Plaque de croix
galerie Romigioli (en 2022)
Plaque centrale provenant d’une croix processionnelle composée, à la croisée ronde. Quatorze perforations de fixation, dont certaines bouchées par des rivets.
Au centre, figure d’applique du Christ clouée au bois de la Croix, émaillée de vert et décorée de croisettes dorées. Le Christ Roi est représenté vivant, les yeux en perles de verre émaillé. Pourvu d’un nimbe crucifère polychrome, il porte une couronne fleuronnée et gravée, décorée de petites pierreries turquoise. Barbu, ses cheveux retombent de part et d’autre de son cou en trois mèches parallèles. Le Crucifié est vêtu d’un périzonium ornée d’une pierre turquoise en guide de bouton ; ses longs bras sont étirés et son corps dessiné par des traits marqués : sternum en trois lignes, cage thoracique étroite, épigastre à sillons parallèles.
Au-dessus de sa tête, Dextera Domini sortant d’une nuée polychrome et titulus en réserve doré et pointillé sur un bandeau turquoise. Aux pieds du Crucifié, reposant sur un suppedaneum turquoise ponctué de rouge, des mottes imbriquées polychromes évoquent le Mont Golgotha.
Le fond de la plaque, émaillé d’un très beau bleu foncé, est parsemé de rosettes et de disques polychromes. L’œuvre est délimitée par une bordure bicolore (bleu clair, blanc) et d’un filet doré. Les dimensions importantes du fragment indiquent que la croix processionnelle était d’une taille considérable. La riche palette chromatique y est déployée avec brio, grâce au répertoire décoratif caractéristique de la production autour de 1200. A plusieurs endroits, différentes couleurs sont associées dans une même alvéole, ce qui révèle une maîtrise confirmée de la pratique de l’émaillage.
L’œuvre se distingue par une qualité d’exécution très raffinée, notamment dans la palette chromatique variée, la ciselure soignée et la technique de l’émaillage parfaitement maitrisée. L’applique du Christ est très réussie dans l’expression du visage et l’harmonie des formes.
L'iconographie du Christ glorieux suggère de dater cette plaque dans la deuxième décennie du XIIIe siècle, quand l'iconographie du Christus triumphans commence à l'emporter sur celle du Christus patiens, sur les croix tout comme sur d'autres objets liturgiques (châsses, plats de reliures, etc.). Des comparaisons d’ordre général peuvent être établies avec les plaques du musée de la Société archéologique de la Charente d’Angoulême, inv. 2009.0.435, et du Grassimuseum de Leipzig, inv. V 2362, même si l’applique de Legnano reste qualitativement supérieure.
En raison de ses caractéristiques et de ces rapprochements, l’œuvre peut être située dans les années 1210-1220.
Bon état de conservation général. Lacunes de l’émail, notamment sur la bordure bicolore de la plaque. L’applique semble avoir reçu une dorure moderne.
IHS
Jésus
Collection particulière milanaise ; acquise par la Galerie Romigioli (Legnano, Milan) en 2019. Exposée à la Fiera dell’Antiquariato de Florence en septembre 2022.