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[1838, peinture, rapport Institut séance publique annuelle]Rapport imprimé sur les envois de peintur [...]

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Dernière modification
15/03/2022 09:31 (il y a presque 3 ans)
Type de document
Description
[1838, peinture, rapport Institut séance publique annuelle]
Rapport imprimé sur les envois de peinture de 1838
TYPE : rapport de la séance publique annuelle de l'Académie des beaux-arts
AUTEUR : Langlois, M.
PAGE DE TITRE : Rapport sur les ouvrages envoyés par les pensionnaires de l'Académie Royale de France pour l'année 1838, lu par M. Langlois, membre de la section de peinture
LIEU DE REDACTION : Paris
DATE : 1838
Descriptions
Transcription : 
Des idées erronées, des systèmes vagues et sans fondements, avaient attaqué toutes les opinions établies sur les beaux-arts, et les principes qui en ont dirigé les études chez les différentes nations, aux diverses époques où ils ont été cultivés. Il en était résulté, depuis quelque temps, de graves déviations qui pouvaient amener certaine décadence dans l'École française. De brillants succès obtenus par des dispositions particulières, indépendantes des études classiques, avaient pu faire rêver à de nouvelles facultés, à des moyens plus prompts ou plus faciles d'arriver aux honneurs et à la fortune plus rapidement. De là pouvait naître une sorte de découragement et une indifférence pour les études sévères et pour les avantages que présente la pension à Rome. Mais heureusement, les élèves, aujourd'hui, rivalisent de zèle, les bonnes études sont reprises avec courage, et l'Académie aime à se féliciter surtout des efforts des pensionnaires. Elle y retrouve avec plaisir une tendance au progrès, principalement pour la peinture et pour l'architecture : les jeunes architectes notamment montrent dans leurs travaux de restauration une profondeur de recherches, un travail infatigable et un talent digne des plus grands éloges. // PEINTURE / M. FLANDRIN / M. Flandrin, pour sa cinquième et dernière année, devait un tableau d'histoire de sa composition, de plusieurs figures de grandeur naturelle. Il a envoyé un tableau de Jésus-Christ et les petits enfants. " On lui présenta des petits enfants, afin qu'il leur imposât les mains ; et comme ses disciples les repoussaient rudement, Jésus leur dit : Laissez venir à moi les petits enfants, car le royaume des cieux est à ceux qui leur ressemblent. Et les ayant embrassés, il les bénit en leur imposant les mains. " (Saint Marc, chap. X, verset 13) / L'Académie reconnaît dans ce bel ouvrage une sage composition, un style grave et d'un grand caractère. Ce sujet bien choisi offre la plus heureuse réunion de moyens propres à développer toutes les ressources de l'art et l'emploi des modèles les plus intéressants que présente la nature pour animer cette scène, pleine d'un intérêt religieux et pieusement philosophique. Le dessin est d'un bon caractère. On regrette de ne pouvoir louer avec tant d'extension la couleur et l'intelligence de l'effet. On ne peut voir sans peine que ce jeune artiste ne soit pas rappelé à des éloges que l'Académie s'était plu à lui adresser sur son tableau du Dante. Dans celui-ci, le ton général de la couleur est lourd et privé de lumière ; les tons opaques des ombres se confondent avec ceux du fond, et détruisent la perspective aérienne. Le devant de la scène est obstrué par les deux femmes à genoux, couvertes, pour ainsi dire, du même manteau qui enveloppe leurs têtes symétriquement et laisse à peine apercevoir leurs traits ; ce qui prive cette touchante scène de l'expression de la foi vive, de l'amour et du respect de ces mères qui présentent leurs enfants. Malgré ces observations, ce tableau fait grand honneur à M. Flandrin, et termine d'une manière louable ses études à Rome. // M. ROGER / M. Roger, pour sa quatrième année devait la copie d'un tableau, ou de fragments peints ou dessinés d'après les grands maîtres, plus une composition ou esquisse peinte. M. Roger a envoyé la copie d'une fresque du Titien, dans la scuola del Santo de Padoue. On ne peut que le blâmer d'être allé si loin choisir ce tableau du Titien, qui ne pouvait lui offrir aucune des précieuses qualités reconnues de ce grand maître. Au lieu de l'esquisse exigée, M. Roger a envoyé un tableau représentant Moïse défendant les filles de Jéthro contre les bergers du Madian. / La composition de ce tableau est assez pittoresque. Le côté des hommes, dont les lignes sont heureuses, est fort bien senti, quoique la pose de Moïse soit un peu théâtrale. Le groupe des femmes semble prendre trop peu de part à la scène, et jette beaucoup de froideur sur la partie de cette composition. On peut reprocher à cet ouvrage un dessin petit et dépourvu de caractère historique. La couleur blanche seule, adoptée pour les femmes et pour le manteau de Moïse, ne contribue pas peu à la monotonie qui règne dans cet ouvrage. Les teintes du fond et celles du terrain sur les premiers plans, sont trop les mêmes et nuisent à l'effet général. // M. JOURDY / M. Jourdy devait, pour sa troisième année, une figure peinte de grandeur naturelle ; plus, une esquisse peinte ou dessinée. On reprochera à M. Jourdy de n'avoir point joint à sa figure peinte l'esquisse exigée. L'Académie reconnaît que l'envoi de cette année est plus satisfaisant, et que cet élève a fait de sensibles progrès. Sa figure de femme est d'un bon goût de dessin, la pose en est gracieuse et simple, les chairs sont bien modelées ; mais cet ouvrage pèche par le coloris dont les teintes sont lourdes et violacées. On désirerait dans cette figure, qui a du mérite sous le rapport de l'étude, plus de fermeté dans les extrémités inférieures. // M. PAPETY / M. Papéty devait, pour son premier envoi, une figure peinte de grandeur naturelle, plus, quatre figures dessinées d'après nature, et deux d'après l'antique. Il a joint à sa figure d'étude un tableau représentant Moïse sauvé des eaux. Quoique ce dernier ouvrage soit envoyé en sus des travaux exigés par le règlement, on doit blâmer M. Papety de n'avoir point envoyé les dessins demandés ; il ne pouvait s'en croire dispensé par l'envoi de son tableau de Moïse. Dans la figure académique, on reconnaît un dessin fort et bien modelé. Il est fâcheux qu'il n'y ait de lumière que sur la poitrine, et que les extrémités en soient totalement privées. On ne retrouve pas dans cette étude les heureuses dispositions à la couleur qu'annonçaient les débuts de ce jeune élève. Le tableau représentant Moïse sauvé des eaux, offre une scène d'une composition gracieuse, dans laquelle on remarque les détails d'un goût élégant, de la recherche dans les ajustements et les accessoires. Le dessin en est correct et élégant, l'exécution fine et habile ; mais il faut rappeler à l'auteur que l'effet de jour, surtout dans un tableau d'histoire, doit être pris de manière à mettre en plus grande évidence les figures qui le composent ; c'est manquer à ce principe, suivi par les plus grands maîtres, que de choisir, sans nécessité, l'instant où les figures ne peuvent plus prendre de lumière et ne se détachent sur le fond que comme des ombres. // M. BLANCHARD / M. Blanchard, pour sa première année avait les mêmes obligations à remplir. Les figures dessinées d'après nature et d'après l'antique n'ont point été faites. M. Blanchard a joint à sa figure académique un Caton d'Utique, en sus de ses obligations ; mais n'ayant pas fourni les dessins exigés par le règlement, il doit encourir le blâme. On regrette de ne pouvoir donner quelques éloges à sa figure d'étude, qui est mal conçue, et dont la pose ne présente pas d'heureux développements. La figure de Caton d'Utique un peu mieux composée, ne présente rien du caractère et de l'idée que l'on se forme de ce grand personnage. Le ton du tableau, en général, est faux et lourd, et l'exécution en est faible. Après l'examen scrupuleux des tableaux envoyés cette année, après les éloges et les conseils donnés sur chacun d'eux, l'Académie a peine à se dissimuler de l'impression que lui fait éprouver l'aspect général de cet envoi. On y remarque une négligence blâmable de ce qui constitue surtout la vérité de la couleur, et l'intelligence des différents effets de la lumière. Ce n'est certainement pas dans les chefs-d'oeuvre des grands maîtres, et encore moins dans la nature, que se rencontreront ces teintes obscures et fausses. L'Académie n'insisterait pas à signaler ce défaut aux pensionnaires, si elle n'avait cru remarquer qu'il tendait à se généraliser parmi eux. Chaque maître des grandes écoles d'Italie a son caractère à lui, qui le distingue ; c'est donc une raison pour que chaque artiste suive l'impulsion naturelle de son génie, et se garde d'adopter, par préjugé, une marche dont il ne trouverait pas d'exemple dans la nature.
Localisations
Cote / numéro : 
Paris, Bibliothèque de l'Institut, 4° AA 34 (usuel), 1838-1839, tome 12, p. 25-40 (1838)
Source
source : Institut national d'histoire de l'art (France) - licence : Attribution 4.0 International (CC BY 4.0)
Commentaire interne
Base Envois de Rome FMP, fichier Documents.fp7, notice : £Rapport envois, procès-verbal, 1838, peinture£ Notice créée le 16/10/2002. Notice modifiée le : 04/07/2018. Rédacteur : Anne-Blanche Stévenin.
Rédacteur
Anne-Blanche Stévenin