[1903, peinture, rapport Institut procès-verbal]Rapport sur les envois de peinture de 1903TYPE : rap [...]
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Description
[1903, peinture, rapport Institut procès-verbal]
Rapport sur les envois de peinture de 1903
TYPE : rapport de l'Institut de France - officiel
AUTEUR : Humbert, Ferdinand
PAGE DE TITRE : Séance du 11 juillet 1903. M. Humbert, au nom de la section de peinture, donne lecture du rapport sur les Envois de MM. les pensionnaires peintres
LIEU DE REDACTION : Paris
DATE : 11/07/1903
COMMENTAIRE : le rapport sur les envois de peinture de 1903 conservé dans les archives de l'Académie de France à Rome (carton 136, sans foliotage) est identique à la version du procès-verbal de l'Institut.
Rapport sur les envois de peinture de 1903
TYPE : rapport de l'Institut de France - officiel
AUTEUR : Humbert, Ferdinand
PAGE DE TITRE : Séance du 11 juillet 1903. M. Humbert, au nom de la section de peinture, donne lecture du rapport sur les Envois de MM. les pensionnaires peintres
LIEU DE REDACTION : Paris
DATE : 11/07/1903
COMMENTAIRE : le rapport sur les envois de peinture de 1903 conservé dans les archives de l'Académie de France à Rome (carton 136, sans foliotage) est identique à la version du procès-verbal de l'Institut.
Descriptions
Transcription :
[p. 101] Bien qu'il lui en coûte de se montrer sévère envers les jeunes artistes qui ont déjà fait preuve de talent, l'Académie ne veut dissimuler ni au public ni à elle-même que les envois de peinture sont, cette année, d'une exceptionnelle faiblesse. Dans l'intérêt même des pensionnaires pour le bon renom de cette École de Rome, objet constant de sa sollicitude, elle eût voulu ne pas exposer à tous les yeux des œuvres d'une telle insuffisance qui justifient si peu les espérances qu'elle avait conçue du mérite de leurs auteurs ; elle regrette que le texte formel du règlement ne lui ait pas permis de s'en dispenser. M. Gibert (4e année) / M. Gibert envoie sous le titre Judith et Holopherne une grande toile mal composée, d'une tonalité uniformément rougeâtre, du plus [p. 102] désagréable aspect ; ce tableau pêche autant par la conception que par l'exécution. Cela est vide et théâtral, point de grandeur ni de noblesse dans la créature à la maigreur maladive, qui figure l'héroïne du grand drame biblique ; c'est d'un geste craintif et maniéré qu'elle étend le bras pour saisir le glaive (inoffensif) que tient à pleines mains une négresse accroupie dans le plus disgracieux raccourci. Le dessin, en particulier celui du cou et des épaules, est pauvre et incorrect, la coloration creuse et sans vie. Que dire de l'Holopherne ?... Mais il serait cruel d'insister. M. Gibert aura certainement à cœur de prendre sa revanche. Dans une œuvre mieux inspirée et plus étudiée, il retrouvera les qualités de compositeur ingénieux, de dessinateur consciencieux qui lui ont valu l'honneur d'être envoyé à Rome. M. Roger a obtenu un succès mérité au Salon, avec son envoi de l'an dernier. Bien qu'un peu triste et noir, son tableau offrait des morceaux d'une facture ferme d'un dessin serré. Mais sa copie d'après le Tintoret ne satisfera pas ceux qui ont admiré au Palais Ducal de Venise le panneau décoratif représentant Le mariage de Bacchus et d'Ariane. Cette toile qui n'est cependant pas une des plus caractéristiques de la manière du grand maître vénitien se distingue par la force et la délicatesse des colorations, le ton argenté des lumières, la transparence des ombres chaudes et blondes. On ne retrouve pas trace de ces rares qualités dans la copie de M. Roger ; l'exécution en est lourde, la couleur terne et plombée. C'est le travail d'un élève qui remplit à la lettre une obligation imposée et non celui d'un artiste qui, épris d'un modèle librement choisi s'efforce de le comprendre et d'en reproduire les beautés, [p. 103] au grand profit de son instruction et de son progrès. On ne peut guère louer davantage l'esquisse présentée par le même pensionnaire et intitulée Le Repos. Le sujet emprunté à la vie des travailleurs des champs, aurait intéressé, s'il avait été traité d'une manière moins conventionnelle, sans visée littéraire ou humanitaire, mais avec le souci d'un effet plus juste et d'une couleur moins crue. Les tons, dont le ciel et les meules sont coloriés, manquent absolument de vérité et d'harmonie. M. Sabatté (2e année) / Lorsque M. Sabatté partit pour Rome, après un concours remarqué, il avait conquis tous ses grades au Salon et l'on pouvait légitimement fonder de grandes espérances sur un jeune peintre dont les débuts avaient été aussi brillants. Ces espoirs n'ont pas été jusqu'ici réalisés, et le séjour de Rome semble avoir accru les ambitions de M. Sabatté plutôt que son talent. Son envoi de cette année le démontre jusqu'à l'évidence. La donnée première de son tableau Fleurs du Mal qu'il aurait pu intituler tout simplement Adam et Eve, n'était cependant pas mauvaise. Ces deux figures nues dans un jardin de fleurs rares, sur un fond de verdure sombre pouvaient donner lieu à une intéressante étude, à de belles recherches de forme et de lumière. On ne peut pas nier un ingénieux agencement de groupe et une certaine tenue dans l'effet général ; malheureusement, M. Sabatté, sans doute pour faire preuve d'originalité, s'est seulement complu à traiter avec un soin minutieux les détails inutiles, mais s'est bien gardé de dessiner et de peindre les morceaux qui étaient pourtant la raison d'être de son œuvre. La femme affligée d'une invraisemblable chevelure, est lourde et vulgaire ; quant à l'homme il n'a ni forme ni consistance. La facture est pénible, [p. 104] la couleur sans fraîcheur. Au lieu de chercher à rajeunir son sujet par le titre, l'artiste eut mieux fait de rajeunir sa palette. L'esquisse Éternelle chanson est d'une plus agréable tonalité, mais d'une inquiétante insuffisance. Si M. Sabatté avait consacré au tableau qu'il devait le temps qu'il a perdu sur cette toile, qu'on ne lui demandait pas, il eût peut-être mérité des éloges à la place du blâme que l'Académie a le devoir de lui infliger. En résumé l'Académie croit rendre un important service aux jeunes pensionnaires de la Villa Médicis, en leur conseillant de renoncer à de trop hautes prétentions, aux recherches d'un art qui veut être subtil et qui n'est que malsain, pour retourner à une étude sincère, à une scrupuleuse observation de la nature. Qu'ils se persuadent bien qu'ils ne doivent pas chercher l'expression de leur pensée en dehors de la réalisation des formes vivantes. Qu'ils méditent enfin, eux qui ne sont encore que des élèves, cette parole du Tintoret : "Je suis heureux de me faire de temps à autre écolier pour rester toujours maître".
Localisations
Institution :
Cote / numéro :
Académie des beaux-arts, 2 E 21, p. 101-104
Source
source : Institut national d'histoire de l'art (France) - licence : Attribution 4.0 International (CC BY 4.0)
Commentaire interne
Base Envois de Rome FMP, fichier Documents.fp7, notice : £Rapport envois, procès-verbal, 1903, peinture£ Notice créée le 19/08/2002. Notice modifiée le : 07/04/2017. Rédacteur : France Lechleiter.
Rédacteur
France Lechleiter