Plaque centrale de croix : crucifixion
Barcelone, ancienne collection de Joaquín Montaner Malató
Plaque médiane détachée d’une croix composée à croisillon circulaire. Elle comporte dix-huit trous ayant servi à la fixer sur l’âme de bois de la croix, les extrémités des branches sont droites et le croisillon est circulaire.
Christ en applique, vivant, aux yeux mi-clos, nimbé, couronné, tête légèrement inclinée, barbu et cheveux longs tombant sur les épaules, cloué par quatre clous. La position presque droite des bras et la dureté des traits du visage relèvent d’un christ roman. Les lignes gravées du thorax, de l'épigastre, de la cage thoracique et des muscles des bras sont remarquables par leur finesse. La couronne à trois pointes curvilignes est enrichie de motifs gravés, et sa partie inférieure est ornée d'une bordure et d'un motif ondulé. Le perizonium est attaché sur le milieu, ajusté avec une ceinture décorée de losanges et de petits cercles, qui pend jusqu’au bas du vêtement. Au lieu de se terminer par un petit pli, il forme un rectangle plat. Les pieds reposent sur un suppedaneum au-dessous duquel on reconnaît Adam sortant du tombeau avec les mains levées et des mottes imbriquées tout autour. En haut de la branche verticale de la croix, la main de Dieu apparaît entre les nuages avec l’inscription XPS / IHS dans un double cartouche. Le bord est entouré d’un listel bicolore et d’un pointillé qui ourle le pourtour de la plaque.
Fond émaillé probablement en bleu parsemé de disques et de quatre-feuilles inscrits en réserve. Les photographies en noir et blanc ne permettent pas d’analyser le chromatisme. Les motifs décoratifs sont disposés légèrement en désordre sans souci de symétrie. La position des deux lignes d'inscription XPS/IHS est une autre particularité, l’inverse étant plus fréquent. Nous avons observé la même disposition sur la croix de l'ancienne collection Lair (château de Saumur, France) publiée par Thoby sous le n° 15. Le fond couvert de disques émaillés sans double croix intérieure est une autre caractéristique de la plaque. Ce même détail est répété sur la plaque de Châlons-en-Champagne (France) (musée des Beaux-Arts et d'Archéologie, inv. 861. 1.383).
Le perizonium est comparable à celui d'une plaque centrale de l'ancienne collection Keir (The Keir Collection..., 1997, nº 85), qui provient du même modèle, bien que la plaque étudiée soit plus évoluée. Le nuage et la main de Dieu dans la partie supérieure, la bordure et le suppedaneum sont d’autres points de coïncidence. Certains traits sont néanmoins mieux rendus sur la plaque de la collection Keir, comme l'image christologique, en particulier l'expressivité du visage du Christ, qui fait défaut sur la plaque étudiée. Elle appartient au groupe A a.- CEM/GF-9 du répertoire de François (1993). Les caractéristiques que nous avons relevées permettent de la dater de 1210 environ.
Perte généralisée à l’extrémité supérieure de la branche verticale, partie du listel du bord, perte partielle du fond émaillé très importante l’extrémité inférieure de la branche verticale et de la dorure.
XPS / IHS
titulus
Cette plaque faisait partie de l’ancienne collection de Joaquín Montaner Malató (1855-† après 1930), fils du fondateur de la prestigieuse maison d'édition Montaner i Simón de Barcelone, Ramon de Montaner i Vila (1828-1921), oncle du célèbre architecte moderniste catalan Lluís Domènech i Montaner (1849-1923). Cette plaque fut présentée à l'Exposition universelle de Barcelone de 1929, d’après l'annotation du catalogue de l'exposition, « Crucifix en cuivre émaillé, de Daroca (sic) : XIIIe siècle. Dimensions 0,25 x 0,15 m. Don Joaquín de Montaner Malató de Barcelone ».
Selon toute probabilité, la plaque provenait de la collection de son père, Ramon de Montaner i Vila, un célèbre collectionneur d'œuvres d'art. Nous avons essayé de la localiser, mais cela n'a pas été possible. En revanche, nous avons obtenu deux photographies historiques de l'Arxiu Mas de Barcelone, l'une de 1917 (photo Mas C-19888) et l'autre de 1929 (Junta de Museos-1642), toutes deux en noir et blanc.
nº 1642, p. 161.
TOME CEM II