L'Adoration des Mages
Pas d'illustration
Titres
Titre :
L'Adoration des Mages
Localisations
Commentaire Lieu de conservation :
La localisation actuelle du tableau n'est pas connue.
Type de Cote / numéro :
Cote / numéro :
3079
Type de Cote / numéro :
Cote / numéro :
199
Commentaire Cote / numéro :
Numéro du catalogue de vente de 1845
Créations / exécutions
Type de date :
Date de création :
Historiques de collection
Collection :
Propriété de l'église de Berg-Saint-Vinox ; vendue en 1766 à Randon de Boisset ; vendue en 1801 au cardinal Fesch ; estimé à 2000 scudi dans l'inventaire après décès du cardinal Fesch ; en vente en avril 1915 chez Blakeslee à New York ; vendue le 24 janvier 1917 dans les American Art Galleries.
Evénement :
Description du catalogue de 1845 :
Si d'un côté la sublime simplicité de cette scène, qui sert d'introduction au grand drame de la Rédemption des hommes, devait inspirer le génie du peintre, de l'autre, le contraste frappant de tant de grandeur et de faiblesse, d'une si magnifique opulence aux pieds d'une pauvreté si dénuée, était bien propre à tenter le pinceau d'un maître habile qui trouvait en outre dans un tel cadre l'occasion toute naturelle de déployer la plus riche ordonnance, d'établir à loisir la somptuosité des costumes et celle d'une multitude de brillants accessoires. Aussi tous les artistes doués d'une verve féconde se sont-ils emparés de ce sujet, et Paul Véronèse et Rubens les premiers l'ont traité plusieurs fois.
Nous sommes à Béthléem, au pied d'une énorme roche, espèce de grotte qui sert d'étable à un boeuf et à un âne.
Marie, assise sur un banc de bois, tient l'auguste enfant sur ses genoux et dans son regard, abaissé vers le roi mage qui se prosterne devant son fils, on saisit toutes les grandes émotions qui travaillent son coeur maternel. Elle a les pieds nus, et à ses pieds gît renversée sur le sol une colonne corinthienne séparée son chapiteau, image prophétique du sort réservé à la puissance païenne qui viendra bientôt s'écrouler devant elle ; sa chevelure relevée de manière à dégager entièrement le front est soutenue par un voile qui retombe derrière sa tête jusque sur les épaules. Debout près de la Sainte Vierge, Saint Joseph semble réfléchir sur les honneurs que l'on rend à son fils adoptif qu'il montre de la main gauche. L'Enfant Jésus, tout nu, est couché sur sa mère ; de l'une de ses petites mains étendue il puise dans une riche coupe pleine de pièces d'or, que lui présente à genoux le premier le plus âgé des rois mages, vieillard vénérable, à barbe blanche, dont l'humble attitude autant que la douce expression de ses traits disent tout ce qu'il y a en lui de bonté d'âme et de vertus. Il est vêtu d'une robe de fin lin à manches larges et flottantes ornées de galons d'or et que recouvre une dalmatique de soie lilas ouverte sur le côté. Une longue étole chamarrée d'or et de pierreries passe de gauche à droite sur la dalmatique, vient se nouer autour de la taille et retombe négligemment sur la cuisse gauche. Derrière ce premier roi mage, s'avance le monarque éthiopien portant dans sa main gauche un vase d'Agathe garni d'or et rempli de myrrhe ; son costume est de la plus grande magnificence. C'est d'abord une large tunique lilas clair, à franges d'or, qui descend jusqu'à ses pieds que protègent de simples sandales, puis un riche manteau de pourpre broché d'or, double de satin et orné d'une pèlerine en hermine ; ce manteau est jeté sur ses épaules par dessus le premier vêtement qu'il recouvre presqu'entièrement. Sa tête garnie d'une épaisse chevelure est ceinte d'un châle blanc brodé d'or dont les deux bouts retombent en flottant sur la pèlerine. Le monarque dont le visage est tourné, semble adresser la parole au troisième roi mage qui s'avance à sa suite un encensoir à la main. La mise de celui-ci n'est point inférieure à celle des deux autres ; elle se compose d'une tunique bleue recouverte par une riche dalmatique de satin gris de lin garnie de marte ; cette dalmatique, entièrement ouverte de chaque côté du corps, est réunie, de l'avant-bras à l'épaule, au moyen de trois agrafes d'or. Un bandeau de perles et de pierres précieuses est passé dans sa belle chevelure châtain qui descend derrière la tête en venant se confondre de chaque côté du visage avec une barbe épaisse de même couleur. Près de lui un vieillard à longue barbe coiffé d'un turban blanc étend les bras vers le Sauveur. Un jeune page chargé de porter la queue du manteau royal de l'éthiopien en est plus qu'à demi-enveloppé ; sa figure expressive et charmante attache le regard par le vif intérêt qu'elle inspire. Il est nu-tête, vêtu d'une simple tunique blanche brodée d'or ; ses jambes sont âgées de cothurnes à retroussis de fourrure blanche et décorés sur le coude-pied d'une petite rosette rouge. Un second page d'une figure remarquablement belle, marche à la suite du troisième roi dont il écarte la dalmatique pour dégager le bras qui tient l'encensoir. Derrière eux s'élève la figure sérieuse et cuivrée d'un homme coiffé d'un large turban ; enfin deux hommes à cheval se tiennent à côté un peu en arrière de ceux-ci ; l'un d'eux porte à la main un marteau qu'il élève comme signe de la puissance de son maître, l'autre, en cuirasse, a la tête couverte d'une toque de velours rouge surmontée d'un panache blanc ; tous ces personnages prennent part, les uns par l'admiration, les autres par la surprise, à l'étrange événement qui s'offre à leurs yeux. Cinq autres personnes également attachées à la suite des rois et parmi lesquelles on distingue quatre guerriers couverts de leur armure, se pressent sur des degrés qui montent derrière la grotte, afin de mieux contempler l'enfant miraculeux auquel leur maître sont venus de si loin apporter leurs hommages.
Rubens, nous l'avons dit, a souvent répété ce sujet : les musées du Louvre, de l'escorial, de Bruxelles, d'Anvers, de Lyon et autres, sont là pour l'attester. Mais loin que ces répétitions aient jamais affaibli la pensée du peintre ou attiédi ses inspirations, elles ont au contraire stimulé la fécondité de son génie, puisque ce sont autant de compositions différentes qui ne ressemblent que sous les rapports nécessaires, à l'exception de ce magnifique sujet de l'Écriture Sainte. Nous ne doutons pas que notre tableau n'aille à son tour orner aussi quelque galerie souveraine, car il n'en est pas une dont il soit digne. Ce tableau était en 1766 la propriété de l'église de Berg-Saint-Vinox, et fut vendu à cette époque par la fabrique pour parer aux frais de réparation de ladite église. Ce fut le célèbre amateur Randon de Boisset qui l'acquit pour la somme énorme de 60,000 francs (1), ainsi que nous l'apprend Le Brun dans un catalogue qu'il publia en 1791. Devenu depuis la propriété du Citoyen Robit, il fut vendu à sa vente en 1801, et c'est à dater de cette époque qu'il fait partie de la collection du Cardinal.
La scène est admirablement exposée, pleine d'ordre et de mouvement, et certes le peintre a fait preuve d'un grand art, quand il a rempli un aussi large espace avec dix-sept figures seulement. Mais ces figures sont si bien groupées, elles sont si pleines de vie, leur pantomime est tellement expressive et agissante, que vingt de plus n'ajouteraient ni à la richesse ni à la belle ordonnance de cette composition ; disons mieux : quelqu'apparence de simplicité que lui donne, eu égard à sa dimension, un si petit nombre de personnages, elle ne manque ni de cette pompe théâtrale, ni de cette magnificence qui imposent dans toutes les grandes conceptions de ce maître. Aucun homme sérieux ne saurait échapper au puissant intérêt dramatique qui s'attache à cette scène où tout concourt, avec un heureux et progressif développement, à l'action principale. Les figures et les groupes sont parfaitement espacés et s'éloignent les uns des autres par des dégradations sensibles. Les personnages du fond sont tenus à leur véritable distance ; le groupe des trois rois d'une gravité imposante est en même temps d'un grand caractère de dessin ; Rubens enfin a donné à chacun de ses personnages son individualité propre, je veux dire, qu'il n'est pas en eux une seule expression qui ne soit juste, variée et d'une vérité frappante. La figure de la Vierge paraît être un portrait, c'était la manière de faire du grand maître flamand ; néanmoins que de charmes dans sa physionomie ! et quelle expression de bonté, de modestie, de candeur s'est jamais unie, sur le front d'une femme ; à tant de majesté ? Ne reconnait-on pas ici celle qui fut bénie entre toutes les femmes ? l'admirable fleur de Jessé, pure et parfumée de la rosée du ciel et dans le calice de laquelle le roi de l'univers devait se reposer. Une légère demi-teinte répandue sur son visage ajoute encore au charme de sa modestie naturelle. La tête de l'Enfant-Dieu est également enveloppée dans une douce demi-teinte, tandis que son corps reçoit la plus grande lumière du tableau. Rien n'est plus gracieux que cette petite figure, et il est à croire que Rubens aura choisi pour modèle quelque bel enfant à la carnation fraiche et aux chairs délicates, tant il y a de naturel et de vrai dans son expression ; c'est l'innocence et l'ingénuité dans leur pureté native et virginale. Sur la figure grave et distinguée de Saint Joseph transpire la paix de son âme ; sur celle du premier mage, c'est un sentiment profond de vénération et de respect qui domine. Mais, s'il est une physionomie tout à la fois vive et spirituelle, c'est bien celle du premier petit page ! Dans un autre genre, la tête du second page n'est pas moins merveilleuse ; à la beauté et à la parfaite régularité des traits se mêle sur le charmant visage de ce jeune homme un air de candeur et de bonté qu'on ne saurait exprimer. Si maintenant, des personnages nous descendons aux costumes, quoi de plus magnifique, dirons-nous, que ceux des trois monarques, que ceux même des gens de leur suite ? Comme tous ces vêtements sont largement drapés, quel beau mouvement dans les plis de ces étoffes, comme aussi, sans y être collées, ces draperies accusent bien le nu et en laisse deviner les heureux contours ! Mais ce qui rehausse infiniment l'éclat de cette composition, c'est la distribution de la lumière qui est ménagée de manière à augmenter l'intérêt du sujet et l'effet général. Concluons : un bon clair et doré, des demi-teintes variées à l'infini, des ombres légères et transparentes comme la vapeur même, ont amené ce coloris pur et brillant qui rivalise par la fraicheur et la vérité avec la nature, et qui sera toujours regardé comme l'un des plus beaux modèles à suivre dont l'art soit redevable au génie créateur de l'immortel Rubens. (Gravé par Rickman.)
(1) Somme effectivement énorme pour l'époque, mais qui a été dépassé depuis en ventes publiques à l'égard de plusieurs âtres tableaux de Rubens, parmi lesquels se trouve même un simple portrait : le Chapeau de paille.
Si d'un côté la sublime simplicité de cette scène, qui sert d'introduction au grand drame de la Rédemption des hommes, devait inspirer le génie du peintre, de l'autre, le contraste frappant de tant de grandeur et de faiblesse, d'une si magnifique opulence aux pieds d'une pauvreté si dénuée, était bien propre à tenter le pinceau d'un maître habile qui trouvait en outre dans un tel cadre l'occasion toute naturelle de déployer la plus riche ordonnance, d'établir à loisir la somptuosité des costumes et celle d'une multitude de brillants accessoires. Aussi tous les artistes doués d'une verve féconde se sont-ils emparés de ce sujet, et Paul Véronèse et Rubens les premiers l'ont traité plusieurs fois.
Nous sommes à Béthléem, au pied d'une énorme roche, espèce de grotte qui sert d'étable à un boeuf et à un âne.
Marie, assise sur un banc de bois, tient l'auguste enfant sur ses genoux et dans son regard, abaissé vers le roi mage qui se prosterne devant son fils, on saisit toutes les grandes émotions qui travaillent son coeur maternel. Elle a les pieds nus, et à ses pieds gît renversée sur le sol une colonne corinthienne séparée son chapiteau, image prophétique du sort réservé à la puissance païenne qui viendra bientôt s'écrouler devant elle ; sa chevelure relevée de manière à dégager entièrement le front est soutenue par un voile qui retombe derrière sa tête jusque sur les épaules. Debout près de la Sainte Vierge, Saint Joseph semble réfléchir sur les honneurs que l'on rend à son fils adoptif qu'il montre de la main gauche. L'Enfant Jésus, tout nu, est couché sur sa mère ; de l'une de ses petites mains étendue il puise dans une riche coupe pleine de pièces d'or, que lui présente à genoux le premier le plus âgé des rois mages, vieillard vénérable, à barbe blanche, dont l'humble attitude autant que la douce expression de ses traits disent tout ce qu'il y a en lui de bonté d'âme et de vertus. Il est vêtu d'une robe de fin lin à manches larges et flottantes ornées de galons d'or et que recouvre une dalmatique de soie lilas ouverte sur le côté. Une longue étole chamarrée d'or et de pierreries passe de gauche à droite sur la dalmatique, vient se nouer autour de la taille et retombe négligemment sur la cuisse gauche. Derrière ce premier roi mage, s'avance le monarque éthiopien portant dans sa main gauche un vase d'Agathe garni d'or et rempli de myrrhe ; son costume est de la plus grande magnificence. C'est d'abord une large tunique lilas clair, à franges d'or, qui descend jusqu'à ses pieds que protègent de simples sandales, puis un riche manteau de pourpre broché d'or, double de satin et orné d'une pèlerine en hermine ; ce manteau est jeté sur ses épaules par dessus le premier vêtement qu'il recouvre presqu'entièrement. Sa tête garnie d'une épaisse chevelure est ceinte d'un châle blanc brodé d'or dont les deux bouts retombent en flottant sur la pèlerine. Le monarque dont le visage est tourné, semble adresser la parole au troisième roi mage qui s'avance à sa suite un encensoir à la main. La mise de celui-ci n'est point inférieure à celle des deux autres ; elle se compose d'une tunique bleue recouverte par une riche dalmatique de satin gris de lin garnie de marte ; cette dalmatique, entièrement ouverte de chaque côté du corps, est réunie, de l'avant-bras à l'épaule, au moyen de trois agrafes d'or. Un bandeau de perles et de pierres précieuses est passé dans sa belle chevelure châtain qui descend derrière la tête en venant se confondre de chaque côté du visage avec une barbe épaisse de même couleur. Près de lui un vieillard à longue barbe coiffé d'un turban blanc étend les bras vers le Sauveur. Un jeune page chargé de porter la queue du manteau royal de l'éthiopien en est plus qu'à demi-enveloppé ; sa figure expressive et charmante attache le regard par le vif intérêt qu'elle inspire. Il est nu-tête, vêtu d'une simple tunique blanche brodée d'or ; ses jambes sont âgées de cothurnes à retroussis de fourrure blanche et décorés sur le coude-pied d'une petite rosette rouge. Un second page d'une figure remarquablement belle, marche à la suite du troisième roi dont il écarte la dalmatique pour dégager le bras qui tient l'encensoir. Derrière eux s'élève la figure sérieuse et cuivrée d'un homme coiffé d'un large turban ; enfin deux hommes à cheval se tiennent à côté un peu en arrière de ceux-ci ; l'un d'eux porte à la main un marteau qu'il élève comme signe de la puissance de son maître, l'autre, en cuirasse, a la tête couverte d'une toque de velours rouge surmontée d'un panache blanc ; tous ces personnages prennent part, les uns par l'admiration, les autres par la surprise, à l'étrange événement qui s'offre à leurs yeux. Cinq autres personnes également attachées à la suite des rois et parmi lesquelles on distingue quatre guerriers couverts de leur armure, se pressent sur des degrés qui montent derrière la grotte, afin de mieux contempler l'enfant miraculeux auquel leur maître sont venus de si loin apporter leurs hommages.
Rubens, nous l'avons dit, a souvent répété ce sujet : les musées du Louvre, de l'escorial, de Bruxelles, d'Anvers, de Lyon et autres, sont là pour l'attester. Mais loin que ces répétitions aient jamais affaibli la pensée du peintre ou attiédi ses inspirations, elles ont au contraire stimulé la fécondité de son génie, puisque ce sont autant de compositions différentes qui ne ressemblent que sous les rapports nécessaires, à l'exception de ce magnifique sujet de l'Écriture Sainte. Nous ne doutons pas que notre tableau n'aille à son tour orner aussi quelque galerie souveraine, car il n'en est pas une dont il soit digne. Ce tableau était en 1766 la propriété de l'église de Berg-Saint-Vinox, et fut vendu à cette époque par la fabrique pour parer aux frais de réparation de ladite église. Ce fut le célèbre amateur Randon de Boisset qui l'acquit pour la somme énorme de 60,000 francs (1), ainsi que nous l'apprend Le Brun dans un catalogue qu'il publia en 1791. Devenu depuis la propriété du Citoyen Robit, il fut vendu à sa vente en 1801, et c'est à dater de cette époque qu'il fait partie de la collection du Cardinal.
La scène est admirablement exposée, pleine d'ordre et de mouvement, et certes le peintre a fait preuve d'un grand art, quand il a rempli un aussi large espace avec dix-sept figures seulement. Mais ces figures sont si bien groupées, elles sont si pleines de vie, leur pantomime est tellement expressive et agissante, que vingt de plus n'ajouteraient ni à la richesse ni à la belle ordonnance de cette composition ; disons mieux : quelqu'apparence de simplicité que lui donne, eu égard à sa dimension, un si petit nombre de personnages, elle ne manque ni de cette pompe théâtrale, ni de cette magnificence qui imposent dans toutes les grandes conceptions de ce maître. Aucun homme sérieux ne saurait échapper au puissant intérêt dramatique qui s'attache à cette scène où tout concourt, avec un heureux et progressif développement, à l'action principale. Les figures et les groupes sont parfaitement espacés et s'éloignent les uns des autres par des dégradations sensibles. Les personnages du fond sont tenus à leur véritable distance ; le groupe des trois rois d'une gravité imposante est en même temps d'un grand caractère de dessin ; Rubens enfin a donné à chacun de ses personnages son individualité propre, je veux dire, qu'il n'est pas en eux une seule expression qui ne soit juste, variée et d'une vérité frappante. La figure de la Vierge paraît être un portrait, c'était la manière de faire du grand maître flamand ; néanmoins que de charmes dans sa physionomie ! et quelle expression de bonté, de modestie, de candeur s'est jamais unie, sur le front d'une femme ; à tant de majesté ? Ne reconnait-on pas ici celle qui fut bénie entre toutes les femmes ? l'admirable fleur de Jessé, pure et parfumée de la rosée du ciel et dans le calice de laquelle le roi de l'univers devait se reposer. Une légère demi-teinte répandue sur son visage ajoute encore au charme de sa modestie naturelle. La tête de l'Enfant-Dieu est également enveloppée dans une douce demi-teinte, tandis que son corps reçoit la plus grande lumière du tableau. Rien n'est plus gracieux que cette petite figure, et il est à croire que Rubens aura choisi pour modèle quelque bel enfant à la carnation fraiche et aux chairs délicates, tant il y a de naturel et de vrai dans son expression ; c'est l'innocence et l'ingénuité dans leur pureté native et virginale. Sur la figure grave et distinguée de Saint Joseph transpire la paix de son âme ; sur celle du premier mage, c'est un sentiment profond de vénération et de respect qui domine. Mais, s'il est une physionomie tout à la fois vive et spirituelle, c'est bien celle du premier petit page ! Dans un autre genre, la tête du second page n'est pas moins merveilleuse ; à la beauté et à la parfaite régularité des traits se mêle sur le charmant visage de ce jeune homme un air de candeur et de bonté qu'on ne saurait exprimer. Si maintenant, des personnages nous descendons aux costumes, quoi de plus magnifique, dirons-nous, que ceux des trois monarques, que ceux même des gens de leur suite ? Comme tous ces vêtements sont largement drapés, quel beau mouvement dans les plis de ces étoffes, comme aussi, sans y être collées, ces draperies accusent bien le nu et en laisse deviner les heureux contours ! Mais ce qui rehausse infiniment l'éclat de cette composition, c'est la distribution de la lumière qui est ménagée de manière à augmenter l'intérêt du sujet et l'effet général. Concluons : un bon clair et doré, des demi-teintes variées à l'infini, des ombres légères et transparentes comme la vapeur même, ont amené ce coloris pur et brillant qui rivalise par la fraicheur et la vérité avec la nature, et qui sera toujours regardé comme l'un des plus beaux modèles à suivre dont l'art soit redevable au génie créateur de l'immortel Rubens. (Gravé par Rickman.)
(1) Somme effectivement énorme pour l'époque, mais qui a été dépassé depuis en ventes publiques à l'égard de plusieurs âtres tableaux de Rubens, parmi lesquels se trouve même un simple portrait : le Chapeau de paille.
Evénement :
Description du catalogue de 1841 :
Figures grandes comme nature. La noblesse de la composition, la variété et la perfection des tons de couleur répandus sur cette toile avec une science et une facilité qui étonnent également, l'imitation de la nature obtenue avec bonheur par la puissance du génie, enfin l'effet le plus large, le plus doux, le plus harmonieux, donnent une valeur inappréciable à ce tableau de Rubens.
Figures grandes comme nature. La noblesse de la composition, la variété et la perfection des tons de couleur répandus sur cette toile avec une science et une facilité qui étonnent également, l'imitation de la nature obtenue avec bonheur par la puissance du génie, enfin l'effet le plus large, le plus doux, le plus harmonieux, donnent une valeur inappréciable à ce tableau de Rubens.
Bibliographies / archives
Référence :
Inventaire après décès du cardinal Fesch, Archivio dei 30 notari Capitolini, ufficio 11, notaio Apolloni Augustus, anno 1839, vol. 611, 37 r. 600 r.
fol. 196 v. n° 3079. Quadro in tela alto piedi dieci, largo piedi Sette, e mezzo, largo piedi Nove, e mezzo rappresentante l'Adorazione de' Magi bellissimo quadro di Rubens Scudi Duemila 2000
Source
source : Institut national d'histoire de l'art (France) / Ville d'Ajaccio - licence : Attribution 4.0 International (CC BY 4.0)