Le Christ chez Marthe et Marie
Titres
Titre :
Le Christ chez Marthe et Marie
Titre :
Christus im Hause von Martha und Maria
Localisations
Lieu de conservation :
Commentaire Lieu de conservation :
Bayerische Staatsgemäldesammlungen.
Type de Cote / numéro :
Cote / numéro :
WAF 492
Type de Cote / numéro :
Cote / numéro :
4313
Commentaires descriptifs
Commentaire descriptif :
Voir Mérot, 2000, p. 296-297 (citons la belle esquisse préparatoire à Francfort, inv. n° 1001). Autre copie vendue à Londres chez Philipps, le 2 décembre 1997 (n° 216).
Dimensions
Hauteur :
1,49
Largeur :
1,19
Unité de mesure :
Commentaire Dimensions :
Dimensions issues de l'inventaire après décès Fesch, 1839.
Créations / exécutions
Type de date :
Date de création :
Historiques de collection
Nom du propriétaire :
Allemagne
Collection :
Peint pour l'une des chapelles latérales de l'église Saint-Germain-l'Auxerrois, probablement à la demande de la famille Phélypeaux, propriétaire de la chapelle Saint-Laurent (pour laquelle Le Sueur a peint un Martyre de saint Laurent, Ecosse, Boughton Hall, coll. particulière) ; retiré de l'église à la suite de travaux en 1696 par les Phélypeaux, comtes de Pontchartrain, et remplacé par une copie conservée aujourd'hui à Marseille (musée des Beaux-Arts, inv. n° 226) ; resté dans les collections de la famille ; collection Jérôme de Pontchartrain, sa vente, Paris, 1747, p. 6-7 (1199 livres) ; collection F. M. Harenc de Presles, sa vente, Paris, 16 avril 1792, n° 46 ; collection F. A. Robit, sa vente, Paris, 14 mai, n° 6 ; acheté pour 10300 francs par Paillet pour le compte de Pierre-Victor Fournier ; acquis en 1810 de la collection Fournier par le cardinal Fesch ; estimé à 1200 scudi dans l'inventaire après décès du cardinal Fesch ; sa vente, Rome, 1845 ; acquis pour 2898 écus romains par Hoebel pour le compte de Louis Ier de Bavière (voir George, 1844, n° 377-1047, p. 42-46).
Evénement :
Description du catalogue de 1845 :
L’arrivée d’un hôte tel que Jésus-Christ dans la maison de Marthe et de Marie devait naturellement y produire une grande sensation : aussi voyons-nous la reconnaissance et l’admiration se partager le cœur des deux sœurs. Marie, saintement agenouillée aux pieds du Sauveur, oublie en quelque sorte le bienfait qu’elle doit à sa puissance, pour savourer avec amour les paroles qu’il prononce ; Marthe au contraire, tout entière à la reconnaissance qu’elle doit à celui qui a resuscité Lazare son frère, ne songe qu’à la lui témoigner, en lui préparant chez elle la plus brillante réception : sentiment moins sublime sans doute, puisqu’il a pour objet une affection toute humaine ! aussi le Sauveur lui en fait-il un doux reproche. Indiquant Marie d’une main, tandis que l’autre s’élève vers le ciel, Marie, dit-il a choisi la meilleure part. C’est l’étonnante impression que cette parole du Christ a produite sur l’esprit des deux sœurs, et sur celui des disciples qui l’entourent, que le peintre nous retrace ici sous les couleurs les plus pénétrantes.
La Sauveur, vêtu d’une tunique violette et enveloppé d’un long manteau bleu qui descend jusqu’à l’extrémité de ses pieds nus que l’on voit à peine, est assis sur un tabouret à coussin bleu. L’un de ses pieds repose sur un escabeau ; sa chevelure tombe en boucles épaisses sur ses épaules ; une barbe courte et touffue orne sa noble figure, dont l’expression offre un inconcevable mélange de douceur et d’énergie, qu’on ne saurait mieux exprimer qu’en empruntant à l’Evangile ses propres expressions : « Il parle comme ayant autorité ». A genoux sur le parquet, ou plutôt assise sur les talons, Marie, les cheveux dénoués et flottants sur sa poitrine, les mains allongées et jointes devant elle, se tient aux pieds et tout auprès du Seigneur, dans une attitude d’affaissement qui montre dans quel profond abîme d’amour son âme est recueillie. On ne ne voit de sa longue robe bleue que les longues manches ; tout le reste disparaît sous les plis ondoyants d’un manteau orange qui s’arrondit autour d’elle. Marthe, debout derrière sa sœur, la montre de ses deux mains au Sauveur, et l’accuse de laisser peser sur elle seule tout le soin du ménage ; sa figure exprime en même temps l’étonnement du peu de succès qu’obtient sa plainte. La plus grande simplicité règne dans sa mise : une robe lilas relevée sur un jupon bleu, et dont les manches longues et légèrement retroussées laissent voir aussi d’autres manches jaunes fort étroites, … c’est là tout son costume. Sa coiffure se compose d’un léger fichu blanc posé sur le haut de ses cheveux qui sont relevés et retenus par un simple ruban jaune. Les cinq disciples, qui se tiennent derrière Jésus-Christ, sont debout, nu-tête, et drapés dans de longs manteaux de diverses couleurs. Une femme, chargée d’un vase rempli d’eau, monte avec peine un grand escalier de marbre qui conduit au-delà d’une arcade immense, à une chambre où une servante s’occupe à couvrir la table d’une nappe blanche. Une autre servante sort de cette chambre, et commence à monter les degrés d’un perron au haut duquel deux serviteurs, chargés de la vaisselle nécessaire au service, passent à côté d’une troisième servante qui leur indique l’endroit où ils doivent déposer ces objets.
« Si la noblesse dans les figures, la grandeur dans le dessin, la sagesse dans la composition, sont encore senties et appréciées ; si les expressions les plus justes et les mieux rendues ont encore le don de toucher ; si, en un mot, le sublime de l’art n’est pas tout à fait hors de saison, espérons qu’il se trouvera quelques connaisseurs sur l’esprit desquels ce beau tableau fera la plus vive sensation. »
Tel est le jugement que portait le célèbre connaisseur Henry sur un tableau de Le Sueur, qui, bien qu’il méritât ces éloges, ne pouvait cependant être rangé parmi les beaux ouvrages du maître. Qu’aurait donc dit notre judicieux et habile appréciateur, s’il eût eu à parler de la composition de Marthe et Marie, l’un des chefs-d’œuvre du grand peintre (1) ? Non assurément, il n’eut pas été moins impressionné que nous à la vue de la belle ordonnance de cette scène, et de la sublime simplicité de cette composition ! mais sa parole eût été sans doute plus puissante pour en faire sentir les beautés, et pour faire comprendre en même temps, combien ce morceau remarquable est digne d’exciter l’envie de tous les amateurs du vrai beau, et de fixer l’attention de MM. les directeurs des musées de l’Europe. Oui certainement, il suffit de voir cette brillante conception pour s’y attacher vivement ; car elle renferme quelque chose de céleste et d’indéfinissable qui ne relève pas de la simple pratique de l’art, mais bien des sentiments profonds, des grandes et sublimes pensées, qu’il appartient au seul génie de concevoir et d’enfanter. Combien la pantomime en est noble et expressive ! Que de justesse et de naïveté dans les expressions et les attitudes ! Quel autre peintre a jamais donné aux traits du Christ plus de grandeur et de dignité, tout en faisant éclater dans ses regards une douceur et une bonté propres à tempérer ce que les paroles qu’il adresse à Marthe peuvent avoir de rigoureux pour elle ? Et comment aussi rendre la touchante expression du regard que Marie attache sur Jésus ? Comment dire ce doux mélange de foi et d’amour divin si profondément empreint sur ces traits délicats, et cette pieuse attitude, et l’entier abandon de son corps ? C’est impossible ! Il ne faut pas moins désespérer de traduite les impressions qui se manifestent sur le visage de Marthe, aux paroles étranges qui lui sont adressées ; le contraste qu’offre sa physionomie avec celle de sa sœur est admirablement présentée. Chez elle, une grande surprise remplace tout-à-coup la confiance et la sécurité ; elle se croyait dans son droit ; elle venait, forte de son zèle, accuser l’inactivité de sa sœur, et c’est elle qu’on accuse. Toute cette transition si difficile à rendre, l’a été cependant par Le Sueur d’une manière merveilleuse. On ne cherche pas, on n’analyse rien pour la comprendre ; elle s’offre d’elle-même, on la lit sur le visage de cette femme, comme dans un livre ouvert. La même justesse d’expression se retrouve dans tous les autres personnages, et jusque dans les figures du fond. Nous ne nous arrêterons pas sur le dessin ; chacun sait que, sans avoir vu l’Italie, ce grand peintre se forma sur l’antique, en cultivant tout à la fois l’étude de la nature qu’il avait l’art d’embellir jusqu’à ce qu’elle lui rendît ce beau idéal qu’il avait pensé. Les draperies sont simples, mais disposées en plis larges et de belles formes. La parfaite entente de la lumière et des ombres, le ton agréable de la couleur, et l’harmonie générale, viennent ajouter à la perfection de ce chef-d’œuvre ; le charme qui en résulte pour les regards n’est altéré par la rencontre d’aucun objet inutile à la composition. (Gravé par B. Audran.)
(1) Ce tableau et le Martyre de St. Laurent avaient été peints pour l’église St.-Germain-l’Auxerrois, à Paris. Mais les marguilliers de cette paroisse, voulant clore l’entrée du chœur, les vendirent ; et, du prix qu’ils en reçurent, ayant acheté une belle barrière en fer poli, ils mirent tout simplement des copies à la place des originaux. On vit plus tard ces deux tableaux reparaitre à la vente de M de Ponchartrain, d'ou ils passèrent ensuite dans les mains de plusieurs amateurs.
L’arrivée d’un hôte tel que Jésus-Christ dans la maison de Marthe et de Marie devait naturellement y produire une grande sensation : aussi voyons-nous la reconnaissance et l’admiration se partager le cœur des deux sœurs. Marie, saintement agenouillée aux pieds du Sauveur, oublie en quelque sorte le bienfait qu’elle doit à sa puissance, pour savourer avec amour les paroles qu’il prononce ; Marthe au contraire, tout entière à la reconnaissance qu’elle doit à celui qui a resuscité Lazare son frère, ne songe qu’à la lui témoigner, en lui préparant chez elle la plus brillante réception : sentiment moins sublime sans doute, puisqu’il a pour objet une affection toute humaine ! aussi le Sauveur lui en fait-il un doux reproche. Indiquant Marie d’une main, tandis que l’autre s’élève vers le ciel, Marie, dit-il a choisi la meilleure part. C’est l’étonnante impression que cette parole du Christ a produite sur l’esprit des deux sœurs, et sur celui des disciples qui l’entourent, que le peintre nous retrace ici sous les couleurs les plus pénétrantes.
La Sauveur, vêtu d’une tunique violette et enveloppé d’un long manteau bleu qui descend jusqu’à l’extrémité de ses pieds nus que l’on voit à peine, est assis sur un tabouret à coussin bleu. L’un de ses pieds repose sur un escabeau ; sa chevelure tombe en boucles épaisses sur ses épaules ; une barbe courte et touffue orne sa noble figure, dont l’expression offre un inconcevable mélange de douceur et d’énergie, qu’on ne saurait mieux exprimer qu’en empruntant à l’Evangile ses propres expressions : « Il parle comme ayant autorité ». A genoux sur le parquet, ou plutôt assise sur les talons, Marie, les cheveux dénoués et flottants sur sa poitrine, les mains allongées et jointes devant elle, se tient aux pieds et tout auprès du Seigneur, dans une attitude d’affaissement qui montre dans quel profond abîme d’amour son âme est recueillie. On ne ne voit de sa longue robe bleue que les longues manches ; tout le reste disparaît sous les plis ondoyants d’un manteau orange qui s’arrondit autour d’elle. Marthe, debout derrière sa sœur, la montre de ses deux mains au Sauveur, et l’accuse de laisser peser sur elle seule tout le soin du ménage ; sa figure exprime en même temps l’étonnement du peu de succès qu’obtient sa plainte. La plus grande simplicité règne dans sa mise : une robe lilas relevée sur un jupon bleu, et dont les manches longues et légèrement retroussées laissent voir aussi d’autres manches jaunes fort étroites, … c’est là tout son costume. Sa coiffure se compose d’un léger fichu blanc posé sur le haut de ses cheveux qui sont relevés et retenus par un simple ruban jaune. Les cinq disciples, qui se tiennent derrière Jésus-Christ, sont debout, nu-tête, et drapés dans de longs manteaux de diverses couleurs. Une femme, chargée d’un vase rempli d’eau, monte avec peine un grand escalier de marbre qui conduit au-delà d’une arcade immense, à une chambre où une servante s’occupe à couvrir la table d’une nappe blanche. Une autre servante sort de cette chambre, et commence à monter les degrés d’un perron au haut duquel deux serviteurs, chargés de la vaisselle nécessaire au service, passent à côté d’une troisième servante qui leur indique l’endroit où ils doivent déposer ces objets.
« Si la noblesse dans les figures, la grandeur dans le dessin, la sagesse dans la composition, sont encore senties et appréciées ; si les expressions les plus justes et les mieux rendues ont encore le don de toucher ; si, en un mot, le sublime de l’art n’est pas tout à fait hors de saison, espérons qu’il se trouvera quelques connaisseurs sur l’esprit desquels ce beau tableau fera la plus vive sensation. »
Tel est le jugement que portait le célèbre connaisseur Henry sur un tableau de Le Sueur, qui, bien qu’il méritât ces éloges, ne pouvait cependant être rangé parmi les beaux ouvrages du maître. Qu’aurait donc dit notre judicieux et habile appréciateur, s’il eût eu à parler de la composition de Marthe et Marie, l’un des chefs-d’œuvre du grand peintre (1) ? Non assurément, il n’eut pas été moins impressionné que nous à la vue de la belle ordonnance de cette scène, et de la sublime simplicité de cette composition ! mais sa parole eût été sans doute plus puissante pour en faire sentir les beautés, et pour faire comprendre en même temps, combien ce morceau remarquable est digne d’exciter l’envie de tous les amateurs du vrai beau, et de fixer l’attention de MM. les directeurs des musées de l’Europe. Oui certainement, il suffit de voir cette brillante conception pour s’y attacher vivement ; car elle renferme quelque chose de céleste et d’indéfinissable qui ne relève pas de la simple pratique de l’art, mais bien des sentiments profonds, des grandes et sublimes pensées, qu’il appartient au seul génie de concevoir et d’enfanter. Combien la pantomime en est noble et expressive ! Que de justesse et de naïveté dans les expressions et les attitudes ! Quel autre peintre a jamais donné aux traits du Christ plus de grandeur et de dignité, tout en faisant éclater dans ses regards une douceur et une bonté propres à tempérer ce que les paroles qu’il adresse à Marthe peuvent avoir de rigoureux pour elle ? Et comment aussi rendre la touchante expression du regard que Marie attache sur Jésus ? Comment dire ce doux mélange de foi et d’amour divin si profondément empreint sur ces traits délicats, et cette pieuse attitude, et l’entier abandon de son corps ? C’est impossible ! Il ne faut pas moins désespérer de traduite les impressions qui se manifestent sur le visage de Marthe, aux paroles étranges qui lui sont adressées ; le contraste qu’offre sa physionomie avec celle de sa sœur est admirablement présentée. Chez elle, une grande surprise remplace tout-à-coup la confiance et la sécurité ; elle se croyait dans son droit ; elle venait, forte de son zèle, accuser l’inactivité de sa sœur, et c’est elle qu’on accuse. Toute cette transition si difficile à rendre, l’a été cependant par Le Sueur d’une manière merveilleuse. On ne cherche pas, on n’analyse rien pour la comprendre ; elle s’offre d’elle-même, on la lit sur le visage de cette femme, comme dans un livre ouvert. La même justesse d’expression se retrouve dans tous les autres personnages, et jusque dans les figures du fond. Nous ne nous arrêterons pas sur le dessin ; chacun sait que, sans avoir vu l’Italie, ce grand peintre se forma sur l’antique, en cultivant tout à la fois l’étude de la nature qu’il avait l’art d’embellir jusqu’à ce qu’elle lui rendît ce beau idéal qu’il avait pensé. Les draperies sont simples, mais disposées en plis larges et de belles formes. La parfaite entente de la lumière et des ombres, le ton agréable de la couleur, et l’harmonie générale, viennent ajouter à la perfection de ce chef-d’œuvre ; le charme qui en résulte pour les regards n’est altéré par la rencontre d’aucun objet inutile à la composition. (Gravé par B. Audran.)
(1) Ce tableau et le Martyre de St. Laurent avaient été peints pour l’église St.-Germain-l’Auxerrois, à Paris. Mais les marguilliers de cette paroisse, voulant clore l’entrée du chœur, les vendirent ; et, du prix qu’ils en reçurent, ayant acheté une belle barrière en fer poli, ils mirent tout simplement des copies à la place des originaux. On vit plus tard ces deux tableaux reparaitre à la vente de M de Ponchartrain, d'ou ils passèrent ensuite dans les mains de plusieurs amateurs.
Bibliographies / archives
Commentaire Bibliographies / archives :
n° 162 (ill.)
Commentaire Bibliographies / archives :
n° 88 (ill.)
Commentaire Bibliographies / archives :
n° 602 (ill.)
Source
source : Institut national d'histoire de l'art (France) / Ville d'Ajaccio - licence : Attribution 4.0 International (CC BY 4.0)
Commentaire interne
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