Skip to main content
Statut
Publiée
Contributeur
Geneviève François
Dernière modification
15/01/2025 15:30 (il y a 21 jours)
Localisations
Lieu de conservation : 
Commentaire Lieu de conservation : 

collection privée (en 2022)

Commentaires descriptifs
Commentaire descriptif : 

Cette plaque médiane, détachée du croisillon en forme de mandorle, faisait partie d'une croix processionnelle composée. Les vingt trous percés pour la fixer à l’âme de bois sont encore visibles. Elle est bordée d’une frise tricolore : blanche, bleu clair et bleu foncé. La plaque ne conserve que la silhouette du Christ en réserve, très stylisée, sur laquelle venait se placer une figure d'applique sur une croix intérieure en forme de tronc stérile, au contour écoté, qui évoque l'Arbre de vie et couvre les branches verticale et horizontale de la croix. Les lignes encore visibles laissent deviner une figure élancée, manifestement inclinée à droite et clouée par quatre clous. Le nimbe occupe presque toute la partie supérieure de la mandorle, il est cruciforme, composé d'une zone tricolore ondulée en bleu foncé, bleu clair et blanc, d'une autre zone unie en bleu foncé et d'un double cercle de couleur turquoise. Les branches de la croix sont de couleur rouge ; la main de Dieu en haut du montant vertical émerge d’entre les nuages, à l'intérieur d'un autre fragment du même tronc ; en réserve et gravée de traits fins, elle signale le titulus complet IHS / XPS qui est le plus courant ; il s’inscrit dans un double cartouche bleu foncé, séparé par un fragment de tronc. À l’extrémité inférieure de la plaque, il n’y a aucune trace d’émail sur les quatre niveaux de monticules imbriqués.

Malgré la disparition partielle de l’émail, il est possible de connaître le chromatisme de la plaque en observant les traces d’émail. La croix intérieure en forme d'Arbre de vie contraste sur le fond bleu lapis-lazuli, les branches du tronc en dessinent le contour, elle est enrichie de petits diamants de couleur rouge, bleu moyen et blanc, alignés symétriquement avec de petits points métalliques en réserve. Des trois rosettes, une seule conserve les émaux rouge, bleu foncé, bleu clair et blanc ; les disques sont alignés sur le contour de la plaque ; ils reprennent les gammes classiques du répertoire limousin : rouge, vert, jaune, bleu clair et blanc ; ceux de petite taille sont de deux couleurs.

La disposition des motifs est symétrique et la régularité appliquée aux couleurs de chaque motif a créé une harmonie chromatique qui est toujours visible. La décoration, qui recouvre le fond de la plaque, est parsemée de disques et de rosettes de différentes tailles.

La représentation du tronc à l'intérieur de la plaque est inhabituelle, comme le souligne Rupin, qui cite en exemple la plaque de la collection de M. Durand (Ernest Rupin, L’Œuvre de Limoges, Éd. A. Picard, Paris, 1890, fig. 330). Si ces plaques ne peuvent être comparées par leur palette de couleur, elles partagent certaines caractéristiques telles que les losanges en réserve à l'intérieur de la croix, les disques, les rosettes et l'inscription IHS/XPS dans un double cartouche séparé par un fragment de tronc. Thoby a publié une autre croix dans laquelle s’inscrit un tronc évoquant l'Arbre de vie (Paul Thoby, Les Croix limousines de la fin du XIIe siècle au début du XIVe siècle, Éd. Picard, Paris, 1953, fig. 56).

Deux plaques de croix de la collection Keir (The Keir Collection of Medieval Works of Art, Sotheby’s, New York, 1997, n° 72 et 73) sont datées du premier tiers du XIIIe siècle ; elles présentent quelques variations entre elles et par rapport à la nôtre. Nous considérons qu'elles appartiennent à ce groupe de plaques en raison de la décoration, de la taille du nimbe, de l’inclinaison vers la gauche, frôlant le bord, et des mottes imbriquées sur la partie inférieure du tronc. La principale différence réside dans la croix intérieure, raison pour laquelle nous avons légèrement avancé la datation de notre plaque à environ 1220. Elle correspond au groupe GF-8 du répertoire de François («Répertoire typologique des croix de l'Œuvre de Limoges, 1190-1215 », Bulletin de la Société archéologique et historique du Limousin, t. CXXI, 1993.1993).

États
Commentaire États : 

perte importante de l’émail sur toute la décoration; perte de la dorure; traces récentes de quatre perforations sur les bras et les pieds

Matérialité
Matériau : 
Commentaire Matérialité : 

émaux : bleu (foncé, moyen, clair), vert, jaune, rouge, blanc et turquoise

Dimensions
Hauteur : 
335
Largeur : 
221
Profondeur : 
20
Unité de mesure : 
Inscriptions
Type d'inscription : 
Transcription : 

IHS / XPS

Emplacement : 
avers
Représentations
Commentaire Représentations : 

Crucifix

Créations / exécutions
Date de création : 
1220 / 1230
Type de date : 
Date de création : 
1922 -

1922

Commentaires historiques
Commentaire historique : 

Collection Vallin (E - Barcelone) en 1922, dispersée avant 1936.

Historiques de collection
Commentaire Historique de collection : 

Cette plaque a appartenu à Karl Gustav Wertheim (1868 Francfort-sur-le-Main - 1945 Barcelone), membre d'une famille bien connue, propriétaire de la marque de machines à coudre allemandes Wertheim (cf. Guilliard, C., Das Verschollene erbe der Wertheims. Die Geschichte meiner deutsch-jüdischen Familie [Le legs perdu des Wertheims. L'histoire de ma famille juive allemande], Lübbe, 2018).

Au décès de ses parents en 1919, il décida de changer de nom pour s’appeler Carlos Vallin i Ballin. En 1920, il acheta une ancienne maison de maître à Teià (province de Barcelone), connue sous le nom de Torre dels Gegants ou « can Wertheim ». Il établit sa résidence définitive à Barcelone et y installa aussi la production de son usine, qui devint entièrement catalane. M. Vallin i Ballin possédait une collection d'œuvres d'art très variées ; cette plaque de croix en faisait partie. Il n'y a actuellement aucune trace de sa collection, qui fut dispersée en 1936. Nous avons contacté les responsables culturels de la mairie de Teià qui nous ont orientés vers l'actuel responsable de la maison Wertheim. Il n'a pas été possible d'obtenir des informations sur cette plaque.

La seule photographie historique dont nous ayons connaissance est celle de l'Arxiu Mas (Barcelone). Datée de 1922, elle est en noir et blanc (photographie : Mas C-37846 / 1922). Collection Carlos Valin Balin. Enchères Templum, Madrid-Barcelone, le 15 octobre 2021, lot. 150. Collection privée, Barcelone en 2022.

Source
Institut national d'histoire de l'art (France) / Musée du Louvre (Paris) / Ville de Limoges
Licence
Attribution 4.0 International (CC BY 4.0)
Rédacteur
Lourdes de Sanjosé, PhD, Barcelone