[1883, peinture, rapport Institut primitif]Rapport primitif de l'Institut sur les envois de 1883, pe [...]

M. Schommer, quatrième année. Édith retrouvant le corps du roi Carolus [sic] après la bataille d'Hastings. / La composition de ce tableau est dramatique, l'effet général est bien compris et très harmonieux. Si la tête d'Édith manque de beauté, l'ensemble de la figure est d'un mouvement vrai et touchant. La tête du moine qui la soutient est certainement la partie la mieux exécutée du tableau. Les cadavres qui gisent au premier et second plans semblent des restes de pestiférés plutôt que des corps vigoureux de soldats morts en combattant. Il est à regretter que la tapisserie de Bayeux que l'on trouve gravée dans presque toutes les bibliothèques n'ait pas été consultée par l'artiste pour la vérité et le caractère des costumes et l'époque qu'il avait à représenter. A part quelques réserves que l'Académie ait cru devoir faire sur le tableau de M. Schommer, elle n'en reconnaît pas moins que cet ouvrage termine honorablement la série des études et des travaux accomplis par le pensionnaires pendant la durée de son séjour à Rome. M. Bramtot, troisième année, copie d'un fragment de la fresque de l'Héliodore de Raphaël au Vatican. / On doit savoir gré à M. Bramtot du choix qu'il a fait pour sa copie, d'un des plus beaux morceaux de l'oeuvre de Raphaël l'aspect de la fresque est bien rendu surtout dans la figure du Pape Jules II. / Esquisse de M. Bramtot, Job et ses amis. / Le choix du sujet et l'effet de cette esquisse sont très heureux et à part une légère observation sur le Job qui pourrait être un peu plus apparent. Il n'y a que des éloges à donner à cette composition. M. Doucet, deuxième année, Ave Maria. / L'envoi de M. Doucet n'est pas conforme à la lettre du règlement qui prescrit pour la deuxième année l'exécution d'un tableau d'au moins deux figures nues ou en parties drapées de grandeur naturelle. Mais cette infraction au règlement n'est pas le seul motif des regrets qu'inspire à l'Académie l'envoi de M. Doucet. Dans son tableau la construction des figures ne se peut saisir dans les draperies qui les recouvrent. Le charme d'ailleurs affecté de la tête de Maria et sa coloration délicate rendent inexplicables les bizarreries volontaires du reste de l'oeuvre. La petite fille dont le dos est chargé d'ailes naissantes de colombe, sa robe japonaise aussi fine que son attitude niaisement recueillie étonnent et déconcertent. L'Académie constate avec le plus vif regret que, dans la conception comme dans l'exécution de ce tableau, M. Doucet est préoccupé de certaines tendances funestes qui se produisent en ce moment, plutôt que des enseignements que fournit et des sentiments que doit inspirer à un artiste le séjour de Rome. L'Académie espère que les prochains envois de M. Doucet répareront la grave erreur dans laquelle il est tombé cette année. Le dessin de M. Doucet est aussi négligé et aussi blâmable que possible. M. Fournier, première année, Oreste se réfugiant à l'autel d'Apollon. / Malgré quelques erreurs de construction dans le haut de cette figure et dans les détails de la composition la prédominance des intentions archaïques, la partie inférieure de cette étude n'en reste pas moins satisfaisante. L'Académie rappelle à M. Fournier que les recherches et les préoccupations forcément érudites ne peuvent en aucun cas remplacer l'étude directe de la nature. Les trois dessins de M. Fournier sont consciencieusement exécutés.