[1845, sculpture, rapport Institut séance publique annuelle]Rapport imprimé sur les envois de sculpt [...]
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Description
[1845, sculpture, rapport Institut séance publique annuelle]
Rapport imprimé sur les envois de sculpture de 1845
TYPE : rapport de la séance publique annuelle de l'Académie des beaux-arts
AUTEUR : Raoul-Rochette, Désiré
PAGE DE TITRE : Institut Royal de France // Académie Royale des Beaux-Arts // Rapport sur les ouvrages envoyés de Rome par les pensionnaires de l'Académie Royale de France pour l'année 1844, par M. Raoul-Rochette, Secrétaire perpétuel.
LIEU DE REDACTION : Paris
DATE : 1845
Rapport imprimé sur les envois de sculpture de 1845
TYPE : rapport de la séance publique annuelle de l'Académie des beaux-arts
AUTEUR : Raoul-Rochette, Désiré
PAGE DE TITRE : Institut Royal de France // Académie Royale des Beaux-Arts // Rapport sur les ouvrages envoyés de Rome par les pensionnaires de l'Académie Royale de France pour l'année 1844, par M. Raoul-Rochette, Secrétaire perpétuel.
LIEU DE REDACTION : Paris
DATE : 1845
Descriptions
Transcription :
[p. 23] C'est toujours avec regret que l'Académie se voit dans l'obligation d'attacher quelques correctifs aux éloges qu'elle voudrait pouvoir accorder sans restriction aux travaux de nos pensionnaires de Rome ; mais l'intérêt même de leur avenir exige qu'elle ne leur épargne aucun des conseils qui peuvent les prémunir contre les effets d'une négligence funeste, ou contre les écarts d'un goût mal dirigé. // [p. 28] SCULPTURE // M. GRUYÈRE / M. Gruyère qui avait envoyé l'année dernière une figure remarquable, n'a pas été aussi heureux cette année. Sa statue en marbre de Mutius Scoevola n'est ni bien conçue, ni bien composée, en ce qu'elle est représentée en marche, tandis que l'action même du personnage exigeait une attitude d'accord avec l'inébranlable fermeté du héros romain. Nous ne nous arrêterons pas à d'autres défauts que nous pourrions relever dans cet ouvrage ; nous aimons mieux nous reporter aux honorables souvenirs que nous a laissés le Chactas de l'année dernière, et nous fier, pour l'avenir de l'auteur, au fruit des études qu'il vient de terminer à Rome. / Par la même raison, nous nous bornerons à faire mention de la Figure d'étude que M. Gruyère pouvait se dispenser de comprendre dans son envoi, une Baigneuse surprise ; c'est une erreur d'un homme de talent ; mais c'est heureusement une erreur sans conséquence. // M. GODDE / L'esquisse qu'a envoyée M. Godde, et dans laquelle il a voulu représenter une Scène du Massacre des Innocents, est, nous le disons bien à regret, une composition vicieuse [p. 29] par cet amoncellement des figures qui produit une œuvre tout à fait étrangère à la sculpture. Mais au lieu d'insister sur les défauts trop sensibles de cette esquisse, nous profiterons de cette occasion, pour rappeler à nos jeunes statuaires une vérité qu'ils ne doivent jamais perdre de vue ; c'est que la sculpture n'admet pas de groupes compliqués d'un grand nombre de figures, attendu qu'il ne saurait résulter d'une pareille combinaison de figures des lignes partout heureuses : ce qui est une des principales conditions de la statuaire. // M. DIEBOLDT [sic] / M. Dieboldt [sic] a envoyé, pour son travail de troisième année, une statue en marbre qui représente la Méditation. La composition de cette figure est heureuse ; elle est d'un sentiment fin et vrai ; le torse en est généralement bien modelé, d'un travail où il y a de la grâce et de la naïveté, et la tête, malgré quelques défauts, offre une expression finement sentie. // M. CAVELIER / Le travail exigé pour la deuxième année du pensionnaire sculpteur est un bas-relief de plusieurs figures. Pour satisfaire à cette obligation, M. Cavelier a choisi un sujet où un statuaire pouvait déployer tout son talent : c'est l'action de ce Romain recueillant, sur le char dont il fait descendre sa famille, le Flamine et les Vestales emportant de Rome, prise par les Gaulois, les objets de leur culte. Mais, tout en donnant des éloges à un pareil choix, l'Académie a été obligée [p. 30] de reconnaître qu'un si beau sujet n'était pas rendu. Le bas-relief de M. Cavelier est conçu d'une manière qui n'exprime pas la position naturelle qui résultait de la situation même des personnages. Il faut ajouter à cela, que le bas-relief n'est pas bien entendu de plans, et qu'il est d'un modelé mou et sans effet. Mais il s'y trouve un groupe d'une femme portant un enfant, qui est bien disposé et rendu avec sentiment, et l'on doit aussi des éloges au groupe de l'homme et des taureaux. / Quant à la tête idéale de la Tragédie nous regrettons d'avoir à dire qu'elle manque tout à fait d'étude et de caractère. // M. MARECHAL / M. Maréchal avait choisi, pour le sujet de sa copie, ouvrage de première année, la célèbre Vénus du Capitole. C'est un choix auquel nous ne pouvons qu'applaudir, et c'est malheureusement la seule chose que nous puissions louer dans cette copie, qui est exécutée d'après un si beau modèle, et qui laisse tant à désirer. / En général, nous devons le reconnaître, l'envoi de la sculpture est faible cette année, parce que l'étude n'y domine pas assez, et parce que l'on se méprend sur le caractère essentiellement grave de la statuaire. L'Académie, tout en convenant que les artistes ont fait des choix heureux, leur recommande surtout de s'attacher à ceux qui sont d'un ordre élevé, et qui exigent des études sérieuses ; car c'est seulement dans ces conditions que les jeunes statuaires trouveront, avec un emploi [p. 31] digne de leurs talents, la véritable et solide gloire qui les attend. […] [p. 39] En terminant ce compte-rendu des ouvrages de nos pensionnaires, l'Académie ne peut que se féliciter de l'esprit qui règne dans ce bel établissement. La direction générale des études est bonne ; les grands modèles de l'art sont honorés, non comme un type qu'il faille servilement reproduire, mais comme un exemple à suivre, dans la manière de choisir le beau et de le rendre. Les talents divers marchent à côté l'un de l'autre dans une heureuse indépendance de toute idée de système, en même temps qu'avec une louable émulation. Mais tout en rendant justice aux efforts de nos pensionnaires, nous ne devons pas nous lasser de leur redire, à eux, comme aux jeunes talents que nous allons couronner, une vérité qu'ils ne sauraient trop méditer : c'est que l’École de Rome est un sanctuaire ouvert aux études sérieuses, où ne doit jamais pénétrer l'idée des succès faciles, encore moins celle des travaux productifs, et qu'un avenir de gloire et de fortune n'y est préparé que pour ceux qui se fondent sur un zèle soutenu, sur une application sévère et sur un dévouement entier à l'art.
Localisations
Institution :
Cote / numéro :
Paris, Bibliothèque de l'Institut, 4°AA 34 (usuel), années 1844-1845, tome 15, p. 24-39 (1845)
Source
source : Institut national d'histoire de l'art (France) - licence : Attribution 4.0 International (CC BY 4.0)
Rédacteur
France Lechleiter