[1847, peinture, rapport Institut primitif]Rapport primitif de l'Institut sur les envois de 1847, pe [...]

[p. 1] M. Lebouy [sic] / cinquième année / M. Lebouy qui a terminé la cinquième année de son pensionnat, a choisi pour sujet de son dernier envoi, La Mort de saint Paul dans le désert, assisté de saint Antoine. La composition et l'effet de ce tableau, sont poétiques et pittoresques. Il est empreint d'une certaine énergie, d'une âpreté, qui conviennent très bien au sujet. Tout en louant M. Lebouy [sic] des efforts dont il a fait preuve ; l'Académie doit signaler de graves incorrections dans certaines parties, et le manque d'étude qui s'y fait remarquer. Le premier aspect de cet ouvrage est très satisfaisant, mais un examen plus approfondi, y laisse voir ce manque d'étude sérieuse, consciencieuse, qui constitue une belle exécution, et sans laquelle il n'y a pas d'ouvrage complet. [ajouté : La figure du saint est surtout faible comme dessin et couleur] Quoiqu'il en soit, l'Académie [rayé : est heureuse ; mis à la place : doit] donner à M. Lebouy [sic] les éloges qu'il mérite pour son dernier envoi, et elle le fait avec d'autant plus de plaisir, qu'elle s'était vue forcée d'être sévère pour ses précédents travaux. // M. Biennoury / quatrième année / M. Biennoury a envoyé pour le travail de sa quatrième année, une copie du tableau du Titien représentant L'amour divin et l'amour profane. D'après les règles établies dans les Galeries du Prince de Borghèse, dont ce tableau fait partie, les copies qui y sont faites doivent être d'une autre dimension que les originaux. M. Biennoury a donc donné quelques centimètres de plus à sa copie et c'est la seule différence sensible qui existe entre l'original et la copie. Dessin, expression, finesse de couleur ; M. Biennoury a su rendre tout avec talent et la plus parfaite exactitude. / L'esquisse envoyée par le même pensionnaire, n'aura pas comme sa copie, les éloges sans restriction de l'Académie. Il a choisi pour sujet, Les Juifs en captivité, insultés par les Babyloniens. L'agencement général de sa composition est assez pittoresque ; mais M. Biennoury ne s'est pas assez pénétré de son sujet [ajouté : d'ailleurs bien choisi]. Il n'a pas fait ressortir suffisamment la [rayé : position ; mis à la place : situation] des malheureux captifs en opposition avec l'insolence de leurs oppresseurs. L'Académie qui d'ailleurs se plaît à reconnaître chez M. Biennoury du talent et l'amour de son art, pense qu'il mettra ces observations à profit pour son prochain envoi de cinquième année. // M. Damery / troisième année / M. Damery a envoyé une figure représentant Othryade le Spartiate. La pose de cette figure est assez heureuse, quoiqu'il soit à regretter que le mouvement de la tête dont le raccourci est très prononcé, l'ait privé d'un moyen puissant d'expression. Cette figure est, du reste, d'une couleur vraie, elle est bien modelée et généralement étudiée avec finesse et fermeté. Il est à regretter que le terrain et les rochers sur lesquels repose le guerrier, ne participent pas assez de la lumière qui l'éclaire, ce qui le détache d'une manière dure et âpre et nuit beaucoup à l'effet du tableau. L'esquisse [ajouté : dessinée] de M. Damery, qui accompagne cette figure, représente Oedipe à Colonne. La scène si dramatique du poète grec n'est pas bien rendue par M. Damery. La figure d'Oedipe manque de style et d'élévation. Le geste d'Antigone est commun. En résumé, l'esquisse de M. Damery est faible et ne mérite pas les éloges que l'Académie a du donner jusqu'ici à ses ouvrages. // M. Barrias / deuxième année / Mercure et Argus est le sujet traité par M. Barrias, pour son envoi de deuxième année. La composition de cet ouvrage n'est heureuse, ni sous le rapport pittoresque, ni sous celui de l'intelligence du sujet. La pose d'Argus vu de dos n'indique pas assez le sommeil. [ajouté : L'intention de Mercure est finement sentie] le dessin manque de caractère quoiqu'il ne soit pas dépourvu de vérité. De plus, M. Barrias a donné une intensité à ses ombres, qui détruit l'effet de clair obscur qu'il a voulu rendre. Si l'envoi de M. Barrias est faible, il n'est pas du moins dans une route vicieuse et ne détruit en rien l'espérance que l'Académie a fondé sur ses premiers travaux. // M. Bénouville (Léon) / première année / M. Léon Bénouville a envoyé pour la première année de son pensionnat, une figure représentant Un soldat mourant, au pied d'une palissade. Le tableau qui a mérité à M. Bénouville le grand prix de Rome en 1845, a du faire concevoir à l'Académie, des espérances que l'envoi de cette année ne réalise pas complètement. Quoique sa figure soit d'une exécution sage et vraie d'un bon modelé [rayé : et d'un modelé puissant] les lignes n'en sont pas heureuses et le dessin quoique correct manque de caractère dans plusieurs parties. [rayé : Malgré ces observations, l'Académie n'espère pas moins que M. Bénouville saura prendre honorablement sa revanche à son prochain envoi. Elle y compte. Les dessins de M. Bénouville d'après l'École d'Athènes et d'après un bas relief antique paraissent avoir été faits avec trop de précipitation. Le dernier surtout.] // M. Cabanel / première année / M. Cabanel qui avait partagé la couronne avec M. Bénouville, [rayé : n'a pas été beaucoup plus heureux que lui dans son envoi.] Il a représenté Oreste au Temple d'Apollon. La couleur du tableau est monotone. Le geste d'Oreste ne s'explique pas [ajouté : mais sa situation se trouve bien rendue au moyen des figures du fond, qui sont poétiquement exprimées]. La figure et les accessoires sont d'un travail égal et froid qui ne convient pas à un sujet énergique comme celui qu'il a choisi. Il y a pourtant [rayé : une ligne et demi ill.] dans le tableau de M. Cabanel un [large ?] dans l'aspect et dans la tournure de son Oreste, qui mérite des encouragements, et toute la partie inférieure de la figure est exécutée avec finesse et vérité. Le dessin qu'a envoyé M. Cabanel d'après la Farnésine se fait remarquer par une exécution délicate. Celui d'après l'antique est moins satisfaisant. // M. Bénouville (Achille) / première année / Le paysage de M. Achille Bénouville, représente une Vue prise dans la Villa Chigi à Arricia. Ce tableau, quoique manquant un peu de solidité, surtout dans les premiers plans ; [ajouté : est d'un] aspect très agréable et d'une exécution facile et fine et l'air y circule bien [rayé : pourtant une étude remplie de finesse et de vérité.] [rayé : L'Académie engage M. Bénouville à profiter de son séjour en Italie pour y faire des études plus sévères et plus vigoureuses.] [ajouté : L'Académie peut regretter que M. Bénouville n'ait pas fait choix plus caractérisé].