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[1887, peinture, rapport Institut primitif]Rapport primitif de l'Institut sur les envois de 1887, pe [...]

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Dernière modification
02/12/2021 10:47 (il y a environ 3 ans)
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Description
[1887, peinture, rapport Institut primitif]
Rapport primitif de l'Institut sur les envois de 1887, peinture
TYPE : rapport de l'Institut de France - primitif
AUTEUR : Anonyme
PAGE DE TITRE : Rapport sur les envois de Rome 1887. Peinture
LIEU DE REDACTION : Paris
DATE : 1887
COMMENTAIRE : Le rapport primitif sur les envois de Rome de 1887 a été déclassé dans le carton 5 E 69 (1886).
Descriptions
Transcription : 
M. Popelin / 4e année / Le tableau de M. Popelin représente un caveau où sont jetés pêle-mêle des corps de martyrs chrétiens, parmi lesquels celui d'une jeune fille Sainte Prascine dont la légende dit qu'il fut préservé de la décomposition. / L'aspect du tableau ne manque pas de vigueur ; les deux plans de roches volcaniques se profilant sur un ciel bleu constituent un fond favorable à l'expression d'une scène dramatique. Au premier plan, est étendu le corps de la jeune martyre, vêtu de blanc et tombé à plat sur la poitrine, le bras gauche porté en avant, la main entrouverte et cette main est dessinée et peinte avec souplesse ; mais, à côté de l'autre main crispée sur le sol, la tête d'ailleurs trop grosse est enveloppée d'une ombre opaque sous laquelle disparaissent absolument les traits de ce visage qu'il aurait pourtant été si nécessaire de montrer. De plus aucune des formes de ce corps n'étant exprimé par un contour, ni indiqué par les pans de la draperie, il en résulte pour le spectateur une fâcheuse incertitude sur la construction exacte de l'ensemble et même sur la présence d'un corps sous le vêtement. A un plan plus éloigné on voit le dos tuméfié d'un cadavre renversé sur la hanche [ajouté : dont la couleur est juste mais] dont la forme et le modelé est indécis, et, plus loin encore, à gauche, deux autres cadavres aux membres si confusément enchevêtrés qu'il est impossible d'attribuer tels bras ou telles jambes à celui-ci ou celui-là. Il est juste de reconnaître toutefois que les parties compréhensibles de ce groupe sont bien coloriées et solidement peintes. / En résumé, il semble que M. Popelin ait pris à tâche de négliger [rayé : dans le sujet qu'il a choisit] ce que le sujet comportait de particulièrement intéressant et d'idéal. Et pourtant quoi de plus propre à inspirer heureusement un artiste que le contraste entre des cadavres représentés [rayé : tels que la mort les a faits ; mis à la place : dans leur lugubre réalité] et le corps d'une jeune vierge dont la beauté demeure miraculeusement incorruptible. En constatant l'habileté matérielle dont M. Popelin a fait preuve dans quelques parties de son tableau, l'Académie regrette vivement qu'il ne l'ait pas approprié à l'exécution d'une oeuvre, qui par l'élévation du sentiment et du style aurait clos plus dignement la série de ses travaux comme pensionnaire de l'Académie de France. M. Baschet, 3e année / M. Baschet, pour son envoi de troisième année, n'a soumis à l'examen de l'Académie que la copie d'après Ghirlandaio, un fragment d'une de ses fresques de la Chapelle Sixtine. L'article du règlement concernant les obligations du pensionnaire de troisième année porte cependant que celui-ci outre " une copie d'après les un grand maître " doit exécuter une " esquisse originale ". En se dispensant de remplir la seconde des conditions expressément imposées, M. Baschet a commis une infraction que l'Académie blâme hautement. / La copie qu'il a envoyé [ajouté : reproduit] d'ailleurs avec [rayé : excellente de tous points ; mis à la place : une exactitude scrupuleuse] et une finesse remarquable le dessin, le style et la couleur de la peinture originale. Toutefois, l'Académie eût préféré que ces qualités fussent employées à la reproduction d'une oeuvre plus profitable, en raison de ses mérites propres, aux études et aux progrès de ce pensionnaire. M. Pinta / 2e année / Sainte Marthe. Suivant la légende, Sainte Marthe après son débarquement miraculeux à Marseille, dans le premier siècle, délivra la Provence d'un monstre nommé Tarasque qui ravageait les bords du Rhône. L'histoire à son tour rapporte que, vers la fin de ce même siècle, Saint Ignace Théophore fonda à Tarascon, sous le vocable de Sainte Marthe, un monastère dont les religieuses avaient pour mission de recueillir les filles repenties. L'association de la légende à l'histoire a-t-elle fourni à M. Pinta le sujet de son tableau ? [rayé : Les caractères ; mis à la place : C'est ce que] la composition [rayé : semble autoriser cette hypothèse ; mis à la place : permet de croire], bien que la richesse et la coquetterie des ajustements ne laissent pas d'être en désaccord avec la simplicité des moeurs de la sainte aussi bien qu'avec le caractère particulier des costumes de l'époque. Quoi qu'il en soit, cette composition est ingénieuse et l'aspect de la scène attrayant. Des deux figures que le peintre a représentées, l'une [rayé : se tient de bout ; mis à la place : grande et belle jeune] femme, se tient debout couverte d'une ample draperie de velours noir couvert de brocart d'or sous un pan de laquelle se réfugie l'autre figure, une toute jeune fille entièrement nue et cachant son visage derrière son bras relevé. La jeune femme au visage d'un ton ambré et d'une expression douce sans fadeur, c'est Sainte Marthe. Ses cheveux blonds se confondraient avec l'auréole qui les entoure, si le scintillement de l'or vrai dont cette auréole est formée n'en faisait ressortir çà et là quelques mèches. D'une main un peu raide et fluette la sainte tient à la fois un bénitier d'argent minutieusement exécuté et l'extrémité de sa ceinture à laquelle le monstre captif est attaché, l'autre main appuyée sur la poitrine presse une des mains de la pécheresse qui elle [ajouté : se blottit] et semble vouloir se réfugier dans le giron de la pureté. Il y a sinon de l'originalité au moins de la grâce et une grâce chaste, dans le mouvement du corps de la jeune fille, mais le dessin et le modelé un peu veules de cette figure sont incomplètement rachetés par [rayé : l'agrément d']un coloris plutôt agréable que puissant et qui d'ailleurs a ce tort matériel d'être obtenu au moyen d'une pâte huileuse et filante promenée sur les rugosités, sous prétexte d'énergies d'une préparation presque brutale. En un mot, il y a lieu de regretter que le soin et l'habileté délicate avec lesquels M. Pinta a traité les carnations de la sainte, et en général tous les accessoires, y compris la Tarasque et le crâne du cheval, ne se retrouvent pas ou ne se retrouvent qu'à un moindre degré dans l'exécution des chairs de la jeune repentie. M. Axilette / 1e année. La première des deux études de femmes nues envoyées par M. Axilette représente une baigneuse vue de dos, la face tournée vers un bassin de pierre. Elle tord sa chevelure noire de ses mains bien posées et bien dessinées le mouvement [ajouté : d'ailleurs un peu viril] de la figure est simple, l'ensemble convenable ; mais on peut reprocher au dessin une servilité quasi photographique au modelé minutieusement étudié pourtant quelque insuffisance dans certaines parties, au coloris, assez vrai dans le détail, un manque d'unité et [rayé : d'ampleur ; mis à la place : de résolution]. En somme cette étude témoigne chez M. Axilette d'une sincérité attentive en face de la nature dont il faut lui savoir gré mais qu'on ne saurait louer néanmoins sans faire remarquer au jeune pensionnaire qu'en s'appliquant [ajouté : trop complaisamment] à l'étude des [rayé : détails ; mis à la place : formes partielles] il ne laisse pas d'y sacrifier quelque chose [rayé : du sentiment ; mis à la place : de l'étude] plus nécessaire encore des formes générales et de la masse. / La seconde étude de plus petites dimensions que celle dont nous venons de parler, devait peut-être dans la pensée de M. Axilette remplacer le dessin d'après l'oeuvre d'un maître exigé par le règlement. L'Académie ne peut admettre cette substitution qui, une fois tolérée, pourrait avoir dans l'avenir de fâcheuses conséquences. Cette seconde figure, entièrement nue et vue de dos comme la première, est celle d'une femme tirant à l'arc devant une futaie. [ajouté : Le mouvement de son corps] incliné vers le fond et un peu penché du côté droit tandis que la tête se retourne vers la gauche, inquiète le regard par sa complexité. La ligne fuyante que forment les épaules et que continue le geste des bras est d'un goût défectueux ; mais l'exécution général ne manque ni de souplesse ne de délicatesse ; le ton des chairs est agréable, notamment dans le torse qui est d'une coloration très fine. Il semble toutefois qu'en intitulant son tableau Diane M. Axilette ne s'est pas assez souvenu que Diane était la déesse de la pudeur. M. Axilette a envoyé avec ce tableau un dessin d'après un des bas-reliefs des métopes du Parthénon, dont malheureusement bien peu de parties sont restées intactes. Ce dessin, à tout prendre, n'est qu'un simple croquis et ne saurait être considéré comme une étude dans l'acception exacte de ce mot. En examinant dans leur ensemble les travaux envoyés cette année par les pensionnaires peintres, l'Académie n'y reconnaît pas les traces de l'influence vivifiante que devrait opérer sur ces jeunes artistes le milieu dans lequel ils ont l'heureuse fortune d'être placés. Excepté la nature des sujets choisis par eux, rien ne témoigne de leurs préoccupations en vue du grand art dont les plus magnifiques exemples sont sous leurs yeux ; il semble au contraire qu'ils se détournent du beau et qu'ils s'interdisent d'y aspirer pour n'avoir souci que des apparences de la virtuosité. L'Académie a le devoir de les avertir du grave péril auquel ils s'exposent. Chacun de leurs progrès dans l'ordre de l'habileté purement matérielle est acheté au prix de sacrifices ou de négligences dans la conception. A mesure que la main devient agile, l'esprit devient distrait ou paresseux. L'Académie pense qu'il est grand temps de couper court à tous ces errements étrangers qui font rêver avant tout [ajouté : de Paris] et des succès parisiens à ceux qu'elle envoie à Rome afin d'y recevoir les enseignements que Rome fournit, pour arrêter cette déroute du bon goût et du bon sens, elle exhorte énergiquement les pensionnaires peintres à orienter avec plus de zèle et de sincérité leurs études vers la nature dans sa signification élevée et vers les grands maîtres qui en ont été par excellence les interprètes.
Localisations
Cote / numéro : 
Académie des beaux-arts, 5 E 59
Source
source : Institut national d'histoire de l'art (France) - licence : Attribution 4.0 International (CC BY 4.0)
Commentaire interne
Base Envois de Rome FMP, fichier Documents.fp7, notice : £Rapport envois, primitif, 1887, peinture£ Notice créée le 12/06/2002. Notice modifiée le : 07/04/2017. Rédacteur : France Lechleiter.
Rédacteur
France Lechleiter