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[1894, peinture, rapport Institut procès-verbal]Rapport sur les envois de peinture de 1894TYPE : rap [...]

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Dernière modification
02/12/2021 10:46 (il y a presque 3 ans)
Type de document
Description
[1894, peinture, rapport Institut procès-verbal]
Rapport sur les envois de peinture de 1894
TYPE : rapport de l'Institut de France - officiel
AUTEUR : Benjamin-Constant
PAGE DE TITRE : Séance du 7 juillet 1894. M. Benjamin-Constant au nom de la section de peinture donne lecture du rapport sur les travaux de MM. les pensionnaires peintres
LIEU DE REDACTION : Paris
DATE : 07/07/1894
COMMENTAIRE : le rapport sur les envois de peinture de 1894 conservé dans les archives de l'Académie de France à Rome (carton 131, sans foliotage) est identique à la version du procès-verbal de l'Institut.
Descriptions
Transcription : 
[p. 63] M. Thys, envoi de 4e année / Deux esquisses sur un même sujet mais ne différant l'une de l'autre que par la coloration ; en voici le texte : la Rosée s'envole et monte aux cieux lorsque le Soleil du matin l'a baisée au front (Richepin). [p. 64] L'auteur de ces deux esquisses a succombé il y a quelques mois, aussi l'Académie s'abstient-elle de donner son avis, exprimant seulement ses plus douloureux regrets pour une existence d'artiste si prématurément arrêtée. M. Lavalley, envoi de 2e année / Au Parnasse, cet envoi a péniblement impressionné l'Académie. Elle s'est demandée comment le séjour de Rome, avec la vie solitaire et studieuse qu'on y mène auprès des magnifiques chefs-d’œuvre qui s'y trouvent, a pu donner l'idée d'une oeuvre aussi peu aux conditions de la couleur et de la forme, aussi ouvertement en dehors des qualités de matière propres à la peinture à l'huile sans arriver à celles du pastel de la fresque ou de la mosaïque. Quant à la conception générale, il a semblé que le Parnasse aurait du évoquer le souvenir d'un paysage antique, comme savent en trouver les maîtres d'Italie ou notre grand Poussin. Ici, rien de cela, un coin de bois banalement choisi, et qu'on a vu à tous les salons, aucune silhouette, aucune masse dans le feuillage, des ombres de terrain qui ne sont pas en valeur pour le soleil, quelques troncs d'arbres sur la droite, plantés comme des fûts ne soutenant rien et, dans un coin un filet d'eau venant sans doute des sources taries d'Hippocrène ? Comme arrangement : ce Pégase arrêté, les ailes ouvertes et que deux femmes nourrissent de roses, aurait beaucoup gagné à de plus belles formes, la tête surtout a été trouvée d'une construction légère, ne rappelant que fort peu la nature, encore moins et ici c'était le cas, ces beaux moulages du Parthénon que tout artiste aimant à modeler ou à peindre des chevaux, possède toujours sur les murs de son atelier. Quant aux figures de femmes elles sont d'une construction de dessin assez intéressante et cette construction se jugerait mieux de prime abord si elle ne participait pas autant de la contagion violette des ombres du paysage, si le vert des feuillages n'était pas aussi aigre et si enfin, le soleil donnait de la lumière dans cette toile qui veut en donner à tout prix et qui n'y arrive pas malgré les moyens empruntés aux œuvres d'autres peintres qui n'y arrivent pas davantage. M. Lavalley, à ses débuts, s'était montré un peintre dans le sens véritable du mot, il a eu des morceaux d'études récompensés fréquemment dans les concours d'ateliers et, avant d'obtenir le prix de Rome, il l'avait approché plusieurs fois. Voici donc, pour le moment où mène l'oubli de la Nature et des Maîtres. [p. 65] M. Devambez, envoi de 2e année / La légende de Sainte Agathe : condamnée à être exposée dans un lieu infâme, elle fût préservée par son ange (Godeseard). Ce tableau n'est pas achevé, mais la mise en scène du sujet n'est pas sans qualités de coloris et d'effet. Le groupe d'hommes, à gauche, est d'un arrangement pittoresque, on y a trouvé des têtes expressives et énergiquement peintes, mais le dessin des bras et des mains est d'une mise en place douteuse et l'ajustement des draperies laisse beaucoup à désirer. Quant à la figure de l'ange, elle n'est pas sans caractère, la robe verte est d'une coloration assez précieuse mais les mains et les bras sont par trop invisibles. Enfin, Sainte Agathe n'est pas assez le sujet principal et, de l'avis unanime, elle a été jugée trop petite ; quant à ses proportions disparaissant malencontreusement dans le coin du cadre ; il fallait lui attribuer plus d'importance, lui donner une forme plus noble tout en lui conservant le charme de la jeunesse. En résumé, le point de départ de ce tableau indique chez celui qui l'a conçu, une nature d'artiste et pour le faire arriver à bonne fin, M. Devambez se rendra capable, il faut l'espérer, d'y ajouter ce qui lui manque. M. Lavergne, envoi de 1e année / 1° David, 2° dessin d'après les maîtres. 3° esquisse peinte d'après la Dispute du Saint Sacrement de Raphaël. 1° David, tableau d'aspect un peu triste. Le sujet tout en exigeant une certaine sévérité dans le sentiment, n'excluait pas le charme, la tête aurait pu en avoir, elle a paru vieille ; étant donné l'âge du jeune David ! Quant à celle de Goliath elle est mal construite. Cependant l'arabesque de la figure offre une ligne heureuse et les modelés du torse, des bras, et des jambes ont été bien menés avec unité dans une coloration délicate, outre cette peinture, le règlement demandait au pensionnaire un dessin d'après une œuvre remarquable de la sculpture antique et de la renaissance, statue ou bas-relief. M. Lavergne a envoyé un dessin sans intérêt, plutôt crayonné que modelé. Le règlement exigeant encore un dessin d'au moins deux figures d'après les maîtres, M. Lavergne envoie, au lieu de ce dessin une esquisse peinte d'après la Dispute du Saint Sacrement de Raphaël ! Tout en reconnaissant à cette esquisse des qualités d'aspect, elle n'a guère montré à l'Académie le profit que le jeune artiste a pu en tirer et si, se conformant au règlement il avait choisi deux figures dans cet admirable chef-d’œuvre, il serait entré plus à fond dans les secrets du Maître, il aurait suivi les traits de sa main, son exécution précieuse, quoique murale, avec cette magnifique science qui lui permettait de faire simple, de faire grand. Donc l'Académie a mille fois raison [p. 66] d'exiger des morceaux étudiés d'après les maîtres et de conseiller aux pensionnaire de ne pas faire des envois où ne se devine que la pensée de rester à Rome dans le mouvement parisien, mouvement superficiel à l'excès et très souvent contraire à l'éclosion des talents personnels.
Localisations
Cote / numéro : 
Académie des beaux-arts, 2 E 19, p. 63-66
Source
source : Institut national d'histoire de l'art (France) - licence : Attribution 4.0 International (CC BY 4.0)
Commentaire interne
Base Envois de Rome FMP, fichier Documents.fp7, notice : £Rapport envois, procès-verbal, 1894, peinture£ Notice créée le 19/06/2002. Notice modifiée le : 07/04/2017. Rédacteur : France Lechleiter.
Rédacteur
France Lechleiter