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[1849-1850, peinture, rapport Institut séance publique annuelle]Rapport sur les envois de peinture d [...]

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15/03/2022 09:30 (il y a plus de 2 ans)
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Description
[1849-1850, peinture, rapport Institut séance publique annuelle]
Rapport sur les envois de peinture de 1849 et 1850 examinés par la section en 1850
TYPE : rapport de l'Institut de France - officiel
AUTEUR : Raoul-Rochette, Désiré
PAGE DE TITRE : Rapport sur les ouvrages envoyés de Rome par les pensionnaires de l'Académie Nationale de France, pour les années 1848 et 1849 par M. Raoul-Rochette, Secrétaire perpétuel
LIEU DE REDACTION : Paris
DATE : 1850
Descriptions
Transcription : 
[p. 27] Messieurs, / L'année dernière, des circonstances malheureuses, qu'il est inutile de rappeler, avaient privé l'Académie de l'envoi des travaux des pensionnaires de Rome. Mais le regret qu'elle exprimait à cette occasion était adouci par l'espérance de voir cette fâcheuse lacune bientôt réparée, à l'honneur de notre école et à sa propre satisfaction. Cette espérance s'est [p. 28] heureusement et pleinement réalisée. Le double envoi que nous avons reçu cette année montre que tous nos pensionnaires ont rivalisé de zèle pour remplir leurs obligations ; il atteste de plus que les préoccupations pénibles au milieu desquelles ils s'étaient trouvés, et dont on pouvait craindre que l'effet ne se fît sentir dans leurs ouvrages, n'ont exercé aucune influence contraire à la bonne direction de leurs études. Nous sommes heureux d'avoir à signaler avant toute chose cette circonstance, d'abord parce qu'elle honore à la fois le caractère et le talent de nos jeunes artistes, et ensuite parce que nous y voyons un gage de plus de l'excellence des traditions qui règnent dans notre école de Rome, et qui en assurent le maintien et la prospérité. C'est sous l'impression de ce sentiment que l'Académie s'est livrée à l'examen des ouvrages que nos pensionnaires ont exécutés, dans le cours des deux années 1848 et 1849. En les embrassant dans leur ensemble, elle y a vu, avec un bonheur dont elle se plaît à rendre l'expression publique, une suite de sérieuses études et de louables efforts qui lui permettent cette année, plus que jamais, de ne pas s'arrêter à des observations de détail ; et nous sommes sûrs d'être son interprète, en réduisant autant que possible nos avertissements, pour n'avoir pas à ménager les témoignages de sa satisfaction. [p. 29] PEINTURE / M. Damery, qui était en 1848 à sa dernière année de pension, a envoyé un tableau de deux figures qui représente le trait touchant du Bon Samaritain. La composition laisse certainement beaucoup à désirer ; et il est facile de voir que l'exécution fournirait aussi matière à plus d'une observation ; mais ce qui n'est pas moins sensible, c'est que ce tableau, produit au milieu des troubles de 1848, n'est pas entièrement achevé. Nous croyons donc devoir nous abstenir d'y relever des imperfections, auxquelles nous savons que l'auteur est très capable de remédier. / M. BARRIAS / Deux tableaux, avec une esquisse peinte, composent le double envoi de M. Barrias ; une copie d'après la fresque d'Andrea del Sarto, la Madonna del Sacco, et un tableau d'histoire, de sa composition. La copie n'a droit qu'à des éloges, pour la manière dont elle est exécutée ; tout au plus pourrait-on y trouver à reprendre un peu de faiblesse de ton, s'il était possible d'apprécier avec exactitude l'effet de cette répétition, exposée à une lumière plus vive que celle qui frappe l'original. Le tableau a pour sujet les Exilés de Tibère. Hâtons-nous de dire que ce tableau a bien le caractère du sujet, le [p. 30] caractère romain. Les intentions des différents groupes, quoique variées, se rattachent bien à l'unité de la scène, et concourent également à l'intérêt. Les têtes sont généralement expressives. L'Académie a particulièrement remarqué la figure de femme drapée de noir, assise sur le premier plan ; son expression forte et vraie révèle une profonde affection de l'âme ; et la plupart des figures, y compris celles des rameurs, dont les têtes sont d'un bon caractère, contribuent bien, chacune pour sa part, à l'effet général. La couleur est vraie ; l'harmonie générale est bonne. C'est avec plaisir que l'Académie a vu, dans cette composition vraiment romaine, un ouvrage qui couronne dignement la pension de M. Barrias. Son esquisse, une scène de l'Agamemnon d'Eschyle, n'a pas précisément droit aux mêmes éloges. Le sujet ne s'y explique pas suffisamment. La figure d'Agamemnon s'y trouve à peu près perdue dans l'ensemble ; et l'arrangement général, qui ne manque pas d'une certaine grandeur, est trop théâtral. Du reste, cette esquisse est habilement exécutée. / M. LEON BENOUVILLE / Le double envoi de M. Léon Bénouville se compose de quatre ouvrages, tous remarquables à des titres divers. Le tableau d'Héro et Léandre se recommande par un genre de mérite, dont il faut avant tout tenir compte à l'artiste, le mérite d'une difficulté, sinon complètement vaincue, du moins abordée avec intelligence, celle de l'effet de clair de lune. Cet effet est bien compris sur le terrain, sur le fond et sur [p. 31] la figure de femme ; mais la lumière est trop éteinte sur celle du jeune homme. Nous devons dire que cette figure de Léandre a de l'élan, et qu'elle est, malgré quelques incorrections, d'un bon caractère de dessin. Nous ajouterons que l'exécution du tableau est vraie et consciencieuse, sans pouvoir dissimuler que ce qui y manque, c'est quelque chose du caractère grec du sujet. L'esquisse dessinée, en trois compartiments renfermant trois sujets de la vie de saint François d'Assise, est un ouvrage que l'Académie aime à louer à peu près sans restriction. Composition, expression, caractère, tout est digne d'éloge dans ce dessin, où l'on regrette seulement d'être obligé de dire que la figure du Saint, dans le compartiment supérieur, par la manière dont elle sort de la proportion générale, ne répond pas au mérite de la composition entière. La copie du même artiste, fragment tiré de la Dispute du saint sacrement, est un travail qu'on aura suffisamment apprécié en disant qu'il est bien dans le caractère du maître ; c'est donc une excellente copie. L'envoi de cette quatrième année se trouve complété par un grand dessin colorié, représentant les Martyrs conduits au supplice ; et ici surtout, nous aimons à dire que M. Léon Bénouville a bien compris la mission de son art, qui est d'élever l'âme par de nobles images. Le lieu de la scène représente un amphithéâtre, dont les barrières viennent de s'ouvrir. Le peuple impatient se penche sur les gradins pour voir entrer les chrétiens refoulés dans l'arène ; les sénateurs prennent place sur leurs sièges avec une gravité froide et indifférente. Au centre du tableau, les fidèles se pressent, en plusieurs groupes, aussi variés de mouvement que vrais d'intention. Au premier plan, deux saints [p. 32] martyrs expriment, dans leur attitude, la foi qui les soutient et qui les inspire, et leur calme religieux fait encore mieux ressortir l'agitation qui les entoure, et qui fait pressentir les scènes terribles qui vont suivre. Tout ici occupe fortement la pensée et intéresse puissamment l'âme ; il n'y a pas une figure oiseuse, pas un personnage inutile, et le danger se présente sous toutes ses formes, quoiqu'il soit hors de la toile. L'Académie est heureuse d'avoir à signaler à l'estime publique une composition si remarquable à tous égards, d'un caractère religieux si vrai, d'un si grand sentiment d'attitude et d'expression ; et elle croit pouvoir ajouter à ces éloges un vœu qu'ils autorisent : c'est qu'il serait digne d'un gouvernement ami des arts de commander le tableau à l'auteur de cette belle esquisse. / M. CABANEL / Pour son travail de troisième et de quatrième années, M. Cabanel nous a pareillement envoyé quatre morceaux : un tableau de sa composition, une copie, et deux esquisses, l'une peinte et l'autre dessinée. La tableau, qui a pour personnage principal saint Jean, est d'une bonne composition, d'un dessin énergique, d'une exécution ferme, dont la précision va peut-être quelquefois jusqu'à la sécheresse ; ce qu'on serait tenté de ne pas regarder comme un défaut dans une figure dont on sait que le caractère général est la maigreur. Les têtes sont pleines de vie et d'expression, et celle de l'enfant, qui écoute le saint avec une naïveté et une confiance charmantes, n'est pas indigne d'être citée, quoiqu'elle ne soit que secondaire. [p. 33] Les qualités que nous venons de louer dans le tableau de M. Cabanel, se retrouvent dans son esquisse des Derniers de la race de Saül. Il y a de l'originalité dans cette composition. Le sentiment poétique qui domine cette scène et son expression sauvage sont bien en rapport avec le sujet, qui est très dramatique et bien choisi. La copie de M. Cabanel, qui est son travail de quatrième année et qui est prise de la Dispute du saint sacrement, est faite avec intelligence et sentiment. C'est une copie qui tiendra dignement son rang dans cette suite d'études d'après les peintures des grands maîtres, qui sont la propriété de l'État, et pour lesquelles il ne reste désormais qu'une chose à faire, c'est de leur trouver une place convenable, une place telle que l'exigent l'honneur du pays et l'intérêt de l'art. A cette copie, M. Cabanel a joint une esquisse peinte, dont le sujet, tiré des Actes des apôtres, représente saint Paul et les fidèles de Césarée. La disposition de cette esquisse, dans les lignes générales, est bonne ; mais il y a manque d'harmonie dans l'effet et la couleur. On doit regretter que l'artiste n'ait pas suffisamment tiré parti de la réunion des quatre jeunes filles, qui, groupées plus simplement, plus largement, plus uniformément même, pourrions-nous dire, auraient fait avec les autres personnages une opposition heureuse. / M. LENEPVEU / Cet artiste, qui nous envoie, dans ses travaux de première et de seconde années, les prémices de ses études à Rome, nous met à même d'apprécier, de la manière la plus favorable pour lui, les progrès de son talent. Sa première figure d'étude, [p. 34] dont le sujet, Satan, est tiré de l'Évangile de saint Matthieu [sic], laissait quelque chose à désirer. Le sujet est original ; il y a, dans la conception de la figure, quelque chose de hardi ; son mouvement, qui a de l'élan, est bien senti et bien rendu, quoiqu'un peu forcé dans la partie supérieure ; mais on aurait voulu plus de variété de ton dans la coloration des chairs. La Mort d'Abel, qui est le tableau de seconde année de M. Lenepveu, constate un progrès que l'Académie se plaît à reconnaître. L'exécution de ce tableau est beaucoup plus vraie et plus forte que celle du précédent ; et l'on regrette seulement, dans la figure de Caïn, qu'elle n'ait pas le caractère de grandeur que comporte le sujet. Nous ne disons rien des dessins de M. Lenepveu, si ce n'est qu'ils n'ont pas satisfait l'Académie, et que, pour le juger sous ce rapport, nous l'attendrons à son prochain envoi. / PAYSAGE HISTORIQUE / Deux paysages composent l'envoi de M. Achille Bénouville pour les années 1848 et 1849 : l'un est une vue de la porte de Lariccia, l'autre représente Virgile aux bords de l'Anio ; tous les deux se distinguent, sous le rapport de l'exécution, par des qualités très remarquables. Le site du premier est bien choisi ; les arbres sont d'une belle forme ; le ciel est très lumineux : c'est une oeuvre de style, dont l'exécution est fine, et la couleur vraie et harmonieuse. Le second paysage de M. Achille Bénouville se recommande au même [p. 35] degré par les qualités de l'exécution et par l'harmonie de la couleur. La composition en est bonne ; le ciel a de la lumière ; les plans sont bien observés ; la couleur est vraie et elle a de la force de ton. Mais la présence de Virgile dans un paysage lui imprimait au plus haut degré le caractère historique, et le choix des arbres n'a pas le style que comportait un pareil sujet.
Localisations
Cote / numéro : 
Paris, Bibliothèque de l'Institut, 4° AA 34, 1850, tome 20, p. 35-39
Source
source : Institut national d'histoire de l'art (France) - licence : Attribution 4.0 International (CC BY 4.0)
Commentaire interne
Base Envois de Rome FMP, fichier Documents.fp7, notice : £Rapport envois, procès-verbal, 1850, peinture£ Notice créée le 24/10/2002. Notice modifiée le : 29/05/2018. Rédacteur : Pierre Serié.
Rédacteur
Pierre Serié