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Statut
Publiée
Contributeur
Geneviève François
Dernière modification
25/10/2023 17:46 (il y a environ 1 an)
Localisations
Lieu de conservation : 
Type de Cote / numéro : 
Cote / numéro : 
9091
Commentaires descriptifs
Commentaire descriptif : 

Le Christ d’applique est cloué à l’intersection ovale d’une plaque centrale de croix, sur le bois de la Croix en réserve dorée. Les extrémités de la plaque sont concaves. Souffrant, les yeux fermés, le Christ penche légèrement la tête à gauche ; derrière sa tête, un nimbe crucifère polychrome. Sa barbe est courte, ses cheveux tombent en longues mèches sur ses épaules, ses ses bras sont droits et ses genoux presque superposés. Il porte un long périzonium, selon l’iconographie traditionnelle du Christ dans la production limousine du XIIIe siècle. La gravure de l’applique est raffinée. Au-dessus de sa tête, titulus I H̃ S / X P͂ S gravé sur un bandeau en réserve dorée en forme de losange ; plus haut, Dextera Domini sortant des nuées. Ce motif reflète la tradition iconographique des souverains carolingiens et ottoniens. La main représente ici Dieu invisible (cf. Colossiens 1: 15) ; par son geste, Dieu confirme le pouvoir qu’il a donné à son Fils.

Des rangées régulières de rosettes et de disques polychromes (bleu clair, vert, jaune, rouge, blanc), délimités par une fine bordure pointillée, agrémentent le fond bleu foncé de la plaque. Dans deux larges disques disposés de part et d’autre de la tête du Christ, sont inscrites des croisettes dorées sur un fond vert, jaune et rouge. Au-dessous des bras du Christ, deux autres disques avec de jolis quatre-feuilles polychromes (bleu, rouge, blanc) sur un fond turquoise intense. L’iconographie de la croix écotée indique que la Croix de la Crucifixion est aussi la Croix de Vie et l’Arbre de Vie. Plus bas, un autre élément symbolise la vie : la figure en réserve dorée d’Adam, tendant ses bras vers le Christ et sortant du tombeau. Celui-ci, orné de rayures polychromes (bleu clair, vert, jaune, rouge, blanc, noir) et d’un couvercle noir à pois rouges, repose sur des mottes imbriquées évoquant le mont Golgotha. La plaque est délimitée par une bordure bicolore (bleu clair, blanc), doublée d’un filet doré gravé de hachures. La plaque comporte vingt-deux trous de fixation, par lesquels elle était assemblée à l’âme de bois de la croix.

Les extrémités concaves sont rares sur des plaques de croix ; il est donc probable que des plaques quadrilobées venaient s’insérer aux quatre extrémités de cette plaque, comme sur la reconstitution proposée par Ch. De Linas pour la croix de Garnerius conservée au Louvre (« Les crucifix champlevés, polychromes, en plate peinture, et les croix émaillées», Revue de l’Art chrétien. Nouv. Serie, t. 3, 1885, p. 457-458). Selon cette hypothèse, les extrémités de la croix s’achevaient par des plaques en T (OA 6278, cf. Thoby 1953, no. 2, p. 90, pl. I; « Enamels of Limoges 1100-1350 », exh. cat., 1996, no. 103, avec bibliographie complète).

Le Christ crucifié, non couronné, les yeux fermés, est représenté souffrant. Cette iconographie est dominante dans les croix limousines jusqu’à environ 1210, quand la représentation du Christ couronné et victorieux devient de plus en plus répandue. Cette évolution n’est bien sûr pas linéaire : elle se manifeste dans des ateliers différents à des moments différents, et varie aussi en fonction des objets (châsses, croix, plats de reliure).

La plaque de Copenhague est similaire à d’autres croix avec un Christ souffrant ; les plus proches sont celles de Londres, Victoria & Albert Museum, M. 575-1910, et de Reykjavík, Þjóðminjasafn Íslands, Þjms. 7032, avec un Christ aux yeux fermés, non couronné, cloué sur une croix émaillée. Même si dans l’exemplaire de Reykjavík la croix est verte, le détail d’Adam ressuscitant du tombeau, émaillé des mêmes couleurs que celui de la plaque étudiée ici, suggère un lien étroit entre ces oeuvres. L’iconographie d’Adam sortant du tombeau est bien antérieure à la plaque de Copenhague, et persiste dans les décennies suivantes, comme le montre la plaque de Garnerius du Louvre. Le personnage d’Adam est représenté aussi sur la croix de l’église d’Ärla (Suède), dont le Christ présente une iconographie de ‘transition’, plutôt originale, étant figuré souffrant, les yeux fermés, mais couronné.

Les caractéristiques évoquées ci-dessus, ainsi que l’exécution raffinée des décors, la taille considérable de la plaque, le travail soigné du métal, la qualité des émaux, la palette chromatique riche, ainsi que le décor pointillé, indiquent l’intervention d’un maître affirmé et original, œuvrant au début du XIIIe siècle.

États
Commentaire Etat de conservation : 

bon état général


Matérialité
Matériau : 
Commentaire Technique : 

émaux : bleu (foncé, moyen, clair), turquoise, vert, jaune, rouge, blanc, noir


Dimensions
Hauteur : 
380
Largeur : 
190
Unité de mesure : 
Commentaire Dimensions : 

dimensions à préciser

Inscriptions
Type d'inscription : 
Transcription : 

I H S X P S

Emplacement : 
avers
Commentaire Inscriptions : 

avec tildes

Représentations
Indexation Garnier-SMF : 
Commentaire Représentations : 

Crucifixion

Créations / exécutions
Date de création : 
Vers 1200
Historiques de collection
Commentaire Historique de collection : 

Provenant probablement d’une église inconnue du district de Sorø ou Roskilde, en Seelande, d’une église inconnue. Mentionnée pour la première fois dans l’inventaire royal (The royal Kunstkammer) en 1673, p. 167, puis dans celui de 1737, p. 869, no. 198. Transférée au Nationalmuseet en 1845.

Source
Institut national d'histoire de l'art (France) / Musée du Louvre (Paris) / Ville de Limoges
Licence
Attribution 4.0 International (CC BY 4.0)
Commentaire interne

TOME CEM II

Rédacteur
Mona Bramer Solhaug, Kulturhistorisk museum, University of Oslo