Le pouvoir du "Disegno" : la formation et le destin d'une pensée architecturale.

En brisant le lien unissant le dessin, la géométrie et l'opération constructive, le disegno développe au XVe siècle un geste de la pensée et de la main capable de mouvoir les lignes de la représentation architecturale par une succession de croquis, transcrivant la confusion d'une pensée qualitative en instrumentalisant le flou du dessin. Dans les années 1920, la ligne du disegno connaît une seconde enfance, dont Le Corbusier va préserver la liberté jusque dans ses projets ultimes. Le disegno devra renverser le mythe de l'Idea classique et son orthogénèse, afin d'assumer la condition fragmentaire de l'idée et la formation tardive de sa formulation, dont les discontinuités rivalisent avec les méthodes discursives. Il devra résister aux dogmes visant à replier la ligne architecturale sur la vérité mathématique, sur la raison pratique ou sur la transparence constructive.