[1857, peinture, rapport Institut primitif]Rapport primitif de l'Institut sur les envois de 1857, pe [...]

Rapport sur les envois de peinture. // M. Chifflard [sic]. Pensionnaire de cinquième année a choisi pour sujet de son dernier ouvrage Zénobie précipitée dans l'Araxe. Quoiqu'un peu théâtrale cette composition offre de belles lignes, le rendu a de la vigueur et les différentes parties sont harmonieusement reliées entre elles ; la tête de Zénobie est belle ; mais trop petite elle contribue à donner à cette figure un aspect gigantesque, celle de Rhadamiste manque d'élévation dans la forme et de noblesse dans l'ajustement ; enfin les ombres sont un peu noires et lourdes ; mais malgré ces critiques la section se plaît à reconnaître dans ce résumé des études et des efforts de M. Chifflart une supériorité et un progrès considérable sur ses autres envois. / Une esquisse dessinée du même artiste a pour sujet le Déluge. / Cette composition d'une abondance qui manque d'unité et dont l'exécution est molle et monotone présente cependant de belles intentions et de la poésie, notamment dans le ciel et les anges qui exécutent les ordres de Dieu. // M. Giacomotti empêché par une maladie grave n'a rien envoyé cette année. // M. Maillot pour sa deuxième année nous adresse une figure d'étude intitulée saint Jean dans le désert. Cet ouvrage est certainement une preuve de progrès, l'exécution a de la finesse et de la force surtout dans le torse ; mais le caractère général de la figure n'est pas assez élevé pour le nom sous lequel il la présente. // Son esquisse dessinée de saint Joseph et l'ange, assez heureuse sous le rapport pittoresque, pèche malheureusement comme le précédent ouvrage sous le rapport du caractère qui n'exprime pas la gravité et la simplicité évangéliques. // M. Lévy [rayé : pour sa] deuxième année a fait choix pour sa copie de la figure de la Poésie peinte par Raphaël au plafond d'une des Stanze. Ce choix est excellent ; mais nous regrettons que ce pensionnaire n'ait pas mis à l'exécution toute la conscience et le soin dont il était capable ; car dans ce travail le caractère des formes et l'aspect du ton manquent de la beauté et du charme qui distinguent si éminemment le grand maître ! / Dans son tableau de Noémi les figures d'une dimension mixte et douteuse ne sont pas agrandies par le style qui est mesquin et ne tend nullement vers la grandeur biblique. Le dessin y est incorrect, négligé, et nous ne trouvons vraiment à louer qu'une ou deux intentions gracieuses et le ton général qui a de la vérité et du charme. / Dans la grande étude de l'homme et l'enfant on trouve une certaine largeur d'aspect et quelqu'énergie de dessin ; mais les têtes sont laides et le modelé intérieur des formes ne s'accorde pas toujours [rayé : celui qu'expriment ; mis à la place : avec] les contours ; enfin même en adoptant ce parti de peinture décorative M. Lévy aurait pu faire sentir davantage l'étude directe de la nature et [rayé : répondre ; mis à la place : mieux répondre] à son programme. // M. Bernard a envoyé deux études de paysages prises dans la campagne de Rome. Nous observons qu'il eut pu choisir des motifs moins semblables, plus variés dans leurs éléments, mais admettant ces motifs, nous regrettons que leur exécution pauvre, exprime si peu la fermeté des lignes, l'ampleur des formes et la magnificence du ton de cette belle nature ; qui vue par de bons yeux et un bon esprit conduit si [rayé : naturellement ; mis à la place : directement] à ce style historique que recommandent les programmes de l'Académie. [rayé : Ce pensionnaire a complété son envoi par une étude de deux petites figures qui plus heureuses présentent de bonnes lignes et de la naïveté dans les caractères ; mis à la place puis rayé : plus heureux dans les deux petites figures qui complètent son envoi, ce pensionnaire a su donner de bonnes lignes et de la naïveté dans leur caractère ; mis à la place : Plus heureux dans les deux petites figures qui complètent son envoi, ce Pensionnaire a su leur donner de bonnes lignes et de la naïveté dans les caractères]. [rayé : Enfin] Résumant nos observations et leur donnant un sens plus général, nous dirons à MM. les pensionnaires : travaillez, fortifiez votre talent, que vrai et naïf, il exprime alternativement en obéissant à la nature, la douceur et la force, la finesse et la grandeur ; mais pour acquérir ces qualités si diverses donnez aussi à vos études des aliments moraux, en cultivant votre esprit, en élevant votre cœur ; car le style c'est l'homme. L'homme moral qui seul peut faire des œuvres bonnes et durables. // [signé : Flandrin, Heim, Picot, Abel de Pujol, Cogniet, Couder, Robert-Fleury]