Le Comte Don Álvaro de Luna sur l'échafaud
Le Comte Don Álvaro de Luna sur l'échafaud
Il s'agit d'une esquisse pour un tableau jamais réalisé qui devait être présenté à côté du Grand Capitaine sur le champ de bataille de Cerignole (1835, Madrid, musée du Prado) lors du Salon de 1838. Ce petit tableau a été peint durant le second séjour parisien de Federico de Madrazo y Kuntz, qui avait reçu en 1837 la commande de Godefroy de Bouillon proclamé roi de Jérusalem (1838, musée national du château de Versailles) pour la salle des Croisades à Versailles. L'esquisse du Comte Don Álvaro de Luna sur l'échafaud, commencée quelques mois plus tard, témoigne de l'influence de la peinture française sur cet artiste. Le sujet, issu de l'Histoire médiévale espagnole, annonce l'intérêt pour une peinture d'histoire dramatique dans l'Espagne du milieu du XIXe siècle.
Le 26 décembre 1837, Federico de Madrazo y Kuntz écrit, dans une lettre à son ami Paul Ouradou, qu'il renonce à peindre un grand format pour cette œuvre et qu'il lui fait don de l'esquisse, dont il se dit peu satisfait.
En 1839, l'artiste revient finalement à ce sujet dans une lithographie, reprenant plusieurs éléments de la composition de l'esquisse du musée Goya de Castres.
L'instant représenté précède immédiatement l'exécution de Don Álvaro de Luna. Le Comte est vêtu d'une tunique noire qui fait échos au tissu de l'autel et tranche avec les vêtements clairs des religieux qui l'entourent, ainsi qu'avec la tunique rouge et le pantalon blanc du jeune page. Celui-ci, en sanglots, reçoit de son maître un anneau, conformément au Centón epistolario, alors attribué à Fernán Gómez de Cibdarreal et dont un extrait est inscrit au revers de la toile.
F.M.
Samedi 2 juin 1453 à huit heures du matin fut exécuté sur le marché ou grande place de Valladolid, le grand connétable Dn Alvaro de Luna
(Quintana : Vie des Espagnols célèbres)
... il retira de son doigt un anneau qui lui servait de cachet, en le remettant à son page nommé Morales, il lui dit : accepte ce dernier don que je puis te faire
à ces mots le page fondit en larmes, et une grande partie de la multitude ne put contenir les siennes.
(Centon Epistolaire: du bachelier Fernan Gomez de Cibdareal)
Sábado 2 de Junio de 1453, a las ocho de la mañana se hizo en el mercado o plaza mayor de Valladolid del gran condestable Dn Alvaro de Luna
(Quintana: Vidas de Españoles celebres)
... E se quito del pulgar un anillo, que era de sellar las cartas de su Puridad, é se le dono a una page suyo que se llama Morales, é le dijo: toma este postrimero don que te puedo facer [sic]: é el page lloro tan furiosamente, que mucho de la gente que presente era en la plaza lloro también a grito alto ....
(Centon Epistolario - del Bachiller Fernan Gomez de Cibdareal)
Exécution du Comte de Luna |
Cette esquisse peut être datée avec certitude grâce à la correspondance de Federico de Madrazo y Kuntz, qui y fait allusion dans une lettre à son père datée du 21 octobre 1837 puis dans une autre adressée à Paul Ouradou le 26 décembre 1837.
Donné par l'artiste à son ami Paul Outradou, cf. lettre du 26 décembre 1837 ; acheté par la ville de Castres pour le musée Goya de Castres en vente publique à Aubage le 27 octobre 1991.
p. 128-129
p. 150-151