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[1911, peinture, rapport Institut primitif]Rapport primitif de l'Institut sur les envois de 1911, pe [...]

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Dernière modification
02/12/2021 10:46 (il y a environ 3 ans)
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Description
[1911, peinture, rapport Institut primitif]
Rapport primitif de l'Institut sur les envois de 1911, peinture
TYPE : rapport de l'Institut de France - primitif
AUTEUR : Anonyme
PAGE DE TITRE : Rapport de la section de peinture sur les envois des pensionnaires peintres de 1911
LIEU DE REDACTION : Paris
DATE : 1911
Descriptions
Transcription : 
La section de peinture a été heureuse de constater cette année dans les envois des pensionnaires de l'Académie de France de louables tendances. Quelques oeuvres pêchent encore par une incertitude d'expression et un manque d'expérience, mais presque toutes retiennent l'attention et il se dégage de cette exposition une sensation réelle de recherche et de sincérité. En somme malgré quelques défaillances, l'ensemble des envois est honorable et sérieux. M. Bodard (1e année). M. Bodard expose une étude de femme nue, assise sur la margelle d'une fontaine verdoyante et ensoleillée. Malgré certaines qualités de facture, l'envoi de M. Bodard laisse un peu à désirer. Le fond de son tableau est inutilement trop grand pour la figure qui semble avoir été peinte dans un milieu fort différent. L'ensemble manque de style et de caractère et les erreurs de dessin sont nombreuses. Le raccourci du bras plié, qui n'est pas d'un heureux effet, est en plus, incorrect. La jambe droite s'explique difficilement. Mais si le dessin de cette figure est un peu banal, si ce tableau est hésitant, on y trouve cependant des parties assez habilement peintes, comme le morceau du dos et la cuisse en avant. Malheureusement le dessin d'après l'antique exposé par M. Bodard n'est pas dans l'esprit du modèle et l'étude d'après le Titien est lourde et opaque, d'un dessin sans volonté. L'Académie ne saurait trop recommander à M. Bodard de s'intéresser davantage au caractère et à la construction, et de se bien persuader que l'habileté manuelle, qui est un don précieux, devient sans aucun intérêt si elle n'est pas employée au service de la forme, de la vie et de la beauté. M. Lefeuvre (2e année). Le tableau de M. Lefeuvre " A Capri " représente deux adolescents nus, une fillette et un jeune garçon se reposant à l'ombre sur un rocher pendant qu'au dernier plan dans la mer bleue ensoleillée s'ébattent de jeunes baigneurs. La toile de M. Lefeuvre, si elle est peut-être d'une matière un peu lourde est cependant brillante et donne une sensation de nature assez juste. L'ensemble qui est bien arrangé est doré et vibrant. Le nu de jeune fille qu'on voit au premier plan [ajouté : un peu faible d'exécution relativement à l'affirmation du paysage] est intéressant de couleur et d'une jolie indication. En revanche le jeune garçon qui l'accompagne a quelques vulgarités : le torse est d'un ton un peu lourd et pas assez reflété. Pour conclure, cette composition conçue dans un sentiment simple et vraie [ajouté : est des plus honorables]. M. Billotey (3e année) expose la Mort de Sainte Catherine d'Alexandrie d'après Masaccio. Le choix de ce modèle n'a pas été très heureux. Il aurait pu trouver facilement dans des sujets analogues un motif moins fatigué et d'un accent plus écrit. La facture de son tableau est insuffisante et molle, l'aspect en est cotonneux. Cette copie semble avoir été peinte sans conviction et sans enthousiasme, exécutée comme un pensum. [rayé : il est à regretter que la vue des chefs-d'oeuvre au milieu desquels M. Billotey a le bonheur de vivre ne l'ait pas même inspiré cette année]. M. Billotey expose également une esquisse " Après la bataille de Marignan " dans laquelle on trouve une jolie sensation de lumière ; les groupes en sont assez bien disposés. On aimerait cependant à voir cette esquisse moins sommaire ; elle est véritablement trop lâchée. C'est vainement que qu'on y cherche des indications ayant un caractère précis. M. Billotey a déjà fait preuve de talent et de délicatesse ; il est à souhaiter qu'il s'affirme un peu plus et dessine plus serré, de façon à mettre en valeur les qualités d'ambiance et de lumière que l'Académie s'est plus à reconnaître chez lui dans un précédent envoi. M. Roganeau (4e année). Il y a des éloges à adresser à M. Roganeau pour son tableau Le Soir représentant des jeunes femmes en costume antique, puisant aux dernières lueurs du soleil de l'eau au bord d'une rivière. On trouve dans cette composition un peu trop grande (elle aurait bénéficié à être plus condensée et plus restreinte), un sentiment de calme et de tranquillité qui lui donne une réelle poésie ; les gestes ont de la grandeur et de la noblesse et bien que les figures du centre du tableau se répètent un peu symétriques, on constate que le dessin, pris dans son ensemble, s'il n'est pas toujours les détails d'une correction parfaite ; a du moins du style et du caractère. Le groupe des quatre figures de gauche est particulièrement réussi. Le geste des deux femmes qui puisent de l'eau a de l'imprévu et de la vie, le sentiment de la figure assise est charmant, et le dessin de la jeune fille debout avec qui elle cause, harmonieux et élégant. La tonalité générale, très sobre et distinguée conçue comme pour une fresque est cependant un peu monotone et terne. L'harmonie générale du tableau gagnerait certainement à ce que le terrain fût moins lourd et plus sous le ciel, et les premiers plans plus construits et mieux étudiés. Le ciel lui-même ne perdrait rien à être un peu moins opaque, de même que l'eau de la rivière à être peinte avec plus de sensibilité et de souplesse. On regrette également que les vases du second plan soient trop réels et pas assez dans l'air et que le groupe du fond soit indiqué trop sommairement. Ces réserves, une fois faites, on ne peut que louer la coloration heureuse de la figure qui recevant [sic] les derniers rayons du soleil : cette note chaude et discrète ravivant à l'ensemble du tableau. Pour résumer, le tableau de M. Roganeau, empreint d'un sentiment d'antiquité très pénétrant, témoigne d'une sérieuse recherche et d'un réel souci de style. L'esprit de son tableau est excellent et malgré certaines réserves concernant l'exécution, on ne saurait trop l'engager à persévérer dans cette voie. M. Roganeau a compris que c'est par la sobriété et la mesure jointes à l'élévation de la pensée, que les grands maîtres que nous admirons, serviteurs scrupuleux et fidèles de la nature, nous ont légué les chefs-d'oeuvre qui nous rassurent et nous réconfortent. L'Académie ne saurait trop recommander aux jeunes peintres qui ont l'heureuse fortune de vivre dans ce milieu idéal qu'est la Villa Médicis si propice à éveiller dans les esprit des idées hautes et sereines, loin de le fièvre et de la réclame ; à l'exemple si glorieux des anciens qui les ont précédés, de se pénétrer le plus possible de l'esprit des grands maîtres qui les entourent et qui sont arrivés à exprimer la suprême beauté, parce qu'ils ont eu la foi, ont été simples et vrais, persévérants et émus.
Localisations
Cote / numéro : 
Académie des beaux-arts, 5 E 76
Source
source : Institut national d'histoire de l'art (France) - licence : Attribution 4.0 International (CC BY 4.0)
Commentaire interne
Base Envois de Rome FMP, fichier Documents.fp7, notice : £Rapport envois, primitif, 1911, peinture£ Notice créée le 27/10/2002. Notice modifiée le : 07/04/2017. Rédacteur : France Lechleiter.
Rédacteur
France Lechleiter