Besombes, Albert
(source : AD Aveyron, 4E82-12, acte n° 82)
Père : Besombes, Alexis Romain (Entraygues-sur-Truyère, 29/10/1843 – Entraygues-sur-Truyère, 14/10/1872), chef d’atelier (source : AD Aveyron, 4E82-12, acte n° 37)
Mère : Randon, Marie Ernestine (La Couvertoirade, Aveyron, 28/04/1842 - ?), marchande
Épouse : Trocmé, Marthe Émilienne Anna (Nérondes, 06/07/1880 – Nice, 11/03/1962), mariage le 10/11/1900 à Levallois-Perret (source : AD Hauts-de-Seine, E_NUM_LEV_M1900, acte n° 396)
(source : AP, 18D364, acte n° 2319)
16, rue des Martyrs
Boutique de son oncle Jules Randon (1840-1918), libraire, qui l’emploie et le forme au métier. Ce dernier est témoin à son mariage en 1900. Les deux hommes sont domiciliés à la même adresse.
40, rue Le Peletier
Adresse proche de l’hôtel Drouot. S’y installe à son compte. Mentionnée sur tous les catalogues de vente à prix notés mensuels (source : BNF 8°Q10B Besombes 1914-1924). Le libraire Maurice Chamoral s’installe dans les locaux en 1938 sans reprendre le fonds.
52, boulevard Rochechouart
Mentionnée dans le dossier de la Légion d’honneur (1933) en même temps que son autre adresse rue Le Pelletier indistinctement, et dans l’acte de décès (1936).
Important libraire de livres anciens, d’architectures et d’ornements, publie chaque mois un catalogue à prix notés et participe comme expert aux catalogues de vente de bibliothèques prestigieuses. À ce double titre pourvoyeur de poids de la Bibliothèque d’art et d’archéologie. L’essor et le prestige de la librairie Besombes lui sont très liés. Un contemporain témoigne : « Albert Besombes débuta chez son oncle, le libraire-antiquaire Randon. Après l’enseignement didactique de l’école commerciale, c’est là parmi les vieux livres, qu’il fit plus et mieux que d’apprendre son difficile métier (…). Jeune libraire, Albert Besombes fréquenta assidûment l’hôtel Drouot. Il suivit les grandes ventes de l’époque : Lignerolles, Leboeuf de Montgermont, etc., où rapidement il s’affirma acheteur d’un éclectisme avisé et redoutable. Il s’installa bientôt à son compte et se spécialisa plus particulièrement dans les livres d’architecture, de document, les ouvrages sur l’histoire de l’art. Il publia de nombreux catalogues qui portent tous la marque de son goût et de son savoir (…) Très vite, il s’affirma expert, en un temps où le mot avait un sens et n’était pas galvaudé. On peut dire que ce fut lui qui constitua pour les trois quarts l’incomparable Bibliothèque d’Art et d’Archéologie réalisée par J. Doucet. Certes, le fin commerçant qu’était ce fils de l’Aveyron fut heureux de trouver à ses débuts un client d’une telle qualité. Mais n’oublions pas la contre-partie : si Jacques Doucet n’avait pas rencontré le guide que savait être Albert Besombes la Bibliothèque d’Art et d’Archéologie dont s’enorgueillit justement notre Institut du même nom, n’offrirait pas aux travailleurs les ressources de ses vastes et intelligentes perspectives. Cela, il faut le dire, d’abord parce que c’est vrai, et aussi parce que cela fait toucher du doigt une autre vérité, bien oubliée aujourd’hui : les féconds, les grands résultats de la confiante collaboration de l’amateur et du libraire. Albert Besombes donna une autre preuve notoire de sa parfaite connaissance des livres de sa spécialité, lors de la vente Fould [sic, au lieu de Foulc] qu’il dirigea avec maîtrise et pour laquelle il rédigea un catalogue qui demeure un modèle précieux de science précise et discrète. Depuis la guerre, il présida à la dispersion de bibliothèques importantes et célèbres : Mey, Langlard, Ch.-L Fière, Sforza, Gougy, etc. Avec les années, il s’affirmait comme l’un des meilleurs libraires parisiens. Il n’est pas excessif de préciser que depuis la disparition d’Edouard Rahir, Albert Besombes tenait la tête de la librairie ancienne (…) » (source : Avant-propos au catalogue de vente de sa collection, p. I-II). Besombes meurt encore actif sans successeur. Sa propre collection de livres est vendue peu après en deux fois (du 5 au 7 novembre, puis du 1er au 3 décembre 1936).
Auteur pressenti pour un Répertoire des maîtres ornemanistes de l’école française. L’ouvrage n’est jamais paru et n’a probablement pas été entrepris comme la plupart des autres titres annoncés en préparation par la Société pour l'étude de la gravure française (source : Annuaire de la Gravure française, 1913-août 1914, p. 39).
Besombes agit au profit de Doucet selon trois modalités différentes et documentées, dans un rôle provilégié :
Dès l’ouverture de son commerce en 1907, Besombes publie tous les mois un catalogue de son fonds à prix marqués. Leur couverture témoignent d’une spécialisation rapide du libraire. Elles ne portent d’abord aucune spécification puis, à partir de novembre 1909, proposent des « Livres anciens et modernes rares et curieux ». Dès février 1909, le libraire annonce en quatrième de couverture acheter les « ouvrages sur la décoration et l’ornement ». En juillet 1910, la couverture porte la première mention de « recueils d’ornements », de « livres à figures sur bois » et de « livres illustrés du XVIIIe siècle ». Les occurrences de ce type se multiplient dans les années suivantes. S’y ajoutent des ouvrages sur les fêtes, les costumes, les beaux-arts. À partir de 1916-1917, les catalogues se structurent même en deux parties. La première est toujours en rapport avec l’architecture, la décoration et les ornements. On est certain d’y trouver dès les premières pages quelques-uns des noms les plus recherchés sur le sujet : Albertolli, Berain, Blondel, Boffrand, Boucher, Bullet, Du Cerceau, etc. La seconde partie des fascicules se rapporte aux « bons livres anciens et modernes ». Cette spécialisation de plus en plus affichée correspond très exactement à la demande et aux besoins de la bibliothèque Doucet. Mais il est probable aussi que l'offre détermine la demande et qu'à ce niveau le goût du libraire influe sur les choix du collectionneur. Besombes apparaît logiquement dans les registres d’acquisitions (1910-1917), pour 90 commandes et 396 titres, comme l’un des principaux fournisseurs, après Schemit (source : BINHA, registres d’inventaire, ARCHBIB/9/1-ARCHBIB/9/4).
Besombes intervient aussi dans les ventes publiques où sont dispersées les bibliothèques prestigieuses comme expert et probablement conseiller pour le collectionneur. Il rédige par exemple en 1914 le catalogue de la collection Foulc principalement constituée de livres d’architecture et d’ornement, pour l’essentiel acquise par Jacques Doucet (source : Pierre, Juhel, Les ventes publiques d’estampes à Paris sous la Troisième République. Répertoire des catalogues 1870-1914, Paris, 2016, p. 505-506).
Mais Besombes agit également comme acheteur pour le compte de Doucet. Un témoignage de Seymour de Ricci laisse entrevoir ce rôle à l’occasion de la dispersion de la bibliothèque de M. L. de Montgermont dont le catalogue comportait « beaucoup de livres d'ornement et de décoration » : « A trois heures, M. Jacques Doucet fait son apparition et s’entretient quelques instants avec M. Besombes : cinq minutes après, celui-ci se fait adjuger pour 21.000 francs un magnifique recueil de plus de mille portraits de la fin du XVIIIe siècle et, pour 4.005 francs, les six planches de Trouvain pour les appartements de Louis XIV. Reverrons-nous ces deux beaux volumes dans la bibliothèque de la rue Spontini ? [adresse de la Bibliothèque d’art et d’archéologie] » (source : Gil Blas, 21 mai 1913, p. 8). De fait, les deux ouvrages, les n° 135 et 169 du catalogue de vente rédigé par Édouard Rahir, figurent quelques jours plus tard à l'inventaire de la bibliothèque, le 28 mai 1913 (les n° 6022-6023), avec 21 autres livres de même provenance (source : BINHA, registre d'inventaire, ARCHBIB/9/3).
(source : AN, F/12/8517)
Prix et distinctions : Chevalier de la Légion d'honneur. Dans le dossier de candidature, lettre du 23 mars 1933, du président du Syndicat de la Librairie ancienne et moderne, Henri Picard, faisant allusion au rôle de Besombes auprès de Jacques Doucet : « Monsieur Albert Besombes, déjà désigné à l’attention des Pouvoirs publics comme expert près les Douanes françaises et la Chambre des Commissaires-Priseurs de Paris exerce pour son compte et avec une autorité incontestée, le commerce des livres principalement anciens depuis 25 ans. Il jouit de l’estime et de la considération de ses clients et de la sympathie de ses confrères. Sa réputation s’étend au delà de nos frontières où il a noué des relations qui lui ont permis de faire revenir en France des manuscrits français du Moyen âge et de précieux livres dont la plupart ont été achetés pour le compte de Monsieur Jacques Doucet qu’il aida de toutes ses forces à constituer l’importante Bibliothèque d’Art et d’Archéologie, la plus complète en la matière léguée par son généreux fondateur à l’Université de Paris » (source : AN, F/12/8517). En filigrane, on lit l’allusion à la collection Foulc qui devait être acquise par le collectionneur américain Pierpont Morgan, finalement revenue en France et, pour une large part, acquise par Jacques Doucet.
Collection personnelle : Sa collection de livres est dispersée peu après sa mort : Livres anciens et modernes provenant de la succession de M. Albert Besombes, ancien libraire, Paris, 1936.
Sociétés savantes et cercles : liste jointe à son dossier de candidature pour la Légion d’honneur en 1933 (source : AN, F/12/8517)
Membre du Cercle de la Librairie depuis 1918 (Cercle de la librairie. « Assemblée générale du 28 février » 1919, p. 10 et 47)
Membre fondateur du Syndicat de la Librairie ancienne et moderne
Membre du Syndicat des Libraires de Paris
Membre de la Société des Amis de la Bibliothèque d’Art et d’Archéologie
Membre de la Société pour l’Étude de la Gravure Française
Membre de la Société Française de Reproduction de Manuscrits à peintures
Membre de la Société de la gravure sur bois originale
Fait partie des libraires de livres anciens, importants fournisseurs de la Bibliothèque d'Art et d'Archéologie, présents dès la fondation de la société dont Jacques Doucet fut l'instigateur, le bienfaiteur et le trésorier (source : Bulletin de la Société Française de Reproductions de Manuscrits à Peintures, 1911, n° 1, p. I).
Fait partie des libraires de livres anciens, importants fournisseurs de la Bibliothèque d'art et d'archéologie, présents dès la fondation de la Société (source : Bulletin de la Société des amis de la Bibliothèque d'art et d'archéologie de l'Université de Paris, 1929, n° 1, p. 5).
Se déclare, dans son dossier de Légion d'honneur (1933), membre de la Société dont Jacques Doucet fut l'instigateur, le bienfaiteur et le trésorier.