifier, par la contemplation des grands modèles de l'art, contre la séduction des succès faciles, contre l'exemple des renommées trompeuses ; c'est là, enfin, qu'ils doivent conserver ce feu sacré de l'inspiration, qui ne jette, dans le mouvement d'une société dominée par les intérêts matériels, que de faibles et passagères lueurs, mais qui, toujours entretenu dans ce grand sanctuaire de Rome, au sein du recueillement et de l'étude, continuera de briller encore de tout l'éclat qu'il a répandu sur la France. Et après ces conseils inspirés par l'intérêt que nous portons à nos pensionnaires de Rome, qu'il me soit permis d'adresser aux jeunes talents que nous allons couronner, des paroles dictées par le même sentiment. Il y a aujourd'hui, précisément un siècle que Vien, le régénérateur de l'école française, obtint le grand prix de peinture qui le conduisit à // Rome. Nous savons, par son tableau qui orne notre galerie, quel était alors l'état de la peinture en France, et nous savons aussi, par les travaux qu'il exécuta durant un séjour de près de sept années à Rome, quelles idées nouvelles il en rapporta. Tout le fruit de son expérience se résume dans un élève plus grand que son maître, mais devenu grand lui-même à l'exemple de son maître, et à la même école ; car c'est à Rome, où il était arrivé pensionnaire et où il retrouvait Vien pour directeur, que David acheva de former son talent par les leçons de son maître, et par les chefs-d’œuvre qu'il avait sous les yeux. Jeunes artistes, qui allez bientôt aussi vous trouver dans cette grande école, ayez toujours présents les exemples que je viens de vous rappeler. Marchez d'un pas ferme dans la voie ouverte il y a un siècle par Vien, et illustrée plus tard par David ; marchez-y, les yeux toujours fixés sur le vrai but de l'art, qui est d'élever l'âme par de nobles images, choisie avec intelligence et rendue avec vérité ; marchez-y, je le répète, avec une juste confiance en vous-mêmes, avec votre sentiment propre, soutenu et fécondé par toute la puissance du travail ; et soyez sûrs d'y trouver, pour vous-mêmes, au terme de vos constants efforts, une gloire nouvelle ajoutée à toutes celles qui vous ont précédés.
Localisations
Institution :
Cote / numéro :
Paris, Bibliothèque de l'Institut, 4° AA 34 (usuel), 1842-1843, tome 14, p. 63-72 (1843)
Bibliographies / archives
Commentaire Bibliographies / archives :
t. II
Source
source : Institut national d'histoire de l'art (France) - licence : Attribution 4.0 International (CC BY 4.0)
Commentaire interne
Base Envois de Rome FMP, fichier Documents.fp7, notice : £Rapport envois, procès-verbal, 1843, peinture£ Notice créée le 15/07/2002. Notice modifiée le : 04/07/2018. Rédacteur : Anne-Blanche Stévenin.
Rédacteur
Anne-Blanche Stévenin