[1822, peinture, rapport Institut à AFR]Rapport sur les envois des pensionnaires peintres, 1822TYPE [...]
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Description
[1822, peinture, rapport Institut à AFR]
Rapport sur les envois des pensionnaires peintres, 1822
TYPE : rapport de l'Institut de France à Académie de France à Rome
AUTEUR : Anonyme
PAGE DE TITRE : Institut de France // Académie Royale des Sciences // Paris, le 15 février 1823 // Le Secrétaire perpétuel de l’Académie // Rapport sur les ouvrages des Pensionnaires Peintres envoyés de Rome
LIEU DE REDACTION : Paris
DATE : 1822
Rapport sur les envois des pensionnaires peintres, 1822
TYPE : rapport de l'Institut de France à Académie de France à Rome
AUTEUR : Anonyme
PAGE DE TITRE : Institut de France // Académie Royale des Sciences // Paris, le 15 février 1823 // Le Secrétaire perpétuel de l’Académie // Rapport sur les ouvrages des Pensionnaires Peintres envoyés de Rome
LIEU DE REDACTION : Paris
DATE : 1822
Descriptions
Transcription :
[f°1] Arion sauvé par un dauphin, par M. Coutan / Cette figure d’un bel aspect présente les principales conditions d’une bonne étude, et offre tout l’intérêt que la partie poétique du sujet comporte. [L’effet en] est précis et lumineux ; le choix des tons de draperie est bien entendu et [concoure à] faire valoir les chairs dont la couleur est animée et vraie ; le dessin en est grand, élégant et correct. / La tête est d’un beau caractère et bien peinte. Cependant il nous a semblé qu’il serait à désirer que les cheveux fussent moins noirs et se détachassent plus légèrement sur les chairs du côté du clair. / Le torse est d’un beau ton et d’un beau faire ; les demi-teintes ont de la légèreté et de la vérité ; nous avons surtout remarqué ces qualités accompagnées d’une grande souplesse de pinceau et d’un modelé bien naturel dans le passage des côtes à la hanche et au ventre, et de la hanche à la cuisse du côté gauche. On pourrait souhaiter un peu plus de précision dans l’indication des attaches des fausses côtes du côté droit, dont la demi-teinte descend un peu trop bas. / Le bras gauche qui est élevé nous parait d’un beau contour et la main [f°1 bis] et l’avant-bras sont bien franchement exécutés : il est fâcheux qu’on ne trouve pas la même précision de modelé dans le deltoïde et le biceps, et aussi que l’ombre du bras vers le coude se confonde un peu avec la draperie rouge qui est derrière. La même observation d’indécision dans le modelé peut s’appliquer à l’articulation du bras gauche avec le torse. / La main droite qui tient une lyre est d’une belle couleur et d’une belle exécution. La lyre et les draperies qui sont autour de l’avant-bras sont agencées avec beaucoup de goût. / Le même talent d’exécution se fait encore remarquer dans la partie inférieure de la figure. La cuisse droite surtout qui vient en avant et dont la jambe est repliée, est ferme, lumineuse et d’un beau dessin. Il est à regretter que le contour supérieur de la cuisse gauche soit interrompu par un trop petit accident de la draperie. Il nous a semblé aussi que l’articulation de cette cuisse avec la jambe présente quelques incorrections. Le pied est d’une assez bonne forme, mais d’une exécution un peu trop facile. / Le dauphin sur lequel la figure est posée, est traité d’une manière large ; les eaux sont bien faites et transparentes ; le ciel et la mer dans le lointain sont bien entendus d’effet, et font ressortir la figure sans être trop sacrifiés. // Daphnis et Chloé dans la grotte des Nymphes / par M. Dubois / Cet épisode charmant où Daphnis enseigne à Chloé à jouer de la double flûte est tiré du roman de Longus. Il a séduit l’artiste en lui présentant le moyen de réunir dans un groupe deux figures de sexes différents dans l’âge heureux des Grâces et de la jeunesse. / Pour la peinture, ce programme est ravissant. / [f°2] L’étude exigée d’une figure peinte de grandeur naturelle pendant chacune des trois premières années a pour but d’obliger les pensionnaires à ne point négliger d’étudier le nu, qui est la base de toutes les autres études et sur laquelle se fonde et s’apprécie la somme de talent d’un artiste. Il ne lui est pas interdit de chercher par quelque motif historique et par quelques accessoires, à donner à cette étude un intérêt que le mot Étude pris dans son sens propre ne comporte pas. Mais ici peut être l’auteur a perdu de vue qu’il avait encore à soumettre à l’Académie pour la troisième année un ouvrage qui put constater ses progrès dans la science de dessiner et de peindre le nu. Il aurait dû s’appliquer à dégager les draperies ou les accessoires qui pouvaient masquer les plus intéressantes parties. Sans cette attention, il courrait le double risque de manquer à la grande correction de l’étude, ou de ne pas atteindre entièrement à cette heureuse disposition d’effet et d’ajustement que l’on exige plus particulièrement dans un tableau. / L’attitude des deux figures a de la naïveté, le dessin est agréable et vrai. On y désirerait un meilleur choix de formes, il y manque quelque chose d’idéal, une certaine noblesse et de l’élévation. Le corps de Daphnis est recouvert d’une peau qui l’enveloppe trop et nuit à son développement en ne laissant libre que les extrémités, ce qui ne permet pas même d’apprécier le mouvement et les formes du corps, de sorte que la jambe et la cuisse qui portent paraitraient trop longues. La tête a une expression fort juste, elle est peinte avec franchise et fermeté. On voudrait lui voir des traits moins agrestes et plus distingués. La poitrine et l’épaule droite sont d’une bonne forme et peints largement ; la forme en est bonne, il y manque un peu de fermeté et de décision dans l’avant-bras. La peau qui couvre le corps descend trop bas ; ses plis n’aident point à reconnaître l’articulation de la cuisse gauche qui paraît attachée trop haut dans la hanche. Les jambes agréablement dessinées et éclairées par quelques échappées de jour produisent un effet très agréable. Le pied droit parait engorgé, et l’autre ne se montre pas assez. La teinte locale de cette figure tire un peu trop sur un ton roussâtre qui n’a point la finesse ni la variété des demi-teintes que l’on aime à retrouver dans l’imitation de la nature. Certaines touches un peu noires mettent de la dureté dans les ombres du col et de la main droite. / La figure de la jeune Chloé a de la grâce. Son intention est vraie et répond bien à celle de Daphnis, mais on peut lui adresser les mêmes [f°2bis] reproches sur ce qui manque de correction et d’élévation dans les formes ; les traits de sa physionomie ont quelque chose d’un peu commun, le nez est trop allongé et les lèvres ont trop d’épaisseur. Le col semble un peu court. Le contour de l’attache de l’épaule avec le bras gauche est maigre et resserré ; les bras et les mains sont dessinés et peints avec grâce, quelques touches seulement un peu sèches et dures au bout des doigts. Le corps en entier et la cuisse sont d’un pinceau large et suave et d’une bonne forme. On ne peut pas en dire autant des pieds qui, par une affectation de naïveté, sont posés d’une manière peu avantageuse et sont un peu négligés. Le coloris en général est frais et brillant ; mais il est dominé par un glacis d’une teinte de rose vif qui ne laisse point jouer les demi-teintes, ou plutôt le peintre ne les a pas assez indiquées, et sous le rapport de l’étude, de la finesse et de la variété des tons, on y trouve autant à désirer que dans la figure de Daphnis. Ce défaut se fait aussi sentir dans la draperie blanche qui est d’un ton mât, les plis n’en sont pas heureusement disposés, elle a de la lourdeur dans l’exécution, on ne peut reconnaître sa véritable forme ni son usage. / On remarque des teintes crûes et manquant d’harmonie dans les tons des fonds et des terrains. L’effet général n’est pas assez nettement déterminé. M. Dubois possède de belles parties et a les plus heureuses dispositions. Le jeune Clovis retiré des eaux par un pêcheur, qu’il avait envoyé l’année dernière présentait aussi les mêmes qualités et le même défaut dans le choix des formes. / On ne saurait trop l’inviter à profiter des deux dernières années qui lui restent encore à passer en Italie pour acquérir cette correction et ce beau choix de formes qui parait lui manquer, et de s’attacher à obtenir plus d’élégance dans le style et le goût du dessin et dans l’ajustement des draperies et des accessoires. / Certifié conforme / Quatremère de Quincy
Localisations
Institution :
Cote / numéro :
20180402/1-1, fol. 1-4
Source
source : Institut national d'histoire de l'art (France) - licence : Attribution 4.0 International (CC BY 4.0)
Rédacteur
France Lechleiter