Plaque de croix : Crucifixion
Plaque provenant de la croisée centrale d’une croix processionnelle (avers), vingt et un trous de fixation (dont un moderne).
Au centre, figure d’applique de Christ dont il ne reste que les pieds, autrefois clouée par quatre clous au bois de la Croix, émaillé de vert et parcouru de rinceaux. Le nimbe crucifère du Christ est émaillé d’un très beau bleu foncé translucide et de rouge. Au-dessus du crucifié, qui devait être souffrant, comme l’indique la silhouette de sa tête penchée, la Dextera Domini et le titulus, inscrit sur deux lignes. Les pieds du Christ reposent sur un suppedaneum du même bleu translucide que le nimbe, ponctué de rouge. Au-dessous, figure en réserve d’Adam sortant du tombeau, en forme originale d’une cuve, émaillée elle aussi de bleu translucide. Le fond bleu lapis de la plaque, ourlée d’une bordure tricolore (bleu foncé, bleu clair, blanc), est décoré de rangées symétriques de disques émaillés et de deux grandes rosettes. Toutes les zones en réserve sont pointillées.
Le soin apporté à l’exécution de cette plaque apparaît dans plusieurs traits originaux, comme l’emploi du très beau bleu translucide, l’iconographie inédite du sarcophage en forme de cuve, ainsi que le décor pointillé recouvrant toute la surface en réserve. Les proportions élancées de la silhouette du Christ suggèrent que l’applique aussi devait être d’une belle qualité.
Cette plaque provient d’une croix processionnelle aux extrémités trilobées, le type de croix le plus raffiné crée par les orfèvres de Limoges entre la fin du XIIe et le début du XIIIe siècle, dont les exemples majeurs se conservent à Amiens, Musée de Picardie inv. M.P. 998.4.1, Arla, église paroissiale, Baltimore, The Walters Art Museum inv. 44-76, Cologne, Museum Schnutgen inv. G 45, Londres, Victoria and Albert Museum, inv. M. 748 – 1891, New York, The Metropolitan Museum of Art, inv. 17-190-332, Saint-Pétersbourg, Musée de l'Ermitage inv. phi 184, Saint-Quentin, inv. L 358 et Trondheim, Norske Videnskqbers Selbskab Museet. inv. T 894.
Des comparaison plus ponctuelles peuvent être établies avec deux plaques détachées de leurs croix, ayant perdu le Christ d’applique : celle de la vente A. Kann, New York, 6-8 janvier 1927, lot 435 et celle de l’ancienne collection Vallin, récemment réapparue sur le marché de l’art (Barcelone, vente du 14 octobre 2021).
En raison de ces rapprochements, une datation vers 1200-1215 est envisageable.
Presque total de l’applique du Christ. Craquelures de l’émail, notamment aux extrémités supérieure et latérale droite. Dorure disparue de la figure d’Adam.
IHS / XPS
titulus
marque gravée cruciforme
Acquise par le musée en 1931.
p. 143
p. 110
p. 333-334
Cl. TM =Corpus 22386 (don P. Verdier, 1985).
Photo CEM : corpus 22386
TOME CEM II