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[1855, sculpture, rapport Institut séance publique annuelle]Rapport imprimé sur les envois de sculpt [...]

Statut
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flechlei
Dernière modification
15/03/2022 09:30 (il y a plus de 2 ans)
Type de document
Description
[1855, sculpture, rapport Institut séance publique annuelle]
Rapport imprimé sur les envois de sculpture de 1855
TYPE : rapport de la séance publique annuelle de l'Académie des beaux-arts
AUTEUR : Halévy, Fromental
PAGE DE TITRE : Académie des beaux-arts / Séance publique annuelle / du samedi 6 octobre 1855 / Présidée par M. Ambroise Thomas, président / Rapport sur les ouvrages envoyés de Rome / par les pensionnaires de l’Académie impériale de France / pour l’année 1855 / Par M. F. Halévy, Secrétaire perpétuel.
LIEU DE RÉDACTION : Paris
DATE : 06/10/1855
Descriptions
Transcription : 
[p. 21] Messieurs // L'Académie s'est trouvée heureuse, l'année dernière, d'avoir à distribuer à ses lauréats plus de louanges que de blâmes, et d'exprimer la satisfaction que lui causait l'ensemble des travaux des pensionnaires de notre école de Rome. Elle regrette cette année de devoir être plus sobre d'éloges, et d'avoir à se montrer plus sévères dans ses avertissements. [...] [p. 24] SCULPTURE // M. CRAUK. // L'Élégie, figure ronde-bosse, marbre. Bacchante et satyre, esquisse. Bacchante, tête d’étude. / Nous n’avons que des éloges à donner à ce pensionnaire [p. 25] pour l’exactitude qu’il a mise à remplir ses engagements ; il n’en sera pas tout à fait de même pour le mérite de ces différents ouvrages. Son esquisse et sa tête d’étude ont reçu de justes éloges. / La composition de l’esquisse, dans laquelle l’auteur représente une Bacchante et un satyre, n'est pas franchement conçue ; le sujet n'est pas même clairement exprimé. Le mouvement de la figure accroupie a quelque chose de forcé, surtout dans sa partie inférieure. L'agencement et les lignes de la face principale du groupe ne sont pas disposés avec goût ; ce n'est que sous quelques aspects secondaires que la disposition est plus satisfaisante. / Nous rappellerons au jeune lauréat que si le statuaire, dans la composition d'une œuvre en ronde-bosse, doit s'attacher autant que possible à en rendre les divers aspects généralement agréables, il doit toutefois apporter un soin tout particulier à la disposition de la face principale du groupe, qui doit en présenter le plus heureux et le plus complet développement. / La tête d'étude que M. Crauk nomme une Bacchante devrait avoir de la grâce et du charme ; malheureusement l’auteur, dans un pays où il est si facile de se procurer de beaux modèles, a fait choix d'une nature appauvrie et triviale. L'exécution, à la vérité, est soignée, mais elle n'est pas d'un goût heureux, et l'Académie regrette que l’auteur n’ait pas mieux été inspiré. / La figure ronde-bosse en marbre de M. Crauk rachète un grand nombre de défauts que nous venons de signaler. L’auteur cependant a eu un tort, c’est d’avoir voulu caractériser l’Élégie dans cette figure, dont les formes sont trop [p. 26] fortes, et dont l’attitude trop ferme est en opposition avec le sentiment d'abandon et de mélancolie qu'il convenait d'adopter. Le parti d’ajustement, qui rappelle celui de diverses statues antiques, affecte une sorte de recherche peu d'accord avec la simplicité un peu négligée que demandait le sujet : « La plaintive Élégie, en longs habits de deuil, / Sait, les cheveux épars, gémir sur un cercueil ; / Elle peint des amants la joie et la tristesse ; / Mais, pour bien exprimer ces caprices heureux, / C’est peu d’être poète, il faut être amoureux. » / Certes, l’Académie ne saurait conseiller à M. Crauk de suivre le précepte du poète ; mais elle pense que si ces vers, qui sont dans la mémoire de tout le monde, avaient été toujours présents à la pensée du jeune statuaire, ils lui auraient dicté une composition plus simple, plus touchante et plus vraie. / Abstraction faite de cette critique générale, et de quelques reproches qu’on peut faire à certaines parties de l’exécution, la figure de M. Crauk a satisfait l’Académie par son aspect sculptural ; la tête est d’un bon caractère, il y a de l’élévation dans le style, et l’on remarque particulièrement dans le torse plusieurs parties d’études vraies et largement traitées. / M. LEPERE. / Le Voyage de la vie, bas-relief. La Vénus callipyge, copie en marbre. / M. Lepère a réuni dans cet envoi ses travaux de première et de seconde année. Son bas-relief n’a pas contenté l'Académie : c’est un travail sans homogénéité. La figure du [p. 27] jeune homme est froide et sans souplesse, est d’un tout autre style que les figures de femmes, dont les draperies sont d'ailleurs tourmentées et de mauvais goût. L’Académie regrette de n'avoir aucun éloge à adresser à cet ouvrage bâtard, dont l'exécution est faible et dont la conception n’est pas heureuse. / Quant à la copie en marbre de M. Lepère, elle est d'un bon choix et d'une exécution satisfaisante. / M. GUMERY. / Le lion amoureux, esquisse. / M. Gumery a donné pour épigraphe à son groupe ces vers si connus de la Fontaine : "Amour, Amour quand tu nous tiens, / On peut bien dire : Adieu prudence ! » / Cette esquisse n'est pas ni bien sentie, ni convenablement disposée. Le lion, trop colossal, n’est pas en rapport de proportion avec la figure de la jeune femme et celle-ci n'a pas l'expression caressante et astucieuse que demandait le sujet. L’auteur a sans doute jugé la présence de l'Amour nécessaire pour justifier et expliquer son épigraphe ; mais l’exécution de cette figure aurait pu être d’un meilleur goût. L’Académie, qui se rappelle la gracieuse figure de Faune que M. Gumery lui a adressé l’année dernière, espérait recevoir de ce pensionnaire, pour sa quatrième année, un travail plus satisfaisant, plus conforme aux saines études. [p. 28] M. BONNARDEL. Le Christ à la colonne, figure ronde-bosse. / Cette statue est un bon aspect sculptural, et bien que, la tête et la partie supérieure du torse étant trop inclinées, il en résulte une expression d'accablement contraire au sentiment de noble résignation qui devrait dominer dans la composition, l’Académie s’empresse de rendre justice à l’ensemble des qualités qui donnent à cette statue le caractère de vérité élevée qui convient au Dieu fait homme. La tête est belle et bien sentie ; le modelé du torse et des bras est remarquable. La partie inférieure de la figure ne manque pas de mérite, mais l’exécution a moins de mérite et de vérité. Nous ajouterons que la colonne, accessoire indispensable à l'intelligence du sujet, disparaît sous les draperies, qui ne sont pas d’ailleurs à l’abri de tout reproche. / Malgré ces observations, l'Académie regarde cette figure comme un bon ouvrage ; elle est heureuse d’en reconnaître les mérites, et en félicite l’auteur, qu’elle engage à persévérer dans cette voie d’études consciencieuses. [p. 39] Cette exposition incomplète, satisfaisante en quelques parties, ne justifie pas entièrement l’espoir de l’Académie. L’année prochaine, nous en avons la confiance, payera avec usure la dette que nos pensionnaires ont contractée envers l’Académie, envers l’État, envers eux-mêmes. / Et vous, jeunes lauréats, avant de quitter la patrie pour aller vivifier vos jeunes esprits aux pures sources de l’art, avant d’aller vous instruire à ces nobles écoles que la France vous ouvre en Italie et en Grèce, et qu’elle couvre de son drapeau, entrez dans le palais des Beaux-Arts, dans ce palais ouvert à un concours immense, et sans exemple dans l’histoire de l’art ; jetez encore un regard sur les œuvres de vos maitres, de vos émules, et songez que c’est à vous, et aux jeunes artistes qui vous précèdent dans [p. 40] la carrière que reviendra l’honneur de continuer tant de beaux travaux. Nous avons la ferme espérance que vous saurez vous rendre dignes de cet honneur, que vous marcherez plein de courage vers cet avenir qui vous appartient. En vous éloignant de notre cher pays, en entendant de toutes parts le retentissement des événements mémorables dont nous sommes témoins, et qui inaugurent avec tant d’éclat la seconde moitié de ce grand siècle, déjà si fécond, vous vous croirez toujours dans la patrie. Songez alors à vos frères, à ces fils de la France qui ont versé leur sang sur cette terre antique, toute pleine aujourd’hui de souvenirs nouveaux ; songez à leur courage, à leur dévouement, à leur ardente et infatigable persévérance ; élevez votre ambition à la hauteur de leur gloire ! Dans votre carrière pacifique, mais glorieuse aussi, soutenez le vieux renom de nos écoles. Unissez dans votre piété, dans votre amour, dans vos hommages, ces trois grands noms : Paris, Rome, Athènes ; Athènes où vous attendent d’autres fils de la France, amis comme vous de l’antiquité et qui guideront dans vos études, et que vous seconderez par vos travaux. Instruisez vos âmes au souvenir des grandes choses accomplies, habituez vos regards à soutenir l’éclat de ces beaux cieux, écoutez le noble son de ces noms impérissables, soyez d’avance saisis d’un saint respect : vous allez contempler le Capitole et le Parthénon.
Localisations
Cote / numéro : 
Paris, Bibliothèque de l'Institut de France, 4° AA 34 (usuel), 1855, tome 25, p. 21-40
Source
source : Institut national d'histoire de l'art (France) - licence : Attribution 4.0 International (CC BY 4.0)
Commentaire interne
Base Envois de Rome FMP, fichier Documents.fp7, notice : £Rapport envois, procès-verbal, 1854, peinture2£ Notice créée le 10/08/2004. Notice modifiée le : 04/07/2018. Rédacteur : Florence Colin.
Rédacteur
Florence Colin