Croix massive à croisée ronde et empattements légèrement arqués profilés d'un cavet.
Sur l'avers, au centre, figure d'applique du Christ fixée par quatre clous. Il est représenté vivant, les yeux ouverts (en perles de verre), couronné et vêtu d'un périzonium à l'orfroi nué d'une perle d'émail. Au sommet de la hampe, main divine sortant d'une nuée et, au dessous, titulus émaillé de bleu (?) abrégé sur deux lignes. Le fond, émaillé de bleu, est orné de disques et rosettes émaillés. Le pourtour de la croix est cerné d'un trait gravé en zigzag.
Au revers, sur la croisée centrale, Agneau de Dieu tenant l'oriflamme et passant à dextre. Aux extrémités, sauf celle du bas, symboles gravés des évangélistes. En bas, où la surface semble avoir été remaniée à l'époque moderne, tenon (?) et marque de l'actuel numéro d'inventaire. Les branches sont ornées de larges fleurs gravées ; leur cœur, ainsi que le fond entier, sont guillochés.
La croix constitue un échantillon assez singulier du répertoire des croix du CEM II.
Si la composition massive et le décor de l'avers rappellent des exemplaires typiques de la fin du XIIe siècle (cf. Lodi, Princeton), l'applique du Christ et le décor du revers sortent de l'ordinaire.
Le Christ des croix massives répertoriées au CEM II, soit gravé avec tête d'applique soit entièrement d'applique, répond à une typologie iconographique bien définie : il est souffrant, avec les yeux fermés et la tête penchée. Celui sur la croix du V&A représente une étape avancée dans l'évolution du type iconographique et du modèle même de la figure ; le visage allongé, les yeux en perles de verre et la posture ondulée du corps rappellent des appliques datant d'après de 1200 (cf. Christ d'applique du Louvre [OA11935] et celui des Musées royaux d'Art et d'Histoire de Bruxelles [Inv. n°1680]).
Le décor du revers est aussi lui tout à fait singulier. Les croix massives jusqu'ici répertoriées présentent un décor végétal sur le fond ; dans l'exemplaire ici étudié, par contre, trois extrémités sont gravées et ornées de symboles des évangélistes et les bras constellés de grandes fleurs hors du répertoire décoratif habituel.
Pour ces raisons, il est difficile de dater la croix ; on peut la considérer comme issue d'un atelier de transition, vraisemblablement dans la première décennie du XIIIe siècle, à moins qu'il ne s'agisse d'un montage postérieure. Un examen direct de l'oeuvre permettrait de lever ces incertitudes.
main gauche de l'applique coupée ; sur l'avers, lacunes de l'émail aux extrémités ; au revers, sur la partie basse de la hampe, surface remaniée ; soudure cachant le décor
Crucifix (avers); Agneau de Dieu (revers)
don de Miss Kathleen M. Delaney (Londres) en 1920
p. 113
Dia Oliver Watson (1976), avers = Corpus 16954, 16955.-Cl. O. Watson (1977), avers=Corpus 17429, 17430.
Photo CEM : corpus 16954, 16955, 17429, 17430 (A); pas de photo du revers B
Photo CEM : corpus 16954, 16955, 17429, 17430 (A); pas de photo du revers B
TOME CEM II