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[1853, sculpture, rapport Institut à AFR]Rapport sur les envois de sculpture de 1853TYPE : rapport d [...]

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Dernière modification
01/12/2021 04:00 (il y a environ 3 ans)
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Description
[1853, sculpture, rapport Institut à AFR]
Rapport sur les envois de sculpture de 1853
TYPE : rapport de l'Institut de France à Académie de France à Rome
AUTEUR : Anonyme
LIEU DE REDACTION : Paris
DATE : 1853
Descriptions
Transcription : 
M. Perraud Cinquième année M. Perraud envoie pour son travail de cinquième année une statue en marbre d'environ sept pieds de proportion, qui a pour sujet Adam. On est frappé, tout d'abord, du caractère puissant et sculptural que l'auteur a donné à la représentation du père des hommes, et sous l'influence de cette impression la critique a de la peine à se formuler. Mais si l'on considère qu'en principe dans une statue, l'attitude et le choix du genre de nature doivent nécessairement être appropriés et concourir à l'expression du sujet, on doit reconnaître que la pose fière de cette statue est loin d'exprimer le sentiment de douleur résignée ou d'accablement qui devait y dominer et que le caractère athlétique des formes n'est pas celui qu'il convenait d'adopter. Nous dirons aussi que le tronc d'arbre qui se joint au soc, instrument de travail, cause de l'embarras dans la composition ; que certaines parties de cette statue, telles que le torse, dont le bassin sous certains aspects, parait étroit, les cuisses, les genoux etc. les éloignent du caractère homogène du type des formes adoptées, et que la tête elle-même, bien qu'elle ait un bon sentiment et une sorte de noblesse un peu sauvage, n'est pas modelée avec assez de fermeté. Mais cette part faite à la critique, nous nous hâtons de dire que la statue de M. Perraud offre généralement de très belles qualités d'exécution ; que les bras, le cou, la poitrine, le dos etc. ont une puissance de vie et de modelé d'une grande vigueur et enfin, que ce marbre exécuté avec nerf et chaleur est empreint d'un cachet remarquable et d'une somme d'originalité. Dans la satisfaction qu'elle éprouve, l'Académie se propose d'user du droit que lui donne le règlement de l'École de Rome, pour recommander, auprès du Ministre, l'acquisition de ce travail important. // M. Thomas Quatrième année Esquisse ayant pour sujet : Les Adieux d'Hector et d'Andromaque Cette esquisse quoique disposée avec goût, sous plusieurs de ses aspects, est loin d'être satisfaisante sous des rapports essentiels. Le sujet n'est pas bien senti, la scène qui pouvait être touchante, est froidement rendue, et l'enfant, qui devait avoir un rôle important, est trop sacrifié. Le vêtement d'Hector n'a pas le type troyen, et le bouclier est appuyé, sans nécessité sculpturale, près des jambes du héros. Enfin, dans cette esquisse M. Thomas ne parait pas s'être assez préoccupé de cette vérité que le sentiment est la première qualité d'une composition, et que l'arrangement n'a de valeur que quand il concourt au développement de la pensée. // M. Gumery Deuxième année M. Gumery pour satisfaire à ses obligations envoie la copie de l'enfant au masque et une tête d'étude. En plus de ce qu'il devait il joint à son envoi un bas-relief en marbre ayant pour sujet : le jeune malade. L'enfant au masque est un bon choix de copie et l'exécution en est généralement satisfaisante, mais, les jambes de cet antique étant restaurées, M. Gumery aurait dû ne pas reproduire exactement cette restauration, mais la modifier dans ce qu'elle présente de défectueux. Si l'Académie recommande souvent à MM. les Pensionnaires de se livrer à l'étude des productions de l'art élevé, elle ne les invite pas avec moins d'insistance à rester fidèles à leur propre sentiment pour qu'ils impriment à leurs ouvrages un cachet spécial. Nous voyons donc avec regret que dans le bas-relief qu'il envoie et qui a pour sujet : un jeune malade, M. Gumery semble avoir abdiqué le sentiment qui lui est propre pour imiter trop exactement surtout dans les draperies, le caractère des bas-reliefs antiques. D'ailleurs la composition de cet ouvrage, bien qu'elle soit habilement agencée, est froide et n'exprime pas assez l'élan de l'amour maternel pour un fils souffrant. D'après le caractère de formes qu'il a donné à ses personnages et la similitude apparente des âges M. Gumery n'a pas non plus accentué suffisamment la physionomie d'une mère et de son fils, et l'on ne trouve dans ce dernier, ni dans sa pose, ni dans ses formes, l'affaissement qui doit résulter de son état de maladie. Ayant fait ces observations nous donnerons à ce pensionnaire la part d'éloges qui lui est due, pour l'étude vraie qu'on remarque dans quelques parties des nus, et l'exécution consciencieuse de cet ouvrage. Le même pensionnaire en envoyant une tête d'étude sous cette désignation : Une matrone romaine, n'est pas entré dans l'esprit du règlement qui lui demandait une tête d'étude exprimant un sujet, car ce règlement doit avoir pour effet, non pas seulement la représentation matérielle d'une individualité, mais surtout la réalisation d'une pensée expressive ou poétique qui dise quelque chose à l'imagination. Sous le rapport de l'étude proprement dite la tête dont il s'agit est modelée avec mollesse et manque généralement de vérité ; le col est large et sans étude et les draperies sont maigres d'exécution. // M. Bonnardel Première année M. Bonnardel en envoyant un bas-relief s'est conformé au règlement. Ce bas-relief a pour sujet : Le Massacre des Innocents. Il est loin des intentions de l'Académie d'engager MM. les Pensionnaires sculpteurs à ne se livrer uniformément qu'à un seul genre de sculpture, et, comme on l'a dit plus haut elle trouve tout naturel que chacun d'eux se livre à des travaux de son choix et résultant de son aptitude particulière. Il est bien entendu, pourtant, que cette liberté d'action, pour amener de bons résultats, a besoin de rester dans la limite du goût et de la raison, et ne peut, hors de là, s'exercer sans égarement. Ces réflexions nous sont suggérées par l'examen du bas-relief de M. Bonnardel qui nous paraît être conçu et exécuté de manière à affecter les caractères de certain genre de peinture et, conséquemment, sortir des conditions de l'art de la sculpture. Ajoutons aussi que la composition de cet ouvrage présente de la confusion, et qu'il est difficile de retrouver les diverses parties qui composent l'ensemble des figures de second plan. L'exécution en est généralement faible, et les têtes sont mesquines d'expression et de modelé, bien que certaines parties, surtout dans la figure de l'enfant donnent lieu à des éloges mérités. M. Bonnardel ne se méprendra pas sur les motifs qui ont dicté ces observations, et nous avons la certitude que les envois prochains répondront mieux à la confiance que nous avons en son talent. M. Crauk Première année L'Académie ne peut qu'approuver l'intention qui a porté ce pensionnaire à honorer, par son travail, la mémoire de celui qui fut notre confrère, et l'un des plus illustres statuaires de notre temps, et en appréciant le sentiment pieux de l'élève pour son maître, elle aurait désiré que le résultat eut répondu plus complètement à cette généreuse intention. Bien que ce bas-relief soit disposé avec goût, on aurait désiré que sa composition eut pris pour base des idées plus neuves et plus spécialement inhérentes au talent de Pradier. Le monument funéraire indiqué dans cette conception est par trop accessoire, et la figure du Génie funèbre s'appuie trop familièrement sur ce monument. La figure de la Sculpture n'offre pas, dans sa disposition, ni dans ses formes, le caractère puissant qui aurait été désirable et celle du Génie manque de l'élévation de style que demandait cette allégorie. Cependant, cette figure, abstraction faite du caractère qu'elle comportait est d'une étude vraie et généralement bien modelée ; et celle de la Sculpture quoiqu'il y ait de la mollesse dans l'exécution, présente quelques parties assez bien étudiées. L'entente des plans manque d'harmonie ; les têtes trop fortes d'ailleurs, sont aussi trop saillantes et certaines parties tournent trop et ne se soutiennent pas assez de plans. Malgré ces observations, il y a des qualités réelles dans l'ouvrage de M. Crauk, qui nous font bien augurer de ses futurs envois. Si dans l'appréciation des envois de sculpture, l'Académie a dû, pour être juste, donner à MM. les Pensionnaires sculpteurs d'utiles avertissements, qui pourront leur paraître un peu sévères, elle se plaît à dire que chacun d'eux quoique avec des succès divers, a bien rempli ses obligations. Elle voit aussi, avec une vive satisfaction, que depuis deux ans, les figures en marbre, envois de cinquième année, malgré leur grande importance, sont arrivées terminées, et en applaudissant au zèle de MM. les Pensionnaires, elle les invite à persévérer dans l'exécution des règlements, dont les prescriptions n'ont d'autre objet que de les guider fructueusement dans le cours de leurs études, et d'assurer leur avenir.
Localisations
Cote / numéro : 
Directorat Victor Schnetz, carton 63, fol. 10-17 ; fol. 28 (1853-1857)
Source
source : Institut national d'histoire de l'art (France) - licence : Attribution 4.0 International (CC BY 4.0)
Commentaire interne
Base Envois de Rome FMP, fichier Documents.fp7, notice : £Rapport envois, Institut à AFR, 1853, sculpture£ Notice créée le 28/10/2002. Notice modifiée le : 15/10/2018. Rédacteur : Christiane Dotal.
Rédacteur
Christiane Dotal