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[1849-1850, peinture, rapport Institut à AFR]Rapport sur les envois de peinture de 1849 et 1850 exam [...]

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01/12/2021 16:19 (il y a environ 3 ans)
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Description
[1849-1850, peinture, rapport Institut à AFR]
Rapport sur les envois de peinture de 1849 et 1850 examinés par la section en 1850
TYPE : rapport de l'Institut de France à Académie de France à Rome
AUTEUR : Anonyme
LIEU DE REDACTION : Paris
DATE : 1850
Descriptions
Transcription : 
[f°21] La section de peinture chargée par l'Académie de lui donner son avis sur l'envoi des pensionnaires peintres, comprenant leurs travaux de 1848 et 1849 a l'honneur de lui soumettre le résultat de son consciencieux examen. Les préoccupations inaccoutumées et la perte matérielle de temps qui ont dû nécessairement retarder et entraver les travaux des pensionnaires de l'École de Rome, pouvaient faire craindre et auraient fait excuser quelque faiblesse dans la conception et l'exécution de leurs œuvres. Loin de là, la Commission est heureuse de constater que le dernier envoi est très-satisfaisant. La section espère que l'Académie s'associera à cette pensée et qu'elle voudra bien l'exprimer dans son rapport. / 1848 / M. Damery, dernière année / Le bon Samaritain / Les observations qui précèdent s'appliquent moins particulièrement au tableau de M. Damery qu'à l'ensemble des travaux des pensionnaires. Sa composition laisse beaucoup à désirer, sinon quant au mouvement des figures prises isolément, lequel ne manque point de vérité, au moins dans le rapport des deux figures entre elles. La jambe gauche du Samaritain est placée de façon à entraver son mouvement dans ce qu'il doit avoir de bienveillant et d'empressé ; ce qui affaiblit l'expression du sentiment de charité qui est tout le sujet. [f°21 bis] L'exécution est faible, négligée surtout ; excepté dans la partie supérieure du torse du blessé qui ne manque pas de vérité, ni la tête, d'expression. Le plan sur lequel portent les figures est indécis. Le terrain disparaît subitement derrière les figures. Le ciel manque d'air, de lumière et de profondeur, et l'ensemble d'harmonie. Ces dernières observations sont plutôt présentées à M. Damery comme conseil que comme critique, puisque lui-même ne regarde pas son tableau comme entièrement achevé, et qu'ici l'amélioration est possible. En traitant avec quelque sévérité le travail de dernière année de M. Damery, nous ne devons pas oublier que plusieurs de ses précédents envois ont mérité et obtenu de l'Académie de justes éloges, ce qui permet d'espérer que bientôt, et quand il travaillera dans de meilleures conditions et avec toute liberté d'esprit, ce jeune artiste donnera de nouvelles preuves du talent que l'Académie a déjà eu occasion d'apprécier. / M. Barrias, 4ème année / Madonna del Sacco, d'après Andrea del Sarto / Très bonne copie à laquelle on pourrait reprocher seulement un peu de faiblesse de ton, si toutefois il était possible de se former un avis précis sur l'exactitude d'effet d'une répétition exposée à une lumière beaucoup plus vive que celle qui frappe l'original sans compter qu'il faudrait aussi faire la part des dégradations du temps. La section renouvelle à ce sujet l'expression du regret déjà témoigné par l'Académie, que les élèves choisissent souvent pour sujet de copie des fresques ou dégradées, ou dont les qualités d'effet et même de proportion, bien comprises pour la place qu'elles occupent, peuvent exactement reproduites, devenir même des défauts dans les copies exposées sous d'autres conditions de jour et de distance. A part cette observation générale, la section n'a que des éloges à donner à l'oeuvre consciencieuse de M. Barrias. Scène de l'Agamemnon d'Eschyle, Esquisse. Le sujet ne s'explique pas suffisamment, la figure d'Agamemnon étant à peu-près perdue dans l'ensemble, et s'attachant par la valeur du ton, à un autel placé beaucoup en avant et qui la coupe malheureusement. L'arrangement général qui ne manque pas d'une certaine grandeur est trop théâtral. Du reste l'esquisse est habilement exécutée. M. Barrias a envoyé un tableau qui forme à lui seul le travail de sa 5ème année. Les exilés de Tibère. Ce sujet dont le caractère est éminemment romain est heureux et bien conçu. Les intentions des différents groupes, quoique variées, se rattachent bien à [f°22] l'unité de la scène et excitent l'intérêt : les têtes sont généralement expressives. La Commission a remarqué particulièrement la figure de femme drapée de noir, assise, sur le premier plan ; son expression forte et vraie, révèle une profonde affection de l'âme. Il est à regretter que les figures qui sont au milieu de la composition occupent trop d'espace pour que la largeur de la barque puisse les contenir ; et aussi que les rameurs (bien exécutés du reste, et dont les têtes sont d'un bon caractère) soient trop petits pour les autres personnages dont plusieurs, et notamment la figure de femme tenant une urne funéraire, sortent au contraire de la proportion générale en sens inverse. La couleur est vraie, l'harmonie générale est bonne, mais un peu sourde, ce qui peut être attribué en partie au ton d'une draperie bleue jetée sur le bord de la barque, lequel ton n'a pas paru bien choisi. En résumé, et malgré les observations de détails, ce dernier et important ouvrage termine dignement la série des envois de M. Barrias. / M. Léon Bénouville, 3ème année / Héro et Léandre / En outre des qualités réelles qui distinguent son oeuvre, on doit tenir compte à M. Bénouville du mérite d'une difficulté sinon complètement vaincue, au moins abordée avec intelligence et esprit d'observation, celle de l'effet de clair de lune. Cet effet est bien compris sur le terrain, le fond et la figure de femme ; mais la lumière est trop éteinte sur celle du jeune homme, ce qui a pour résultat de laisser isolées, trois masses blanches dans la draperie d'Héro, lesquelles masses sont d'un aspect d'autant plus fâcheux que précisément ces trois points sur lesquels l'attention est appelée, ne sont pas irréprochables : les genoux présentant des angles trop prononcés et la partie de draperie qui couvre, qui masque le bras gauche, n'en laissant pas comprendre d'abord le mouvement. Hâtons-nous d'arriver aux parties plus essentielles du tableau. La figure du jeune homme a de l'élan : elle est, malgré quelques incorrections, d'un bon caractère de dessin ; l'exécution est vraie, consciencieuse et joignant une certaine grâce au degré de fermeté que comporte l'effet choisi. Mais nous allons retrouver M. Bénouville dans des œuvres plus complètes. / Trois sujets de la vie de Saint François d'Assise. Esquisse en 3 compartiments. On ne saurait trop louer le mérite de ce dessin sous tous les rapports : composition, expression, caractère. L'artiste s'est inspiré avec bonheur des anciens maîtres. On ne doit pas pourtant laisser passer inaperçue une légère tache. Dans un des compartiments, celui de l'Apothéose, la figure du saint sort de l'harmonie générale comme proportion et d'ailleurs cette figure n'est pas digne du reste de cette oeuvre, que la Commission a jugée, unanimement, des plus remarquables. [f°22bis] Martyrs conduits au supplice. Composition dessinée. Le lieu de la scène représente un amphithéâtre : on a ouvert les portes, le peuple impatient se penche sur les gradins pour voir entrer les chrétiens, refoulés dans l'arène ; les Sénateurs prennent place sur leur banc. Au centre du tableau se pressent les fidèles ; un vieillard est renversé, un soldat le frappe du pied ; une mère élève son enfant au-dessus de sa tête, comme pour l'offrir en sacrifice. Au premier plan, deux saints martyrs expriment dans leur attitude, la foi qui les inspire. Les différentes expressions de ceux qui les entourent sont parfaitement caractérisées, et l'agitation qui règne dans ce vaste cirque fait bien pressentir le moment terrible qui va suivre, tout ici occupe fortement la pensée, le danger, on le voit quoiqu'il soit hors de la toile. L'Académie ne peut que donner les plus grands éloges à cette composition, d'un caractère religieux bien senti, d'un grand sentiment de pose et d'expression et qui confirme les espérances que M. Léon Bénouville avait déjà fait concevoir par ses précédents envois. Un fragment de la partie gauche de la dispute du saint sacrement, excellente copie, dans le caractère du maître, forme avec Héro et Léandre, et trois sujets de la vie de Saint François d'Assise, l'ensemble des travaux de M. Léon Bénouville. / M. Cabanel, 3ème année / Saint Jean / Bonne composition : mouvement inspiré ; têtes pleines de vie et d'expression ; dessin énergique, exécution ferme dont la précision va peut-être quelquefois jusqu'à la sécheresse, bien qu'on ne doive pas oublier que le caractère général de la figure comporte une excessive maigreur. L'harmonie, généralement un peu monotone, est trop brusquement rompue par la draperie blanche et la draperie rouge qui touchent les deux bords opposés du tableau, en attirant l’œil sur deux personnages accessoires, aux dépens de la figure du saint, laquelle, vêtue d'une peau fauve, de la couleur du terrain et des ombres, reste dans une harmonie un peu terne. La section, parmi les figures secondaires, signale une tête d'enfant, écoutant le saint, avec une charmante expression d'onction et de confiance. / 4ème année / Il y a de l'originalité dans cette composition, et les qualités qui se trouvent dans l'ouvrage précédent (le Saint Jean), se font encore remarquer dans celui-ci. Le sentiment poétique qui domine cette scène, et son expression sauvage se trouvent parfaitement en harmonie avec le sujet, qui est très-dramatique, et bien choisi. [f°23] La copie de M. Cabanel, d'après la dispute du saint sacrement, est faite avec intelligence et sentiment. Cette copie fait partie de son envoi de 4ème année. / Saint-Paul. Esquisse / Bonne disposition dans les lignes générales. Manque d'harmonie dans l'effet et la couleur. Il est à regretter que M. Cabanel n'ait point tiré suffisamment parti de la réunion des quatre jeunes filles qui, groupées plus simplement, plus largement, plus uniformément même, pourrions-nous dire, auraient fait une opposition heureuse avec les autres personnages. / M. Lenepveu. Le Semeur. Sujet tiré de l'évangile selon Saint Mathieu. Mais pendant que les hommes dorment, son ennemi vient et sème l'ivraie au milieu de blé. Ce sujet est original : il y a dans la conception de cette figure quelque chose de hardi ; son mouvement, qui a de l'élan, est bien senti, et bien rendu, quoiqu'un peu forcé dans la partie supérieure ; il est regrettable aussi que la jambe gauche soit un peu forte. On aurait voulu voir plus de variété de ton dans la coloration des chairs, les ombres dans quelques parties, ne sont pas assez reflétées. Le fond de ce tableau est arrangé avec beaucoup de goût, et les figures accessoires qui dorment sous une tente, concourent suffisamment à l'explication du sujet. Les dessins de M. Lenepveu qui font partie de son envoi, ne sont nullement satisfaisants. / 2ème année / La mort d'Abel. La section a constaté, à propos de cet ouvrage, de notables progrès depuis le Semeur de M. Lenepveu. L'exécution de son tableau est beaucoup plus vraie et plus forte que celle du précédent. Abel est bien posé, d'un dessin vrai et correct ; sa tête est expressive. L'exécution de toute la figure est très satisfaisante, plus particulièrement encore dans la partie inférieure. Caïn est énergique dans son mouvement : la peau dont il est vêtu est bien ajustée ; mais cette figure n'a point le caractère de grandeur que comporte le sujet : la couleur en est monotone et celle du fond un peu froide. Répétons que les remarquables progrès que ce tableau indique font augurer très favorablement de l'avenir de son auteur. / 4ème année / M. Achille Bénouville / Virgile au bord de l'Anio. La composition de ce paysage est bonne ; le ciel a de la lumière ; les plans sont [f°23 bis] bien observés ; la couleur est vraie et elle a de la force de ton. Tout en rendant justice aux qualités de ce tableau à son mérite d'exécution, sur lequel l'attention de la commission s'est arrêtée, elle blâme le choix des arbres, comme manquant de style et ne rentrant pas assez dans le caractère du sujet ; l'effet général serait aussi plus complet si le groupe d'arbres du milieu était plus éclairé ; les eaux n'ont peut être pas la transparence qu'on aurait désiré, néanmoins ce tableau mérite beaucoup d'éloges à son auteur, pour des qualités très remarquables d'exécution et pour l'harmonie de la couleur. / 3ème année / La porte de Laricia. Le site est bien choisi, le ciel est très lumineux, les arbres sont d'une belle forme ; on aurait désiré qu'il y eût dans ceux du second plan un peu plus d'air et de reflet dans les ombres de leurs parties supérieures ; ces ombres sont en tout trop semblables aux lumières, ce qui empêche celles-ci d'avoir tout leur éclat. Du reste l'exécution de ce tableau est fine, la couleur est vraie et très harmonieuse ; en résumé cette oeuvre à du style, les figures sont heureusement placées, et d'une bonne proportion.
Localisations
Cote / numéro : 
20190152/1-4, fol. 21-35bis
Source
source : Institut national d'histoire de l'art (France) - licence : Attribution 4.0 International (CC BY 4.0)
Commentaire interne
Base Envois de Rome FMP, fichier Documents.fp7, notice : £Rapport envois, Institut à AFR, 1850, peinture£ Notice créée le 26/10/2002. Notice modifiée le : 29/05/2018. Rédacteur : Pierre Serié.
Rédacteur
Pierre Serié