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[1898, peinture, rapport Institut procès-verbal]Rapport sur les envois de peinture de 1898TYPE : rap [...]

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Dernière modification
02/12/2021 10:46 (il y a environ 3 ans)
Type de document
Description
[1898, peinture, rapport Institut procès-verbal]
Rapport sur les envois de peinture de 1898
TYPE : rapport de l'Institut de France - officiel
AUTEUR : Merson, Luc Olivier
PAGE DE TITRE : Séance du 9 juillet 1898. M. O. Merson donne lecture du rapport suivant sur les envois des pensionnaires peintres
LIEU DE REDACTION : Paris
DATE : 09/07/1898
COMMENTAIRE : le rapport sur les envois de peinture de 1898 conservé dans les archives de l'Académie de France à Rome (carton 133, folios 1 à 7) est identique à la version du procès-verbal de l'Institut.
Descriptions
Transcription : 
[p. 521] M. Moulin, pensionnaire de première année, envoie une figure peinte intitulée Éros. Assis sur des nuages dans une posture étrange ce fils de Vénus, comme une divinité hindoue, se découpe sur le ciel comme une silhouette raide et [p. 522] symétrique. L'aspect hiératique et froid de cette pose ne s'explique pas quand ce sujet réclamait avant tout une arabesque gracieuse et souple. La coloration surprend également, elle est rance et vieillie alors qu'on la souhaiterait jeune et fraîche. Quoiqu'il en soit, M. Moulin a fait preuve de beaucoup de volonté dans l'exécution de ce tableau, et tout en signalant à son auteur des modelés d'un effet compliqué dans le torse, l'arrangement maniéré et enchevêtré des mains et des pieds, l'Académie se plaît à reconnaître le sentiment délicat qui a présidé à la conception de cet envoi et le soin, parfois plein de recherches fines avec lequel il a été exécuté. M. Moulin complète son travail de première année par l'envoi d'un dessin d'après l'antique "l'Enfant au masque" d'un modelé soigné mais monotone et sans accent auquel il a joint un fragment dessiné de l'Incendie du bourg tout à fait insuffisant. Le choix de ce groupe n'est pas très heureux et la facture de ce dessin est tout au plus celle d'un croquis hâtif. M. Larée, pensionnaire de 2e année expose un tableau avec le titre de "Macheferate". C'est le mas ferrer de la Légende des siècles. L'Académie ignore de quel texte M. Larée s'est inspiré mais il ne semble pas qu'il ait connu le poème de Victor Hugo et cela est regrettable car en lisant et en méditant les vers du poète, il eut sans doute donné à son paysage un aspect autrement plus abrupt et à ses personnages une grandeur épique qui leur fait totalement défaut. On a peine à reconnaître dans l'homme nu assis, raide et étriqué, le voleur puissant et redouté auquel les bandits rois ont délégué deux des leurs pour lui offrir le sceptre et le couronne. De même que l'on ne saurait voir dans la femme maigre et chétive agenouillée près de lui la femelle terrible de la légende. La figure de Macheferate est sèche et anguleuse et son geste, si développé qu'il soit, étant fait du bras gauche manque de véritable énergie. L'Académie regrette d'autant plus ce manque de recherche dans l'installation du décor et d'étude plus poursuivie du caractère des personnages que M. Larée a fait preuve dans les parties les plus exécutées de son œuvre de qualité de fermeté et de franchise qui conviennent particulièrement à l'expression du sujet. Son tableau est inachevé, les deux figures des porte sceptre ne sont que très sommairement indiquées. L'envoi de M. Leroux, pensionnaire de 3e année se compose d'une copie et d'une esquisse peinte. La copie est celle du " Martyre de Saint Laurent " d'après Ribera. Il n'a pas semblé à l'Académie que M. Leroux se soit complètement pénétré du caractère de l'exécution puissante de son modèle. Son travail [p. 523] n'a pas la souplesse de pâte et l'enveloppe de modelé de l'original. L'ensemble de la coloration ne rappelle pas l’œuvre du maître. / L'esquisse peinte est intitulée les deux têtes. Le sujet est tiré de la Légende des siècles, la Confiance de Fabrice. / Dans cette composition un peu confuse viennent s'accumuler et lutter entre eux des éléments de toutes sorte : châteaux forts, tours crénelées, table énorme couverte de victuailles et de torches fumeuses, accessoires bizarres, convives étranges, spectres etc. L'effet de lune, les flambeaux qui éclairent le festin, les apparitions lumineuses compliquent l'impression générale et le tout aboutit à un ensemble qui manque un peu d'unité et d'un point de vue intéressant sur lequel l’œil se porte plus particulièrement. Quoiqu'il en soit et malgré ces défauts, cette composition est présentée d'une manière assez saisissante et dénote chez son auteur des qualités pittoresques réelles bien qu'elles fassent de cette esquisse plutôt une illustration qu'un projet de tableau. En somme l'impression est dramatique et l'exécution très soignée dans le travail ne manque ni d'intérêt ni d'esprit. Pour son envoi de quatrième année, M. Deschenaux [sic] présente à l'Académie un " Homère chantant au milieu des Bergers ". Ce sujet, souvent traité, offre des ressources pittoresques, il est d'un sentiment élevé et prête à une exécution variée et intéressante. En outre l'auteur pouvait trouver facilement autour de lui les éléments qui lui auraient permis de faire revivre les personnages de cette scène poétique et d'évoquer un paysage capable de lui fournir un décor approprié. / Le choix de cet épisode de la vie d'Homère ne peut dont être qu'approuvé. Malheureusement, M. Deschenaux [sic] ne semble pas en avoir compris le morne pénétrant et il n'a tiré aucun parti des différents matériaux qu'il avait à sa disposition. / La simplicité et la majesté du divin chanteur, l'émotion naïve des auditeurs, le choix de l'effet, le motif du paysage et, jusqu'aux accessoires, rien ne semble avoir touché l'auteur et lui avoir paru digne de recherches fines et d'études sérieuses. / La composition manque de vie, l'exécution est lourde, il n'y a pas de distinction dans le dessin ni de variété dans la coloration. M. Deschenaux [sic] aurait pu résumer dans cette toile les études de trois années passées à Rome, formuler les tendances et montrer des progrès. Aussi l'Académie ne peut-elle qu'exprimer la déception devant un envoi où elle avait espéré trouver la justification des espérances qu'elle fondait sur ce pensionnaire. / En terminant ce rapport, l'Académie des Beaux-Arts ne saurait dissimuler aux pensionnaires l'impression générale qui se dégage de leurs travaux. Ces envois manquent de jeunesse et de vie, ils ne respirent pas [p. 524] l'obligeance féconde que doivent causer à leurs auteurs une existence de contemplation et d'étude au milieu d'une nature incomparable et des trésors d'art qui sollicitent leur admiration. Si l'Académie ne veut en rien imposer à ses pensionnaires une direction contraire à leurs tendances, elle est en droit d'attendre d'eux des qualités de leur âge, un sentiment plus vif de l'art, une étude plus attentive des maîtres, une tendresse plus naïve et un respect plus ému pour la nature. Elle compte que ses conseils seront entendus et que les pensionnaires comprendront le sentiment qui la guide dans ses appréciations. Elle voudrait que l'Académie de France à Rome trouvât dans ses envois annuels la meilleure réponse aux injustes critiques qui sont périodiquement dirigées contre elle. Elle ne saurait trop rappeler aux pensionnaires que leur séjour à la Villa Médicis est une période unique dans la vie d'un artiste par tous les germes de fécondité qu'elle lui permet de mettre en réserve pour l'avenir. Elle voudrait qu'ils tirent tout le parti possible de ces conditions de jeunesse, de calme et d'émulation, qu'ils ne retrouveront jamais et dont ils doivent compter à eux-mêmes et à leur art.
Localisations
Cote / numéro : 
Académie des beaux-arts, 2 E 19, p. 521-524
Source
source : Institut national d'histoire de l'art (France) - licence : Attribution 4.0 International (CC BY 4.0)
Commentaire interne
Base Envois de Rome FMP, fichier Documents.fp7, notice : £Rapport envois, procès-verbal, 1898, peinture£ Notice créée le 18/08/2002. Notice modifiée le : 17/07/2018. Rédacteur : France Lechleiter.
Rédacteur
France Lechleiter