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Plaque de croix

Statut
Publiée
Contributeur
Geneviève François
Dernière modification
24/02/2025 15:11 (il y a environ 1 mois)
Type d'oeuvre
Titres
Titre : 
Plaque de croix
Localisations
Lieu de conservation : 
Type de Cote / numéro : 
Cote / numéro : 
LUHM 23070
Commentaires descriptifs
Commentaire descriptif : 

À l’intersection ovale d’une plaque en forme de croix, figure d’applique de Christ, clouée à une croix émaillée de vert et bordée d’un filet jaune. Le Christ est coiffé d’un nimbe circulaire doré et d’une couronne au décor gravé ; il a les yeux fermés, son corps est frontal. Sa tête est légèrement inclinée à droite, ses bras sont droits ; ses genoux presque superposés provoquent un mouvement de la partie supérieure du corps. Il est vêtu d’un long perizonium qui descend jusqu’aux genoux. Une large ceinture bleu outremer se termine dans un nœud volumineux, qui crée un contraste entre la silhouette dorée et le perizonium. Des lignes gravées et ondulées dessinent un pectoral autour du cou. Le titulus XPS est inscrit dans un bandeau gravé en réserve au-dessus de la tête du crucifié. Au-dessus du titulus, Dextera Domini émergeant d’une nuée. Ce motif reflète la tradition iconographique des souverains ottoniens et carolingiens; ici la main représente le Dieu invisible (cf. Colossiens 1 : 15) ; à travers ce geste, Dieu confirme que c’est lui-même qui donne le pouvoir à son fils. Le fond bleu moyen de la plaque est constellé de décors polychromes (losanges, disques et rosettes) avec des contours dorés et finement pointillés. Une triple bordure (dorée et pointillée, émaillée de blanc et de bleu et gravée en zig-zag) court le long de la plaque, qui comporte dix-huit trous de fixation.

Cette plaque appartient à un type de croix limousine rare et intéressant, montrant le Christ victorieusement couronné, mais non vivant ; ses yeux fermés indiquent qu’il est mort. D’une façon générale, le type du Christ souffrant, mort et non couronné, est dominant jusqu’aux environs de 1210 et ensuite remplacé, vers 1210-15, par l’iconographie du Christ vivant et couronné. On retrouve l’image inhabituelle du Christ tel qu’il est représenté sur cette plaque, couronné mais avec les yeux fermés, sur une autre croix en Suède (Ärla, Södermandland, église), ainsi que sur une plaque du British Museum de Londres, inv. 1925.0609.1. Ce type semble constituer une étape de transition dans l’évolution de l’iconographie de la Crucifixion dans la production limousine, du Christ mort et non couronné à celui victorieux et couronné. La plaque de Londres diffère toutefois en plusieurs détails des œuvres d’Ärla et de Småland (inclinaison marquée de la tête, corps courbé en forme de S, bras légèrement fléchis, genoux superposés, ceinture étroite) ; elle est probablement légèrement plus tardive que les œuvres en Suède citées ci-dessous. Par conséquent, il est possible que ce type iconographique de ‘transition’ (Christ couronné mais yeux fermés) ait persisté parallèlement à la diffusion du nouveau type de Christ couronné avec les yeux ouverts.

Les appliques de Christ de Småland et d’Ärla partagent aussi d’autres caractéristiques : forme de la ceinture, ainsi que sa couleur outremer intense, pectoral gravé, position du crucifié, tête et corps en applique. Ces analogies étroites suggèrent que les deux appliques furent créées dans le même atelier, mais pas à la même époque, puisque la croix d’Ärla révèle un soin majeur dans les motifs décoratifs, le travail du métal et l’émaillage, alors que certains détails de la plaque de Småland sont d’une exécution plus sommaire. En outre, les deux œuvres présentent deux différences évidentes. D’une part, la croix ‘interne’ à la plaque, qui est dorée dans un cas (Ärla), et émaillée de vert dans l’autre (Småland). Pourtant, la signification symbolique de la croix ‘interne’ est la même, qu’elle soit dorée ou émaillée : la Croix de la Crucifixion est aussi la Croix de Vie et l’Arbre de Vie, un symbole de la mort du Christ et de sa résurrection. D’autre part, l’iconographie d’Adam sortant du tombeau juste au-dessous des pieds du Christ - présente sur la croix d’Ärla - est simplifiée dans la plaque de Småland en quelques simples losanges en forme de pierres, évoquant les rochers du mont Golgotha. Cette caractéristique est tout à fait conforme à la tendance à la simplification observable dans la production limousine à partir de la deuxième moitié du XIIIe siècle.

La plaque de Småland révèle une qualité d’exécution remarquable, avec une palette chromatique riche et un recours très important au décor pointillé. Le ravissant quatre-feuilles inscrit dans un disque turquoise et placé au-dessous du bras du Christ est un motif rare, qui pourrait évoquer l’Incrédulité de Saint-Thomas (cf. Jean, 20, 27-29). L’Église catholique romaine considère que la représentation de la blessure du Christ est une preuve/démonstration de la résurrection, également interprétée comme une allégorie du sacrement de l’Eucharistie. La simplification du mont Golgotha suggère une datation après 1200, tandis que la large palette chromatique, la technique de l’émaillage et le travail du métal indiquent une exécution antérieure à 1215.

États
Commentaire Etat de conservation : 

Usure partielle de la dorure sur la figure du Christ et son perizonium. Lacunes d’émail.

Matérialité
Matériau : 
Commentaire Matériau : 

Émaux : bleu (foncé, moyen, clair), turquoise, vert, jaune, rouge, noir, blanc

Dimensions
Hauteur : 
300
Largeur : 
160
Unité de mesure : 
Inscriptions
Type d'inscription : 
Transcription : 

X P S

Représentations
Indexation Garnier-SMF : 
Créations / exécutions
Type de date : 
Date de création : 
1200 / 1215
Commentaires historiques
Commentaire historique : 

Provenant de la circonscription de Småland, église d’origine inconnue. Acquise en 1925 par le Universitetes Historiska Museum de Lund, dans le cadre d’un échange avec le Småland Museums de Växjö.

Bibliographies / archives
Commentaire Bibliographies / archives : 

p.16, 32, 37, note 56, fig. 12.

Commentaire Bibliographies / archives : 

p. 85-120, 9 fig. (schémas structurels) - p. 114. (Type GF-8)

Source
Institut national d'histoire de l'art (France) / Musée du Louvre (Paris) / Ville de Limoges
Licence
Attribution 4.0 International (CC BY 4.0)
Commentaire interne

TOME CEM II

Rédacteur
Mona Bramer Solhaug – Kulturhistorisk museum, University of Oslo