Pas d'illustration
Commentaire Type d'œuvre
mémoire d'émaux : objet disparu connu par une source textuelle ancienne
Localisations
Lieu de conservation :
Commentaire Lieu de conservation :
avant 1591 - avant 1789
Commentaires descriptifs
Commentaire descriptif :
Cette croix est une "mémoire d'émaux", selon la définition élaborée par M.-M. Gauthier : œuvre disparue connue exclusivement par des sources textuelles.
La mention plus ancienne relative à cette pièce se trouve dans un recueil de compilation intitulé Antiquités de Grandmont écrit par Pardoux de Lagarde, mort en 1591. Ce manuscrit, après avoir fait longtemps partie de la bibliothèque du séminaire de Limoges sous le n° 81, appartient maintenant à la Bibliothèque des Archives Départementales de la Haute-Vienne, ms n° 172. L'auteur rapporte que la croix en cuivre émaillé se situait, dans la deuxième moitié du XVIe siècle, sur l' "autel de prime" de l'abbaye de Grandmont et comportait à sa base un petit coffret recelant des reliques. Lagarde précise que la figure du Christ - véritablement en applique - est "toute garnye de pierrerie au nombril du crucifix", se référant très probablement aux pierres colorées des orfrois du perizonium des figures d'applique limousines.
Cette croix est certainement celle décrite en 1771 par le subdélégué de la généralité de Limoges, Martial de Lépine, chargé de faire l'inventaire de Grandmont avant la suppression de l'Ordre : "une grande croix de bois revêtue de cuivre jaune emaillé, la tige ayant neuf pieds de longueur et la croisée quatre pieds, sur laquelle se voit un Christ couronné, un st Pierre au-dessous et encore une autre figure au-dessous avec une inscription portant que cette croix contient du bois de la vraye croix, un morceau de la tunique du Sauveur, des reliques de la Ste Vierge, des apôtres st. Pierre, st Paul, st. Martial, etc". L'abbé Texier (voir bibliographie, 1843), ajoute - d'après les notes de l'abbé Legros - que toutes les reliques étaient renfermées dans un coffret situé aux pieds de la croix, portant une inscription qui détaillait son contenu. Texier nous renseigne sur le sort de l'oeuvre : elle fit partie des objets achetés en 1789 par Coutaud, chaudronnier et fondeur de Limoges qui les fondit.
En croisant ces descriptions il est possible d'avoir une idée approximative de cette pièce : croix reliquaire aux dimensions exceptionnelles (2.70 m de hauteur et 1.20 m de largeur), elle était décorée à l'avers d'une figure d'applique représentant le Christ couronné, agrémentée par des pierreries colorées. Au-dessus, un personnage non identifié et au-dessous saint Pierre (impossible de savoir si ces figures étaient émaillées ou en applique). Le coffret à la base de la croix était enfin parcouru d'une longue inscription (cf. Inscriptions) spécifiant son contenu : bois de la Vraie Croix, morceau de la tunique du Sauveur, reliques de la Vierge, et de plusieurs saints et apôtres, dont Pierre, Paul et saint Martial (l'apôtre du Limousin).
Parmi les œuvres qui nous sont parvenues de l'Ordre de Grandmont, client monastique majeur des ateliers limousins, figurent : les deux plaques du musée de Cluny représentant l' Adoration des Mages et Hugo Lacerta et Etienne Muret (Cl. 956 a et b), l'ange de Saint-Sulpice-les-Feuilles, la monumentale chasse d'Ambazac (église Saint-Antoine), les figures d'Apôtres (Saint Matthieu, musée du Louvre, MR. 2650, Saint Jacques le Majeur, New York, The Metropolitan Museum of Art, inv. 17.190.123, Saint Philippe, Saint-Pétersbourg, musée de l'Ermitage, inv. psi 194, Saint Paul et Saint Thomas, Paris, musée du Petit Palais, inv. OD 1239(1 et 2), Saint Martial, Florence, Museo Nazionale del Bargello, inv. 649), l'effigie de Guillaume de Treignac, Prague, Umeleckoprumyslové Museum, inv. 3959, le relief répresentant le Miracle de l'enfant d'Ambazac , Chaalis, musée Jacquemart-André, inv. 1020 et le diacre-reliquaire des Billanges, église paroissiale de la Nativité de Saint-Jean Baptiste.
Geneviève Souchal (voir bibliographie 1963, 1967) souligne la difficulté à définir avec précision la structure et la technique d’exécution de cette pièce : croix entièrement champlevé "à plat", comme l'exemplaire maintenant au musée de Cleveland (inv. 23.1051) ou bien croix émaillée et agrémentée de figures d'applique? Les dimensions exceptionnelles de la croix font pencher pour cette deuxième possibilité.
À partir de cette constatation, J.-R. Gaborit (voir bibliographie, 1976) a émis l'hypothèse que le diacre-reliquaire aujourd'hui à Billanges, d'une hauteur d'environ 33 cm, est un vestige de cette croix monumentale et constituait une de ses appliques. Seul élément échappé à la fonte, en tant que reliquaire, ce diacre aurait été monté successivement sur une base hétérogène ensuite réémaillée. La datation proposée pour l'oeuvre est donc en ligne avec celle du diacre-reliquaire, entre 1220 et 1230. B. Drake-Boehm appuie cette reconstitution, remarquant que la petite figure émaillée de Baltimore (Walters Art Gallery) représentant un diacre porteur d'un tableau-reliquaire, très proche de celui de Billanges, provient très probablement de l'extrémité d'une croix et confirme donc l'emploi de ce type d'applique sur ces objets. Plus récemment Élisabeth Taburet-Delahaye (cf. biblio 2003) a proposé de voir dans le grand Christ en applique acquis par le musée du Louvre en 2000 (inv. OA 11935) la figure centrale de cette croix monumentale. Si ses dimensions sont effectivement plus grandes que celles des appliques limousines (36.5 cm de hauteur et 25.9 cm de largeur), elles semblent pourtant toujours trop réduites par rapport à la taille exceptionnelle de la croix (2.70 mètres de hauteur).
Ces propositions, bien que très probantes, demeurent pourtant des hypothèses n'ayant pas été confirmées par d'évidences ultérieures jusqu'à présent.
Faute d' éléments significatifs pour dater l'oeuvre, il convient de proposer une fourchette chronologique large, entre 1180 et 1225, moment de plus grand essor de l'Ordre de Grandmont correspondant au moment où la plupart des objets ci-dessus évoqués furent réalisés.
Indépendamment de la reconstitution de sa structure, cette croix devait être particulièrement somptueuse : ses proportions monumentales, son emplacement sur l'autel majeur de l'abbaye de Grandmont et, enfin, l'excellente qualité des œuvres commandées par cet ordre le confirment indirectement.
La mention plus ancienne relative à cette pièce se trouve dans un recueil de compilation intitulé Antiquités de Grandmont écrit par Pardoux de Lagarde, mort en 1591. Ce manuscrit, après avoir fait longtemps partie de la bibliothèque du séminaire de Limoges sous le n° 81, appartient maintenant à la Bibliothèque des Archives Départementales de la Haute-Vienne, ms n° 172. L'auteur rapporte que la croix en cuivre émaillé se situait, dans la deuxième moitié du XVIe siècle, sur l' "autel de prime" de l'abbaye de Grandmont et comportait à sa base un petit coffret recelant des reliques. Lagarde précise que la figure du Christ - véritablement en applique - est "toute garnye de pierrerie au nombril du crucifix", se référant très probablement aux pierres colorées des orfrois du perizonium des figures d'applique limousines.
Cette croix est certainement celle décrite en 1771 par le subdélégué de la généralité de Limoges, Martial de Lépine, chargé de faire l'inventaire de Grandmont avant la suppression de l'Ordre : "une grande croix de bois revêtue de cuivre jaune emaillé, la tige ayant neuf pieds de longueur et la croisée quatre pieds, sur laquelle se voit un Christ couronné, un st Pierre au-dessous et encore une autre figure au-dessous avec une inscription portant que cette croix contient du bois de la vraye croix, un morceau de la tunique du Sauveur, des reliques de la Ste Vierge, des apôtres st. Pierre, st Paul, st. Martial, etc". L'abbé Texier (voir bibliographie, 1843), ajoute - d'après les notes de l'abbé Legros - que toutes les reliques étaient renfermées dans un coffret situé aux pieds de la croix, portant une inscription qui détaillait son contenu. Texier nous renseigne sur le sort de l'oeuvre : elle fit partie des objets achetés en 1789 par Coutaud, chaudronnier et fondeur de Limoges qui les fondit.
En croisant ces descriptions il est possible d'avoir une idée approximative de cette pièce : croix reliquaire aux dimensions exceptionnelles (2.70 m de hauteur et 1.20 m de largeur), elle était décorée à l'avers d'une figure d'applique représentant le Christ couronné, agrémentée par des pierreries colorées. Au-dessus, un personnage non identifié et au-dessous saint Pierre (impossible de savoir si ces figures étaient émaillées ou en applique). Le coffret à la base de la croix était enfin parcouru d'une longue inscription (cf. Inscriptions) spécifiant son contenu : bois de la Vraie Croix, morceau de la tunique du Sauveur, reliques de la Vierge, et de plusieurs saints et apôtres, dont Pierre, Paul et saint Martial (l'apôtre du Limousin).
Parmi les œuvres qui nous sont parvenues de l'Ordre de Grandmont, client monastique majeur des ateliers limousins, figurent : les deux plaques du musée de Cluny représentant l' Adoration des Mages et Hugo Lacerta et Etienne Muret (Cl. 956 a et b), l'ange de Saint-Sulpice-les-Feuilles, la monumentale chasse d'Ambazac (église Saint-Antoine), les figures d'Apôtres (Saint Matthieu, musée du Louvre, MR. 2650, Saint Jacques le Majeur, New York, The Metropolitan Museum of Art, inv. 17.190.123, Saint Philippe, Saint-Pétersbourg, musée de l'Ermitage, inv. psi 194, Saint Paul et Saint Thomas, Paris, musée du Petit Palais, inv. OD 1239(1 et 2), Saint Martial, Florence, Museo Nazionale del Bargello, inv. 649), l'effigie de Guillaume de Treignac, Prague, Umeleckoprumyslové Museum, inv. 3959, le relief répresentant le Miracle de l'enfant d'Ambazac , Chaalis, musée Jacquemart-André, inv. 1020 et le diacre-reliquaire des Billanges, église paroissiale de la Nativité de Saint-Jean Baptiste.
Geneviève Souchal (voir bibliographie 1963, 1967) souligne la difficulté à définir avec précision la structure et la technique d’exécution de cette pièce : croix entièrement champlevé "à plat", comme l'exemplaire maintenant au musée de Cleveland (inv. 23.1051) ou bien croix émaillée et agrémentée de figures d'applique? Les dimensions exceptionnelles de la croix font pencher pour cette deuxième possibilité.
À partir de cette constatation, J.-R. Gaborit (voir bibliographie, 1976) a émis l'hypothèse que le diacre-reliquaire aujourd'hui à Billanges, d'une hauteur d'environ 33 cm, est un vestige de cette croix monumentale et constituait une de ses appliques. Seul élément échappé à la fonte, en tant que reliquaire, ce diacre aurait été monté successivement sur une base hétérogène ensuite réémaillée. La datation proposée pour l'oeuvre est donc en ligne avec celle du diacre-reliquaire, entre 1220 et 1230. B. Drake-Boehm appuie cette reconstitution, remarquant que la petite figure émaillée de Baltimore (Walters Art Gallery) représentant un diacre porteur d'un tableau-reliquaire, très proche de celui de Billanges, provient très probablement de l'extrémité d'une croix et confirme donc l'emploi de ce type d'applique sur ces objets. Plus récemment Élisabeth Taburet-Delahaye (cf. biblio 2003) a proposé de voir dans le grand Christ en applique acquis par le musée du Louvre en 2000 (inv. OA 11935) la figure centrale de cette croix monumentale. Si ses dimensions sont effectivement plus grandes que celles des appliques limousines (36.5 cm de hauteur et 25.9 cm de largeur), elles semblent pourtant toujours trop réduites par rapport à la taille exceptionnelle de la croix (2.70 mètres de hauteur).
Ces propositions, bien que très probantes, demeurent pourtant des hypothèses n'ayant pas été confirmées par d'évidences ultérieures jusqu'à présent.
Faute d' éléments significatifs pour dater l'oeuvre, il convient de proposer une fourchette chronologique large, entre 1180 et 1225, moment de plus grand essor de l'Ordre de Grandmont correspondant au moment où la plupart des objets ci-dessus évoqués furent réalisés.
Indépendamment de la reconstitution de sa structure, cette croix devait être particulièrement somptueuse : ses proportions monumentales, son emplacement sur l'autel majeur de l'abbaye de Grandmont et, enfin, l'excellente qualité des œuvres commandées par cet ordre le confirment indirectement.
Inscriptions
Type d'inscription :
Transcription :
QUEDAM PARS VERE CRUCIS HOC INCLUDITUR ERE
QUA FUIT IPSE JHESUS CLAVIS ET ARUNDINE LESUS
ET SATANAM STRAVIT, SIMUL ET MORTEM SUPERAVIT,
NAM PORTAS CELI SIC PANDIT CUIQUE FIDELI,
HEC CRUX CONTINET RELIQUIAS DE SEPULCRO DOMINI, ET
DE TUNICA INCONSUTILI ; ET DE COLUMPNA IN QUA FUIT LIGATUS,
ET DE TABULA IN QUA FUIT POSITUS ; ET DE CUNABOLO IPSIUS ; ET DE
SEPULCRO BEATE MARIE, ET DE SANCTIS APOSTOLIS ANDREA, PHILIPO,
JACOBO, THOMA, BARTHOLOMEO, BARNABA, MATHEO, MATHIA,
MARCIALI ; ET DE SANCTIS MARTIRIBUS LAURENCIO, DIONISIO,
ELEUTERIO, ERMETE, MAURICIO, THEODORO,
EUSTACHIO ; ET DE INNOCENTIBUS ; ET DE SANCTIS CONFESSORIBUS,
GREGORIO, MARTINO ; ET DE SANCTA MARIA MAGDALENA ;
ET EUFEMIA, ET AGATHA, ET KATHERINA, ET PLURES ALIAS.
QUA FUIT IPSE JHESUS CLAVIS ET ARUNDINE LESUS
ET SATANAM STRAVIT, SIMUL ET MORTEM SUPERAVIT,
NAM PORTAS CELI SIC PANDIT CUIQUE FIDELI,
HEC CRUX CONTINET RELIQUIAS DE SEPULCRO DOMINI, ET
DE TUNICA INCONSUTILI ; ET DE COLUMPNA IN QUA FUIT LIGATUS,
ET DE TABULA IN QUA FUIT POSITUS ; ET DE CUNABOLO IPSIUS ; ET DE
SEPULCRO BEATE MARIE, ET DE SANCTIS APOSTOLIS ANDREA, PHILIPO,
JACOBO, THOMA, BARTHOLOMEO, BARNABA, MATHEO, MATHIA,
MARCIALI ; ET DE SANCTIS MARTIRIBUS LAURENCIO, DIONISIO,
ELEUTERIO, ERMETE, MAURICIO, THEODORO,
EUSTACHIO ; ET DE INNOCENTIBUS ; ET DE SANCTIS CONFESSORIBUS,
GREGORIO, MARTINO ; ET DE SANCTA MARIA MAGDALENA ;
ET EUFEMIA, ET AGATHA, ET KATHERINA, ET PLURES ALIAS.
Langue :
Emplacement :
lame de cuivre rouge, dorée et émaillée, fixée sur le petit coffre contenant les reliques situé au pied de la croix
Commentaire Inscriptions :
caractères datables des XIIe/XIIIe siècle
Commentaires historiques
Commentaire historique :
Dans le trésor de l'abbaye de Grandmont (Limousin) depuis le Moyen Âge. Une note tracée par l'abbé Gros sur la minute d'inventaire de 1771 mentionne que la croix était à ce moment dans la bibliothèque abbatiale, afin de la protéger peut-être des émeutes révolutionnaires. Achetée en 1789 par Coutaud, chaudronnier et fondeur de Limoges, qui la destina à la fonte avec toutes les œuvres en cuivre qu'il avait acquises. Il donna certaines des reliques conservées dans la croix aux dames de la Visitation de Limoges.
Historiques de collection
Collection :
Dans son essai (cf. Bibliographie, 1857), l'abbé Texier cite l'inventaire de 1567 de l'abbaye de Grandmont : aucun objet semble correspondre à notre croix, ce qui suggère de situer son arrivée à Grandmont après cette date. Pourtant, il est possible que bien que déjà présente, cette oeuvre fut exclue de l'inventaire en raison de son matériau d'exécution : en effet, la liste ne semble comprendre que des objets en or et argent.
Bibliographies / archives
Commentaire Bibliographies / archives :
p. 266-267
Commentaire Bibliographies / archives :
p. 904
Commentaire Bibliographies / archives :
p. 217-218, n°108
Source
source : Institut national d'histoire de l'art (France) / Musée du Louvre (Paris) / Ville de Limoges - licence : Attribution 4.0 International (CC BY 4.0)
Rédacteur
Lorenzo Margani, INHA