[1833, peinture, rapport Institut séance publique annuelle]Rapport imprimé sur les envois de Rome, 1 [...]
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Description
[1833, peinture, rapport Institut séance publique annuelle]
Rapport imprimé sur les envois de Rome, 1833, peinture
TYPE : rapport de la séance publique annuelle de l'Académie des beaux-arts
AUTEUR : Anonyme
PAGE DE TITRE : Institut royal de France, séance publique de l'Académie royale des Beaux-Arts, du 12 octobre 1833, présidée par M. le Chevalier Berton. Rapport sur les ouvrages envoyés de Rome par MM. les pensionnaires de l'École royale de France, lu à la séance publique de l'Académie royale des Beaux-Arts, le samedi 12 octobre 1833
LIEU DE REDACTION : Paris
DATE : 12/10/1833
Rapport imprimé sur les envois de Rome, 1833, peinture
TYPE : rapport de la séance publique annuelle de l'Académie des beaux-arts
AUTEUR : Anonyme
PAGE DE TITRE : Institut royal de France, séance publique de l'Académie royale des Beaux-Arts, du 12 octobre 1833, présidée par M. le Chevalier Berton. Rapport sur les ouvrages envoyés de Rome par MM. les pensionnaires de l'École royale de France, lu à la séance publique de l'Académie royale des Beaux-Arts, le samedi 12 octobre 1833
LIEU DE REDACTION : Paris
DATE : 12/10/1833
Descriptions
Transcription :
Messieurs, l'intérêt avec lequel l'Académie des Beaux-arts attend chaque année l'envoi des ouvrages des élèves pensionnaires à l'Académie de France à Rome n'est pas toujours exempt de quelques inquiétudes. Elle désire ardemment d'y trouver l'heureux accomplissement des espérances que chacun de ces jeunes artistes a fait concevoir dans les concours où ils ont obtenu la couronne du premier grand prix et l'honneur d'être admis dans cette noble école de perfectionnement. C'est là qu'environnés de tout ce qui peut le plus puissamment exciter l'émulation, ils trouvent dans les précieux restes de l'antiquité et dans les célèbres ouvrages des grands maîtres, les plus hautes et les plus véritables leçons. // Quels regrets ne devrait pas ressentir un pensionnaire sur la fin de son séjour en Italie s'il reconnaissait trop tard que ses premières années se sont dissipées dans des capricieuses investigations et qu'une erreur irréparable lui aurait fait perdre à jamais les grands avantages dont il pouvait mieux disposer ! Les années se succèdent avec des chances et des modifications plus ou moins favorables. Si chaque envoi n'apporte pas régulièrement de nouveaux chefs-d’œuvre dans tous les genres il est à présumer du moins que chaque pensionnaire sent la nécessité de n'envoyer que les meilleures de ses productions. Cependant, il n'en est pas toujours ainsi ! À quoi doit-on attribuer ce mécompte ? Dès l'année dernière, on voyait avec peine que, peu pénétrés de l'importance des études demandées, selon les époques successives du cours de leur pension, quelques élèves peintres entraînés par un désir inconsidéré d'innovation avaient essayé de traiter des sujets empruntés à une littérature frivole, au lieu de chercher de plus hautes inspirations dans des ouvrages d'une autorité reconnue. Malgré les conseils dictés par cette bienveillance paternelle qui dans vos rapports voudrait pouvoir adoucir les rigueurs de la critique, plusieurs ont paru négliger l'avertissement qui leur était particulièrement adressé. Une remarque non moins pénible est de voir aussi depuis quelques temps que certains sujets sont choisis de préférence et sont traités d'une manière qui décèle un secret espoir de les placer plus facilement que des ouvrages d'un style plus sérieux et qui exigerait des études profondes. La position des pensionnaires à l'Académie de France à Rome a été établie avec assez de dignité et assez de générosité pour qu'ils n'aient point à se livrer à d'autres idées que celle de se perfectionner dans l'art auquel ils se sont consacrés. // PEINTURE / M. DUPRÉ : Épisode d'un tremblement de terre à Pompéi. Ce sujet choisi par M. Dupré pour le tableau exigé comme travail de sa cinquième et dernière année était heureusement trouvé, il présentait de beaux motifs de composition, il était susceptible d'offrir une scène d'un grand intérêt dramatique et de produire de grands effets. Il n'a pas eu le bonheur de combiner l'ensemble de son sujet de manière franche et précise. Les figures manquent d'expression et d'intention, elles n'ont que des mouvements froids et indécis et ne semblent pas avoir entre elles cette correspondance d'action qui fait bien comprendre une scène. On ne voit pas nettement si l'on s'occupe de retirer d'une excavation la femme qui est au centre du groupe principal ou si l'on veut l'y faire descendre. Le dessin quoique assez exact a peu de caractère, le coloris n'est pas assez également soutenu, il manque de force dans quelques parties : on y remarque cependant de la finesse dans les teintes. L'exécution consciencieuse et soignée mérite des éloges. On se plaît à reconnaître dans cet ouvrage une application et une bonne foi d'étude d'autant plus louable qu'elles deviennent malheureusement trop rares. / M. BÉZARD : La sorcière accroupie et murmurant des paroles de sang lave pour le sabath la jeune fille nue. Ce pensionnaire était tenu pour le travail de sa troisième année de faire (au terme du règlement) une figure nue de grandeur naturelle, peinte d'après nature ; plus une esquisse peinte ou dessinée de sa composition. Cette figure peinte exigée doit, sans nul doute, être une figure d'homme dont l'action, l'âge et le caractère sont laissés à l'idée de l'artiste. On désire qu'il présente de beaux développements bien étudiés et bien rendus qui fassent apprécier ses progrès dans la correction du dessin, la connaissance de l'anatomie et la vérité de la couleur. Loin de réparer l'insuffisance de son envoi de l'année dernière et de prendre un sujet digne d'être traité en grand, M. Bézard cette fois encore a choisi une scène sans intérêt dont le titre même tel qu'il l'indique ne pouvait lui rien indiquer pour la composition ni pour l'étude. De là, peut-être un dessin maigre et une exécution négligée, qui sont loin de soutenir les heureuses espérances données par la figure du saint Sébastien de son premier envoi. (L'esquisse demandée n'a pas été fournie) / M. SIGNOL ; Noé revenu de son assoupissement, ayant appris ce qui s'était passé pendant son sommeil, maudit Cham et Canaan. (Genèse, verset 9 et 11) Cet artiste laborieux a envoyé un ouvrage de grande dimension dont le sujet heureusement choisi, fortement conçu et rendu avec âme et énergie confirme l'idée avantageuse que l'on s'était formée de son talent, d'après son précédent envoi. Il ne devait pour le travail de sa seconde année qu'une figure de grandeur naturelle, peinte d'après nature. Il a cru satisfaire encore mieux à cette obligation en faisant entrer dans sa composition cette figure demandée, sous les traits de Japhet qui s'évanouit en entendant la malédiction paternelle prononcée contre son frère, dont il implore le pardon. / On remarque de belles intentions et de beaux mouvements dans les attitudes des figures, une disposition grandiose (qui n'est peut-être pas exempte de certaine affectation scénique). Le dessin a de la correction et de la force, l'exécution est toute de verve, la couleur a de la puissance et de l'harmonie ; on y pourrait reprocher l'abus de quelques tons jaunâtres dans le terrain. Les lumières auraient plus de valeur si elles étaient plus franches et moins amorties. Le lieu de la scène est sagement entendu, bien disposé, il présente bien le caractère patriarcal. La figure de Japhet, le troisième fils de Noé, est une étude de jeune homme, peinte d'une manière large et bien rendue. Il eût été possible qu'en cet instant la figure du père fût moins chargée de draperies, elle eût été encore plus belle dans son développement. Cet ouvrage présente des qualités très remarquables, il atteste de véritables progrès et fait voir les plus heureuses dispositions pour traiter avec force et avec succès la peinture d'histoire. / M. SCHOPPIN [sic] : Candaule et Gygès. Hérodote, L[ivre] I L'étude obligée de son premier envoi devait être une figure nue, de grandeur naturelle, peinte d'après nature. Ce pensionnaire s'est mis en pleine contradiction avec ce que prescrivent les règlements et n'a rempli aucune des conditions sous le rapport de l'étude. Il a trouvé dans Hérodote le trait du roi Candaule procurant à son favori l'occasion d'admirer secrètement la beauté de la reine ; en s'adressant au père de l'histoire pour trouver ce sujet, on ne peut lui faire l'application du reproche ci-dessus indiqué. Mais en introduisant dans cette scène un faux brillant et une vaine coquetterie, il a méconnu la manière de traiter convenablement de semblables sujets. Le grand abus d'un pinceau facile et l'absence d'une véritable // étude peuvent bien dispenser d'un examen plus étendu. Ce début pour un premier envoi ferait craindre que M. Schoppin [sic] n'eût pas bien apprécié l'importance des études profondes qu'il a besoin de faire à Rome. // PAYSAGE HISTORIQUE / M. GIBERT ; pour sa troisième année, devait faire une Vue prise sur nature avec fabriques et ruines. Cette vue d'une des belles campagnes de la Sicile, aux environs de l'antique ville de Ségeste, dont on aperçoit le temple dans le lointain, est un fort beau sujet de paysage historique, annonçant de la grandeur ; mais il n'a pas été suffisamment médité par l'artiste. On ne sent pas qu'il se soit assuré de la teinte locale par une esquisse peinte sur les lieux. Ce tableau semble plutôt fait d'après un croquis peu arrêté. Les détails des premiers plans ne sont pas assez soignés. Quelques plantes d'aloès, éparses et jetées sans choix dépassent des arbres qui manquent de forme et de grandeur et semblent n'être que de maigres buissons. Dans ces terrains devenus arides, si la végétation a perdu sa beauté, il n'était point défendu au génie de l'artiste d'y suppléer en disposant avec adresse quelques grands arbres qui eussent enrichi sa composition et rappelé les temps où ces contrées étaient florissantes. Les masses d'ombre sont chargées d'une teinte violâtre qui répand un ton opaque et monotone : l'exécution annonce de la facilité, mais n'est pas exempte d'une pesanteur qui tient au genre de la décoration. M. Gibert est invité à donner plus de soins à ses études et à mettre plus de vérité dans les ouvrages qui doivent achever le cours de sa pension et déterminer pour lui de véritables succès.
Localisations
Institution :
Cote / numéro :
Paris, Bibliothèque de l'Institut, 4° AA 34 (usuel), 1832-1833, tome 9, p. 1-12 (1833)
Source
source : Institut national d'histoire de l'art (France) - licence : Attribution 4.0 International (CC BY 4.0)
Commentaire interne
Base Envois de Rome FMP, fichier Documents.fp7, notice : £Rapport Institut officiel, 1833, peinture£ Notice créée le 04/08/2004. Notice modifiée le : 04/07/2018. Rédacteur : Florence Colin.
Rédacteur
Florence Colin