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Le Couronnement d'épines

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Dernière modification
25/10/2023 16:54 (il y a 6 mois)
Type d'oeuvre
Titres
Titre : 
Le Couronnement d'épines
Localisations
Commentaire Lieu de conservation : 
Le tableau est conservé dans une collection particulière.
Type de Cote / numéro : 
Cote / numéro : 
3323
Type de Cote / numéro : 
Cote / numéro : 
231
Commentaire Cote / numéro : 
Numéro du catalogue de vente de 1845
Matérialité
Matériau : 
Technique : 
Dimensions
Hauteur : 
0,52
Largeur : 
0,74
Unité de mesure : 
Créations / exécutions
Personne liée à l'oeuvre : 
Rôle : 
Type de date : 
Date de création : 
1641 - Le catalogue de 1841 précise que l'oeuvre est signée
Historiques de collection
Collection : 
Vente Lebrun, Paris, 20-24 mars 1810, n° 216 ; acheté par Simon pour le compte du cardinal Fesch ; estimé à 2000 scudi dans l'inventaire après décès du cardinal Fesch ; sa vente, Rome, 1845 ; acheté par le prince de Canino ; coll. de Lord Ward ; Londres, Christie's, 25 juin 1892, n° 23 ; Paris, galerie Sedelmeyer, n° 205 ; Paris, vente Maurice Kann ; Paris, 9 juin, 1911, n° 76 ; Paris, galerie Kleinberger ; Paris, L. Tauber ; Paris, Nouveau Drouot, étude Ader Picard Tajan, 7 décembre 1981, n° 42 ; Londres, galerie Noortman & Brod ; Londres, coll. W. Baron van Dedem.
Evénement : 
Description du catalogue de 1845 :

Après l'avoir dépouillé de ses vêtements, ils lui mirent une couronne d'épines. Après l'avoir dépouillé de ses vêtements, ils lui mirent une couronne d'épines entralacées sur la tête, placèrent un roseau dans ses mains, et, fléchissant le genou devant lui, ils le raillaient en disant : Salut, roi des juifs" ! Tel est le grand drame que Téniers nous rappelle, et auquel son pinceau a su donner le solennel et douloureux intérêt de la réalité.
Jésus, dépouillé de ses vêtements jusqu'à la ceinture, les mains fortement liées par une corde, est assis sur une pierre carrée dans l'intérieur d'un corps-de-garde. Sa chemise et sa robe grise descendent sur ses genoux et enveloppent toute la partie inférieure de son corps ; ses longs cheveux tombent en désordre sur ses épaules ; sa tête affaissée sur sa pointrine se penche légèremeni à droite, et ses regards abaissée vers la terre expriment, comme tous les traits de son visage, une douleur profonde et résignée. Toute la patience d'un Dieu outragé, toute la tendresse courageuse d'un homme, respirent sur ce beau visage profondément empreint d'une mystérieuse mélancolie, où l'àme souffrante est venue s'épancher tout entière. Cinq hommes, groupés autour du Sauveur, rivalisent d'insultes et de barbarie envers la noble victime. Le premier, et c'est le plus cruel, s'applique à tresser sur la tète de Jésus la sanglante couronne dont les épines acérées pénètrent son front et le déchirent : l'attention froide et étudiée avec laquelle il procède à son acte barbare accuse en lui une âme profondément atroce. Ses mains sont garanties du contact des épines par des gants ; il a posé un de ses pieds sur la pierre où le Sauveur est assis, et tout fait voir qu'il travaille à l'aise à son œuvre maudite. L'ensemble de ses traits ne dément pas ce que son sang-froid annonce ; on y retrouve les marques d'un naturel grossier et méchant à force d'ignorance et de stupidité. Sa mise joue celle d'un soldat : avec une culotte courte grise sur des bas violets, une veste rougeâtre, il porte une cuirasse ; sa tête est coiffée d'un bonnet bleu clair ; garni de marte et surmonté d'une plume de coq blanche qui flotte en arrière. A son côte pend une sorte de stylet, ou couteau de chasse très court ; une masse de cheveux raides et roux lui tombent sur les épaules. A la gauche du Christ, se tient, une hallebarde à la main, un vieux soldat coiffé d'un casque de fer, et vêtu d'une jaquette verte par dessous une cuirasse ; celui-ci lève son poing fermé pour en frapper le visage de Jésus. On peut lire clairement dans la grotesque disposition des traits de ce personnage son penchant à la turpitude et à la brutalité ; un sourire, plein d'une moqueuse ironie, effleure ses lèvres flétries, et frappe de terreur quand on le rapproche du geste qui l'accompagne. Mais l'impression la plus douloureuse naît de la vue d'un jeune homme qui placé en face du Christ, ploie outrageusement le genou devant lui, et, s'abandonnant à toutes les marques de respect dérisoire, sa casquette à la main, lui présente un roseau en guise de sceptre. La tenue négligée de celui-ci, le désigne assez comme un des valets de la maison de Pilate ; il n'a pour tous vêtements qu'une chemise, une culotte courte et des bas bleus. Le peu d'impression que son insultante raillerie produit sur l'être souffrant auquel elle s'adresse, paraît le surprendre, car sa figure, pleine du sérieux bouffon qui allait d'abord à sou rôle, a pris tout-à-coup une teinte légère d'étonnement et de stupéfaction. A sa droite, un vieillard, à demi-incliné aussi, avance, en imprimant à ses doigts diverses contorsions moqueuses, une de ses mains vers le Sauveur dont l'impassibilité semble l'irriter. Sa barbe aussi bien que ses cheveux gris sont ébouriffés ; il a la tête coiffée d'un bonnet rouge, et une pipe attachée à ce bonnet vient orner le dessus de son oreille gauche. Son visage est, de tous ceux du groupe, celui qui exprime le mieux cette sorte de colère taquine et méchante qui fait le mal par inclination. Une veste bleue, une colotte et un tablier bruns forment son costume ; la gaine d'un couteau de cuisine, qui pend à son côté, semblerait indiquer qu'il appartient aussi à la maison du gouverneur. Enfin, après ce dernier, se montre un grand jeune homme blond, en veste grise, qui se tient debout, appuyé sur sa hallebarde ; sa figure douce et émue contraste singulièrement avec celle de ses compagnons ; on pourrait croire en le voyant que, touché de la longue et admirable patience du fils de l'homme, son cœur s'est laissé pénétrer de compassion. Ses regards, dirigés vers la figure du Rédempteur, interrogent sa douleur muette, et l'on dirait qu'ils en pénètrent le mystérieux secret.
Tout ce groupe vous remue par l'irrésistible puissance de la vérité, que le génie du peintre a su faire éclater, autant dans le caractère particulier de chacun des personnages, que dans l'ensemble de leurs actions. Avec qu'elle affreuse harmonie, avec quel ingénieux raffinement, ces bourreaux concourrent à fatiguer leur victime ! Près d'eux, se voit un chien barbet qui, justement effrayé d'un tel spectacle, aboie, en dirigeant avec effroi ses yeux enflammés vers la Sauveur. Un des soldats a déposé sa hallebarde contre la muraille, à côté d'une cloison formée de planches grossières, à laquelle pend une feuille de papier qui offre la charge au crayon de quelque habitué du poste ; le fer de la hallebarde arrive au niveau d'une fenêtre percée dans l'épaisseur du mur. A travers les barreaux de fer qui la protègent, on aperçoit la figure de deux hommes qui regardent, avec une avide mais en même temps craintive et douloureuse attention, le supplice du Christ : ils étaient sans doute parmi ceux de ses disciples qui le suivaient de loin. Au-dessus du lieu où le Sauveur est assis, une grande lanterne est suspendue à la voûte ; et, dans une petite niche pratiquée dans la muraille, sont déposées des allumettes et une bouteille à demi-rempile de liqueur. Enfin au-dessous de la fenêtre, trois petites chaînes armées de crocs pendent à un clou.
Telle est la statistique exacte de la première et de la plus considérable partie du lieu où Téniers a placé l'action que nous venons de décrire. L'autre partie, qui n'est qu'un appendice, agrandit néanmoins la composition par son heureuse disposition, et sert à compléter la scène. C’est une vaste pièce contigue à la première, où l'on arrive en passant sous un immense arceau en pierre de taille qui fait face au spectateur. Là, sont rassemblés autour du manteau d'une grande cheminée, quatre soldats dont l'un dort, assis le dos tourné et la tête appuyée contre le chambranle de la cheminée ; à côté de lui, un autre, debout, le dos au feu et la pipe à la main, abaisse vers le dormeur un regard narquois, sans rien perdre toutefois de la gravité qui convient à un chef de poste dont il a la tournure. A droite de celui-ci, un troisième, également assis devant le foyer, se tient de façon à ne laisser voir que son dos et sa main droite dans laquelle il tient un pot de bière. Enfin, l'on aperçoit dans l'enfoncement le quatrième qui est debout le dos tourné..... L'accoutrement de ces hommes est celui de simples paysans, à l'exception de celui du chef qui porte une cuirasse par dessus laquelle s'étale une large ceinture rouge : tous quatre sont coiffés de chapeaux de feutre à larges bords. Au fond de la pièce, on remarque une fenêtre à petits vitraux ; une poulie pend au bout d'une corde fixée a l'une des solives du plafond ; quelques morceaux de bois, pour l'entretien du feu, sont déposés contre le chambranle de la cheminée sur laquelle se voient un bourgeoir, un pot et une petite bouteille. Enfin, à gauche du spectateur, et sur le devant de la composition, on trouve à terre un banc de bois sur lequel les soldats ont déposé une grosse capote de nuit et une hallebarde ; à côté du banc, on voit encore un grand baquet vide et deux balais sans manche.
Annoncer que cet ouvrage de Téniers est comparable à l'Enfant prodigue du musée du Louvre, et à l'Homme à la chemise blanche de la collection du duc de Berry, n est-ce pas faire comprendre à l'instant qu'il s'agit de l'une des plus parfaites compositions qu'ait jamais produite le pinceau spirituel et fécond du maître ! Des plus parfaits ! oui, sans doute : car le dessin, la touche, la couleur, les expressions, le clair-obscur, concourent dans leur plus haut degré de perfection au merveilleux résultat de cette œuvre, pour laquelle, on dirait que le peintre a voulu épuiser d'un seul coup ses plus inépuisables facultés. Et en effet, l'exécution si brillante et si justement vantée de Téniers n'a jamais jeté plus d'éclat ; jamais sa touche n'a paru plus piquante, plus ferme et plus décisive. En un mot, tout jusqu'aux plus simples accessoires, tels que : ces hallebardes, ce banc de bois, ce baquet, ces balais, la lanterne, la bouteille, tout y est si bien étudié, qu'il n'est pas un seul de ces objets qui ne soit rendu, je ne dis pas seulement avec un soin extrême, mais encore avec tout le charme d'une séduisante vérité. Pour un pinceau flamand, le torse du Christ est d'une correction remarquable. Quant à la figure, elle ferait honneur à toutes les écoles, et l'on tenterait vainement d'analyser les nombreux sentiments qu'elle exprime : c'est tout ensemble semble la noblesse, la dignité, la touchante résignation dans leur plus éloquente manifestation. Aussi, par combien d'émotions ne faut-il pas passer avant que d'arriver au contraste que présente avec des traits si doux, la rude physionomie des soldats ! quelle puissance d'expression dans ceux-ci, quelle pantomime effrayante, que d'harmonie dans leur volonté, leurs gestes, leurs attitudes ! comme ils veulent le mal, comme ils le font !
Le ton soutenu et animé du coloris rend encore plus saillante la vivacité des expressions : partout de belles demi-teintes et des nuances variées s'opposent à des teintes vigoureuses, et à des couleurs claires et brillantes avec lesquelles elles s'harmonisent merveilleusement. En général, le coloris est de ce gris argentin si estimé des amateurs ; mais le savant peintre y a ajouté un ton chaud qui en relève singulièrement l'éclat.
Si nous venons maintenant à parler de l'effet, nous dirons qu'il est si agréable par l'harmonie qui y règne, qu'il produit une admiration si universelle, que l'on ne saurait trouver de termes capables de rendre ce qu'il fait éprouver.
Le tableau est éclairé par un jour venant de côté, qui donne sur toute l'étendue du plancher, et frappe d’abord l'homme à la chemise blanche qui, déjà placé en dehors du groupe principal, s'en détache d'une manière si surprenante qu'on reste saisi d'étonnement devant ce merveilleux effet. Ce jour frise ensuite sur le côté de la figure du Christ, et, laissant toutes les autres figures dans des demi-teintes ménagées vient se fondre avec la lumière que projette sur les murs et dans le fond de la chambre, la fenêtre où se trouvent les deux disciples. De cette combinaison, bien simple en apparence, naît une clarté douce et vaporeuse qui, sans rien laisser dans l'ombre, amène naturellement un effet si vrai et si puissant, qu'on est forcé de reconnaître que ce tableau est l'une des productions que Téniers a exécutées avec le plus d'amour, pour soutenir la gloire de son nom.
Ce tableau a été peint par Téniers en 1641 : cette date se lit sur le dessin qui est fixé à la cloison en planches.
Evénement : 
Description du catalogue de 1841 :

Admirable tableau de Téniers, parfaitemeut composé, d'un effet clair et brillant, et surtout remarquable par la plus complète imitation de la nature. Ce tableau est justement signalé comme un des plus précieux de ce célébre auteur.
Bibliographies / archives
Référence : 
fol. 221. n° 3323. Quadro in tavola alto piede uno, e tre quarti, largo piedi due, e mezzo, rappresentante la Coronazione di Spine di Teniers Scudi Duemila 2000
Source
source : Institut national d'histoire de l'art (France) / Ville d'Ajaccio - licence : Attribution 4.0 International (CC BY 4.0)