Le Voyage de Jacob
Pas d'illustration
Titres
Titre :
Le Voyage de Jacob
Localisations
Lieu de conservation :
Type de Cote / numéro :
Cote / numéro :
P 80
Type de Cote / numéro :
Cote / numéro :
3292
Inscriptions
Type d'inscription :
Transcription :
A [van] velde.f / 1663
Emplacement :
Bord gauche
Créations / exécutions
Personne liée à l'oeuvre :
Rôle :
Commentaire Rôle :
Le catalogue de 1845 précise que l'oeuvre est signée.
Type de date :
Date de création :
1663
- Le catalogue de 1845 précise que l'oeuvre est datée.
Historiques de collection
Collection :
Selon le catalogue de 1845, coll. de la comtesse de Verrue ; coll. Leendert de Neuville ; Amsterdam, Smeth van Alphen ; vente de Lebrun, 1811 ; acquis par le cardinal Fesch pour 24000 francs ; estimé à 500 scudi dans l'inventaire après décès du cardinal Fesch.
Evénement :
Description du catalogue de 1845 :
Tel est le titre qui de tout temps a appartenu à ce tableau, et dont nous ne contesterons pas la valeur malgré de légères inexactitudes historiques, telles que l'âge des enfants, la disposition du paysage, etc Le penchant de Vanden Velde à peindre de petits enfants, son goût pour l'arrangement des paysages, expliquent parfaitement de tels écarts... le peintre doit passer avant l'historien.
Vers le déclin d'un beau jour, au moment où les vapeurs du soir s'élèvent des montagnes, et s'agglomèrent en nuages grisâtres qui se promènent majestueusement sur l'azur du ciel coloré des dernières teintes du soleil couchant, Jacob suivi de tous les siens, s'éloigne de la maison de Laban. Ses femmes, ses enfants, ses nombreux troupeaux, la multitude de ses serviteurs, ses chameaux, s'acheminent lentement sur ses pas, dans une route qui traverse une charmante vallée. Cette vallée dominée à droite par une montagne verdoyante, au sommet et à la base de laquelle on remarque deux petites habitations environnées d'arbres variés, est défendue en arrière par une chaîne de verts coteaux, au-dessus desquels s'élève, dans le lointain, la tête grisâtre et dépouillée d'une haute montagne.
La caravane fugitive remplit toute l'étendue de la route ; quelques troupeaux rétardataires se montrent encore au loin, suivant les ondulations de la colline, sous la conduite de leurs pasteurs qui se hâtent de rejoindre leurs compagnons.
Jacob, nous l'avons dit, marche en tête de cette multitude éparse. Coiffé d'un turban bleu clair, vêtu d'une tunique jaune rayée et d'un manteau brunâtre, il monte un beau cheval bai et s'entretient avec Rachel qui s'avance à sa gauche, sur un cheval blanc chargé de deux paniers, dans l'un desquels est un petit enfant endormi, et dans l'autre un jeune chevreau. L'épouse bien aimée du patriarche paraît écouter avec étonnement ses paroles. Elle n'a pour tout vêtement qu'un jupon bleu, et une chemise blanche à larges manches qui laisse à nu toute l'épaule gauche, ainsi que le sein auquel un jeune enfant est attaché. Ce petit être, qui repose sur les genoux de sa mère, est en même temps suspendu à son cou, au moyen d'un mouchoir qu'elle porte en écharpe. Un jeune garçon, nu-tête, un bâton à la main, et vêtu d'une seule tunique jaunâtre serrée à la taille par une ceinture rouge, conduit par la bride le cheval de Rachel. A côté de celle-ci vient un âne chargé de paniers et de ballots, sur lesquels un singe accroupi mange un fruit en narguant un autre singe qui, attaché sur un dromadaire, répond à son compagnon par une grimace affreuse et s'élance vers lui de toute la longueur du lien qui l'entrave. L'âne a pour conducteur un homme qui porte un bâton sur son épaule, et qui paraît être en même temps chargé du soin de trois belles vaches arrêtées près d'une mare où l'une d’elles se désaltère. Un peu plus en arrière, une foule de brebis et de vaches, surveillées par des pasteurs, traversent un gué.
L'attention, qu'un si grand mouvement de personnages et d'animaux captive tout entière, est néanmoins distraite par une gracieuse petite scène qui se passe, en avant du cheval de Rachel, entre un jeune chevreau, sa mère et un chien qui aboie après elle, et auquel celle-ci, pour protéger sa chère progéniture qui bondit à ses côtés, oppose deux cornes menaçantes. Comme pendant à cet épisode, on remarque, à droite du patriarche, une jeune mère qui, cédant sans doute aux instances de son fils, jeune enfant de trois à quatre ans, vient de le mettre à cheval sur un bouc qui précède un troupeau de brebis qu'un pâtre chasse devant lui avec son bâton. La jeune femme maintient, avec une sollicitude admirable, son enfant dans cet exercice dont il s'amuse beaucoup ; le bouc lui-même n'en paraît pas mécontent, car il marche fièrement et sans fléchir sous son précieux fardeau. Enfin derrière Jacob s'avance un homme conduisant un dromadaire charge d'énormes fardeaux, sur lesquels est encore assis un jeune homme qui s'entretient avec une femme et un enfant, tous deux également montés sur un autre dromadaire et abrités sous un parasol : cette femme est sans doute Lia avec un de ses fils.
Cette composition capitale, la plus riche qui soit jamais sortie du pinceau de Vanden Velde, était déjà regardée, il y a plus d'un siècle, comme l'un des plus gracieux ornements de la célèbre collection de la comtesse de Verrue. Au temps de Descamps, elle faisait partie, ainsi qu’il le dit lui même dans son ouvrage, du cabinet Leendert de Neuville. Plus tard, on l'admirait encore parmi les tableaux si bien choisis du conseiller Smeth Van Alphen d'Amsterdam ; enfin, elle parut en 1811 dans une vente de Lebrun, et le cardinal en devint l'heureux possesseur (1).
Après ce court exposé, qui intéressera peut-être davantage les amateurs que l'analyse la mieux raisonnée, nous le demandons, quels éloges pourraient encore trouver place ici ? Que dire désormais qui ne semble fastidieux et froid à côté de ce qu'on doit nécessairement penser d'un tableau si généralement connu, si grandement estimé, et qui a figuré avec tant d'éclat dans des collections si célèbres ? Certes nos paroles, eussent elles le don de persuader, fussent-elles empreintes de cette chaleur d'enthousiasme que provoque toujours la vue d'une belle œuvre de l'art, ne répondront jamais à la réputation du tableau.
Cela étant, nous ne reviendrons pas ici sur l'art enchanteur avec lequel Vanden Velde est parvenu à nous séduire : ce serait d'ailleurs nous obliger à une nouvelle énumération de brillantes qualités qui distinguent son talent ; et nous préférons, afin de compléter la description du tableau, que cependant nous nous sommes efforcé de rendre aussi exacte que possible, nous préferons, disons-nous, faire remarquer qu’on y compte vingt-six figures, deux chevaux, quatre chameaux, sept bœufs ou vaches, un mulet, deux ânes, une chèvre un bouc et un chevreau, un chien, deux singes, et enfin soixante brebis ou béliers.
Résumons : lorsque dans une aussi riche composition, le peintre, toujours digne de lui-même, a déployé la même perfection qu'on admire dans ses autres ouvrages, considérés déjà comme fort importants quand on y compte deux figures et sept ou huit animaux, je le demande, quelle idée ne se formera-t-on pas de celui-ci ? Ne pensera-t-on pas avec nous que, pour porter Vanden Velde à créer une œuvre qui a dû lui coûter à la fois tant d'efforts, de soins et de temps, il n'a fallu rien moins que d'immenses sacrifices de la part de quelque riche amateur qui tenait à posséder l'œuvre la plus capitale du maître ? Nous ne disons pas assez, il a fallu, sans doute aussi, qu'aux yeux du maître lui-même, il s'y rattachât une grande pensée de gloire.
C'est donc tout ensemble, et comme l'œuvre de sa gloire, et comme son œuvre capitale, que nous présentons cette composition de Vanden Velde, et en ceci nous ne lui donnons rien ; car c'est bien sous ces titres glorieux qu'elle a traversé le monde des arts ; c'est comme telle que la considérait Le Brun quand il disait dans le catalogue où il en fait mention : "Tous les détails dans lesquels nous serions obligés d'entrer nous mèneraient trop loin ; nous nous bornons à inviter à venir voir ce chef-d'œuvre dont on ne peut se former aucune idée. Nous sommes persuadés seulement qu'il n'existe rien de comparable dans aucune collection ni cabinet de l'Europe. " (Signé et daté de 1663)
(1) En 1811, ce tableau fut payé par son éminence, 24,000 fr. Nous croyons devoir en rappeler le prix comme une preuve de l'importance qu'on a de tout temps attachée à ce bel ouvrage. Car, à cette même époque le joli petit tableau de Vanden Velde de la vente Goupy-Dupré ne se vendait encore que 3,023 fr. ; tandis qu'en 1832, à la vente Erard, il atteignait déjà le prix de 8,550 fr. En 1809, le départ pour la chasse, du cabinet Emler, ne trouvait pas d'enchérisseurs au-delà de 7,360 fr., et le même tableau, à notre vente Perrégaux, était soutenu avec une noble concurrence par plusieurs amateurs au-delà de 25,000 fr., et fut enfin abandonné à regret à 26,850 prix d’adjudication.
Tel est le titre qui de tout temps a appartenu à ce tableau, et dont nous ne contesterons pas la valeur malgré de légères inexactitudes historiques, telles que l'âge des enfants, la disposition du paysage, etc Le penchant de Vanden Velde à peindre de petits enfants, son goût pour l'arrangement des paysages, expliquent parfaitement de tels écarts... le peintre doit passer avant l'historien.
Vers le déclin d'un beau jour, au moment où les vapeurs du soir s'élèvent des montagnes, et s'agglomèrent en nuages grisâtres qui se promènent majestueusement sur l'azur du ciel coloré des dernières teintes du soleil couchant, Jacob suivi de tous les siens, s'éloigne de la maison de Laban. Ses femmes, ses enfants, ses nombreux troupeaux, la multitude de ses serviteurs, ses chameaux, s'acheminent lentement sur ses pas, dans une route qui traverse une charmante vallée. Cette vallée dominée à droite par une montagne verdoyante, au sommet et à la base de laquelle on remarque deux petites habitations environnées d'arbres variés, est défendue en arrière par une chaîne de verts coteaux, au-dessus desquels s'élève, dans le lointain, la tête grisâtre et dépouillée d'une haute montagne.
La caravane fugitive remplit toute l'étendue de la route ; quelques troupeaux rétardataires se montrent encore au loin, suivant les ondulations de la colline, sous la conduite de leurs pasteurs qui se hâtent de rejoindre leurs compagnons.
Jacob, nous l'avons dit, marche en tête de cette multitude éparse. Coiffé d'un turban bleu clair, vêtu d'une tunique jaune rayée et d'un manteau brunâtre, il monte un beau cheval bai et s'entretient avec Rachel qui s'avance à sa gauche, sur un cheval blanc chargé de deux paniers, dans l'un desquels est un petit enfant endormi, et dans l'autre un jeune chevreau. L'épouse bien aimée du patriarche paraît écouter avec étonnement ses paroles. Elle n'a pour tout vêtement qu'un jupon bleu, et une chemise blanche à larges manches qui laisse à nu toute l'épaule gauche, ainsi que le sein auquel un jeune enfant est attaché. Ce petit être, qui repose sur les genoux de sa mère, est en même temps suspendu à son cou, au moyen d'un mouchoir qu'elle porte en écharpe. Un jeune garçon, nu-tête, un bâton à la main, et vêtu d'une seule tunique jaunâtre serrée à la taille par une ceinture rouge, conduit par la bride le cheval de Rachel. A côté de celle-ci vient un âne chargé de paniers et de ballots, sur lesquels un singe accroupi mange un fruit en narguant un autre singe qui, attaché sur un dromadaire, répond à son compagnon par une grimace affreuse et s'élance vers lui de toute la longueur du lien qui l'entrave. L'âne a pour conducteur un homme qui porte un bâton sur son épaule, et qui paraît être en même temps chargé du soin de trois belles vaches arrêtées près d'une mare où l'une d’elles se désaltère. Un peu plus en arrière, une foule de brebis et de vaches, surveillées par des pasteurs, traversent un gué.
L'attention, qu'un si grand mouvement de personnages et d'animaux captive tout entière, est néanmoins distraite par une gracieuse petite scène qui se passe, en avant du cheval de Rachel, entre un jeune chevreau, sa mère et un chien qui aboie après elle, et auquel celle-ci, pour protéger sa chère progéniture qui bondit à ses côtés, oppose deux cornes menaçantes. Comme pendant à cet épisode, on remarque, à droite du patriarche, une jeune mère qui, cédant sans doute aux instances de son fils, jeune enfant de trois à quatre ans, vient de le mettre à cheval sur un bouc qui précède un troupeau de brebis qu'un pâtre chasse devant lui avec son bâton. La jeune femme maintient, avec une sollicitude admirable, son enfant dans cet exercice dont il s'amuse beaucoup ; le bouc lui-même n'en paraît pas mécontent, car il marche fièrement et sans fléchir sous son précieux fardeau. Enfin derrière Jacob s'avance un homme conduisant un dromadaire charge d'énormes fardeaux, sur lesquels est encore assis un jeune homme qui s'entretient avec une femme et un enfant, tous deux également montés sur un autre dromadaire et abrités sous un parasol : cette femme est sans doute Lia avec un de ses fils.
Cette composition capitale, la plus riche qui soit jamais sortie du pinceau de Vanden Velde, était déjà regardée, il y a plus d'un siècle, comme l'un des plus gracieux ornements de la célèbre collection de la comtesse de Verrue. Au temps de Descamps, elle faisait partie, ainsi qu’il le dit lui même dans son ouvrage, du cabinet Leendert de Neuville. Plus tard, on l'admirait encore parmi les tableaux si bien choisis du conseiller Smeth Van Alphen d'Amsterdam ; enfin, elle parut en 1811 dans une vente de Lebrun, et le cardinal en devint l'heureux possesseur (1).
Après ce court exposé, qui intéressera peut-être davantage les amateurs que l'analyse la mieux raisonnée, nous le demandons, quels éloges pourraient encore trouver place ici ? Que dire désormais qui ne semble fastidieux et froid à côté de ce qu'on doit nécessairement penser d'un tableau si généralement connu, si grandement estimé, et qui a figuré avec tant d'éclat dans des collections si célèbres ? Certes nos paroles, eussent elles le don de persuader, fussent-elles empreintes de cette chaleur d'enthousiasme que provoque toujours la vue d'une belle œuvre de l'art, ne répondront jamais à la réputation du tableau.
Cela étant, nous ne reviendrons pas ici sur l'art enchanteur avec lequel Vanden Velde est parvenu à nous séduire : ce serait d'ailleurs nous obliger à une nouvelle énumération de brillantes qualités qui distinguent son talent ; et nous préférons, afin de compléter la description du tableau, que cependant nous nous sommes efforcé de rendre aussi exacte que possible, nous préferons, disons-nous, faire remarquer qu’on y compte vingt-six figures, deux chevaux, quatre chameaux, sept bœufs ou vaches, un mulet, deux ânes, une chèvre un bouc et un chevreau, un chien, deux singes, et enfin soixante brebis ou béliers.
Résumons : lorsque dans une aussi riche composition, le peintre, toujours digne de lui-même, a déployé la même perfection qu'on admire dans ses autres ouvrages, considérés déjà comme fort importants quand on y compte deux figures et sept ou huit animaux, je le demande, quelle idée ne se formera-t-on pas de celui-ci ? Ne pensera-t-on pas avec nous que, pour porter Vanden Velde à créer une œuvre qui a dû lui coûter à la fois tant d'efforts, de soins et de temps, il n'a fallu rien moins que d'immenses sacrifices de la part de quelque riche amateur qui tenait à posséder l'œuvre la plus capitale du maître ? Nous ne disons pas assez, il a fallu, sans doute aussi, qu'aux yeux du maître lui-même, il s'y rattachât une grande pensée de gloire.
C'est donc tout ensemble, et comme l'œuvre de sa gloire, et comme son œuvre capitale, que nous présentons cette composition de Vanden Velde, et en ceci nous ne lui donnons rien ; car c'est bien sous ces titres glorieux qu'elle a traversé le monde des arts ; c'est comme telle que la considérait Le Brun quand il disait dans le catalogue où il en fait mention : "Tous les détails dans lesquels nous serions obligés d'entrer nous mèneraient trop loin ; nous nous bornons à inviter à venir voir ce chef-d'œuvre dont on ne peut se former aucune idée. Nous sommes persuadés seulement qu'il n'existe rien de comparable dans aucune collection ni cabinet de l'Europe. " (Signé et daté de 1663)
(1) En 1811, ce tableau fut payé par son éminence, 24,000 fr. Nous croyons devoir en rappeler le prix comme une preuve de l'importance qu'on a de tout temps attachée à ce bel ouvrage. Car, à cette même époque le joli petit tableau de Vanden Velde de la vente Goupy-Dupré ne se vendait encore que 3,023 fr. ; tandis qu'en 1832, à la vente Erard, il atteignait déjà le prix de 8,550 fr. En 1809, le départ pour la chasse, du cabinet Emler, ne trouvait pas d'enchérisseurs au-delà de 7,360 fr., et le même tableau, à notre vente Perrégaux, était soutenu avec une noble concurrence par plusieurs amateurs au-delà de 25,000 fr., et fut enfin abandonné à regret à 26,850 prix d’adjudication.
Evénement :
Description du catalogue de 1841 :
C'est un paysage orné de figures. L'auteur s'y distingue par une belle couleur et une précieuse exécution.
C'est un paysage orné de figures. L'auteur s'y distingue par une belle couleur et une précieuse exécution.
Bibliographies / archives
Commentaire Bibliographies / archives :
p.439
Référence :
Inventaire après décès du cardinal Fesch, Archivio dei 30 notari Capitolini, ufficio 11, notaio Apolloni Augustus, anno 1839, vol. 611, 37 r. 600 r.
fol. 218. n° 3292. Quadro in tela alto piedi quattro, e un sesto, largo piedi cinque, e un terzo rappresentante il Viaggio di Giacobbe di Wandervelde Scudi Mille 1000 (...) fol. 338 v. Il Quadro descrito sotto il n° 3292 rappresentante il Viaggio di Giacobbe di Wandervelde valutato Scudi Mille si diminuisce di Scudi Cinquecento
Source
source : Institut national d'histoire de l'art (France) / Ville d'Ajaccio - licence : Attribution 4.0 International (CC BY 4.0)