L’applique du Christ est fixée à la plaque centrale d’une croix par quatre clous traversant ses mains et ses pieds. Le Christ est frontal, les bras légèrement fléchis. Pourvu d’un nimbe crucifère polychrome, il porte la couronne royale. Ses longues mèches de cheveux encadrent son visage, légèrement incliné. Ses yeux ouverts sont faits de perles d’émail bleu. Noué sur sa hanche gauche, le périzonium descend jusqu’aux genoux, à peine superposés. Sa posture est ainsi légèrement incurvée en forme de S. Les pieds, disposés en V, reposent sur un suppedaneum bleu. Une tige chargée d’un très beau fleuron polychrome s’incurve au-dessus de la tête du Christ - détail unique et original parmi les croix limousines jusque-là étudiées - faisant probablement allusion à la croix comme Arbre de Vie. Au-dessus du fleuron est inscrit le titulus IHP, à la place du monogramme IHS, plus fréquemment utilisé. Ici, le P remplace le S ; le P est la deuxième lettre (Rho) du nom grec du Christ, XRISTOS. Ainsi, l’inscription doit être lue de la manière suivante : Jésus Christ. La main bénissante de Dieu (Dextera Domini) émerge de la nuée en haut de la plaque. Le crâne d’Adam, gravé à l’extrémité inférieure de la plaque, est une allusion au mont Golgotha et plus généralement à la Crucifixion. Des disques et des rosettes de couleurs vives constellent le fond de la plaque. Une bordure polychrome (bleu et blanc), accompagnée d’un décor pointillé, entoure la plaque, qui comporte quatorze trous de fixation.

Cette œuvre appartient à une série de croix, dont la production s’étale tout au long du XIIIe siècle, présentant le Christ crucifié, couronné, vivant et portant un périzonium. Elle révèle une qualité d’exécution raffinée et des détails soignés, comme la main de Dieu et le fleuron polychrome, ainsi que la riche palette chromatique et le décor pointillé des disques et des rosettes. Cette plaque date certainement de la période d’apogée de la production limousine, vers 1200-1220.

I H P

Encore conservée dans l’église construite sur le site de l’église originale dans le village d’Akra au bord du fiord d’Akra (Norvège, département de Hordland). Re-utilisée de 1787 à 1872 pour décorer l’autel majeur, datant de 1599, par la suite, elle fut fixée sur une croix de fer et attachée à une croix de bois. Des couches de peinture noire ont été retirées en 1922, à l’occasion de l’exposition Middelaldersk guldsmedkunst i Norge. Depuis 1959, fixée à un panneau de bois placé derrière l’autel (cf. Solhaug 2008, p. 214-215, fig. 2-3). La stavkirke (église en bois debout) médiévale fut construite sur le domaine d’Akra, principale ferme du village (gnr. 282). L’église est documentée depuis 1329, cf. DN 1 ; n° 206. Elle fut démolie en 1735, quand une nouvelle église fut construite ; la nouvelle église fut elle-même rebâtie en 1871-1872.