Croix massive à croisée ronde et traverses empattées à potences arquées, exécutée dans une épaisse plaque de cuivre.
À l'avers : au centre, fixée par quatre clous, une belle applique de Christ crucifié, travaillée au repoussé et ciselée. Le Christ est nimbé, coiffé d'une couronne à trois fleurons, les yeux ouverts en perles d'émail et le perizonium émaillé de deux tons de bleu et de rouge. La figure est surmontée du titulus abrégé et gravé, IHS. L’applique se détache sur un fond intégralement recouvert d’un élégant réseau de rinceaux à fleurons, se détachant en réserve sur un fond en pointillé. Quatre bâtes de cabochons carrées l’encadrent, celle de la traverse horizontale gauche a disparu et deux autres, à droite et en bas, ont perdu leur pierre. Quatre appliques cantonnent les extrémités des bras de la croix : subsistent, la figure de la Vierge à mi-corps à senestre, les saints en pied, munis du Livre, de la partie inférieure et celui de la partie supérieure, amputé de sa tête, mais la figure du saint Jean de la traverse droite dont les rivets sont encore visibles, manque.
En bas de la haste, subsiste le tenon qui servait à ficher la croix sur un pied ou sur une hampe.
Au revers, le Christ en Majesté à la croisée centrale, se présente à mi-corps, gravé, muni d’une tête d’applique classicisante, il bénit de la main droite et tient le Livre dans la main gauche. Environné de l’Alpha et l’Oméga, il émerge de nuées ondées et s’inscrit sur un fond émaillé bleu clair, agrémenté d’un semis de disques polychromes. Aux extrémités des traverses, figurent, gravés, les symboles des évangélistes : en haut, l’aigle de saint Jean ; en bas, l’ange de saint Matthieu aux ailes éployées ; à gauche, le lion de saint Marc et à droite, le bœuf de saint Luc. Des anges à mi-corps sortant des nuées, toutes ailes déployées s’inscrivent dans des rectangles qui entourent la figure du Christ, on observe une paire de part et d’autre du bras horizontal et un seul de part et d’autre de la traverse verticale.
Ce type de croix, très rare, offre un contraste original entre une face à fond doré, recouverte de rinceaux gravés et dotée d’appliques émaillées, et un revers, plus classique, orné de plaques émaillées à décor gravé. L’avers doré, aux rinceaux couvrants, évoque lointainement les grandes croix des années 1185-1195, du type de celle de Grandmont (CEM I, 1987, cat. 239 à 242). Progressivement, ce décor de rinceaux vermiculés devient moins couvrant, la gravure moins nette et la facture plus épurée, la croix se rapproche, à cet égard, des châsses d’Agrigente (CEM II, 2011, n° I B 1, n° 1) ou de Pise (CEM II, 2011, n° I B 1, n° 46), bien que ces dernières soient émaillées. La tête classicisante du Christ du revers rappelle fortement celles des Christs des plats de reliure d’Angers (CEM II, n° V D n° 1) ou du musée du Louvre (CEM II, 2011, n° V E n° 15).

IHS