[1914, peinture, rapport Institut primitif]Rapport sur les envois de Rome, 1914, peintureTYPE : rapp [...]

Peinture / La section de peinture, après avoir examiné les envois des pensionnaires de l'Académie de France à Rome, est heureuse de constater que les oeuvres exposées cette année dénotent chez certains pensionnaires une bonne volonté de bien faire et une préoccupation de l'art décoratif qui n'est pas sans mérite. M. Girodon (1e année) a pris le sujet de son tableau dans la Bible. 1e Envoi : le Christ à la colonne. Ce morceau représentant le Christ est largement peint et d'une tonalité assez sobre, mais l'Académie trouve l'ensemble un peu terne et les lumières trop éparpillées. / 2e Envoi : dessin d'après Michel-Ange. L'Académie tout en constatant les qualités sérieuses de ce dessin, regrette qu'il soit trop chargé d'ombres égales qui nuisent à l'effet général. / 3e envoi de M. Girodon : une figure intitulée « Le Printemps ». Cette étude de nu en plein air est assez sincère, néanmoins les tons sont crus, le bleu du ciel trop dur, le paysage d'un vert trop violent et l'ensemble manque d'atmosphère. L'exécution est uniforme, [p.2] sans aucun sacrifice alors qu'il faut toujours dans un tableau une tache qui domine. 3e année : M. Dupas. 1e Envoi : copie de la partie droite de la mort de Saint Bernardino. Fresque du Pinturicchio Santa Maria de l'Arcoeli à Rome. / La copie de M. Dupas est très remarquable, elle est faite avec une grande sincérité et une véritable préoccupation du caractère des figures. / 2e envoi. Ce jeune artiste intitule son tableau « Suzanne ». A vrai dire on ne comprends pas en quoi cette figure nue, debout, dans une pose de cariatide ressemble à la Suzanne biblique ; à moins que les deux magots chinois que l'on aperçoit à droite du tableau ne soient dans la pensée de l'artiste les deux vieillards de la tradition. Néanmoins, l'ensemble de l'oeuvre est décoratif, d'une tonalité claire qui dénote chez ce jeune pensionnaire un sentiment d'art assez élevé. 4e année, M. Bodard. 1e envoi : tableau intitulé « Offrandes au Dieu Toerme [sic] ». Cette toile manque totalement d'effet et d'unité, rien n'est en valeur. Le terrain ensoleillé du premier plan n'est pas en harmonie avec le ciel. On dirait que ce jeune pensionnaire a peint son tableau à des heures différentes. A droite de la toile se trouve un trépied qui paraît entouré d'une feuille d'acanthe. C'est la seule note grecque et elle est un peu simpliste. Les figures manquent de style et rappellent de vulgaires modèles d'atelier. Ces critiques formulées, l'Académie a trouvé que le morceau représentant une jeune fille jouant avec une chèvre est bien dessinée et d'une couleur agréable. [p.3] 2e envoi. M. Bodard expose également une femme couchée (étude de nu). Le sentiment de la figure est assez distingué, cependant l'Académie regrette que l'effet du tableau soit coupé brusquement en deux par une draperie foncée qui n'est pas dans l'air ambiant du tableau.