Cette oeuvre serait l'unique croix d'autel à double traverse revêtue d'un parement émaillé complet. Bien qu'elle adopte l'aspect d'un reliquaire de la Vraie Croix, précieuse catégorie d'objets d'origine byzantine, son âme de bois ne dispose pas de logette à relique.
Sur sa face majeure, le Christ crucifié (de l'applique en relief, seuls les mains et les pieds subsistent ; la silhouette, réservée dans le métal, a été regravée postérieurement) est encadré de la Vierge et de saint Jean en buste, saint Pierre étant représenté debout à ses pieds, tandis qu'à la croisée supérieure un ange est placé sous la main de Dieu bénissant, le tout alternant avec des motifs de fleurettes. Les têtes rapportées des personnages annexes sont d'applique classicisantes sur des silhouettes réservées.
Son revers est centré sur l'Agneau nimbé portant la croix entre l'alpha et l'oméga, figure placée à la croisée inférieure et dominée à la croisée supérieure par le Christ en Majesté représenté à mi-corps et salué par un ange renversé agitant un encensoir. Ces deux figures christiques sont accompagnées de dix anges en bustes, dotés de têtes d'applique classicisantes rivetées, inscrits chacun dans un médaillon, alternativement turquoise ou rouge. La tranche de la croix est couverte d'une feuille d'argent repoussé, ornée d'un rinceau à feuilles de lierre, vraisemblablement en remploi (orfèvre parisien, fin XIIIe siècle ?).
Il s'agit d'une des œuvres les plus remarquables des ateliers limousins à leur apogée, notamment par le raffinement de sa réalisation et sa composition savante et harmonieuse, ce qui rend d'autant plus dommageable son vol perpétré dans la nuit de la Saint-Sylvestre 1981.

IHS (tilde) / XPS (tilde)

A ω

acquisition du musée de Limoges en 1967 ; volée dans la nuit du 1er janvier 1981 et non retrouvée

Photos CEM-CNRS : Corpus 9141 à 9146; 9174 à 9178; dia. 9179-9180, 10876, 12234 à 12237.