Traité du beau essentiel dans les arts appliqué particulièrement à l’architecture, et démontré phisiquement et par l’expérience. Avec un traité des proportions harmoniques, et l’on fait voir que c’est [...]
Pas d'illustration
Titres
Type de titre :
Titre :
Traité du beau essentiel dans les arts appliqué particulièrement à l’architecture, et démontré phisiquement et par l’expérience. Avec un traité des proportions harmoniques, et l’on fait voir que c’est de ces seules proportions que les édifices généralement approuvés, empruntent leur beauté réelle et invariable. On y a joint les dessins de ces édifices et de plusieurs autres composés par l’auteur sur ces proportions, et leurs différentes divisions harmoniques tracées à côté de chaque dessin pour une plus facile intelligence : les cinq ordres d’architecture des plus célèbres architectes ; et l’on démontre qu’ils sont réglés par les proportions. Plusieurs essais de l’auteur sur chacun de ces ordres, avec la maniére de les exécuter suivant ses principes, et un abrégé de l’histoire de l’architecture par le sieur C.E. Briseux architecte, auteur de l’art de bâtir les Maisons de Campagne. Tome premier <br>Tome second: Traité du beau essentiel dans les arts appliqué particuliérement à l'architecture. Tome second. Lequel comprend un abregé de l'histoire de l'architecture, Les cinq ordres suivant Vignole, Palladio, et Scamozzi, et où l'on démontre, qu'ils ont réglé leurs ordres par les proportions. On y a joint l'architecture de Le Clerc, quelques réflexions sur chacun de ces ordres, et sur la manière de les assembler, et les essais de l'auteur. le tout dessiné sur un même module divisé en 12 parties.
Commentaires généraux
Commentaire général :
Ouvrage entièrement gravé, orné de vignettes, culs de lampe, motifs d'architecture, décorations intérieures, détails de rampe ; Portrait de l'auteur par J.G. Will
Localisations
Lieu de conservation :
Type de Cote / numéro :
Cote / numéro :
4 Res 823
Type de Cote / numéro :
Cote / numéro :
II O - 8
Commentaires descriptifs
Commentaire descriptif :
2 tomes en 1 vol. : [2] f. (portrait de l'auteur gravé par J. G. Wille, titre orné), [1] f. (approbation, privilege) ; tome 1 : 108 p., 40 pl. (gravées sur cuivre) ; tome 2 : 194 [195] p., 98 pl. (gravées sur cuivre)
Créations / exécutions
Personne liée à l'oeuvre :
Personne liée à l'oeuvre :
Historiques de collection
Evénement :
Destailleur n° 177 2 vol. in-4° brochés ou Foulc n° 13 rel. anc. en veau marbré ???? Tampon encre noire BAA 19, rue Spontini.
Contenus Ouvrage
Numéro d'édition :
1ère édition
Note sur l'édition :
Le texte est entièrement gravé, les caractères sont manuscrits ; le deuxième volume s'achève par 23 belles planches de décoration intérieure, moulures et serrurerie, du plus pur style Louis XV. Brunet signale la circulation d'exemplaires portant une nouvelle page de titre : Traité complet d'architecture, Paris, an V.
Contenu de l'ouvrage :
[ii] : portrait de Charles-Etienne Briseux
[iii] : titre
Tome premier
1-3 : préface
4-11 : avant-propos
12-20 : Première partie
21-40 : Seconde partie
41-55 : Troisième partie
56-67 : Quatrième partie
68 : Cinquième partie
pl. 1 : Division de la corde sonore
pl. 2 : Preuve par l'expérience, Bâtiment du sieur Giulio Capra à Vicence
pl. 3 : Preuve par l'expérience, Maison du seigneur Floriano Antoniny à Udine
pl. 4 : Preuve par l'expérience, Maison du Comte Valerio Chiericato à Vicence
pl. 5 : Preuve par l'expérience, Maison du Comte Thieni à Vicence
pl. 6 : Preuve par l'expérience, Bâtiment du Comte Valmanara à Vicence
pl. 7 : Preuve par l'expérience, Porte St Denis à Paris
pl. 8 : Les cinq ordre [sic] d'Architecture de Monsieur Perrault qu'il a réglé [sic] selon la metode des Anciens
pl. 9 : Profil des pied-estaux des cinq ordres d'Architecture de Monsieur Perrault; Essayes de l'auteur
pl. 10 : Ordre toscan; ordre dorique [versions de Perrault et de Briseux en vis-à-vis]
pl. 11 : Ordre ionique
pl. 12 : Ordre corinthien
pl. 13 : Ordre romain
pl. 14-19 : Leçons de l'auteur
pl. 20 : Leçon de l'auteur : "Cette porte toscanne est réglée par les proportions de celle de Vignole"
pl. 21-31 : Leçon[s] de l'auteur
pl. 32 : Leçon de l'auteur : "Construction du plan"
pl. 33 : Plan de la maison de Monsieur Daugny bâtie à Paris rue Neuve Grange Batelière sur les desseins et conduite de l'auteur
pl. 34 : Elévation du côté du jardin de la maison de Mr Daugny bâtie à Paris rue Neuve Grange Batelière sur les desseins et conduite de l'auteur
pl. 35 : Leçon de l'auteur : "Façade du côté du jardin de l'abbaye de St Gust en Picardie, construit les desseins du Sieur Briseux"
pl. 36 : Leçon de l'auteur
pl. 37 : Leçon de l'auteur : "Façade du côté de la cour"
pl. 38 : Coupe prise sur la ligne du plan AB
pl. 39 : Plan que l'auteur a réglé par les proportions et dont l'objet est la façade d'une maison de plaisance pour un souverain
pl. 40 : Elévation de la principale entrée d'une maison de plaisance pour un souverain que l'auteur a réglée par les proportions
Tome second
[i] : titre
1-8 : Discours préliminaire
9-38 : Histoire abrégée de l'architecture
75-144 : Architecture de Vignol [sic], Palladio, et Scamozzi avec des essais de l'auteur sur chacun de leurs ordres
145-167 : Les cinq ordres d'architecture de Séb. Le Clerc et essays de l'auteur
168-194 : Troisième partie
195 : Table faite par l'auteur, pour dessiner les ordres d'architecture
pl. 1 : Les cinq ordre [sic] d'Architecture de Vignole
pl. 2 : Les cinq ordres d'Architecture de Palladio
pl. 3 : Pratique pour tracer le contour de la diminution des colonnes
pl. 4 : Les cinq manières d'espacer les colonnes
pl. 5 : Les noms des moulures particulières
pl. 6 : Ornemens des moulures
pl. 7 : "Architecture de Vignol [sic], Palladio, et Scamozzi avec des essais de l'auteur sur chacun de leurs ordres" (titre-front.)
pl. 8-14 : Ordre toscan
pl. 15-17 : Ordre dorique
pl. 18-19 : Autres entablemens doriques
pl. 20-21 : Pour accoupler les colonnes doriques
pl. 22-25 : Ordre dorique
pl. 26-32 : Ordre ionique
pl. 33 : Chapiteaux ioniques antiques
pl. 34 : Chapiteaux ioniques modernes
pl. 35
pl. 36-42 : Ordre corinthien
pl. 43-44 : Chapiteaux corinthiens
pl. 45-47 : Ordre composite
pl. 48 : Pencé du sieur Briseux
pl. 49 : Pour un chapiteau français
pl. 50-53 : Ordre composite
pl. 54-55 : Chapiteaux composites
pl. 56 : Les cinq ordres d'Architecture de Séb. Le Clerc et essays de l'auteur
pl. 57-58 : Ordre toscan
pl. 59-62 : Ordre dorique
pl. 63-64 : Ordre ionique
pl. 65-68 : Ordre corinthien
pl. 60 [i.e. 69]-70 : Entablements composites
pl. 71-72 : Entablements composés
pl. 73 : Toscan-dorique
pl. 74 : Ionique-corinthien
pl. 75 : Règle de perspective de Serlio
pl. 76-98 : [dessins d'ornements (cheminées, moulures, portes, rampes)]
[iii] : titre
Tome premier
1-3 : préface
4-11 : avant-propos
12-20 : Première partie
21-40 : Seconde partie
41-55 : Troisième partie
56-67 : Quatrième partie
68 : Cinquième partie
pl. 1 : Division de la corde sonore
pl. 2 : Preuve par l'expérience, Bâtiment du sieur Giulio Capra à Vicence
pl. 3 : Preuve par l'expérience, Maison du seigneur Floriano Antoniny à Udine
pl. 4 : Preuve par l'expérience, Maison du Comte Valerio Chiericato à Vicence
pl. 5 : Preuve par l'expérience, Maison du Comte Thieni à Vicence
pl. 6 : Preuve par l'expérience, Bâtiment du Comte Valmanara à Vicence
pl. 7 : Preuve par l'expérience, Porte St Denis à Paris
pl. 8 : Les cinq ordre [sic] d'Architecture de Monsieur Perrault qu'il a réglé [sic] selon la metode des Anciens
pl. 9 : Profil des pied-estaux des cinq ordres d'Architecture de Monsieur Perrault; Essayes de l'auteur
pl. 10 : Ordre toscan; ordre dorique [versions de Perrault et de Briseux en vis-à-vis]
pl. 11 : Ordre ionique
pl. 12 : Ordre corinthien
pl. 13 : Ordre romain
pl. 14-19 : Leçons de l'auteur
pl. 20 : Leçon de l'auteur : "Cette porte toscanne est réglée par les proportions de celle de Vignole"
pl. 21-31 : Leçon[s] de l'auteur
pl. 32 : Leçon de l'auteur : "Construction du plan"
pl. 33 : Plan de la maison de Monsieur Daugny bâtie à Paris rue Neuve Grange Batelière sur les desseins et conduite de l'auteur
pl. 34 : Elévation du côté du jardin de la maison de Mr Daugny bâtie à Paris rue Neuve Grange Batelière sur les desseins et conduite de l'auteur
pl. 35 : Leçon de l'auteur : "Façade du côté du jardin de l'abbaye de St Gust en Picardie, construit les desseins du Sieur Briseux"
pl. 36 : Leçon de l'auteur
pl. 37 : Leçon de l'auteur : "Façade du côté de la cour"
pl. 38 : Coupe prise sur la ligne du plan AB
pl. 39 : Plan que l'auteur a réglé par les proportions et dont l'objet est la façade d'une maison de plaisance pour un souverain
pl. 40 : Elévation de la principale entrée d'une maison de plaisance pour un souverain que l'auteur a réglée par les proportions
Tome second
[i] : titre
1-8 : Discours préliminaire
9-38 : Histoire abrégée de l'architecture
75-144 : Architecture de Vignol [sic], Palladio, et Scamozzi avec des essais de l'auteur sur chacun de leurs ordres
145-167 : Les cinq ordres d'architecture de Séb. Le Clerc et essays de l'auteur
168-194 : Troisième partie
195 : Table faite par l'auteur, pour dessiner les ordres d'architecture
pl. 1 : Les cinq ordre [sic] d'Architecture de Vignole
pl. 2 : Les cinq ordres d'Architecture de Palladio
pl. 3 : Pratique pour tracer le contour de la diminution des colonnes
pl. 4 : Les cinq manières d'espacer les colonnes
pl. 5 : Les noms des moulures particulières
pl. 6 : Ornemens des moulures
pl. 7 : "Architecture de Vignol [sic], Palladio, et Scamozzi avec des essais de l'auteur sur chacun de leurs ordres" (titre-front.)
pl. 8-14 : Ordre toscan
pl. 15-17 : Ordre dorique
pl. 18-19 : Autres entablemens doriques
pl. 20-21 : Pour accoupler les colonnes doriques
pl. 22-25 : Ordre dorique
pl. 26-32 : Ordre ionique
pl. 33 : Chapiteaux ioniques antiques
pl. 34 : Chapiteaux ioniques modernes
pl. 35
pl. 36-42 : Ordre corinthien
pl. 43-44 : Chapiteaux corinthiens
pl. 45-47 : Ordre composite
pl. 48 : Pencé du sieur Briseux
pl. 49 : Pour un chapiteau français
pl. 50-53 : Ordre composite
pl. 54-55 : Chapiteaux composites
pl. 56 : Les cinq ordres d'Architecture de Séb. Le Clerc et essays de l'auteur
pl. 57-58 : Ordre toscan
pl. 59-62 : Ordre dorique
pl. 63-64 : Ordre ionique
pl. 65-68 : Ordre corinthien
pl. 60 [i.e. 69]-70 : Entablements composites
pl. 71-72 : Entablements composés
pl. 73 : Toscan-dorique
pl. 74 : Ionique-corinthien
pl. 75 : Règle de perspective de Serlio
pl. 76-98 : [dessins d'ornements (cheminées, moulures, portes, rampes)]
Note sur le contenu :
Le Traité du beau essentiel de Briseux est en premier lieu une attaque précise envers les positions défendues par Claude Perrault plus d'un demi-siècle auparavant. L'auteur voit en effet dans celles-ci l'origine de la décadence de l'architecture française, ainsi qu'il le rappelle dans sa préface : "La disparité des opinions et la controverse de Blondel et de Perrault sont comme l'époque de la décadence de l'architecture en France. Dès ce tems là, la vérité a été cachée sous le voile du faux et de l'arbitraire. Si l'on avoir pas cessé d'enseigner les principes de la vraie beauté en architecture, Paris auroit un éclat qui étonneroit l'étranger, flateroit, et honoreroit le citoyen." A l'inverse, Briseux réaffirme la nécessité des proportions pour atteindre le beau en architecture : "Les architectes intelligents […] sentent combien il seroit nécessaire de former les élèves sur les principes des proportions, seule source où les grands maîtres ont puisé le beau, l'élégant et le noble, qui se montrent dans leurs productions. C'est pour établir cette vérité, que je me suis déterminé à composer ce traité" (préface).
La première partie du traité (1er volume) consiste donc en une démonstration de l'absurdité des positions de Perrault. Briseux envisage la chose avec méthode : (avant-propos) "Afin d'exposer clairement l'état de la question, j'ai commencé, avant que d'entrer en matière, à transcrire les principaux passages de Perrault." Commentés et critiqués, ces passages forment la base de ce premier volume. L'argumentation de Briseux s'articule autour d'eux. Il pose ainsi la nécessité du respect des proportions, proportions qui sont naturelles, tout comme celles qui régissent la musique. Cette proposition est notamment soutenue par un chapitre (p. 79) intitulé "où l'on fait voir que les grands architectes ont réglé les principaux corps de leurs édifices sur les principes de l'harmonie" (bâtiments de Palladio et Scamozzi). Les propositions de Perrault sont ensuite reprises une à une et retournées. On lit ainsi, p. 94 : "Perrault a encore négligé de donner des rapports harmoniques aux trois principales parties de son ordre corinthien."
Une sorte de morale ressort finalement (p. 106) : "Le génie sans doute est, pour ainsi dire, le premier créateur de toutes les beautés des arts ; mais une liberté effrénée et sans bornes ne feroit que le jeter dans un ridicule égarement. Il faut qu'il s'accommode avec les principes ; il doit les puiser dans la nature, et comme tout ce qu'elle fait d'agréable résulte des proportions, c'est aussy sur ces mêmes proportions qu'il doit régler ce qu'il produit."
Le tome second ("Lequel comprend un abregé de l'histoire de l'architecture, Les cinq ordres suivant Vignole, Palladio, et Scamozzi, et où l'on démontre, qu'ils ont réglé leurs ordres par les proportions") adopte une vision plus large visant à démontrer l'utilisation des proportions par les meilleurs architectes au cours de l'histoire. "Dans notre première division, nous avons détruit les faux raisonnements de Perrault, par l'autorité des écrivains célèbres, par des raisons physiques et des preuves d'expérience, conséquemment nous avons établi la nécessité des proportions. Pour appuyer cette nécessité de plus en plus, nous faisons voir dans notre abrégé de l'histoire de l'architecture, que toutes les fois qu'on a abandonné les proportions, cet art a dégénéré, et qu'il n'a été relevé, qu'autant qu'on y a eu recours. Nous démontrons ensuite, que les meilleurs auteurs ont réglé leurs ordres d'architecture sur ce principe ; ce qui est une autre preuve d'expérience, que l'on ne peut contester" ((p. 2-3).
Dans une certaine mesure, Briseux ne fait ici que répéter ses prédécesseurs (à savoir R. Ouvrard, Blondel ou encore Boffrand). L’argument de l’analogie n’est effectivement pas nouveau, et il a déjà été mis à mal auparavant. Le Traité sera commenté en ce sens à l’époque. Ainsi, après avoir rapidement expliqué les origines de la querelle sur les proportions, essentiellement à travers l’affrontement Blondel / Perrault, l’augmentateur de d’Aviler propose dans l’édition de 1752 du Dictionnaire d’architecture (éd. 1752, p. 29 ; 1ère éd., 1693) une lecture très critique du traité de Briseux en ces termes : « Les architectes auroient peut-être baissé la lance à cette décision, si un des leurs n’eut voulu les asservir à une espece de routine, en établissant les proportions par des raisons. Cet architecte est M. Briseux, bien connu par deux ouvrages sur l’Architecture. L’un de ces ouvrages intitulé, Traité du beau essentiel dans les arts, appliqué particulierement à l’architecture, est destiné à combattre M. Perrault, et à prescrire des regles à la beauté d’un édifice. Ces regles sont, selon M. Briseux, les proportion harmoniques. Il prouve d’abord cette proportion, en faisant remarquer que les plus beaux bâtimens sont ceux où cette proportion est plus exactement observée. En second lieu, il donne des raisons physiques de l’effet agréable de cette proportion sur l’organe de la vue. Ces raisons sont, que toutes les sensations se font de même sur les organes, et que ce qui plaît à l’oreille doit par conséquent plaire à l’œil. Voilà une proposition très hardie, mais qui a besoin d’être bien prouvée. C’est aussi ce que fait M. Briseux par le raisonnement suivant. « Il est certain, dit-il, que l’âme étant unie à tous les organes de nos sens, elle ne peut, surtout quand ils sont bien disposés, être touchée que d’une façon uniforme par tous les objets commensurables ; que ce qui lui pplaît dans chacun de nos sens, a toujours le même principe, et que tout ce qui est opposé à ce principe lui répugne toujours par une seule et même cause primitive. Ainsi quoique l’organe de la vue soit affecté par des moyens différens de ceux qui servent à la sensation de l’ouïe, l’âme, juge né de tous les sens, étant avertie de l’impression des objets visibles, et de celle des sons par les nerfs, elle juge de ces impressions par une loi égale et uniforme, qui devient pour elle une nécessité indispensable, et une espece de loi qui lui a été imposée par la nature, qui sous différentes formes est toujours la même, et ne se dément jamais » (p. 45 et 46). Après cela toutes les beautés musicales doivent être les beautés visuelles ; ce qui plaît à l’oreille, doit aussi produire (si l’on en croit M. Briseux) un effet agréable à la vue. Sans entrer dans une discussion métaphysique là-dessus, nous voudrions bien sçavoir pourquoi cela n’arrive pas. C’est, répond M. Briseux, « que la musique entre dans l’éducation, et par conséquent le sens de l’ouïe prend peu à peu l’usage de sentir la douceur et la justesse des harmonies » (p. 48) « L’architecture, dit-il plus loin (p. 49), n’a pas le même avantage. Peu de personnes s’y exercent, et les édifices construits suivant les proportions, sont si rares, que l’œil manque presque toujours des moyens nécessaires pour se former à distinguer le beau de ce qui ne l’est pas ». Cela veut dire qu’on ne nous forme pas la vue comme l’oreille, et que malheureusement nous n’avons point de maître de vue, comme avons de maître de musique. »
La première partie du traité (1er volume) consiste donc en une démonstration de l'absurdité des positions de Perrault. Briseux envisage la chose avec méthode : (avant-propos) "Afin d'exposer clairement l'état de la question, j'ai commencé, avant que d'entrer en matière, à transcrire les principaux passages de Perrault." Commentés et critiqués, ces passages forment la base de ce premier volume. L'argumentation de Briseux s'articule autour d'eux. Il pose ainsi la nécessité du respect des proportions, proportions qui sont naturelles, tout comme celles qui régissent la musique. Cette proposition est notamment soutenue par un chapitre (p. 79) intitulé "où l'on fait voir que les grands architectes ont réglé les principaux corps de leurs édifices sur les principes de l'harmonie" (bâtiments de Palladio et Scamozzi). Les propositions de Perrault sont ensuite reprises une à une et retournées. On lit ainsi, p. 94 : "Perrault a encore négligé de donner des rapports harmoniques aux trois principales parties de son ordre corinthien."
Une sorte de morale ressort finalement (p. 106) : "Le génie sans doute est, pour ainsi dire, le premier créateur de toutes les beautés des arts ; mais une liberté effrénée et sans bornes ne feroit que le jeter dans un ridicule égarement. Il faut qu'il s'accommode avec les principes ; il doit les puiser dans la nature, et comme tout ce qu'elle fait d'agréable résulte des proportions, c'est aussy sur ces mêmes proportions qu'il doit régler ce qu'il produit."
Le tome second ("Lequel comprend un abregé de l'histoire de l'architecture, Les cinq ordres suivant Vignole, Palladio, et Scamozzi, et où l'on démontre, qu'ils ont réglé leurs ordres par les proportions") adopte une vision plus large visant à démontrer l'utilisation des proportions par les meilleurs architectes au cours de l'histoire. "Dans notre première division, nous avons détruit les faux raisonnements de Perrault, par l'autorité des écrivains célèbres, par des raisons physiques et des preuves d'expérience, conséquemment nous avons établi la nécessité des proportions. Pour appuyer cette nécessité de plus en plus, nous faisons voir dans notre abrégé de l'histoire de l'architecture, que toutes les fois qu'on a abandonné les proportions, cet art a dégénéré, et qu'il n'a été relevé, qu'autant qu'on y a eu recours. Nous démontrons ensuite, que les meilleurs auteurs ont réglé leurs ordres d'architecture sur ce principe ; ce qui est une autre preuve d'expérience, que l'on ne peut contester" ((p. 2-3).
Dans une certaine mesure, Briseux ne fait ici que répéter ses prédécesseurs (à savoir R. Ouvrard, Blondel ou encore Boffrand). L’argument de l’analogie n’est effectivement pas nouveau, et il a déjà été mis à mal auparavant. Le Traité sera commenté en ce sens à l’époque. Ainsi, après avoir rapidement expliqué les origines de la querelle sur les proportions, essentiellement à travers l’affrontement Blondel / Perrault, l’augmentateur de d’Aviler propose dans l’édition de 1752 du Dictionnaire d’architecture (éd. 1752, p. 29 ; 1ère éd., 1693) une lecture très critique du traité de Briseux en ces termes : « Les architectes auroient peut-être baissé la lance à cette décision, si un des leurs n’eut voulu les asservir à une espece de routine, en établissant les proportions par des raisons. Cet architecte est M. Briseux, bien connu par deux ouvrages sur l’Architecture. L’un de ces ouvrages intitulé, Traité du beau essentiel dans les arts, appliqué particulierement à l’architecture, est destiné à combattre M. Perrault, et à prescrire des regles à la beauté d’un édifice. Ces regles sont, selon M. Briseux, les proportion harmoniques. Il prouve d’abord cette proportion, en faisant remarquer que les plus beaux bâtimens sont ceux où cette proportion est plus exactement observée. En second lieu, il donne des raisons physiques de l’effet agréable de cette proportion sur l’organe de la vue. Ces raisons sont, que toutes les sensations se font de même sur les organes, et que ce qui plaît à l’oreille doit par conséquent plaire à l’œil. Voilà une proposition très hardie, mais qui a besoin d’être bien prouvée. C’est aussi ce que fait M. Briseux par le raisonnement suivant. « Il est certain, dit-il, que l’âme étant unie à tous les organes de nos sens, elle ne peut, surtout quand ils sont bien disposés, être touchée que d’une façon uniforme par tous les objets commensurables ; que ce qui lui pplaît dans chacun de nos sens, a toujours le même principe, et que tout ce qui est opposé à ce principe lui répugne toujours par une seule et même cause primitive. Ainsi quoique l’organe de la vue soit affecté par des moyens différens de ceux qui servent à la sensation de l’ouïe, l’âme, juge né de tous les sens, étant avertie de l’impression des objets visibles, et de celle des sons par les nerfs, elle juge de ces impressions par une loi égale et uniforme, qui devient pour elle une nécessité indispensable, et une espece de loi qui lui a été imposée par la nature, qui sous différentes formes est toujours la même, et ne se dément jamais » (p. 45 et 46). Après cela toutes les beautés musicales doivent être les beautés visuelles ; ce qui plaît à l’oreille, doit aussi produire (si l’on en croit M. Briseux) un effet agréable à la vue. Sans entrer dans une discussion métaphysique là-dessus, nous voudrions bien sçavoir pourquoi cela n’arrive pas. C’est, répond M. Briseux, « que la musique entre dans l’éducation, et par conséquent le sens de l’ouïe prend peu à peu l’usage de sentir la douceur et la justesse des harmonies » (p. 48) « L’architecture, dit-il plus loin (p. 49), n’a pas le même avantage. Peu de personnes s’y exercent, et les édifices construits suivant les proportions, sont si rares, que l’œil manque presque toujours des moyens nécessaires pour se former à distinguer le beau de ce qui ne l’est pas ». Cela veut dire qu’on ne nous forme pas la vue comme l’oreille, et que malheureusement nous n’avons point de maître de vue, comme avons de maître de musique. »
Note sur l'exemplaire :
Titre au dos 'TRAITE DARCHIT'
Langue :
Reliures
Reliure :
Rel. anc. veau marbré, 3 fil. dor., dos orné, dent. int., tr. tâch.
Bibliographies / archives
Commentaire Bibliographies / archives :
Vol. I, 1261
Commentaire Bibliographies / archives :
69
Commentaire Bibliographies / archives :
2403
Sources en ligne
Organisme :
Référence de notice :
NUM 4 RES 823
Date de consultation :
08/11/2011
Url document source :
Date de consultation :
14/06/2017
Url document source :
Commentaire Sources en ligne :
édition de 1752 tome 1
Date de consultation :
14/06/2017
Url document source :
Source
source : Institut national d'histoire de l'art (France) - licence : Attribution 4.0 International (CC BY 4.0)
Commentaire interne
MEL02_2011_LT
doubleBibnum
doubleBibnum