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[1819, peinture, rapport Institut primitif 1]Rapport primitif de l'Institut sur les envois de 1819, [...]

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02/12/2021 10:47 (il y a environ 3 ans)
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Description
[1819, peinture, rapport Institut primitif 1]
Rapport primitif de l'Institut sur les envois de 1819, peinture
TYPE : rapport de l'Institut de France - primitif
LIEU DE REDACTION : Paris
DATE : 1819
COMMENTAIRE : cette version du rapport n'évoque pas les envois des pensionnaires peintres Alaux (Le Fleuve Scamandre) et Cogniet (Abel et Caïn).
Descriptions
Transcription : 
[f°1, r°] Le Christ montant au Calvaire / Carton de M. Vinchon / M. Vinchon a déjà reçu au sujet de cette composition, de justes éloges pour s'être livré à l'étude de la fresque, genre de peinture trop oublié en France, et qu'il paraît nous promettre d'y ramener. Cette belle manière et ses moyens préparatoires, qui ont enrichi les arts des sublimes cartons de Raphaël, de Jules Romain du Dominiquin et autres, ont électrisé M. Vinchon. Il est remarquable, combien dans ce carton, le sentiment de l'artiste plein de ses admirables modèles, s'est développé avec cette facilité qui ne contrariait plus l'inquiétude de faire et de parfaire un ouvrage définitif ; ici rien n'est guindé, tout coule de source ; sa scène bien conçue, il ne fait plus que sentir et exprimer. C'est ainsi que l'on peut dignement suivre et se trouver imiter les grands-maîtres. Sans ces qualités, il ne serait peut-être resté que l'intention de l'imitation, intention toujours louable, mais qui n'empêchera pas de délaisser l'imitateur pour courir aux vrais modèles, si le moderne auteur n'y joint un sentiment et des qualités qui lui soient propres. Cette composition quoiqu'un peu gênée dans ce cadre préparatoire montre déjà une belle ordonnance qui a dû s'améliorer dans la fresque. On y remarque de belles figures, de belles intentions d'ajustement. Cependant on pourrait dire avec raison qu'elle se divise en [f°1, v°] deux parties trop diverses d'inspiration. Le premier plan est inspiré très visiblement de Raphaël et de Daniel de Volterre. Le second plan ou plutôt le haut du carton dérive tout à coup de [rayé : de la colonne Trajane ; mis à la place : l'ordonnance des bas reliefs antiques], surtout de la colonne Trajane ; il convenait peu d'employer en peinture les moyens affectés par nécessité au bas-relief. Cela donne de la pesanteur à la composition. Mais toutes ces têtes d'hommes et de chevaux, sont dessinées avec tant d'âme et de naturel, que cela pallie un peu l'imitation. Elle est moins supportable, lorsque par caprice, elle introduit des figures étrangères au sujet, tel que ce jeune grec placé au sommet de la composition et qui y prend si peu de part, qu'il est encore là, comme s'il se trouvait dans le bas-relief grec. Gêné probablement ici par le bord du carton, l'auteur aura dû remédier dans la fresque au peu de soutien que trouve la Vierge en s'évanouissant, puisque le poids de la femme qui la tient dans ses bras, sont sur la même ligne que les siens, ce qui détruit toute la stabilité et ferait tomber le groupe. L'acharnement contre le Christ paraît trop général, et l'action de le traîner par les cheveux choquerait moins dans la composition fougueuse de quelque [f°2, r°] coloriste ; mais au milieu du style élevé qu'accuse cette composition, cela paraît exagéré et trivial ; Raphaël dans le même sujet, nous montre plus dignement le Christ quoiqu'entraîné par de vils bourreaux. Nous félicitons toujours, M. Vinchon, de s'être si bien tiré d'une aussi périlleuse épreuve, par laquelle il nous prouve combien il se pénètre des grands maîtres. Espérons qu'à l'avenir, livré à sa propre inspiration, il lui devra des succès non moins honorables. // [f°3, r°] Ajax bravant les Dieux par M. Vinchon / Cette figure d'étude est d'un aspect vigoureux sous tous les rapports : prendre cette résolution de vigueur, était déjà bien sentir son sujet. Il eut fallu seulement la conduire avec un peu plus de sagesse, comme action et comme effet. L'on [rayé : a déjà remarqué ; mis à la place : remarque] toujours avec peine que de jeunes artistes remplis de moyens et de talents, paraissent douter sans cesse de leurs propres forces, et que dévorés du désir de bien faire, ce désir devient non seulement une fièvre qui les aveugle et les entraîne dans l'exagération. Le Peintre qui pour être mieux vu, mieux senti, force des moyens, blesse les yeux, de même que l'orateur forçant la voix, offense l'oreille, sans ajouter à la persuasion. Le peintre doit donc s'arracher quelques fois à son travail, et plassant [sic] pour ainsi dire au-dessus de son sujet, se dévoiler les excès auxquels il s'abandonne. Si donc M. Vinchon, plus confiant, plus assis,eût envisagé sa figure dans son ensemble, il aurait vu que cherchant à rendre l'action plus énergique, il l'avait disposée de manière à blesser le bon goût par l'écartement uniforme et absolu des [rayé : jambes] bras et des jambes ; que le ton des chairs était plus roux que chaud, et que l'atmosphère la plus orageuse, ne peut être sombre comme l'intérieur d'une caverne. Le terrain également sacrifié avec excès, se dérobe, même sous la jambe qui porte. La draperie bien que convenablement jetée, mais d'un vert trop sombre, se confond avec les flots. Un [f°3, v°] ton chaud et mieux choisi l'eût détachée du fond, et quelques unes de ses parties plus franchement éclairées auraient atténué le ton rousseâtre du nu qui mieux accompagné de lumière, se serait trouvé moins isolé d'effet : la tête d'un bon caractère, mais fatiguée d'exécution, est restée d'un gris violâtre étranger au reste de la figure ; le col allongé outre mesure, n'éprouve point le gonflement voulu par les imprécations d'Ajax : importance d'étudier l'anatomie. Une faute bien grave est le déplacement de la clavicule gauche, qui à partir du sternum, doit remonter vers l'apophyse acromion où elle s'attache ; ici, au contraire, loin de remonter, elle descend et vient finir au dessous et en avant de la tête de l'humérus, ce qui la met à cette extrémité de trois pouces trop bas, et hors de construction anatomique. Le parti d'éclairer d'une manière aussi vive et absolue la poitrine, n'est point vrai ; ce moyen factice est même abandonné, depuis que l'enseignement ramène tout à la vérité. Le mouvement du bassin, contrarie l'action, en ce que la hanche droite reste trop élevée, relativement à l'extension de la cuisse et de la jambe du même côté. Souvent, au milieu des moyens que l'on emploie pour maintenir ou soulager le modèle, on ne se ravise pas assez sur l'ensemble naturel à l'action que l'on représente. Il en résulte alors des inconséquences et des incorrections choquantes. L'on remarque toutefois dans cette figure, plusieurs parties bien exécutées, particulièrement les [f°4, r°] bras et les mains. En général, et malgré l'exagération, il y a de l'étude, et de la couleur. Mais en se modérant, M. Vinchon fera reparaître bien des qualités étouffées et reconnaîtra enfin, qu'on faisant moins, mais plus vrai, l'on obtient davantage. // [f°5, r°] Monsieur Thomas / La figure représentant un Guerrier mort et jeté sur les décombres d'une ville incendiée, est d'un dessin incorrect. Le bras qui est sous le bouclier est trop petit ; les pectoraux n'ont point leur dimension ; la partie des côtes est trop longue et celle du ventre est trop courte ; la cuisse en raccourci n'est pas sentie ; il y a de la confusion dans le jeu des muscles ; la rotule n'est point dans la ligne de perspective et contrarie le mouvement de la jambe ; le pied est gros et d'une forme commune. La jambe gauche est d'un assez bon dessin, mais le mouvement n'est pas d'un homme mort. La tête est bien peinte, mais en général, cette figure est d'une exécution molle et d'un ton bistré qui ne satisfait pas. Les accessoires sont trop multipliés et ne sont point exacts dans leurs effets. // [f°6, r°] 1818 // Paysage historique de M. Michalon [sic] représentant la mort de Roland / Le style de cette composition sans s'élever à l'idéal qui dans le paysage constitue essentiellement le genre historique, n'est pas cependant dépourvu d'une sorte de vérité convenable à la situation tragique du sujet. D'après la vérité que présentent les détails de ce tableau, on peut croire que le site est un composé d'études recueillies d'après nature. L'Académie si elle n'était pas instruite que le sujet de cette peinture a été commandé à M. Michalon [sic] lui aurait fait entendre qu'elle eut préféré voir de lui un ouvrage dont le sujet la composition et l'ensemble mieux d'accord avec tous les détails dont se forme le genre de paysage historique lui auraient donné une plus heureuse occasion de montrer les progrès qu'il a pu faire en ce genre. L'exécution de ce tableau se recommande en général par la franchise de la touche et par l'art avec lequel la lumière enchaîne surtout les plans et principalement par un coloris rigoureux. Il est seulement à regretter que des teintes grisâtres n'ayant pas été employées de préférence aux tons chauds et dont l'éclat trop vif en appelant la vue sur un des rochers détourne l'attention de l'objet principal de la composition. On désirerait que la cause de la chute de Roland fut plus clairement indiquée ce qui aurait eut lieu si les premiers assaillants eussent occupé un plan moins éloigné si l'on eut vu plus de désordre dans l'écroulement des pierres que les ennemis font rouler sur Roland. Quelqu'impuissante que soit à certains égards la peinture pour caractériser le mouvement, il semble qu'ici on aurait pu le rendre en quelque façon sensible au spectateur, en élevant autour des débris de la montagne des nuages de poussière et en faisant jaillir l'écume des eaux du torrent. On fera encore remarquer à M. Michalon [sic] qu'il y a une trop grande indécision dans la forme des différents objets qui se trouvent sur les premiers plans du tableau, indécision à laquelle on doit attribuer le peu de netteté des plans. Les eaux, le feuillage de l'arbre renversé, les plantes et même les éclats de roche ont une mollesse qui fait mieux ressortir encore la fermeté du pinceau qui a tracé les deux figures principales. [f°6, v°] Ces deux figures feraient honneur au talent d'un peintre d'histoire. Elles se distinguent par la correction du dessin et la fermeté de la touche. L'ajustement du groupe est heureux et l'expression a de l'énergie. M. Michalon [sic] réalise déjà dans cet ouvrage les espérances qu'on avait conçues de son talent et les heureux résultats de l'institution nouvelle que l'Académie s'applaudit d'avoir fondée. M. Michalon [sic] qu'elle se plaît à encourager doit pourtant être averti de se tenir en garde contre cette facilité d'exécution qui souvent produit ce qu'on appelle de la Manière. On l'engage à se regarder longtemps comme étudiant, à [rayé : montrer ; mis à la place : mettre] le plus de naïveté qu'il pourra dans son exécution. C'est en se [rayé : rapprochant ; mis à la place : montrant] toujours [rayé : de plus en plus ; mis à la place : plus près] de la Nature qu'il parviendra à se rapprocher des grands maîtres du genre historique, genre qui pour présenter des scènes grandes nobles ou touchantes mise sur le rapport soit avec les pays de l'antiquité soit avec les [rayé : grands ; mis à la place : personnages] de l'histoire de la fable n'en demande pas moins toutes les sortes de vérité imitative qui font le premier charme du paysage.
Localisations
Cote / numéro : 
Académie des beaux-arts, 5 E 11
Source
source : Institut national d'histoire de l'art (France) - licence : Attribution 4.0 International (CC BY 4.0)
Commentaire interne
Base Envois de Rome FMP, fichier Documents.fp7, notice : £Rapport envois, primitif, 1819, peinture£ Notice créée le 12/06/2002. Notice modifiée le : 28/05/2018. Rédacteur : Isabelle Loddé.
Rédacteur
Isabelle Loddé