[1881, sculpture, rapport Institut procès-verbal]Rapport sur les envois de sculpture de 1881TYPE : r [...]

[p. 452] M. Lanson pensionnaire de 4e année. / M. Lanson, pensionnaire de 4e année, envoie un groupe en marbre intitulé, l'âge de fer. Contrairement aux prescriptions formelles du règlement, M. Lanson n'a envoyé son marbre qu'à l'état d'ébauche, et c'est sur le modèle en plâtre qu'il a joint à son envoi que l'Académie est réduite à porter un jugement. L'Académie reconnaît à cette importante composition des qualités décoratives, une belle allure dans l'ensemble et des lignes heureuses sous différents aspects ; mais le sujet qui en lui même est beau et bien choisi, ne lui paraît pas rendu comme il convient. Un des hommes de cet âge funeste vient de terrasser son ennemi, cependant l'attitude du vainqueur et son geste font naître une idée de protection quand la violence eût mieux exprimé le sujet. L'exécution de ce groupe facile et large, ainsi qu'une étude savante dans plusieurs parties, dénotent un talent sérieux chez son auteur ; néanmoins l'Académie tout en lui donnant les louanges qu'il mérite croit devoir ajouter que son travail laisse à désirer sous le rapport du dessin et que l'exécution parfois un peu conventionnelle se ressent d'une précipitation d'autant plus regrettable qu'elle est le résultat du retard auquel le pensionnaire s'est laissé entraîner. Il est fâcheux de voir depuis quelques années les pensionnaires sculpteurs faire choix de sujets d'une importance telle qu'il leur est matériellement impossible, et cela à leur grand préjudice, de les exécuter dans le temps voulu et avec le soin que réclame ces sortes d'ouvrages. L'Académie rappelle aux pensionnaires de dernière année que le règlement leur impose simplement une [p. 453] figure en marbre de grandeur naturelle qu'ils n'ont pas trop de temps pour mener à bien. Elle exprime le voeu qu'à l'avenir Monsieur le Directeur de l'Académie de France rappelle les pensionnaire à la stricte exécution du règlement. M. Cordonnier. 3e année. / M. Cordonnier devait faire comme envoi de 3ème année le modèle de la statue qu'il présentera en marbre l'année prochaine, et une tête d'étude. Le modèle de la statue est terminé mais est resté à Rome selon l'usage pour l'exécution du marbre. Quant à la tête d'étude, l'Académie regrette d'avoir peu de chose à en dire, l'étude lui paraissant insuffisante et le choix du modèle malheureux. M. Grasset. 2e année. / Monsieur le Directeur de l'Académie de France à Rome a envoyé l'esquisse de la figure d'étude que Monsieur Grasset, mort prématurément à Rome, devait exécuter en seconde année. Cette esquisse représentant, Esaü à la chasse, faisait espérer une étude intéressante ; l'Académie dans cette circonstance exprime de nouveau les regrets que lui inspira la perte de ce jeune pensionnaire. M. Fagel. 1ère année. / Le sujet que Monsieur Fagel pensionnaire de 1ère année a choisi pour envoi de bas relief, Le Jeune poète mourant, est noble et touchant. Une Muse soutient la tête du poète auquel elle montre comme consolation la couronne de l'Immortalité qu'un petit génie lui apporte. Cette scène est bien composée et d'un sentiment délicat qui répond à l'élévation du sujet, les parties nues de ce bas-relief sont bien étudiées, le torse, les bras du poète entre autres sont de bons morceaux et la figure de la Muse quoique d'un ajustement un peu connu est d'un assez bon caractère ; malheureusement le Génie qui apporte la couronne manque de légèreté, il vient continuer désagréablement la ligne formée par le bras levé de la Muse et la draperie du poète est lourdement jetée sur ses jambes qu'elle ne laisse pas deviner. Malgré ces réserves l'Académie est heureuse de louer cet ouvrage dont l'ensemble est d'un bon goût et qui fait bien augurer de l'avenir de l'artiste. M. Fagel a également envoyé une copie en marbre du Discobole s'apprêtant à lancer le disque. / Cette copie est faible et ne révèle guère que le travail du praticien. L'Académie rappelle aux pensionnaires qu'il est de leur devoir de donner tous leurs soins à leur copie, le seul de leurs envois dont l'État se réserve la propriété.