[1873, sculpture, rapport Institut procès-verbal]Rapport sur les envois de sculpture de 1873TYPE : r [...]

[p. 211] Rapport sur les envois de Rome (Sculpture). La section de sculpture rappelle encore cette année aux pensionnaires que, dans leur intérêt même, ils doivent s'abstenir d'entreprendre des ouvrages trop considérables, ou des sujets qui ne comportent pas une étude sérieuse du nu, étude indispensable qu'ils ne doivent jamais perdre de vue dans leurs travaux ; une simple statue en marbre est une tâche assez difficile pour la mener à bonne fin pendant le temps relativement très-court que les pensionnaires ont à leur disposition. M. Marqueste (1è année) Lutte de l'ange et de Jacob (Bas-relief). / M. Marqueste ne paraît pas avoir bien compris le sujet qu'il a choisi. L'action des deux personnages est froide et indéterminée. On ne sent pas assez la résistance énergique dans cette lutte mystérieuse. Les têtes sont sans caractère, les draperies manquent de style ; mais on peut louer dans la figure de Jacob des plans assez bien sentis et quelques parties bien exécutées qui permettent de concevoir des espérances pour l'avenir de ce pensionnaire. / La joueuse d'osselets, marbre d'après l'antique, du même auteur est une excellente copie d'une exécution fine et très soignée qui rappelle bien la naïveté et la grâce de l'original. M. Lafrance (2è année) St Jean / On peut surtout remarquer dans ce charmant ouvrage le désir de reproduire fidèlement la nature du modèle. Peut-être l'artiste aurait-il dû se préoccuper davantage du caractère du sujet ; mais, à part cette observation, la section n'a que des éloges à lui adresser pour la finesse du modelé, la vérité des formes, la délicatesse du dessin. C'est un exemple qu'il est possible de faire une oeuvre de mérite dans les proportions les plus modestes. Vulcain remettant à Thétis les armes qu'il vient de forger pour Achille (Esquisse - bas-relief) / C'est une réminiscence mal comprise et insignifiante des terres cuites antiques. Nous regrettons que l'auteur du petit Saint Jean n'ait pas été mieux inspiré par un aussi beau sujet et qu'il l'ait traité avec tant de négligence. [p. 212] M. Allard [sic] (3è année) / M. Allard [sic] n'a envoyé qu'une tête en marbre de Sainte Cécile après son martyre. / Ingénieusement agencée sur une lyre, couronnée de feuilles légères, un peu profane par les accessoires, cette tête d'une impression virginale et d'un sentiment distingué mérite les éloges de la section. M. Noël (4è année) Roméo et Juliette (groupe en marbre) / M. Noël a terminé sa pension par l'envoi d'un groupe en marbre - Roméo et Juliette - qu'il n'a pas eu le temps d'achever à Rome. / Tout en reconnaissant dans la figure de Roméo un sentiment très-dramatique, la section ne peut approuver le choix d'un sujet qui rentre si peu dans les obligations imposées aux pensionnaires. Le mouvement de la femme est d'un mauvais aspect, et la disposition des draperies n'est pas conçue de manière à atténuer ce qu'il a de défectueux. / M. Noël semble s'être aperçu de son erreur en ajoutant à son travail obligatoire une figure entièrement nue " un rétiaire dans le cirque lançant son filet à un adversaire " et nous devons lui savoir gré de ses efforts. L'exécution manque de fermeté, mais il y a dans cette figure une certaine vigueur de mouvement et dans la tête une expression de sauvagerie qui convient bien au personnage. M. Mercié (4è année) : Gloria Victis (groupe allégorique) / M. Mercié n'avait primitivement que trois années de pension et se trouvait par conséquent dispensé de faire une statue en marbre pour son dernier travail. Le groupe qu'il a envoyé, évidemment conçu pour le bronze, était commencé lorsque il obtint une 4ème année qui lui a permis de le terminer. La France après ses désastres lui a inspiré une noble allégorie " Gloria victis " qu'il a rendu avec un talent remarquable. La Gloire planant sur le champs [sic] de bataille enlace de ses bras et porte sur ses épaules un jeune et glorieux vaincu tout frémissant encore de l'ardeur du combat. Ce groupe, d'une belle ordonnance, d'une allure vive et imposante, fait honneur à son auteur et couronne dignement sa pension. Après la lecture de ce rapport, M. Gatteaux dit qu'il regrette qu'il y ait chez les pensionnaires de Rome une tendance à faire plutôt des sculptures qui doivent être exécutées en bronze que des sculptures en marbre.