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[1908, sculpture, rapport Institut à AFR]Rapport sur les envois de sculpture en 1908TYPE : rapport I [...]

Statut
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flechlei
Dernière modification
01/12/2021 04:00 (il y a environ 3 ans)
Type de document
Description
[1908, sculpture, rapport Institut à AFR]
Rapport sur les envois de sculpture en 1908
TYPE : rapport Institut à AFR
AUTEUR : Anonyme
PAGE DE TITRE : Institut de France // Académie des beaux-arts // Rapport sur les Envois de MM. les pensionnaires de l’Académie de France à Rome, en 1908
LIEU DE REDACTION : Paris
DATE : 1908
Descriptions
Transcription : 
[f° 5] Sculpture // M. Blaise (1ère année), nous présente un premier ouvrage de pensionnaire à Rome, par un haut-relief dont le sujet (« La Conscience ») est tiré de La légende des siècles de Victor Hugo : / « Lorsque… / Échevelé, livide au milieu des tempêtes / Caïn se fut enfui de devant l’Éternel »/ Par un éclair figuré sur la partie [f° 6] supérieure du rocher qui domine le bas-relief et qui vient frapper la conscience du fratricide, lequel, sous l’épouvante de son forfait, fuit en se détournant de sa victime. Telle est l’image de cet ouvrage. / Ce haut-relief est d’un bon effet dramatique malgré l’énorme rocher qui écrase, par son volume, la figure de Caïn. L’ensemble est bien ordonné et très cherché, au point de vue de la couleur. / Il est regrettable toutefois que cette préoccupation de l’effet n’ait pas été suivie de celle autrement importante d’une forme plus pleine, plus serrée par l’étude, de façon à nous donner la sensation d’un homme primitif. / M. Blaise s’est contenté de copier son modèle dans toutes ses pauvretés. Le résultat de cette étude plus pittoresque que belle a nui à l’ensemble de son œuvre qui n’a pas atteint le caractère sauvage et puissant du Caïn de la Légende. / [f° 7] M. Brasseur (2e année). Pour son second envoi, M. Brasseur adresse la copie en marbre d’un buste, d’après Donatello. Ce buste semble avoir été fait hâtivement car il est loin de réaliser le modèle original, si pur de ligne, si fin de modelé. M. Brasseur aurait fait son profit de la pratique du marbre s’il y avait consacré plus de temps, en se pénétrant davantage de cette forme de modelé adoucie, que Donatello a poussé si loin. / M. Larrivé (3e année) / Jeune athlète attachant une bandelette autour de sa tête (statue plâtre). / Cette figure de jeune grec, très simple dans son mouvement, est d’une heureuse harmonie dans son ensemble. La facture en est savante, bien que discrète dans son modelé qui met bien en lumière la beauté des contours. Le bassin et les jambes sont à louer par la solidité et la sobriété du moyen obtenu pour le réaliser. [f° 8] Nous regrettons toutefois d’avoir à formuler des critiques sur la partie supérieure de cette figure : la tête, les bras, le cou, manquent de précision. Un complément d’étude de ces parties plus harmonisées entre elles donnerait à cette figure d’athlète grec un parfum d’art campanien. /Nous ne dirons rien de l’esquisse que M. Larrivé nous donne sous la rubrique : « À la Fontaine ». / La forme du vase pansue est sans caractère défini, et le bas-relief, qui est figuré dessus, reste invisible à la vue, tant il est vague et imprécis. / Ce jeune artiste joint à cela une copie en marbre d’un bas-relief archaïque, ou plutôt un fragment du bas-relief du trône de Vénus, faisant partie du Musée national de Rome, qui n’est pas d’un grand intérêt. / M. Piron (4e année) / Pour son dernier envoi, M. Piron a exécuté un grand groupe en pierre de [f°9] travertin, composé de quatre figures, qu’il intitule : « Les Druides ». Ce groupe très important ne répond qu’imparfaitement à un dernier envoi de pensionnaire et à ce que l’on était en droit d’espérer de ce jeune sculpteur, par ses envois antérieurs, surtout par sa jolie « Faunesse », pleine de vie et de charme que nous revoyons avec plaisir figurer à cette exposition sous sa forme définitive en bronze. / Le grand effort fait par M. Piron pour illustrer une de nos légendes nationales (Les Druides), nous regrettons de le dire, donne l’impression d’une grande esquisse, en voie de gestation, loin d’être arrivée à maturité. Nous voyons des rochers, de vrais rochers en pierre, de grandeur naturelle, une grotte, au fond de laquelle se tiennent deux druides, accroupis en face l’un de l’autre, sans que rien ne justifie leur raison d’être ni leur attitude. Cette partie du second plan, complètement inutile, nuirait au groupe principal du Druide venant de couper le gui et le donnant à une jeune fille à genoux à ses pieds, si, par elles-mêmes [f° 10] ces deux figures présentaient dans leur exécution un intérêt quelconque. / Pourquoi M. Piron s’est-il de parti pris refusé de faire un groupe en marbre ? En réduisant sa composition aux deux figures qui sont en avant il en avait le moyen et son grand effort eût abouti à un meilleur résultat, car l’action du Druide debout et de la Jeune fille qui reçoit le gui sacré était suffisamment intéressante pour offrir les éléments d’un beau groupe à la condition qu’il fut largement traité, le Druide avec style et noblesse, la jeune fille avec grâce : au lieu de cela, nous voyons un entassement de figures les unes sur les autres, dont la nature rugueuse, excellente pour reproduire des rochers, donne aux têtes, aux bras, aux draperies des bigarrures qui dénaturent la forme et produisent un effet lamentable. / N’y-a-t-il donc plus de marbre à Carrare pour nos jeunes pensionnaires ? Et, si les proportions démesurées d’un travail ne le permettent pas, n’avons-nous pas un directeur dont la vigilance éclairée peut par ses conseils ramener le pensionnaire à la sainte tradition d’un art qui prend toute [f° 11] sa valeur par le beau caractère de la forme affranchie des accessoires encombrants. L’erreur n’est-elle pas de croire que le réalisme terre à terre remplacera jamais ce qui a été et sera toujours admiré en art, et surtout en sculpture : la clarté et la simplicité dans la composition, exécutée avec une vérité de choix en harmonie avec le sujet. / M. Piron expose également plusieurs petits travaux de moindre importance, en bronze : ce sont des bustes et figurines, portraits de camarades, buste en bronze du Directeur, M. Carolus Duran, lequel est très réussi. / L’ensemble des travaux que M. Piron expose à la fin de la pension, nous montre qu’il a pu se tromper dans son dernier envoi, mais qu’il est homme à se ressaisir à la prochaine occasion. C’est un laborieux qui a rempli complètement ses obligations de pensionnaire pendant les quatre années qu’il a passées à Rome.
Localisations
Cote / numéro : 
Directorat Carolus-Duran, carton 169, fol. 5-11 (1908-1909)
Source
source : Institut national d'histoire de l'art (France) - licence : Attribution 4.0 International (CC BY 4.0)
Rédacteur
France Lechleiter