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[1847, peinture, rapport Institut séance publique annuelle]Rapport imprimé sur les envois de peintur [...]

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flechlei
Dernière modification
15/03/2022 09:31 (il y a environ 2 ans)
Type de document
Description
[1847, peinture, rapport Institut séance publique annuelle]
Rapport imprimé sur les envois de peinture de 1847
TYPE : rapport de la séance publique annuelle de l'Académie des beaux-arts
AUTEUR : Raoul-Rochette, Désiré
PAGE DE TITRE : Institut royal de France. Académie royale des Beaux-Arts, séance publique annuelle du samedi 2 octobre 1847, présidée par M. Huvé, Président // Institut Royal de France // Académie Royale des beaux-arts // Rapport sur les ouvrages envoyés de Rome par les pensionnaires de l’Académie Royale de France, pour l’année 1847 // Par M. Raoul-Rochette, Secrétaire perpétuel
LIEU DE REDACTION : Paris
DATE : 02/10/1847
Descriptions
Transcription : 
[p. 25] Ce n’est jamais sans regret que l’Académie se trouve dans la nécessité de joindre des observations sévères au jugement qu’elle porte des travaux de nos pensionnaires. Mais l’intérêt même de ces jeunes artistes, objets de toute sa sollicitude, exige qu’elle ne cesse de les éclairer, par les conseils de son expérience, dans une carrière semée de plus d’un [p. 26] écueil, où toutes les espérances du talent peuvent se perdre par la négligence des devoirs et l’insuffisance des études. // Peinture / M. LEBOUY. // M. Lebouy, arrivé au terme de sa pension, a pris pour sujet de son dernier envoi, Saint Paul mourant dans le désert, assisté de saint Antoine. L’Académie, qui s’était montrée presque toujours sévère pour les précédents travaux de M. Lebouy, aime à louer chez cet artiste, sinon des progrès bien sensibles, du moins des efforts assez réels pour mériter des encouragements. La composition et l’effet de son tableau sont poétiques et pittoresques ; il est empreint d’une certaine énergie, d’une sorte d’âpreté qui conviennent bien au sujet. Mais si le premier aspect de cet ouvrage est satisfaisant, l’examen y fait bientôt apercevoir un manque d’étude, sans laquelle il ne saurait y avoir une belle exécution. La figure du saint est faible sous le rapport du dessin, comme sous celui de la couleur. // M. BIENNOURY. // M. Biennoury a envoyé, pour son travail de quatrième année [p. 27], la copie du célèbre tableau du Titien, représentant l’Amour divin et l’Amour profane. Sauf la dimension qu’il n’a pu être permis à l’artiste de suivre, cette copie reproduit l’original avec la plus parfaite exactitude. Dessin, expression, finesse de couleur, M. Biennoury a su tout rendre avec un véritable talent. / L’esquisse envoyée par le même artiste ne saurait prétendre de même à des éloges sans restrictions. Cette esquisse représente les Juifs en captivité insultés par les Babyloniens. L’agencement général de la composition est assez pittoresque ; mais l’auteur ne s’est pas assez pénétré de son sujet, d’ailleurs bien choisi. Il n’a pas fait ressortir suffisamment la situation des captifs, en opposition avec l’insolence de leurs oppresseurs. Ces observations n’empêchent pas que l’Académie, qui se plaît à reconnaître chez M. Biennoury du talent et l’amour de son art, ne fonde les meilleures espérances sur son prochain envoi, qui doit couronner le cours de ses études à Rome. // M. DAMERY. // La Figure d’étude, que ce pensionnaire devait pour son travail de troisième année, représente le Spartiate Othriade blessé. / La pose de cette figure est assez heureuse, quoiqu’il soit à regretter que le mouvement de la tête, dont le raccourci est très prononcé, ait privé l’auteur d’un puissant moyen d’expression. Du reste, cette figure est d’une couleur vraie ; elle est bien modelée, et généralement étudiée avec finesse et fermeté. [p. 28] L’Esquisse dessinée de M. Damery a pour sujet Œdipe à Colone. Ici, nous regrettons de le dire, le peintre est resté au-dessous du poète, et nous pourrions ajouter au-dessous de lui-même. La scène si pathétique du drame grec n’est pas bien rendue. La figure d’Œdipe manque de style et d’élévation. L’esquisse de M. Damery ne répond donc pas au mérite de ses précédents ouvrages ; et, si nous insistons sur cette observation, c’est surtout pour que ce pensionnaire, si zélé pour son art et si studieux, prenne, à son prochain envoi, une éclatante revanche. // M. BARRIAS. // Mercure et Argus est le sujet traité par ce pensionnaire, pour son envoi de deuxième année. / La composition de cet ouvrage n’est heureuse, ni sous le rapport pittoresque, ni sous celui de l’intelligence du sujet. La pose d’Argus, vu de dos, n’indique pas assez le sommeil ; mais il y a dans celle de Mercure une intention finement sentie. Quant au dessin, on doit dire qu’il manque de caractère, quoiqu’il ne soit pas dépourvu de vérité. / L’envoi de M. Barrias paraît donc faible, surtout en raison des espérances qu’avait fait concevoir son début ; mais, nous sommes heureux de le dire, il laisse encore ces espérances intactes, parce que l’artiste est toujours dans une bonne voie. // M. Léon BENOUVILLE // On attendait avec un vif intérêt le premier envoi de ce pensionnaire, dont le succès, au concours de 1845, avait eu [p. 29] tant d’éclat. Cet envoi, qui consiste en une figure d’étude représentant un soldat mourant au pied d’une palissade, ne répond pas complètement à l’attente de l’Académie. / Quoique la figure soit d’une exécution sage et vraie, et d’un bon modelé, les lignes n’en sont pas heureuses, et le dessin, quoique correct, manque de caractère dans plusieurs parties. / Nous ne dirons rien des dessins de M. Léon Bénouville, l’un d’après l’École d’Athènes, l’autre, d’après un bas-relief antique, dessins exécutés avec une précipitation trop sensible, le second surtout, parce que nous aimons mieux rappeler le premier succès de l’artiste, pour en tirer l’augure des beaux ouvrages qu’il promettait et sur lesquels nous comptons toujours. // M. CABANEL. // Ce pensionnaire, qui avait partagé la couronne avec M. Léon Bénouville, était aussi à son premier envoi. Son tableau représente Oreste réfugié dans le temple d’Apollon. / Cet ouvrage donne lieu à quelques reproches assez graves dont nous voulons d’abord nous décharger, comme de la partie la plus ingrate de notre tâche. La couleur du tableau est monotone ; la figure principale et les accessoires sont d’un travail égal et froid, qui ne convient pas à un sujet énergique, tel que celui-là. Si nous ajoutons que le geste d’Oreste ne s’explique pas, nous aurons achevé la part de la critique, et nous nous hâterons de dire que la situation du héros se trouve, du reste, bien rendue au moyen des figures du fond, qui sont poétiquement exprimées. Il y a aussi, dans le tableau, [p. 30] de M. Cabanel, un large dans l’aspect et dans la tournure de son Oreste, qui mérite des encouragements, et toute la partie inférieure de la figure est exécutée avec finesse et vérité. / Le dessin que M. Cabanel a joint à son envoi, d’après la fresque de la Farnésine, se fait remarquer par une exécution délicate. Le dessin d’après l’antique est moins satisfaisant. // M. Achille BENOUVILLE. // Le paysage de ce pensionnaire représente une vue prise dans la villa Chigi de Laricia. / Bien que ce tableau manque un peu de solidité, surtout dans les premiers plans, c’est pourtant une étude remplie de finesse et de vérité. Ce paysage est d’un aspect très agréable ; l’air y circule bien, et l’exécution en est facile et fine. Il y a donc, dans ce premier envoi de M. Achille Benouville, les principales conditions d’un bon peintre paysagiste ; et ces espérances de talent, nourries par de fortes études, telles qu’il est capable d’en faire, et que l’Italie lui fournira tant de sujets, ne sauraient manquer de se réaliser bientôt tout entières.
Localisations
Cote / numéro : 
Paris, Bibliothèque de l'Institut, 4° AA 34 (usuel), 1847, tome 17, p. 25-44
Source
source : Institut national d'histoire de l'art (France) - licence : Attribution 4.0 International (CC BY 4.0)
Rédacteur
France Lechleiter