[1905, peinture, rapport Institut à AFR]Rapport sur les envois de Rome de 1905, peintureTYPE : rappo [...]

Peinture Les envois de peinture, sans présenter encore un ensemble complètement satisfaisant, accusent cependant une notable amélioration sur ceux des années précédentes. Il est permis d'espérer que dans un avenir très prochain les jeunes pensionnaires de la Villa Médicis verront leurs efforts couronnés d'un entier succès et prouveront à tous que l'École de Rome tient toujours dans l'art français la place glorieuse où l'ont élevée tant de leurs illustres prédécesseurs. M. Sabatté, 4ème année C'est avec regret que l'Académie constate que M. Sabatté n'a pas rempli ses obligations envers elle et envers l'État. Ce pensionnaire n'a pas envoyé le tableau qu'il devait pour la quatrième année, mais seulement un fragment de l'oeuvre projetée. On ne saurait donc porter un jugement définitif sur cet envoi. Il semble toutefois ressortir plutôt du domaine de la littérature et de la philosophie que de celui de la peinture : on y trouvera peut-être certaines recherches d'art archaïque, une imitation plus ou moins sincère des maîtres primitifs ; mais la pensée de l'auteur ne se dégage pas avec une suffisante clarté : elle vise à l'élévation mais demeure confuse et énigmatique. L'exécution, notoirement insuffisante ne rachète pas l'erreur de la conception. M. Guétin, 3ème année Pour sa copie, aurait pu faire un choix plus heureux. Mais il a scrupuleusement étudié la fresque de Pinturicchio dont il nous montre la reproduction, et très fidèlement rendu le caractère du dessin et l'harmonie sobre de la coloration de son modèle. Quoique certaines parties eussent gagnées à être traitées dans une facture plus raffinée, cette copie fait honneur à son auteur et mérite des éloges. L'esquisse que M. Guétin intitule " Le Sage " ne manque pas d'un certain charme : la composition en est ingénieuse et pourrait fournir la donnée d'un tableau intéressant mais les valeurs sont indécises, l'effet est terne, la coloration sans éclat et sans vie. M. Sieffert, 2ème année M. Sieffert a eu une heureuse inspiration en cherchant le sujet de son tableau dans le spectacle de la vie réelle. Il a su rendre une scène vue, sinon avec une interprétation d'art très haute, du moins avec un incontestable accent de sincérité. La composition des " Sbarcatori " semble prise sur le vif et a, par cela même, quelque chose d'imprévu ; les figures d'un mouvement juste ont du caractère, sans exagération théâtrale : enfin, l'aspect général de cette toile qui nous montre des hommes demi nus achevant une journée de rude labeur, sous les derniers rayons d'un soleil de feu, ne manque ni de grandeur, ni même d'une certaine poésie. L'exécution très soignée, eût gagnée à être plus vigoureuse et moins égale ; on peut aussi regretter que la couleur ne soit pas d'une harmonie à la fois plus riche et plus délicate. Ces réserves faites, l'Académie, cette année encore adresse ses félicitations à M. Sieffert et se plaît à louer dans son oeuvre une probité artistique qui devient trop rare aujourd'hui. M. Monchablon, 1ère année M. Monchablon a des dons naturels et un tempérament de peintre. Mais il aurait tort de croire qu'une facture adroite et une certaine richesse de coloration puissent tenir lieu de goût dans la composition, de caractère et simplement de correction dans le dessin. Ces qualités font entièrement défaut à la figure qu'il intitule " Thésée " et qui n'offre que l'apparence d'un modèle de formes vulgaires dans la pose la plus disgracieuse. Les deux dessins qui complètent l'envoi réglementaire de M. Monchablon ne paraissent pas suffisamment étudiés ; la copie d'après Raphaël, en particulier, ne donne qu'une très imparfaite idée de ce corps d'enfant d'un modelé si ample, d'un style si noble. L'Académie ne veut pas douter que si M. Monchablon, l'an prochain, par un envoi mieux conçu et plus étudié ne réponde véritablement aux espérances qu'avaient fait naître des débuts si brillants.